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mardi 4 septembre 2012

Melanoplus frigidus , la Miramelle des frimas.


 Toujours en nous promenant au –dessus de 2500 m j’ai fait une autre jolie rencontre, la Miramelle des frimas. Et elle porte bien son nom.
Couple de Melanoplus frigidus, sur mon index.

Ce petit criquet (2,5cm pour la femelle, moins de 2 cm pour le mâle) aime l’altitude puisqu’il ne descend pas en-dessous de 2000m et monte jusqu’à 2700m.C’est dire qu’il se mérite, car crapahuter dans des pentes raides au- dessus de 2500 m demande quelques efforts. Mais la rencontre en vaut la peine.
Une femelle jaune et ocre: on bien ses courtes ailes.

 En France on ne la rencontre que dans les Alpes, mais aussi dans le nord de la  Sibérie et de la  Scandinavie.

D’abord c’est un criquet extrêmement bariolé, on en trouve de toutes les couleurs avec une constante, sur le côté du pronotum, une marque noire rehaussé de taches claires.
Mon livre de référence indiquait que Melanoplus frigidus présentait sur le corps une pilosité bien distincte : j’ai eu du mal à la photographier mais cela se voit bien sur l'image ci-dessous.
Des tibias bien rouges, et des petits poils clairs le corps pour ce mâle.

Les ailes sont courtes c’est dire qu’il ne vole guère, celles de la femelle  sont encore plus courtes  que chez le mâle .Les tibias sont d’un magnifique rouge chez les adultes.
Juvénile de Melanoplus frigidus, il lui faudra encore une mue pour être adulte.

A cette altitude on rencontre les adultes tard en saison, c’est ainsi que j’ai eu le plaisir de rencontrer encore un juvénile d’un joli couleur rosée. On le reconnaît bien sûr en regardant les ailes , celles qui deviendront les ailes sont sur les dessus et les tegmen en dessous. On se rend compte qu’elles ne sont pas bien grandes et ne serviront pas à voler
Minuscule au creux de ma main , il fait à peine plus d'un centimètre.

 
Je ne sais pas si cette légère pilosité les protège du froid mais c’est une espèce décrite comme extrêmement rustique « il est courant de l’observer encore à la limite des névés après de sévères gelées ou d’abondantes chutes de neige » (Guide des sauterelles , grillons et criquets d’Europe occidentale, Heiko Bellmann, Gérard Luquet).

Un mâle avec des couleurs différentes mais toujours des tibias bien rouges.

J’ai eu de la chance d’en voir plusieurs qui ont accepté de poser dans ce décor d’herbe rase (où on ne  les voit pas ) parsemé de gros blocs de cailloux détachés des reliefs et joliment colonisé par des lichens qui donnent ce rendu très esthétique et assorti aux petits occupants des lieux!
Melanoplus frigidus dans son décor de haute montagne.

On pourra encore voir ces criquets pendant le mois de septembre  ou jusqu’en octobre à condition que la neige ne soit pas  trop précoce.

samedi 1 septembre 2012

Gomphocerus sibericus, un criquet d'altitude.


La rencontre avec Gomphocerus sibericus fut une bonne surprise lorsque nous avons fait une escapade au-dessus de 2000 m d’altitude.On le nomme aussi le criquet des alpages ou criquet de Sibérie .

J'ai d'abord trouvé une femelle qui  se promenait dans les myrtilles. Elle ne présente pas les caractères très marqués qui rendent le mâle beaucoup plus facile à connaître. Mais en y regardant de près il n’y a pas de doute.
La femelle Gomphocerus sibericus et ses antennes en massue aplatie.

Ce sont les antennes qui m’ont intriguées. Elles ont une terminaison rembrunie mais surtout les derniers articles sont différents, plus larges et plats, on dit qu’elles présentent une massue aplatie.

Un second caractère est visible : les ailes présentent un lobe basal mais aussi une zone dilatée dans le champ médian.(voir photo plus bas)
Gomphocerus sibericus femelle

J’étais très contente d’avoir trouvé une femelle du Criquet de Sibérie.

