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samedi 6 août 2011

Psophus stridulus: un criquet au comportement étonnant

Le matin, le Criquet stridulant est au sol et s’envole devant nos pas en déployant ses belles ailes toutes rouges et en crépitant bien fort. Au sol comme il est noir il est parfois difficile de le retrouver dans la végétation. Mais à force de chercher on le retrouve, il fait un autre vol de deux ou trois mètres. S’il veut vraiment nous échapper, il fait 10 mètres et on le perd de vue.
Voilà ce que l'on voit brièevement: Psophus stridulus qui étale ses superbes ailes rouges
C’est l’après –midi qu’il nous a offert un autre aspect de son comportement bien connu.
Il fait chaud, même à 1600 mètres, nous sommes dans une grande prairie au bord la vallée abrupte qui surplombe le Var. Au loin on voit le village d’Entraunes et la route qui monte au col de la Cayolle.
Devant mes pieds un criquet stridulant .Il attire mon regard car au sol il déploie ses ailes, je vois bien les ailes rouges et hop ,il replie le tout et on ne voit plus que du noir. Et il recommence, le temps d’un éclair une tache violente apparaît sur le sol puis disparaît.
Voilà, çà y est, il me fait son grand numéro d’intimidation ! Mais ce n’est pas fini !
Etape 1 : j'écarte mon tegmen et on voit mon aile membraneuse pliée comme un éventail
Je me place au-dessus de lui et je suis prête à déclencher. Ce n’est pas simple .Même en anticipant, le mouvement des ailes est si rapide que le résultat est bien maigre. Après 4 ou 5 ouvertures d’ailes le criquet se déplace d’un mètre avec un crépitement sonore . Et recommence son manège. Mais cette fois il m’offre un bouquet final. Les ailes rouges restent entièrement découvertes les tegmina bien écartés et les ailes membraneuses s’agitent à la manière d’un éventail !

En détail! Admirez les délicates nervures de cette aile rouge ourlée de noir
C’est alors que placée à la verticale j’ai réussi quelques clichés.
Prises entre le 1/400 et le 1/500 ème les images donnent une idée de ce magnifique spectacle. Ce que l’on peut voir, c’est que pour étaler ses belles ailes le criquet doit d’abord « descendre » ses pattes sauteuses car dans leur position habituelle, elles empêchent le déploiement des ailes !
De plus l’insecte utilise le tibia de sa patte arrière pour frotter sur le tegmen (aile antérieure bien noire ici), ce qui permet d’obtenir un son impressionnant. Le tegmen a une nervure épaissie qui est la corde de cet instrument de musique élémentaire !


A la manière d'un archet, le tibia frotte sur la nervure épaissie du tegmen pour produire un son puissant
Au même moment j’entends le clic clac continue d’une prise de vue en rafales. C’est mon mari, à 5 mètres de moi :
« -Que fais-tu ?
-Je photographie le Criquet stridulant , il me montre ses ailes rouges ! »
Nous avions donc deux mâles qui présentaient ce comportement.
Que signifie-t-il ? Ce n’est pas pour se rafraîchir ! Mais bien pour intimider un éventuel prédateur. Montrer cette couleur rouge signifie que l’on n’est pas bon à manger et en plus faire crépiter ses ailes peut impressionner et décourager un éventuel prédateur.

Nous avons vu cette attitude tant que nous étions près de l’insecte. C’était impressionnant toute cette dépense d’énergie .Et vite nous avons compris le message et laissé la bestiole poursuivre son chemin !
Fin du mouvement musical!

Je n’avais jamais observé ce comportement il faut dire aussi que je ne me promène pas souvent en pleine chaleur l’après- midi. Le matin l’insecte n’a sans doute pas de temps à perdre et se contente de prendre la fuite, il doit penser à se nourrir. L’après –midi avec la forte chaleur il a des réserves d’énergie et peut impressionner les curieux.

