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jeudi 25 février 2021

Sceliphron curvatum : les provisions de la larve

 

La nature se réveille doucement et si je vois des habitués du jardin tels que les bourdons, les abeilles charpentières ou le Vulcain et les premières Piérides en vol, la plupart  des insectes sont encore dans leurs abris. C’est l’occasion de compléter certaines observations qui elles aussi sont en dormance sur le PC.

Cela se passe au mois de juillet.



« Lucie, elle est derrière la Marmotte ! ».

Voilà ce que j’ai entendu  par cette chaude après –midi de juillet !

Cette phrase se traduit pour les non initiés par le texte suivant :

"Lucie, j’entends le bourdonnement aigu de la guêpe Scéliphron derrière le cadre photo représentant une grosse marmotte !"

 

Au premier plan , l'urne en cours de  construction

En effet décrochant ledit cadre, j’y vois d’abord une dame Scéliphron curvatum en train de maçonner, puis de s’envoler. J’observe alors le travail discret qu’elle a fourni ces derniers  jours sans que nous nous en apercevions ! Voici une dizaine d’urnes bien fermées.

Une larve déjà bien développée avec peu de restes de nourriture


C’est l’occasion de voir leur contenu.

Dans une autre des araignées déjà partiellement consommées


Je commence par la plus vieille celle du haut de la série. Une jolie larve bien gigotante y est installée. Dans la deuxième par ancienneté, la même chose, mais la larve mordille encore une reste de repas : une patte d’araignée.

Je passe alors à la plus récente. En premier je n’y vois que des araignées : 6 au total, de petites tailles mais d’espèces variées.

Je cherche l’œuf que je suis sûre d’y trouver : il est là collé sur une petite saltique.

Dans celle qui est la plus récente, l'œuf fixée sur une saltique Macaroeris nidicolens, identifiée grâce à Aurélie


Je remarque que toutes les araignées sont de petites tailles, bien anesthésiées car elles ont l’aspect des araignées vivantes, ne sont pas recroquevillées comme un sujet mort.

Un assortiment varié


C’est l’occasion de faire l’inventaire des espèces collectées.

Deux épeires de taille différente


Je suis étonnée de la grande diversité du menu servi aux larves. On a des saltiques , des épeires (diamant) appelées à devenir de grands sujets , des araignées colorées(épeire concombre) et des saltiques aux couleurs plus neutres.

Une épeire concombre


Certaines tissent  des toiles(les épeires), d’autres se promènent sur et sous le feuillage(saltiques)

Une belle inconnue, qui ne l'est plus, grâce à Aurélie .Voici Siatis barbipes femelle!

En voici une que je n'ai jamais croisée! Si un gentil visiteur peut me renseigner sur son identité , j'en serai ravie!

En ce mois de février, les larves ont depuis longtemps consommé toutes les provisions collectées par maman et leur développement achevé, elles attendent le retour du printemps pour prendre leur envol.

La suite de l'histoire peut se lire ici.

lundi 23 septembre 2019

Crosserus quadrimaculatus, petit hyménoptère chasseur de Diptères


La piscine m’offre des sujets que je ne vois pas en parcourant le jardin : soit qu’ils ne fréquentent pas les parties visibles de la végétation ou plus simplement qu’ils s’y promènent à d’autres moments que moi.
Crossocerus quadrimaculatus mâle

En repêchant celui-ci, j’ai bien vu qu’il ne faisait pas partie de mes collections.
Souvent ce sont les couleurs, la taille et l’allure générale qui retiennent mon attention. Ici les gros yeux attirent le regard.
Et surtout les ailes : deux ailes , un diptère, 4 il faut chercher dans les hyménoptères. Ensuite il faut essayer de voir à quelle grand famille l’insecte appartient.
Ici, il s’agit d’un mâle (13 articles aux antennes et 7 segments abdominaux) L’insecte ne présentent pas de zones poilues comme souvent les « abeilles ».
A force d’observer ceux qui vivent avec nous, on acquiert une certaine habitude pour savoir où chercher.