Mais c’est le mâle qui est le plus étonnant. Le lendemain, montant à 2550 m j’ai commencé à chercher dans les zones occupées par les myrtilliers (les pieds sont nains à cette altitude). La découverte de mon premier mâle fut une belle surprise.
Voici un mâle aux tibias bien renflés.

On ne peut pas se tromper : son caractère principal : des tibias avant renflés. Bien renflés, quand il se déplace, en regardant bien, on les voit très  nettement. Il faut bien regarder, car sa taille oscille autour de 2 cm. La femelle comme toujours chez les criquets est un peu plus grande.

Et surtout bien visible de profil, le pronotum de ce criquet a une forme particulière : il est bossu. En terme correct : il est gibbeux.Chez la femelle ce caractère est moins apparent.
Le criquet de Sibérie avec son pronotum bien gibbeux.

 
Son nom de Gomphocère, signifie antenne renflée, et bien sûr ce critère apparaît aussi, les antennes se terminent par une massue aplatie.

En altitude, le matin, il fait frais et les criquets comme de nombreux insectes attendent que le soleil se pointe pour se réchauffer. Il est alors plus facile de les convaincre de prendre la pose !

Nous avons rencontré de nombreux exemplaires de ce Gomphocère des alpages (un autre de ses noms vernaculaires) se promenant dans les herbes rases.
Le détail des ailes: 1 le champ médian dilté, 2 le lobe basal

Vers midi en redescendant vers l’endroit où se trouvait la voiture j’ai vu une petite scène très plaisante qui se déroulait sur un  caillou au bord du sentier. Un petit mâle tentait de séduire une femelle Gomphocerus sibericus.Et pendant plus d’un quart d’heure, j’ai observé les approches du jeune mâle ! Il s’agit d’abord d’expliquer aux concurrents potentiels qu’ils cherchent ailleurs, la dame étant réservée. Cela se fait sans heurts ni difficulté, le premier arrivé reste sur place. Comme la dame ne fuit pas, les chances sont bonnes. Le criquet de Sibérie agite ses pattes pour montrer sans doute combien ses tibias sont beaux et forts. Impassible, madame attend. Hélas , je ne verrai pas la conclusion de cette patiente cour, la faim me rappelant vers le pique- nique !

Le couple, la femelle est en bas, le mâle et ses tibias surdimendionnés en haut.
 

Ce criquet se rencontre bien sûr en montagne dans nos régions, et surtout au-dessus de 2000m. On le trouve dans les alpages , les pentes exposées au sud à la végétation maigre ou bien comme nous l’avons trouvé au voisinage des zones de rhododendrons ou de myrtilliers !  

Une fois qu’on l’a bien identifié, pas de problème, même petit et se promenant dans la végétation , il est facile à reconnaître.La couleur est variable, mais antennes au bout aplati, aile avec son  petit lobe basal , pronotum gibbeux et surtout tibias enflés chez le mâle, sont bien visibles. Il est hélas menacé par tous les aménagements que l’on fait en montagne.

samedi 2 juin 2012

Petits cadeaux pour la fête des mamans!


Cette publication  est destinée à toutes les mamans que l’on  fête aujourd’hui.J'ai rassemblé quelques insectes particulièrement étonnants et aux couleurs que l’on pourrait qualifier de féminines !!

 Je ne suis pas sortie de mon jardin et j’ai trouvé ces insectes peu ordinaires cette dernière semaine.

Comme cette jolie coccinelle rose, si , si rose ! Je savais qu’elle existait mais j’ai été surprise de la trouver dans les cirses qui poussent dans la partie sauvage du jardin !

Elle porte bien sûr un nom scientifique  : Oenopia conglobata. C’est une espèce arboricole se nourrissant essentiellement sur feuillus. Elle consomme de nombreux pucerons, mais aussi des larves de Chrysomelidae, du pollen et du nectar.

