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lundi 10 octobre 2011

Ephippiger terrestris, en couleur d'automne...


Ou la fashion week chez les Orthoptères
L’automne arrive à petit pas et la nature prend ses couleurs chaudes que nous aimons, avant le froid de l‘hiver.
J’ai ainsi pu observer des sauterelles communes dans notre région, les Ephippigères terrestres qui avaient pris les couleurs de la saison.

Voici d’abord le costume vendange, couleur lie de vin, couleur star de cet automne 2011.
Femelle Ephippiger terrestris en costume ultra tendance.


C’est une superbe femelle dont vous pouvez admirer les marbrures de la face, se terminant par le noir intense du front. La couleur très claire des yeux attire le regard du spectateur. Vous noterez la caractéristique de l’espèce, les antennes implantées sous les yeux. Une reprise de beige est faite sous le pronotum, par des ailes aux reliefs très finement travaillés.
Détail de l'harmonie des couleurs

La couleur dominante est présente avec de légères variantes sur tout le corps ! Sauf, l’ovopositeur ,cet appendice nécessaire pour préparer le logement de la ponte dans le sol, est lui, couleur terre.


La robe lie de vin est rare. Ce sont les nuances brunes et ocres, couleur de terre brûlée qui dominent.
Voici encore une superbe femelle. Vous noterez que c’est l’abdomen qui a les couleurs les plus soutenues. Chez elle tout est dans la même gamme, de la tête aux pieds, euh des antennes à l’ovopositeur. Ces   teintes sombres  sont magistralement  éclairées par  trait clair qui part latéralement depuis le pronotum pour s’achever tout en finesse sous  l’ovopositeur.

Femelle en tenue  terre brûlée, l'autre couleur très tendance


Le mâle a assorti sa tenue. Dans le domaine masculin les couleurs sortent aussi des traditions ! Fini le costume passe muraille, vive le look rouille et brique, nuancé de rose! Un peu de douceur ajoute au  charme naturel du mâle!
Chez les mâles aussi les couleurs mode s'affichent.

Dans la splendeur de sa maturité,  un mâle  complètement assorti à sa compagne. Un délicat relief met en valeur pronotum et ailes abrégées, ensuite ce sont les  très légères rayures verticales de l’abdomen qui affinent la silhouette !  
Un défilé de mode c'est exténuant!

Vive les couleurs chaudes qui  réchauffent les petits matins brumeux et un peu frisquets!

dimanche 4 septembre 2011

Ephippiger terrestris avec leurs spermatophores

Fin août, début septembre est la pleine saison de reproduction des sauterelles surtout en altitude où la saison est un peu plus tardive qu’en plaine. C’est ainsi que j’ai vu beaucoup de femelles se promener avec leur spermatophore. Alors que chez d’autres espèces il est peu volumineux, j’ai noté chez ces Ephippigger un spermatophore très important et surtout la masse gélatineuse qui contient les spermatozoïdes est vraiment importante. J’ai aussi trouvé un mâle au petit matin qui avait gardé une trace de son activité nocturne.
Ephippiger terristris mâle

Et c’est l’occasion de détailler un peu plus son anatomie et de mettre une image sur un vocabulaire qui ne nous est pas toujours familier. On parle dans les critères d’identification de l’épicrocte. La définition donnée en est : Plaque sur-anale, partie dorsale du onzième segment abdominal.

Détail de l'abdomen du mâle.


Grâce à la dilatation des parties terminales de son abdomen pour délivrer le précieux sperme dans son enveloppe gélatineuse on voit distinctement cet épricrocte(2) ! Le détail de l’addomen nous donne à voir les cerques(1) dont la forme, la taille et la place de la dent donnent de précieuses indications Ces indications nous aident à définir l’espèce d’Ephippiger que nous voyons. Ici il s’agit d'Ephippiger terrestris très répandue dans le Sud- est et en particulier dans la zone des montagnes comprises entre 1000 et 2000 mètres.
Femelle Ephippiger terrestris avec son spermatophore.


Chez la femelle un des critères à observer est la longueur de l’oviscapte : plus de 3 fois la taille du pronotum pour terrestris. Ce qui est bien le cas des exemplaires observés. Pourvu de leur volumineux spermatophore les femelles se promènent sur les plantes et de temps en temps en consomment une partie. J’ai assisté à cette gymnastique, la sauterelle se plie en deux pour atteindre le bout de son abdomen. Mais son poids, fait osciller dangereusement la frêle plante sur laquelle elle déambule, et vous aurez compris que pour la photo,...c'est raté.