Il existe maintenant des documents sur le web qui nous permettent de trouver des déterminations et des infos pour la plupart des espèces de notre milieu.
Ici c’est la Faune de France 79 de Jacques BITSCH et Jean LECLERCQ (Hyménoptères Sphecidae volume 1 (1993) et Hymenoptera Sphecidae  de Jacques de BEAUMONT dans la collection Insecta helvetica de 1964   que j’ai utilisées.

Dans un premier temps je cherche à connaître à quel genre  appartient ce petit hyménoptère mâle de 8mm.
Crossocerus quadrimaculatus mâle,les  détails de l'aile à observer.*

  • 1.L’aile antérieure présente une seule cellule submarginale(encore nommée cubitale= Cu sur la photo). Cette photo est faite pendant que l’insecte sorti de l’eau , se « nettoie ». Quand il est sec et propre il laisse ses ailes au repos sur le dos et il est bien plus difficile d’en voir les détails
  • 2.Le bord interne des yeux n’est pas échancré.
  • 3. Cellule submarginale  et cellule discoïdale (=Di) séparées par une  nervure .Des  figures permettent  de voir que l’aile photographiée correspond au schéma décrit.
  • 4. Stigma de taille normale.
  • 5.Une seule cellule discoïdale (photo ci-dessous)(les lignes en travers des cellules correspondent à l’aile postérieure collée en –dessous).
Crossocerus quadrimaculatus mâle, détail de l'aile, la flèche indique la cellule marginale tronquée.*
  • 6. Bords internes des yeux presque toujours convergents vers le clypeus ; la  cellule marginale tronquée à l’apex(la flèche l'indique ci-dessus)
    Crossocerus quadrimaculatus mâle, le triangle équilatéral des ocelles*


  • 7. Mandibule avec  2 ou 3 dents à l'apex : si elle  est unidentée, les ocelles forment un triangle équilatéral et le gastre est en  général taché de jaune .
  • 8.Gastre non pédonculé

  • Crossocerus quadrimaculatus mâle: détails de la face*
  • 9. Face rétrécie vers le bas,  bord  interne des  yeux fortement convergents vers le clypeusInsertions antennaires très proches des yeux.
  • 10  Antennes du mâle à 13 articles et ocelles en triangle à peu près équilatéral.

  • Malheureusement il existe des détails caractérisant la surface de différentes parties du thorax qui sont peu visibles.
    Mais je pense qu’avec ce que je vois j’en arrive bien au genre Crossocerus.
    Crossocerus quadrimaculatus mâle pendant sa toilette.


    Pour ensuite trouver l’espèce cela ira plus vite : le gastre(l'abdomen) est taché de jaune et le dernier article antennaire est tronqué. Ces 2 détails sont bien visibles.



    De plus les 2 taches  jaunes sur les sternites 2 et 3, les toutes petites taches jaunes sur le clypeus correspondent aussi. Les dents du clypeus se devinent cachées par la belle moustache argentée.

    Crossocerus quadrimaculatus mâle: la dent aiguë de la carène occipitale(flèche)*

    Un détail signalé pour caractéristique : la dent aiguë qui termine la carène occipitale m’a donné beaucoup de fil à retordre. Mais je crois qu’on la voit bien sur cette image. Nous sommes en présence de Crossocerus quadrimaculatus.
    Crossocerus quadrimaculatus , mâle, soies du flagelle*

    Dans la description faite par Bitch, il parle de soies du flagelle assez longues, il m'a fallu agrandir une image au maximum pour les voir et apporter un détail supplémentaire pour identifier ce petit hyméno.


    Cette espèce est répandue dans toute l’Europe. Les femelles font leur nid dans le sol et alimentent leur larve avec de petits diptères variés.

    *Images grossies 3 fois

    dimanche 19 août 2018

    Sceliphron curvatum, une autre guêpe maçonne.