 On la trouve souvent dans les chênes, et c’est sans doute mon grand chêne qui l’héberge habituellement.



En restant dans la même gamme de couleur voici maintenant ce criquet qui lui aussi a revêtu des teintes quelques peu inhabituelles. Je l’ai trouvé sautant dans les grandes herbes et il en  a profité pour bien sur prendre un peu le soleil. C’est Chorthippus brunneus , il n’est pas rare, il a atteint sa forme adulte et c’est d’abord son pronotum rougeâtre qui attire le regard.

Ensuite, les élytres aussi sont rosées et même les nervures de celles –ci sont aussi de cette jolie couleur rose.

D’autres insectes sont de vrais bijoux et cette petite femelle abeille est une pure merveille.

Je ne sais quel est exactement son nom , elle fait partie de la famille des Halictes ou des Lasioglossum. Petite, moins de 6mm, elle est couverte d’or ! Elle se roule autour des étamines de ce géranium que j’aime beaucoup. Elle sort aussi sa petite langue pour prélever le nectar au fond du calice. Rapide , je ne l’ai vu hélas qu’une fois. Au soleil elle brille tant que l’on a du mal à croire qu’il ne s’agit que d’une abeille !

Comme quoi, il suffit d’aller dans son jardin pour y trouver des cadeaux originaux !

Bonne fête à toutes les mamans !

jeudi 6 octobre 2011

Truxale méditerrranéenne ( Acrida ungarica), prolifération automnale!



Si l’automne arrive enfin dans certaines régions, dans le sud c’est encore le plein été. Les pluies qui, en cette saison devraient apporter de l’eau nécessaire à la végétation ne sont pas au rendez-vous.
Verte dans la végétation sèche, La Truxale est vite repérée!

C’est ainsi que visitant une de mes « zones humides » je n’ai vu que du sec !

Mais les insectes qui vivent habituellement dans les herbes ou dans les zones marécageuses étaient bien présents.
Une femelle Acrida ungarica, bien plus grande et lourde que le mâle

Jamais je n’ai vu autant de Truxales méditerranéennes ! En marchant dans les herbes, elles s’envolaient devant moi. Essentiellement des mâles, plus petits, plus légers que les femelles. La proportion était de 10 mâles vus pour 3 femelles. Ces dernières plus lourdes, plus grandes (jusqu'à7cm) volent moins.

La femelle est bien plus grande et massive que le mâle mais son allure est la même. J’ai essentiellement vu des exemplaires verts, une seule femelle beige, mais elle a disparu dans la végétation broussailleuse avant que j’ai pu la photographier.

Vue de dos, un insecte tout en longueur

Les mâles se déplacent énormément, j’en ai suivi un qui s’est posé quinze fois avant d’échapper à mon regard. Les déplacements sont loin d’être linéaires ! Cinq mètres droit devant, et puis un vol en arc de cercle, le voilà derrière votre dos, à peine repéré, il repart à droite vers une zone de sol dénudée, chic, on va  bien le voir, et non on repart en sens opposé ! Et tout cela sous un soleil qui chauffe bien, 28 degrés et pas d’ombre !  
Joli mâle à l'abdomen terminé en pointe vert fluo.

Ses grandes pattes arrières démesurées sont plutôt un handicap pour la marche dans les herbes et il se déplace plus facilement en volant. Ce n’est qu’empêtré dans des tiges raides qu’il s’en sert pour atteindre un endroit dégagé et s’envoler à nouveau. Il passe bien du temps près du sol, tranquille. Sans doute à cause de cette sécheresse de la végétation  sur laquelle leur couleur verte  les rend si visibles  !
Une tête toujours étonnante, en forme de poire prolongée par des antennes aplaties

J’ai observé que bien des mâles avaient le bout de l’abdomen d’un vert presque fluo alors que le reste de cet abdomen était beige.