Femelle Ephippiger qui vient de croquer une partie de l'enveloppe du spermatophore.
  On voit aussi que la différence de couleur et d’apparence entre la partie contenant , blanche et gélatineuse qui sera consommée et la partie plus jaune contenant les spermatozoïdes. J’ai observé une fois un accouplement : il avait lieu dans les herbes et le spectacle bref n’était pas photographiable. Les Ephippigéres passent la nuit près du sol, à l’abri des herbes. Ce n’est que lorsque la matinée est déjà bien entamée qu’elles commencent l’ascension des plantes et plus elles sont épineuses, plus elles leur plaisent !


Détail du spermatophore.


Dans les zones que je parcours ce sont des chardons, des échinops ou des cirses. Cela permet de bien les observer et de les photographier. Ce qui m’a étonné c’est l’importance de la masse gélatineuse qui forme le spermatophore .Chez d’autres espèces, elle est bien moindre et une heure après l’accouplement toute trace a disparu. Il reste encore à ces dames de pondre ensuite leurs œufs pour que l’an prochain nous ayons encore le plaisir de voir ces grosses Ephippigères crapahuter dans la végétation.


Pour en savoir un peu plus sur ces Ephippigéres, c'est ici.

mardi 17 août 2010

Insectes cannibales ou la mante religieuse qui mange son compagnon et la sauterelle Ephippigère qui mange une autre Ephippigère !

Le ciel est bleu, l’air est limpide et une vue superbe sur le cap d’Antibes, les immeubles de Marina Baie des Anges, les pistes de l’aéroport de Nice s’offre à mon regard .Tout s’annonçait paisible dans la garrigue quand j’ai commencé à chercher Orthoptères et autres insectes qui peuplent les buissons et les herbes.

Je poursuivais un papillon qui souhaitant échapper à la célébrité, s’est posé dans un coin presque inaccessible .Et c’est là que j’ai vu des ailes vertes s’agiter ! Spectacle plutôt rare, ce sont des ailes de mante religieuse ! D’habitude on ne voit qu’un insecte ailes rabattues, qui est en position de guetteur pour attendre une éventuelle proie !


Un joli mâle qui est venu se poser devant mon objectif! Il ignore le sort qui l'attendra peut être sous peu!

J’essaie de comprendre ce qui se passe, car il y a deux mantes religieuses cachées dans les herbes basses sur le tronc d’un arbuste qui essaie de pousser dans ce milieu sec. Et je comprends vite que je vois ce qui fait la mauvaise réputation de cet insecte : la femelle tient fermement un mâle dans ses pinces ravisseuses. Et ce n’est pas du tout pour lui signifier qu’il peut accomplir son rôle de géniteur (qu’il a sans doute accompli il y a peu) !
Les ailes qui s’agitent, sont celles du mâle qui tente désespérément d’échapper à ces pinces qui le tiennent.
En la chatouillant pour qu’elle sorte de son coin, je vois bien qu’elle mange ! Elle lâchera très provisoirement son repas et j'observe qu’elle a commencé par manger ce qui constituait un danger pour elle : une patte ravisseuse.
Hélas le sort du malheureux mâle sera rapidement réglé.


La femelle tient fermement son mâle ...pour le manger!Il a beau agiter ses ailes, il ne pourra pas s'échapper!

C’est donc vrai : la mante comme bien des araignées, consomme le mâle qui a servi à la féconder. Pourquoi ? La production d’œufs demande une grande quantité d’énergie. Pour être efficace, la femelle doit manger beaucoup de protéines. Le mâle offre une quantité importante sans aucun effort !!
Je dois avouer que ce spectacle m’a troublé, mais on ne peut pas regarder le monde des insectes avec nos yeux, nous qui sommes bien éloignés des lois simples de la Nature.

A la fin de ma promenade , je descends le long du sentier bien pentu qui me ramène à la voiture quand je suis cette fois ci franchement interloquée par le spectacle que je vois dans un genêt .J’y regarde à deux fois avant d’y croire ! Je n’avais bien sûr jamais vu cela et de plus je n’avais pas lu de récit le racontant !
Deux Ephippigères, dans doute des terrestris (j’avoue ne pas m’être attardée pour le préciser), en train de vider l’abdomen d’une autre sauterelle Ephippigère !


Cette sauterelle éphippigère ne lâchera pas cette proie, il la traîne pour mieux accéder à ce qui reste de son repas!