    Sceliphron caementarium  est une des pages les plus lues du blog.  C’est dire si cette grande guêpe maçonne intéresse.
    J’ai eu la surprise de trouver quasi sous mon nez, sa cousine, originaire  d’Asie qui est depuis bien implantée en Europe !
    Sceliphron curvatum, urnes in situ

    L’histoire débute fin juin. Il fait très chaud et j’ouvre en grand la fenêtre, j’en profite pour regarder  les rebords et je suis bien surprise de voir à l’intérieur de l’espace  double vitrage toute une série d’urnes joliment alignées  .Vingt six et une vingt septième inachevée. !Je n’ai aucune idée du moment de la construction de ces urnes et elles n’ont pu l’être que pendant les heures chaudes où cette fenêtre est ouverte au printemps, quelques semaines plus tôt.
    Sceliphron curvatum, urnes en rangées bien  collées.

    Les urnes collées les unes en dessous des autres sans une couche pour dissimuler leur forme, conduit à supposer qu’il s’agit de Scéliphron curvatum.
    J’ai ensuite décollé les urnes, et récupéré celles qui étaient intactes. Au passage certaines se sont cassées et j’ai pu observer leur contenu..
    Sceliphron curvatum, détail des states de boue.

    On voit sur cette photo que l’urne est faite de couches successives de terre, en observant la différence de couleur entre celles-ci on peut en compter une trentaine. Cela veut dire que pour chaque urne la guêpe a fait 30 voyages, aller trouver de la boue, la malaxer, la coller. Puis y mettre des  proies ( araignées), puis y pondre son œuf, enfin fermer l’urne . Au bas mot plus de 40 aller-retours. D’autres, comportent une boue plus grossière et il n’y a qu’une vingtaine de couches. Tout cela représente quand même un extraordinaire travail.
    Sceliphron curvatum, taille de l'urne

     A l’intérieur un cocon de 2 cm de longueur avec un  bout arrondi et à  l’autre un « bouchon noir ».
    Sceliphron curvatum,cocon à l'intérieur de l'urne

    La larve présente une tête où l’on ne voit que deux fortes mandibules. Pas besoin d’autre chose pour se nourrir enfermé dans une urne avec une réserve de nourriture !
    Sceliphron curvatum,larve

    Quelques jours plus tard, j’ai des imagos dans la boite( fermée !) où j’avais installé les urnes intactes.
    Sceliphron curvatum, tête de la larve

    J’ai eu la confirmation qu’il s’agissait de Scéliphron curvatum.
    Ces grandes guêpes(environ 25 mm), sont davantage colorées sur l’abdomen (caementarium  a l’abdomen noir).
    Sceliphron curvatum,imago.

    Voici les endroits où l’on trouve du jaune :
    -au milieu du clypeus(1)
    - scape au moins à la face inférieure(2),
    - une bande sur le collare(3),

    Sceliphron curvatum, détail de la tête

    -une tache sur la tegula(4),
    -une ou deux taches sur l'épisterne mésothoracique(5),
    -une bande étroite sur le scutellum (6),
    - une bande assez large à la partie postérieure du propodeum(7),
    - une tache sur le tergite 1(8).

    Sceliphron curvatum, du jaune en de nombreux endroits

    Autre détail remarquable : l’aile antérieure avec 3 cellules marginales, la 2e recevant les 2 nervures récurrentes(voir photo)

    Sceliphron curvatum,détail de l'aile antérieure

    Le fait de les voir émerger début juillet indique qu’il y a 2 générations.
    Sceliphron curvatum, détail du propedeum

    Leur expansion territoriale est continue puisque depuis les premières observations en Autriche en 1979 elle est connue en France depuis 2002 d'abord dans les départements autour de la Méditerranée et on l’a déjà trouvé à Paris, au Luxembourg, en Belgique. Son expansion semble se poursuivre.

    mardi 12 septembre 2017

    Cerceris arenaria , cercéris des sables, une belle guêpe prédatrice de charançons.

    En observant la piscine j’y ai vu, essayant de nager une belle guêpe. Après repêchage (en général  je tends une longue perche et l’insecte n’hésite pas) je peux mieux l’observer. Les ailes un peu mouillées empêchent  le vol, c’est ce moment qui me permet de faire des photos.La bestiole après avoir observé l’environnement, s’occupe plus de sa toilette et de la remise en état de ses ailes que de moi.
    Cerceris arenaria femelle, environ 14 mm.