Avec le nombre très important  de Truxales il y a bien des chances d’en retrouver des exemplaires l’année prochaine.
Rappel : les autres article sprésentant ce criquet surprenant

mercredi 21 septembre 2011

Anacridium aegyptium, le Criquet égyptien au stade juvénile.


L’automne approche et bon nombre d’orthoptères finissent leur vie. Sauterelles moins nombreuses ou criquets chanteurs se dépêchent de se reproduire.

Certains préfèrent attendre le printemps prochain. C’est le cas du Criquet égyptien (Anacridium aegyptium) , notre plus grand criquet(plus de 6cm pour la femelle) ! Normalement en Septembre on trouve des adultes qui vont hiverner et en avril se reproduire. J’ai retrouvé ce juvénile hier en examinant mon oranger !

Criquet égyptien juvénile début du mois d'août sur inflorescence sèche d'ail.

Au début du mois d’août, j’ai photographié un tout jeune criquet égyptien, se promenant sur une inflorescence d’ail. C’est dire qu’à ce stade il n’est pas encore bien grand. Sa couleur verte le rend bien visible, mais ses ailes ne sont  encore que des moignons !

L’exemplaire que j’ai vu hier est déjà bien plus grand, il fait près de 5cm, et ses ailes embryonnaires sont déjà plus développées.
Criquet égyptien juvénile, début septembre, bientôt adulte.

Il lui faudra encore au moins une mue pour arriver au stade adulte. Mais l’hiver n’est pas encore à nos portes, il a du temps devant lui. La douceur des journées et l’abondance de nourriture lui assure toutes les chances d’y arriver.
Ce qui est remarquable chez ce criquet ce sont bien sûr ses  grands yeux rayés verticalement, et chez ce juvénile on y voit même du bleu.Quel regard !
Dessus du pronotum du criquet égyptien juvénile.

Autre caractéristique c’est la forte carène centrale de son pronotum, que l’on voit bien, soulignée de jaune qui tranche sur le vert. Cette couleur verte lui permet de se dissimuler dans la végétation qu’il consomme. Adulte il est beaucoup moins coloré.


Portrait de criquet égyptien juvénile: un beau regard!
 
Chez l’adulte  on retrouvera la ponctuation plus claire sur le corps, elle est déjà présente chez le jeune insecte.
Ce criquet est surtout présent dans les zones méditerranéennes, mais aussi en Gironde, dans la Drôme, le Vaucluse et l’Ardèche.
Rappelons que bien que phyptophage, il n’occasionne pas de dégâts notoires ! Au printemps son vol cliquetant le distingue des oiseaux avec qui, sa grande taille pourrait prêter à confusion.
Criquet égyptien adulte, au mois d'avril , après son hivernage.
Pour rappel voici un exemplaire adulte, vu au mois d’avril, qui marque la période de la reproduction.
En cliquant sur les photos, il est possible de les voir en plus grand!

mardi 9 août 2011

Arcyptera fusca, l'Arcyptère bariolée, criquet montagnard.

En montagne en cette saison le chant des criquets remplace celui des cigales dans nos régions provençales.
Arcyptera fusca, L'Arcyptère bariolée, un beau mâle
Parmi ces bruyants chanteurs on compte un gros criquet qui est parfois en tel nombre, qu’on les voit se faire écraser sur la route. C’est ainsi que de Val Pelens (1600m) petite station de ski familiale au col des Champs (2087m) qui se trouve à la limite entre le département des Alpes maritimes et celui des Alpes de Haute Provence, nous avons été accompagné par Arcyptera fusca.
Une lourde femelle d'Arcyptera fusca

