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vendredi 30 août 2013

Arge pagana, mangeuse des feuilles du rosier


Il s’agit de présenter le devenir de ces petites et amusantes larves d'Arge pagana vues au stade 2 puis en train de passer au stade 3 sur les 2 messages précédents.

En fait mon histoire commence au mois de juillet de cette année.

Larve d'Arge pagana au dernier stade

Le 23 juillet, j’observe une fois de plus que les feuilles de mon rosier sont réduites, pour certaines à l’état de squelette. Je décide de chercher le nom de ces voraces.

Je prélève quelques- unes des larves au dernier stade et les nourris avec des feuilles de rosiers tout en observant ce qui se passe. Je n’ai pas trop longtemps à attendre. Une semaine plus tard je ne trouve plus que de petits cocons blancs et soyeux au fond de mon bac. Voilà donc comment elles disparaissent des rosiers. En fait, elles descendent vers le sol et se nymphosent au sol, sans doute cachées dans la végétation.

Cocons d'Arge pagana


 Je pensais que mes mangeuses de feuilles de rosiers étaient des Tenthrèdes, des mouches à scie de la famille des Symphytes.  Je m’apprêtais à attendre le printemps prochain pour connaître le nom de l’insecte. La patience est nécessaire avec ce petit monde.

 Quand à mon retour de quelques jours de vacances j’ai trouvé un insecte mort dans mon bac après seulement une douzaine de jours de vie dans le cocon, zut, me suis-je dis, un des cocons était parasité par une mouche. J’ai regardé l’insecte de plus près et j’ai compté  4 ailes. Ce n’était pas un diptère mais bien le locataire du cocon qui était devenu adulte.
Femelle Arge pagana en ponte

J’ai eu le réflexe d’aller voir mon rosier dans le jardin  et là aussi j’ai vu un adulte stationner sur les feuilles

Arge pagana ne fait pas partie des Tenthrèdes mais de la famille des Argidae qui se reconnaît à la particularité de ses antennes : l’article 3 est très très long.

Dans la famille des Argidae,  Arge pagana est facile à reconnaître, l’hyménoptère est tout noir : tête, ailes , pattes, thorax, seul l’abdomen est jaune orange. Sa taille est d’environ 1cm . L'adulte permet de bien voir le troisième article de l'antenne , très long, les deux premiers sont très courts.

Quelques jours plus tard je vois un autre adulte sorti d’un des cocons.

Je constate que la durée de la nymphose varie grandement. Lorsque j’ai vu le premier adulte né après une dizaine de jours seulement j’ai eu la curiosité d’ouvrir  un autre cocon, voici ce qu’il contenait , une larve bien rétrécie  mais pas transformée.
Larve dans le cocon
 Deux jours plus tard après la naissance du second adulte j’ai ouvert un autre cocon et là j’ai vu un insecte à moitié formé.
Dans le cocon imago encore incolore .
La durée de métamorphose de ces larves en insecte adulte est variable. Voilà un premier constat. Bien sûr mes observations n’ont rien de scientifiques, je fais des observations sur quelques individus que je prélève dans mon jardin !


La suite de l’histoire se passe sur le rosier.  On peut dire que la bestiole a de la suite dans les idées. Je verrais tous les jours un ou deux adultes sur le rosier. Ayant observé le soir un adulte en ponte sur une tige je l’ai retrouvé au matin à proximité de cette tige.

En ponte, rien ne dérange l’insecte. J’ai observé sur le rosier Arge pagana en train de pondre. J’ai bougé la tige pour la rapprocher de mon objectif, je l’ai coupé pour la mettre dans une position mieux éclairée et finalement je l’ai emporté sur ma table de travail. Jamais l’hyménoptère ne s’est laissé distraire de sa tache de reproductrice. Quand j’ai eu fini mes observations je l’ai mise à l’abri dans un bac et encore là l’infatigable pondeuse est restée en place. Ce n’est que le matin suivant que je l’ai vu quitter la tige  porteuse de ses œufs.

Comment fait-elle pour pondre ses œufs à l’intérieur de la tige du rosier ?

Arge pagana incisant la tige du rosier avec sa "scie", méritant ainsi le surnom de "mouche à scie"

D’abord elle choisit  un endroit de la tige proche des feuilles terminales, là où elle est la moins dure et où les jeunes larves trouveront des feuilles tendres pour se nourrir. Elle choisit toujours le côté de la tige tourné vers le sol, là où son travail est le moins visible.

J’ai essayé de rendre en photos les 2 étapes du travail
Détail montrant l'outil en fonctionnement.