Toute la splendeur des ailes étalées sous mes yeux!
Un peu plus loin j’ai vu un le criquet jacasseur avoir ce même comportement mais avec une présentation très courte de ses ailes postérieures et bien moins spectaculaire, ses ailes étaient brun noirâtre.


Le spectacle est partout dans la nature en été !

jeudi 4 août 2011

Psophus stridulus: l'Oedipode stridulante

Voilà un criquet de la famille des Oedipodes qui est facilement reconnaissable.
Psophus stridulus mâle montre la belle carène de son pronotum
Oh il n’a pas de couleurs voyantes, il est même sombre,   brun foncé ou  presque entièrement noir pour les mâles que j'ai photographiés. Il ne présente pas deux détails qui nous font facilement identifier les Oedipodes : pas de décrochement brusque sur le fémur postérieur, ni de carène médiane interrompue par le sillon typique. Mais quand on le voit de profil, son pronotum présente deux caractères bien apparents :

Détail de cette carène .De part et d'autre la fossette bien caractéristique
• la carène qui le parcourt en son milieu est continue et fait une légère bosse
• de chaque côté de celle-ci , un creux important.
Le mâle a des ailes de taille normale qui couvrent bien l’adomen. Ses tegmina ( les ailes coriaces qui couvrent les ailes membraneuses) sont noires. La femelle a des ailes plus courtes.
C’est un criquet que je n’ai rencontré qu’à un endroit.
Femelle Psophus stridulus  aux ailes plus courtes
Déjà il y a deux ans, dans le même secteur de la station de Val Pelens(06), j’avais trouvé cet insecte .Cette année nous en avons trouvé en nombre assez important dans une zone de végétation rase, aux environs de 1600m d’altitude. On le trouve sur des espaces caillouteux, arides et chauds. On ne le rencontre plus qu’en montagne et  dans le Nord Est de la France.En Belgique et aux Pays Bas, l'espèce est éteinte.
Criquet juvénile de Psophus stridulus reconnaissable à la forme particulière du pronotum

S’il est de couleur terne au repos, c’est en vol que le criquet révèle une couleur bien visible. . Ses ailes sont en effet d’un rouge éclatant. Comme le photographier en vol est impossible en billebaude, j’ai essayé de montrer les belles ailes de ce mâle. En écartant ses ailes antérieures on aperçoit le pliage très régulier et la couleur vive des ailes .
Mais c’est son comportement qui est vraiment remarquable. En vol, le criquet stridulant émet un crépitement sonore bruyant qui ne peut pas échapper au promeneur même peu connaisseur. On croirait entendre un Velosolex, cette bicyclette motorisée qui a fait le bonheur de bien d’entre nous…il y a fort longtemps !
Les ailes membraneuses  savamment pliées de couleur rouge vif.
Chaque fois qu’il s’envole le Criquet fait entendre son crépitement et montre des ailes rouges flamboyantes.
Mais il a un comportement encore plus étonnant qui sera présenté dans un message suivant !

vendredi 7 janvier 2011

Aiolopus strepens, l'Oedipode automnale, un criquet qui passe l'hiver.

Voilà l’hiver qui est déjà bien installé cette année. Et si nous ne sommes pas sous la neige, il ne fait pas bien chaud quand même .C’est la raison pour laquelle on en vient à s’interroger sur ce que deviennent les insectes que nous avons vus tout l’été et jusque tard en automne. Beaucoup ont fini leur cycle de vie, et sont morts après avoir pondu leurs œufs et parfois prévus de la nourriture pour leurs descendants..
Mais pas tous ! Ils doivent alors essayer de passer la mauvaise saison.
C’est le cas d’un des criquets qui est bien présent dans mon jardin.
Aiolopus strepens est un méridional , l’hiver moins rude que dans le Nord du pays, lui permet de survivre et l’adulte reprend au printemps le cours de sa vie, s’accouple et meurt.