Le mâle de l’Arcyptère bariolée, est pourvu d’ailes dépassant l’abdomen, alors que la femelle a des ailes bien plus courtes et un aspect lourd et massif. Elle atteint une belle taille de 4cm ce qui en fait un gros criquet bien visible.
Un abdomen et des pattes postérieures bien colorés chez le mâle Arcyptera fusca
Ses courtes ailes sombres sont rehaussées de jaune.
Du jaune, du vert , des tibias postérieurs d’un rouge éclatant , des tegmina presque noirs au repos, : ces couleurs bien voyantes attirent le regard. Le mâle vole bien , la femelle non.
Détail de l'abdomen du mâle qui se termine en pointe
Mais c’est surtout la stridulation du mâle bien sonore qui nous fait tendre l’oreille et alors on aperçoit facilement le chanteur !
En résumé, un gros criquet plus de 3 cm pour le mâle, 4 cm pour la femelle , des couleurs allant du jaune au vert en passant par le rouge et le noir, que l’on trouve en montagne dans des zones avec peu de végétation, sèches, bien ensoleillées.
Détail de l'abdomen de la femelle arrondi et  fendu
Ce beau criquet ne se rencontre en France que dans les Pyrénées, les Alpes, le sud du Jura et le Massif Central.
Une confusion est à éviter avec Arcyptera kheili, l’Arcyptère provençale présentée ici, mais la différence visible est la longueur des ailes.
Arcyptera kheili, l'Arcyptère provençale femelle aux ailes bien plus courtes .
L’Arcyptère provençale a les ailes très petites tant le mâle que la femelle et c’est un criquet qui se limite à la Provence et ne « monte » pas au-dessus de 1400m.

samedi 6 août 2011

Psophus stridulus: un criquet au comportement étonnant

Le matin, le Criquet stridulant est au sol et s’envole devant nos pas en déployant ses belles ailes toutes rouges et en crépitant bien fort. Au sol comme il est noir il est parfois difficile de le retrouver dans la végétation. Mais à force de chercher on le retrouve, il fait un autre vol de deux ou trois mètres. S’il veut vraiment nous échapper, il fait 10 mètres et on le perd de vue.
Voilà ce que l'on voit brièevement: Psophus stridulus qui étale ses superbes ailes rouges
C’est l’après –midi qu’il nous a offert un autre aspect de son comportement bien connu.
Il fait chaud, même à 1600 mètres, nous sommes dans une grande prairie au bord la vallée abrupte qui surplombe le Var. Au loin on voit le village d’Entraunes et la route qui monte au col de la Cayolle.
Devant mes pieds un criquet stridulant .Il attire mon regard car au sol il déploie ses ailes, je vois bien les ailes rouges et hop ,il replie le tout et on ne voit plus que du noir. Et il recommence, le temps d’un éclair une tache violente apparaît sur le sol puis disparaît.
Voilà, çà y est, il me fait son grand numéro d’intimidation ! Mais ce n’est pas fini !
Etape 1 : j'écarte mon tegmen et on voit mon aile membraneuse pliée comme un éventail
Je me place au-dessus de lui et je suis prête à déclencher. Ce n’est pas simple .Même en anticipant, le mouvement des ailes est si rapide que le résultat est bien maigre. Après 4 ou 5 ouvertures d’ailes le criquet se déplace d’un mètre avec un crépitement sonore . Et recommence son manège. Mais cette fois il m’offre un bouquet final. Les ailes rouges restent entièrement découvertes les tegmina bien écartés et les ailes membraneuses s’agitent à la manière d’un éventail !

En détail! Admirez les délicates nervures de cette aile rouge ourlée de noir
C’est alors que placée à la verticale j’ai réussi quelques clichés.
Prises entre le 1/400 et le 1/500 ème les images donnent une idée de ce magnifique spectacle. Ce que l’on peut voir, c’est que pour étaler ses belles ailes le criquet doit d’abord « descendre » ses pattes sauteuses car dans leur position habituelle, elles empêchent le déploiement des ailes !
De plus l’insecte utilise le tibia de sa patte arrière pour frotter sur le tegmen (aile antérieure bien noire ici), ce qui permet d’obtenir un son impressionnant. Le tegmen a une nervure épaissie qui est la corde de cet instrument de musique élémentaire !


