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vendredi 26 juillet 2013

Cionus Schönherri et Scrophalaria canina


Voici les 3 protagonistes de ma nouvelle enquête !

Au départ une fleur : vous aurez reconnu la Scrofulaire des chiens, Scrophularia canina, pour bien la reconnaître, c'est ici.

 

Un "œuf" comme second élément. Trouvé collé sur le vase contenant la plante. Pas bien grand , 4mm relativement solide le décollage met en évidence un contenu . Au vu de   ce que montre la photo , j’imaginais un insecte rampant, mais sans aucune idée particulière.
Enveloppe nymphale laissant voir la partie ventrale de la larve

Et le résultat : un charançon reconnaissable à son rostre allongé qui porte les antennes coudées.

 
Revenons au point de départ.

En me promenant à 1000 mètres d’altitude j’observe sur deux ou trois pieds de Scrofulaires de très belles chenilles. J’en prélève une à quasi maturité au vu de sa taille et je cueille aussi 3 branches de scrofulaire car bien sûr il faut nourrir la chenille.Mise dans un vase pour que les fleurs restent en bon état, la chenille très rapidement ne se nourrit plus et je lui fournis un bac avec de la terre dans laquelle elle disparaît !

N’ayant plus besoin des fleurs je vais les mettre au compost quand je  vois , collés sur le vase, deux "œufs" ! Il s’agit de mon second élément. Je les prélève, les mets dans un verre avec une note précisant la date et les circonstances de la trouvaille.

Hier matin, en observant le verre je vois perchés sur mon bout de papier deux minuscules bestioles et les capsules ouvertes !

C’est bien entendu le 3eme élément : deux petits charançons. A l’œil nu on voit peu de détails , cependant deux tout petits points noirs apparaissent, ils donnent d’ailleurs l’impression que l’insecte est troué ! Ils mesurent environ 4mm.

Des charançons avec des petits points noirs sur le dos sont peu nombreux. Ils  s’agit essentiellement des  Cionus.
Détail laissant voir la différence entre la pilosité plus longue du pronotum et celle très courte des élytres.

C’est ensuite avec le « Hoffman* » que je vais approfondir ma recherche. Je suis les différentes étapes que je vérifie en images

             Espace interoculaire frontal très étroit, visible sur la  photo de face annotée 1

             Dessus à pubescence couchée ou à peine soulevée, sans mélange de crins dressés ; suture élytrale ornée de deux taches communes rondes ou transversales, d'un noir velouté, interstries ordinairement maculés
Cionus Schönherri, charançon vivant sur  Scrofulaire des chiens

             Rostre, vu de profil, chez les deux sexes, subcylindrique,à peu près d'égale épaisseur sur toute sa longueur.(Bien visible sur l'insecte de face)

             Pubescence élytrale grise ou jaunâtre (c'est le cas de nos spécimens); taches suturales sans macules claires adjacentes
Cionus Schönherri montrant les 2 taches dorsales.

             Téguments rougeâtres (1) ou d'un brun-roux ; pubescence dorsale des élytres fine, éparse, ne voilant pas les téguments ; une tache fauve subhumérale(2) ; tache suturale antérieure plus grande que la postérieure ; macules foncées des interstries impairs peu tranchées(visible sur la photo de dos)

             Tache antérieure de la suture arrondie et seulement un peu plus grande que la postérieure. Pubescence du prothorax cendrée ou jaune( visiblement bien jaune dans mes exemplaires), ordinairement dense et voilant entièrement ou en très grande partie les téguments. Tache jaune subhumérale plus distincte. Profémurs plus fortement dentés(3). Long. : 4.5 mm .

 
Cionus Schönherri, de face, j'aime beaucoup sa carrure aux solides épaules! 


Assez commun dans toute la Provence, se rencontre dans la moitié sud et autour de la Méditerranée.

On rencontre des charançons de la famille des Cionus  sur différentes Scrofulaires et aussi des  Molènes et Buddleias.  Ils ont la particularité, au stade larvaire de se promener sur la plante (et non pas comme beaucoup de charançons, à l’intérieur des différents éléments de la plante)dont ils rongent les feuilles. Pour ce faire et se protéger, ils sont enduits d’un mucus gluant.

Une photo  de la larve, ici sur le site insecte.org
Cette sécrétion est ensuite à l’origine de la construction de la capsule qui sert à la métamorphose. Jean Henri Fabre a observé méticuleusement et surtout décrit avec beaucoup de précision ce processus. (Souvenirs entomologiques, livre II, page 913 à 9 21) Et un détail que j’ai vu sur la photo  s’explique par ses observations.
Le cercle entoure l'excédent de mastic ayant servi à lisser l'intérieur de la loge nymphale.

On voit un amas lisse de tubulaire dans la zone cerclée. J’ai pensé à une déjection extérieure , mais en fait il s’agit de ce « mastic » émis par son tube digestif et dont la larve se sert pour lisser l’intérieur de sa capsule. Elle a d'abord tissé une enveloppe extérieure avec une substance produite par la bouche et l'intérieur est ensuite "crépi" avec ce mastic.

Les adultes sont visibles en juillet août et septembre. On compte plus d’une dizaine de Cionus en France, tous présentant ces deux taches noires. La plupart de couleur grise. Cionus Schönherri se distingue avec cette couleur plus roussâtre.Un bien beau charançon!
*Coléoptères Curculionides (Troisième Partie) par Adolphe Hoffmann, disponible sur le web en téléchargement gratuit.