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mercredi 9 juillet 2014

Aglaope infausta, la Zygène des épines, l’Aglaope des haies


 Au printemps de l’année dernière j’avais observé sur des prunelliers, des aubépines à un style la présence de très nombreuses chenilles. Chenilles bien visibles, à cause de leurs couleurs, surtout une ligne rouge encadrée d’un jaune vif  et des lignes noires. Facilement identifiées comme Aglaope infausta, dite la Zygène des épines.
Aglaope infausta chenille sur Prunus mahaleb.
 Facile à comprendre  le nom de ce papillon:  ses chenilles, aiment beaucoup des arbres qui présentent de belles épines. D'ailleurs elles sont considérées comme défoliatrices des rosacées. Et parfois le résultat est impressionnant.
Aglaope infausta chenille sur Aubépine à un style

Etant donné le nombre de chenilles que j’avais vues je ne doutais pas de voir un grand nombre de papillons.

En mai et juin j’ai revisité régulièrement le site pour voir un seul papillon, brièvement et sans en faire une belle photo ! J’étais bien déçue. En me documentant, j’ai lu que la vie de ces Zygènes des épines était bien brève, car l’imago ne se nourrit pas.
Le cocon d'Aglaope infausta

Au mois de mai de cette année, j’ai revu de très nombreuses chenilles et j’ai pris mes précautions.  J’en ai élevé quelques-unes et après plusieurs jours de nourrissage intensif, elles ont fait leur cocon. Très petit, fin presque transparent.
Une chrysalide qui n'a pas fait de cocon, elle donnera "naissance" à un papillon avec un défaut sur une aile. On voit l'intérieur avec cette "désintégration reformation "qui a cours pendant la métamorphose.

Une quinzaine de jours plus tard le premier mâle est né. Bien reconnaissable à ses antennes pectinées, le papillon est noir, avec sur les ailes inférieures une tache rouge. Il porte aussi un collier rouge autour du cou. Il a bien une allure de Zygène mais est vraiment petit, à peine plus d’un cm.
Mâle d'Aglaope infausta issu d'élevage

La femelle suit le mâle le jour d’après. La taille et l’aspect sont similaires, seule différence les antennes. Les « peignes »  sont bien moins grands.
Femelle d'Aglaope infausta issue d'élevage, la pose sur la fleur est un moyen de la mettre en valeur, elle ne se nourrit pas.


Peu de temps après, nous sommes allés voir ce qu’il en était dans la garrigue. Jamais je n’ai vu autant d’Aglaope infausta. Le matin une dizaine de mâles volaient sans prendre le temps de poser autour des buissons d‘aubépines et de prunelliers.
Sur Prunus mahaleb, un mâle dans la garrigue.
Ces buissons sont la nourriture des chenilles et ces messieurs le savent bien. C’est là qu’ils attendent l’émergence des femelles. C'est là aussi que celles-ci viendront pondre. En vol, on reconnaît le papillon à la tache rouge qu’il porte sur les ailes postérieures. Heureusement de temps en temps l’un d’eux, fatigué, se repose de brefs instants. Sombres et dans la végétation on le repère difficilement.
Aglaope infausta un mâle se repose après avoir survolé les buissons où il cherche des femelles.

Ce n’est que tard dans l’après- midi que je rencontrerai la seule femelle de la journée, cachée sous un prunellier mais posée sur ce brin de lavande.

Femelle Aglaope infausta sur la lavande sous un buisson de prunellier où elle ira pondre ses œufs.

Comme ces papillons ne se nourrissent pas, ils sont dépourvus de trompe, leur vie est vraiment courte. Après l’émergence, l’accouplement suit et la ponte assure la pérennité de l’espèce. Le cycle s’achève. Comme beaucoup de papillons la vie en temps de chenilles est bien plus longue que celle de l’imago !
On peut les rencontrer dans une grande  moitié sud de la France, puisque ils remontent au delà de la Loire.