A la manière d'un archet, le tibia frotte sur la nervure épaissie du tegmen pour produire un son puissant
Au même moment j’entends le clic clac continue d’une prise de vue en rafales. C’est mon mari, à 5 mètres de moi :
« -Que fais-tu ?
-Je photographie le Criquet stridulant , il me montre ses ailes rouges ! »
Nous avions donc deux mâles qui présentaient ce comportement.
Que signifie-t-il ? Ce n’est pas pour se rafraîchir ! Mais bien pour intimider un éventuel prédateur. Montrer cette couleur rouge signifie que l’on n’est pas bon à manger et en plus faire crépiter ses ailes peut impressionner et décourager un éventuel prédateur.

Nous avons vu cette attitude tant que nous étions près de l’insecte. C’était impressionnant toute cette dépense d’énergie .Et vite nous avons compris le message et laissé la bestiole poursuivre son chemin !
Fin du mouvement musical!

Je n’avais jamais observé ce comportement il faut dire aussi que je ne me promène pas souvent en pleine chaleur l’après- midi. Le matin l’insecte n’a sans doute pas de temps à perdre et se contente de prendre la fuite, il doit penser à se nourrir. L’après –midi avec la forte chaleur il a des réserves d’énergie et peut impressionner les curieux.

Toute la splendeur des ailes étalées sous mes yeux!
Un peu plus loin j’ai vu un le criquet jacasseur avoir ce même comportement mais avec une présentation très courte de ses ailes postérieures et bien moins spectaculaire, ses ailes étaient brun noirâtre.


Le spectacle est partout dans la nature en été !

jeudi 4 août 2011

Psophus stridulus: l'Oedipode stridulante

Voilà un criquet de la famille des Oedipodes qui est facilement reconnaissable.
Psophus stridulus mâle montre la belle carène de son pronotum
Oh il n’a pas de couleurs voyantes, il est même sombre,   brun foncé ou  presque entièrement noir pour les mâles que j'ai photographiés. Il ne présente pas deux détails qui nous font facilement identifier les Oedipodes : pas de décrochement brusque sur le fémur postérieur, ni de carène médiane interrompue par le sillon typique. Mais quand on le voit de profil, son pronotum présente deux caractères bien apparents :

Détail de cette carène .De part et d'autre la fossette bien caractéristique
• la carène qui le parcourt en son milieu est continue et fait une légère bosse
• de chaque côté de celle-ci , un creux important.
Le mâle a des ailes de taille normale qui couvrent bien l’adomen. Ses tegmina ( les ailes coriaces qui couvrent les ailes membraneuses) sont noires. La femelle a des ailes plus courtes.
C’est un criquet que je n’ai rencontré qu’à un endroit.
Femelle Psophus stridulus  aux ailes plus courtes
Déjà il y a deux ans, dans le même secteur de la station de Val Pelens(06), j’avais trouvé cet insecte .Cette année nous en avons trouvé en nombre assez important dans une zone de végétation rase, aux environs de 1600m d’altitude. On le trouve sur des espaces caillouteux, arides et chauds. On ne le rencontre plus qu’en montagne et  dans le Nord Est de la France.En Belgique et aux Pays Bas, l'espèce est éteinte.
Criquet juvénile de Psophus stridulus reconnaissable à la forme particulière du pronotum

S’il est de couleur terne au repos, c’est en vol que le criquet révèle une couleur bien visible. . Ses ailes sont en effet d’un rouge éclatant. Comme le photographier en vol est impossible en billebaude, j’ai essayé de montrer les belles ailes de ce mâle. En écartant ses ailes antérieures on aperçoit le pliage très régulier et la couleur vive des ailes .
Mais c’est son comportement qui est vraiment remarquable. En vol, le criquet stridulant émet un crépitement sonore bruyant qui ne peut pas échapper au promeneur même peu connaisseur. On croirait entendre un Velosolex, cette bicyclette motorisée qui a fait le bonheur de bien d’entre nous…il y a fort longtemps !
Les ailes membraneuses  savamment pliées de couleur rouge vif.
Chaque fois qu’il s’envole le Criquet fait entendre son crépitement et montre des ailes rouges flamboyantes.
Mais il a un comportement encore plus étonnant qui sera présenté dans un message suivant !