En premier la partie terminale de l’abdomen  « incise » la tige, c’est avec la scie que je n’ai eu l’occasion de voir qu’une fois . C’est relativement court.
Toujours en ponte, la flèche indique une précédente ponte d'Arge pagana
Puis la seconde phase la plus longue consiste en la ponte proprement dite. Le dernier segment de l’abdomen se relève et on voit un tube fin, l‘ovipositeur qui s’enfonce dans la lige et un liquide gélatineux recouvre la tige. Extérieurement on voit ensuite un trait fin sur la tige.
La flèche indique l'oviducte qui injecte par des contractions les œufs dans la fente préparée par la "scie"

Au fil des jours ce trait grossit, la tige enfle puis les deux lèvres de la tige s’écartent laissant apparaître les œufs. Autre moyen d’identifier Arge pagana : ses œufs sont disposés en 2 rangées parallèles et non en quinconce comme  Arge  ochropus(qui lui ressemble ).
Au bout de quelques jours les œufs sont bien visibles.

Au bout d’une dizaine de jours encore une fois les œufs donnent naissance aux larves.

Aux premiers stades elles sont translucides, on les voit très peu sur les feuilles et les tiges des rosiers..

Larve nouvelle née, elle est entièrement translucide, sa tête va se colorer au fil des heures Observez sa taille sur la tige du rosier, difficile à voir!



C’est en ce moment que la seconde génération est à l’œuvre, c’est la dernière pour cette année. Les larves sont visibles jusqu’en septembre et sans doute même plus tard pour certaines. J’en vois tous les ans à ces périodes. Elles se nymphoseront et passeront l’hiver au sol pour reprendre leur développement au printemps prochain.

La question que l’on peut se poser : comment s’en débarrasser ?

 Cela fait des années que j’en vois sur mes rosiers qui se portent toujours bien. Je secoue les feuilles quand je vois beaucoup de larves et elles vont nourrir les poissons. De toute façon je taille assez régulièrement les rosiers et ils se portent bien. Je n’utilise pas de produits chimiques.

samedi 22 juin 2013

La ponte du Gazé , Aporia crataegi.


Le Gazé, Aporia crataegi, est un joli papillon blanc les ailes soulignées  de superbes nervures noires qui lui donne une  allure très élégante. Je le vois toujours en tailleur Chanel. Certes les femelles ont souvent moins d’écailles blanches et donc une tenue moins soignée mais ces jolis Pieridae m’enchantent toujours.

Cette année il m’aura fallu attendre la mi-juin pour enfin en voir quelques-uns. Je le trouve, heureusement pour moi, année après année en moyenne montagne entre 650 et 900 m d’altitude.

Je les vois  toujours à proximité de Crataegus monogyna, l’aubépine à un style, justifiant ainsi son nom de Piéride de l’aubépine.
Femelle Aporia crataegi en ponte sous une feuille d'aubépine à un style.

C’est sur cet arbrisseau que la femelle va pondre ses œufs. J’ai  assisté  à cette scène il y a peu. J’avais vu cette femelle, visitant plusieurs arbrisseaux, inspectant les feuilles, repartir et continuer ses recherches.

Enfin, elle s’arrête et s’installe au cœur d’un buisson, à une trentaine de centimètres du sol.

L’aubépine à un style est un arbrisseau très, très épineux ! Il me fut donc difficile de me glisser  assez près du papillon pour le voir pondre, pas trop près pour ne pas l’inquiéter !
Les 9 œufs fraîchement pondu par la femelle Aporia crataegi.
 

Mais J’ai eu ce grand plaisir de voir Madame  Gazé déposer  ses œufs sous la feuille. Elle pond un œuf après l’autre. Le premier a nécessité un temps plus long. Quand elle est installée elle ne s’inquiète plus trop de ma présence. Elle a pondu ses 9 œufs puis tranquillement s’est envolée.

J’avais déjà, l’un passé pu observer une ponte mais après le départ du papillon.

Six œufs de Gazé.

Mon observation s’était déroulée en mai   et à proximité des œufs, j’avais déjà vu des chenilles nouvelles nées. Elles se développent puis passent l’hiver dans un réseau  de soie leur servant d’abri. Au printemps suivant, elles finissent leur croissance, deviennent chrysalide et enfin papillon adulte.
Jeunes chenilles de Gazé sur feuille d'aubépine à un style.

Voici mes observations concernant le Gazé sont maintenant complètes .
Voici les messages précédents

La chrysalide et l’émergence: ici
La présentation, l’accouplement et la chenille adulte :ici

 

jeudi 19 juillet 2012

Des œufs déguisés en cône de pin chez les coléoptères Clytra quadripunctata et Cryptocephalus bipunctatus.


Les insectes femelles assurent avec beaucoup de soin l’avenir de leur espèce et pour ce faire emploient des stratégies diverses.

Nous connaissons tous différentes méthodes utilisées pour assurer la survie de l’œuf. Les abeilles assurent par divers moyens une réserve de nourriture, les punaises pondent les œufs sur des feuilles où les larves se nourriront, les sauterelles mettent les œufs dans le sol ou des tiges de végétaux, certains syrphes pondent à proximité d’une réserve de pucerons….