Au mois d'avril, cette femelle reprend ses activités après avoir passé l'hiver(il a neigé en décembre et en février2009)

Les criquets et les sauterelles ont ainsi plusieurs solutions pour passer l’hiver.
Leur développement passe par 3 grandes étapes :
-l’œuf
-la larve
-l’adulte
Selon l’espèce, les orthoptères hivernent donc en temps qu’œuf (beaucoup de sauterelles et de criquets, par exemple la Grande sauterelle verte), larve(les Tetrix) ou adulte c’est le cas du Criquet égyptien et d’Aiolopus strepens.
Voici donc un adulte vu au mois d’avril de l’an passé , sur un pied de Forsythia . Voir un criquet adulte au mois d’avril limite les recherches, car ils sont donc peu nombreux à passer l’hiver à ce stade.


Vue de dessus d'un individu nouvellement adulte.

Voici quelques- unes de ses caractéristiques.
C’est un criquet à ailes longues puisqu’elles dépassent largement l’abdomen.
Mais c’est la vue de dessus qui permet d’observer toute une série de détails :
• En 4 la forme du vertex, le sommet de la tête, est de forme triangulaire, cela n' apparaît bien qu’en regardant le dessus de l’insecte, l’intérieur de ce triangle est légèrement déprimé.
• En 1 , on voit nettement ce que l’on appelle la carène dorsale ce petit bourrelet qui sépare le pronotum en deux. En 3 on note l’absence de carènes latérales, chez beaucoup de criquets il y a ici aussi des bourrelets.
• La flèche en 3 indique le sillon qui partage le pronotum dans le sens latéral. Ici, ce sillon se situe avant le milieu du pronotum
En résumé : un triangle sur le dessus de la tête, pas de carènes latérales et le sillon du dos avant le milieu du pronotum , voilà déjà 3 moyens de mettre un nom sur cette Oedipode automnale.

Un des sujets qui m’intéresse, m’intrigue et me passionne c’est la métamorphose des insectes ! Dans le jardin j’ai ainsi plusieurs espèces de criquets et de sauterelles que je vois pendant une grande partie de l’année !


Juvénile d'Aiolopus strepens au dernier stade avant la mue imaginale.

J’essaie de « deviner » ce que certains juvéniles vont devenir une fois parvenu au stade adulte, ce n’est pas facile ! J’ai utilisé , pour certains l’élevage ! Je prélève un specimen au dernier stade et je lui offre le gîte et le couvert pendant quelques jours et j’attends sa dernière mue !
C’est ce que j’ai fait avec ce joli criquet !
Sa couleur toute verte qui le dissimulait bien dans les herbes de la partie sauvage du jardin me plaisait beaucoup et je me demandais quelle espèce de criquet pouvait avoir cette couleur que je m’attendais à retrouver au stade adulte !
Première surprise : la longueur des ailes ! C’est le phénomène que je prouve le plus bluffant ! Regardez ses ébauches d’ailes, elles couvrent à peine la moitié de l’abdomen !



Une fois adulte c’est un des criquets qui a les longues ailes, elles dépassent largement l’abdomen !!On voit les ailes dures extérieures, les tegmina et les ailes intérieures translucides.

On note sur l' image suivante, les tibias de couleur rose à l’intérieur(1), deux taches noires à l’intérieur du fémur(2) qui est bien large. On reconnaît Aiolopus strepens à ses cuisses bien musclées, alors que d’autres criquets qui lui ressemblent ont des gambettes plus fines (en particulier Aiolopus thalassinus).


Détail de la patte et de l'abdomen de la femelle Aiolopus strepens.

On peut noter que le criquet devenu adulte à la fin du mois d’août est coloré de brun et de vert, certes les couleurs sont encore pâles car il vient de muer. Le premier individu, qui a passé l’hiver est sombre et terne..La végétation n’étant pas encore très dense c’est un moyen de se dissimuler.
J'espère bien retrouver ces jolis criquets , le printemps revenu...encore quelques semaines.