vendredi 29 avril 2011

Pyrgomorpha conica. (Pyrgomorphe à tête conique, Truxale rosée, criquet printanier)

Dans la garrigue bien sèche on rencontre des insectes surprenants. Ils ne sont pas voyants, pas colorés, pas grands et pas faciles à photographier. Mais un beau jour certains individus plus coopératifs croisent votre chemin.
Pyrgomorpha conica adulte.
Ce fut le cas lors de cette dernière sortie à la mi-avril,  dans le Var.
J’avais déjà l’an passé, presqu‘au même endroit, rencontré un Pyrgomorpha conica. Mais il n’avait pas voulu quitter le sol et était resté caché entre les cailloux et les brindilles sèches de bruyères et de végétaux qui recouvrent cette terre aride.

Bien cachés sur le sol, les Pyrgomorphes à tête conique sont peu visibles.
Ce printemps j’ai vu plusieurs individus. Ces Orthoptères se reconnaissent à leur silhouette fine et leur tête bien curieuse de forme conique. D’ailleurs le nom de leur famille signifie en forme de tour (pyrgo=tour en grec) De plus sur le haut de cette tête entre les antennes on voit (très difficilement) un sillon qui est le signe caractéristique de l’espèce, la photo montre ce sillon fastigial signalé par la flèche.


Détail de la tête de Pyrgomorpha conica : la flèche indique le sillon fastigial.

Dans la famille des Pyrgomorphes, nous n’avons en France que cette espèce. Je l’ai toujours rencontré dans des zones semi- arborées et bien exposées et très sèches du Var.
La photo du couple au sol montre le milieu dans lequel ils évoluent. Pour mieux les voir, il faut quand ils le veulent bien, les inciter gentiment à grimper sur un végétal tel les bruyères ou les cistes.
Couple de Pyrgomprpha conica: le mâle est plus petit que la femelle.

C’est ainsi que le couple a d’abord préféré s’installer sur mon doigt où ils se plaisaient bien.

Couple de Pyrgomorpha conica dans les bruyère: le décor est plus joli que le sol.
Cet Orthoptère, qui fait partie de la grande famille des criquets, se présente sous des couleurs vraiment différentes. Les plus répandus sont bien sûr les individus bruns, grisâtres qui disparaissent bien dans la végétation sèche. Mais il existe une forme claire que l’on voit sur une photo.


Pyrgomorpha conica : femelle adulte de couleur très claire.
Et la forme la plus voyante et la plus jolie à photographier est cette forme verte, très claire avec un peu de gris et de rose sur les pattes, les antennes et les ailes. Mais cette couleur est plus rare. Les mâles, toujours plus petits que les femelles atteignent 18 mm, tandis que la femelle fait au maximum 30mm.Ils sont donc petits, ce qui les rend un peu difficiles à voir.

Femelle  Pyrgomorpha conica adulte de couleur verte: la couleur la plus rare.
J’ai rencontré beaucoup d’adultes et le printemps est la saison de la reproduction. Ces adultes sont les plus précoces, car certains sont encore au stade juvénile que l’on reconnaît facilement : les ailes sont encore tronquées et inversées. Ces insectes sont nés à l’automne et ont passé l’hiver aux différents stades juvéniles. Ils ont donc dû survivre aux conditions plus rigoureuses de l’hiver, c’est ce qui explique qu’on les trouve uniquement dans les régions aux hivers moins rigoureux du pourtour méditerranéen mais aussi dans les Alpes de Haute Provence, la Drôme, le Vaucluse.

Pyrgomorpha conica juvénile.
Après avoir assurés leur descendance, les adultes vont survivre jusqu’à la fin de juillet. Ensuite il faudra attendre le printemps prochain pour les voir.