Les charançons sont les coléoptères parmi les plus nombreux,
c’est dire s’il en existe de toutes les tailles et couleurs. Les plus gros sont
bien sûr les plus ravageurs et ceux qui s’attaquent aux cultures sont les mieux
connus et étudiés.
Mais il en existe de bien nombreux qui passent inaperçus
pour beaucoup d’entre nous : ils sont petits, vivent sur des plantes qui
nous intéressent beaucoup moins et mènent une vie très discrète.
Parmi ceux-là, de temps en temps, une rencontre fortuite
dans le jardin permet de s’y intéresser un peu.
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Baris analis, petit charançon de 3,5mm |
Celui-ci Baris analis en fait partie. S’il
n’était tombé inopinément sur une feuille du lilas que j’inspectais je ne
l’aurais jamais croisé. Il vit en effet sur une plante que l’on ne mange pas,
dont les fleurs sauvages sont certes très belles mais ne décorent pas les
parterres des parcs : la Pulicaire
dysentérique. Je l’aime beaucoup,
elle s’est installée dans un coin du jardin. Pour une belle présentation rien de
mieux que visiter cette page.
Heureusement je dispose d’un ouvrage* qui décrit cet insecte et je vais essayer d’illustrer le travail minutieux qu’en ont fait les différents descripteurs à partir du XVIII ème siècle.
« Oblong, peu convexe, noir, assez brillant; les
élytres glabres, avec leur tiers ou leur moitié postérieur d'un rouge de sang;
pattes et antennes brunes ou noires »
C'est ce que nous montre la photo du début de l'article.
« Rostre arqué, finement et
densément ponctué , un peu renflé en dessous au niveau de l'insertion
antennaire, la tête finement ponctuée »
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Baris analis: différences de ponctuation entre rostre et tête ** |
« Funicule des antennes à 1
er article égal aux deux suivants réunis, le dernier transversal et distinct de
la massue ».
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Baris analis: l'antenne articulée des charançons se terminent par une massue** |
Transversal signifie plus
large que long, sur cette photo et celle du dessous annotée on peut aussi voir le léger renflement du
rostre au niveau de l’insertion des antennes. On voit aussi qu’elles sont
insérées très en avant du rostre .On comprendra ensuite l’intérêt du scrobe
lorsque l’on voit l’insecte se nourrir.
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Détail de l'antenne: 1 le premier segment qui est aussi long que le second et le troisième réunis.
La flèche montre le dernier article**
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« Prothorax aussi long que
large, ses côtés droits et légèrement convergents,en avant jusqu'au tiers
antérieur où ils sont brusquement bien que faiblement resserrés vers le sommet,
la ponctuation discale assez forte, profonde, très serrée, un peu confluente
sur les côtés, la ligne médiane, lisse un peu élevée
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Baris analis vue du prothorax et des élytres.** |
Écusson pointillé. »
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Le cercle indique l'écusson très petit de l'insecte.** |
« Élytres oblongs,
semi-elliptiques calus antéapical assez distinct ; stries fines,
ponctuées; interstries plans, leurs bords étroitement relevés, portant une
ligne alignée, finement pointillée. »
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Les flèches montrent le calus antéapical :cette petite bosse visible avant que les élytres ne s'abaissent.** |
Passons maintenant à une petite
observation que l’on pourrait intituler :de l’intérêt des strobes pendant
le repas du charançon.
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On voit ici le scape, qui porte l'antenne, se ranger dans le strobe lors des repas de l'insecte.** |
Pour le faire tenir tranquille
pendant ma prie de vue, j’ai offert à Baris analis, une feuille de sa
plante hôte, la Pulicaire dysentérique.
Et alors il a bien enfoncé son rostre dans la nervure de la feuille et en
l’enfonçant profondément, le scape, cette première partie de l’antenne se loge
dans le sillon prévu à cet effet dans le rostre. On se rend ainsi compte que
cette implantation très en avant du rostre n’empêche pas l’insecte de l’enfoncer
profondément dans le tissu végétal.
Sur les 3 ,5mm que fait notre petit
charançon son rostre minuscule est merveilleusement bien conçu ! Il est présent partout en France et visible d'avril à septembre.
** Images grossies entre 3 et 4 fois