Les sauterelles ont un régime varié, certaines sont davantage phytophages, agrémentant leur régime par de petits insectes, bonne source de protéines ! Elles mangent leur exuvie quand elles ont mué.
D’autres consomment beaucoup d’insectes, comme notre grande sauterelle verte .Dans les élevages, quand la nourriture manque, les plus faibles, les malades ou les cadavres sont consommées !
Mais ici, la sauterelle, était vivante car je vois encore les antennes qui s’agitent !
Quand je m’approche, la femelle, s’enfuit ! Mais le mâle continue son repas.
Pire, quand la lourde proie tombe dans le buisson, la sauterelle va la chercher, et comme certains fauves africains qui hissent leur proie en haut des branches d’un arbre, la hisse en haut du genêt pour la consommer à l’aise !
Je la verrai ainsi, plusieurs fois trainer sa proie ! C’était vraiment étonnant
Voilà comment se termine une sortie qui s’annonçait des plus tranquilles ! Mais en écoutant la radio sur la route du retour j’ai entendu que l’on avait aperçu un requin au large de Cagnes sur mer !
(Après vérification c'était un dauphin!)

jeudi 12 novembre 2009

Ephippiger terrestris, l’Ephippigère terrestre

Même dans les régions du sud, à la mi- novembre, il ne reste plus beaucoup de sauterelles dans l’herbe. Cette après- midi j’ai encore revu ma jolie sauterelle aux yeux roses, Phaneroptera nana, hélas, elle n’était pas bien vaillante, elle avait perdu une de ses grandes pattes sauteuses ! Elle se chauffait sur les feuilles du fusain, remarquez qu’elle se promène toujours dans les arbustes !
Alors il faut parcourir mon disque dur à la recherche des provisions faites pendant la belle saison ! Aujourd’hui nous allons donc faire revivre un couple de sauterelles qui fréquentent la montagne.

Le mâle
Chez les mâles Ephippiger il y a un endroit à bien photographier : c’est le bout terminal de l’abdomen !!!

Bien sûr pour s’assurer qu’il s’agit de la famille des Ephippiger rien de plus facile : on regarde le pronotum. En langage de spécialiste voici ce qu’il faut voir : horizontal au niveau de la prozone, et brusquement surélevé au niveau de la méta zone ! Traduit pour le commun des mortels : plat au départ et un coude brusque ensuite de telle sorte que ces sauterelles justifient leur nom de porte- selle ! Mais il existe ensuite 5 ou 6 variétés distinctes !!




Un joli mâle Ephippiger terrestris se promène sur les fleurs.

C’est alors que les cerques du mâle font la différence !
Les cerques sont les petites pointes qui dépassent du dernier segment  de l’abdomen, il y en a  un de part et d’autre !
Et sur ceux de notre mâle de sauterelle Ephippigger, nous pouvons observer une dent  dirigée vers l’intérieur et cette dent est à la pointe du cerque : c’est là le détail qui fait la différence !!Différence avec l'Ephippigère des vignes où cette dent se trouve sur la partie médiane du cerque!!



Détail du cerque d'Ephippiger terrestris, la dent du cerque se  trouve sous la pointe !

Bien sûr il faut ensuite vérifier les autres éléments donnés dans la description : la robe varie du vert au gris en passant par le brun, l’abdomen porte généralement quelques macules sombres bien distinctes. C’est bien visible sur la photo de la femelle qui va suivre.




Autre détail à vérifier : l’endroit où nous sommes susceptibles de rencontrer cette sauterelle. Elle est présente dans les Alpes maritimes, le Var, les Alpes de Haute Provence, le Vaucluse, les Bouches du Rhône. Ephippiger terrestris fréquente l’étage montagnard, elle colonise les alpages et les pentes broussailleuses entre 1000 et 2000mètres d’altitude. C’est le cas de ces images faites au mois d’août sur les hauteurs dominant Saint Martin d’Entraunes (06).



La femelle.
Un peu plus loin j’ai rencontré la femelle ! Une chance ! Le critère qui permet d’affirmer que c’est une sauterelle de l’espèce terrestris, c’est la longueur de son oviscapte : 3 à 4 fois plus long que le pronotum.
Cette femelle est chargée de son spermatophore ! Nous sommes au mois d’août, pleine saison de la reproduction.

Femelle Ephippiger terrestris chargée d'un volumineux spermatophore.

Elle est en train de manger l’enveloppe externe qui entoure cette poche renfermant les spermatozoïdes.
La nature est bien faite : pour « fabriquer » ses œufs, la femelle a besoin d’une nourriture riche en protéines, et cette enveloppe lui en offre une quantité généreuse !

Femelle se repliant pour consommer l'enveloppe externe du spermatophore!


Pour déchirer petit à petit l'enveloppe externe qui contient les spermatozoïdes, la femelle se plie ne deux et je puis vous assurer qu'elle a besoin d'énergie pour en arracher un morceau! La poche semble bien solide!!!

Il faut un solide appétit pour ingurgiter cette enveloppe coriace!

Ces deux individus montrent la grande variation de couleurs des sauterelles d’une même espèce. Cela a été au départ un critère que j’ai utilisé pour mettre un nom sur mes petites bébêtes ! Hélas pour me rendre compte qu’il me fallait chercher des différences plus subtiles et moins visibles ! C’est pourquoi je fais, quand l’insecte le veut bien, des images sous toutes coutures !