    C’est une femelle : on compte 5 segments au gastre, (6 segments pour les mâles).Le gastre était le nom donné à l’abdomen des hyménoptères.
    Ensuite c’est un Cerceris : son aile antérieure présente 3 cellules cubitales dont la seconde est pétiolée( une petite nervure est présente à l’avant)et le fémur 3 est tronqué. Le premier segment abdominal est beaucoup plus étroit que le second. Cette famille fait partie des Sphecidae, des guêpes fouisseuses..
    Cerceris arenaria femelle, détails à observer en particulier un gastre à 5 tergites.

    Les Cerceris sont plus de 200 dans la zone Paléarctique, 26 en France .
    On commence à les classer en 2 grands groupes : ceux présentant un gastre de type régulier : les taches noires et jaunes toujours dans le même ordre sur tous les segments , c’est le cas de mon sujet : du noir dans la partie antérieure, du jaune dans la partie postérieure( pour le type irrégulier cela varie).
    Cerceris arenaria femelle, un fémur III, tronqué à l'apex.

    Ma  femelle est assez grande, elle mesure près de 14mm et appartient à une espèce bien répandue partout  en France.
    Cerceris arenaria femelle, vue dorsale, ailes levées prête à s'envoler.

    Il existe des documents disponible sur le net.Je me suis servie de :
    Hyménoptères Sphecidae d’Europe occidentale, volume 2, Faune de France , volume 82, de Jacques BITSCH ,Yvan BARBIER, Severiano Fernández GAYUBO, Konrad SCHMIDT,Michael OHL.
    Il est important de savoir si on a un mâle ou une femelle car la clé de détermination est différente.
    Mais ce sont surtout les dessins du gastre qui m’ont orientée.Mon exemplaire est un Cerceris arenaria. J'ai utilisé la description fournie pour conforter mon identification.
    Voici ce qui est dit de la tête :
     -tête très large vers le bas, les bords internes des yeux divergents vers le bas
    - bord interne de la mandibule avec une petite dent et, en avant, une dent plus grande dont la pointe est tournée en angle droit vers l'intérieur.
    Cerceris arenaria femelle, détail de la tête, avec ses yeux divergents vers le bas et la lamelle en 1

    Ensuite :
     -aire médiane du clypeus plus large que longue ;
    immédiatement au-dessus de son bord antérieur, se trouve une lamelle dirigée
    un peu obliquement vers l'avant et qui recouvre au milieu le bord antérieur
    du clypeus.
     Le bord antérieur de la lamelle est arrondi, ou tronqué, ou échancré.
    A l'extrémité de l'abdomen ,l'aire pygidiale est  très large, peu rétrécie vers l'arrière, le bord postérieur tronqué avec des angles arrondis.
    A observer aussi les peignes sur les tarses de la première paire de pattes( en 2 sur la photo ci-dessus.)
     
    Cerceris arenaria femelle, vue de face, avec ses mandibules pourvues de dents.
    La femelle fait des nids verticaux dans le sol, elle en expulse la terre avec son pygidium dont elle  se sert comme d’une pelle.Elle creuse sur 20 cm de profondeur.
    Cerceris arenaria adulte est floricole, j’en ai vu plusieurs sur les fleurs de fenouil au mois d’août. Mais depuis quelques jours je n’ai pas encore trouvé où elles se cachent !!
    La femelle paralyse des charançons de diverses espèces qui seront placés dans des cellules du nid pour alimenter les larves. Voilà donc encore une auxiliaire du jardinier. On la rencontre de mai à septembre, ce serait en juillet qu’elles seraient les plus nombreuses.
    Cerceris arenaria femelle,une guêpe bien utile au jardin.

    Son mode de vie est aussi présentée dans le Guide des abeilles, bourdons, guêpes et fourmis d’Europe de Hans Bellmann.

    Il y précise que Cerceris arenaria nourrit sa progéniture avec Brachyderes incanus, un ravageur du Pin.
    Une bien belle guêpe!