Voici deux coléoptères utilisant des méthodes originales, l’œuf est dissimulé à l’intérieur d’une protection modifiant son aspect. Il s’agit d’abord de Clytra quadripunctata et ensuite de Cryptocephalus bipunctatus.
Accrochée à un brin d'herbe, la femelle Clytra quadripunctata maintient son oeuf  protégé dans cette enveloppe.

Voici une femelle Clytra quadripunctata(7-11mm) en train de pondre .Elle maintient son œuf avec ses pattes arrières. La forme bizarre en cône de pin est en réalité un œuf entouré d’une protection faite de sécrétions qui lui donne ces aspérités.

Leur rôle sera utile pour le transport de cet œuf.

A la fin de sa ponte, elle s’envole.
Les  pattes arrières ne lâcheront jamais l'oeuf.

La suite de l’histoire est sans image. L' insecte va déposer cet œuf enrobé à proximité d’un nid de fourmis. C’est alors que, trompées par cet aspect mais aidées par les aspérités de l’œuf, les fourmis se chargent de le transporter dans leur nid. Là, cette larve vit dans un étui, se nourrit des restes végétaux dans la fourmilière, l’étui étant une solide protection. On dit  que la larve est myrmécophile.

Voici une page d’explication sur ce mode de reproduction.

Cryptocephalus bipunctatus.

Voici une scène surprise au printemps dernier. Cryptocephalus bipunctataus(4-6mm) est un joli petit coléoptère aux couleurs bien visibles, rouge avec deux taches noires sur chaque élytre, la plus grosse étant bien ronde.
Cryptocephalus bipunctatus, petit coléoptère utilise la même méthode

C’est un insecte commun que l’on peut rencontrer partout en France, en mai et juin, on le trouve sur de nombreux feuillus.
C’est d’ailleurs sur un arbuste, dans la garrigue que j’ai vu cette femelle tenir avec ses pattes arrières son œuf qui présente le même aspect que celui de madame Clytra.

Mais la femelle Cryptocephalus bipunctatus abandonne  ensuite son œuf sur la feuille et s’envole tranquillement.
 On se tient sur le bord de la feuille et l'oeuf est expulsé.Cela dure une bonne minute.

Cet aspect dans un premier temps protège l’œuf. Ensuite la larve se développe et se cache dans un étui, fait de débris végétaux ou même de ses propres excréments. Elle sera mobile et   se promène avec sa protection sur le dos.
Cela ne ressemble pas un oeuf, mais c'est bien un oeuf!

Je ne sais pas quel sera son aspect, mais pour vous donner une idée d’une larve dans un étui, voici celle-ci surprise se nourrissant sur des Echinops ritro(Oursin bleu) en août dernier.
Voici une larve dans un étui, la tête sort pour se nourrir.

Il existe une grande diversité chez les insectes pour assurer la protection de leur descendance!
A la demande de Claudie, l'oeuf de la jolie Cryptocephalus bipuntatus.Il ne mesure qu'un à deux millimètres, même avec sa "garniture"

samedi 9 octobre 2010

Chalcolestes viridis(Leste vert): la ponte

Le portrait du champion !

Le Leste vert(Lestes viridis) n’est pas un insecte rare. Cette demoiselle, fait partie des Zygoptères, et on la rencontre dans tout le pays, mais par ici, elle est donnée pour rare.
En fait, on devrait l’appeler Chacolestes viridis, car on lui trouve une « distance génétique assez marquée entre cette espèce et les autres Lestes européens »(Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg, Daniel Grandet et Jean Pierre Boudot).



Leste vert , mâle défendant son petit territoire!

Ce vaillant petit mâle a attiré mon attention quand, perché sur une branchette au-dessus de la mare , il s’est mis à défendre ce bout de territoire contre un Sympetrum striolatum et surtout un gros Anax en patrouille.! Chaque fois il décollait et faisait savoir que les visiteurs n’étaient pas les bienvenus !
C’est une attitude typique de défense du territoire ! Seulement il risquait sa peau car l’Anax aurait pu l’avaler tout cru .
Le manège a duré 2 jours, aux heures chaudes et ensoleillées, il était fidèle au poste. Et enfin j’ai vu ce travail récompensé. Le voici avec une femelle et ils sont tous deux en train de pondre.
Le Leste vert ne dépose pas ses œufs dans l’eau ou sur les herbes bordant l’eau comme beaucoup de libellules. La femelle troue des branches souples d’arbustes surplombant l’eau et y dépose ses œufs. Ces petites incisions développent parfois des galles sur certains arbustes. Les œufs y passent l’hiver et ce n’est qu’au printemps que les petites « prolarves » se laissent tomber dans l’eau.
Mon petit couple a d’abord pondu dans le romarin , certes au bord de l’eau, mais pas au-dessus de l’eau .Et ensuite seulement ils ont rejoint l’eupatoire qui surplombe la mare.

La ponte

La technique est toujours la même :



1. Monsieur s’installe, Madame est suspendue dans le vide.




2. Allez, finie la rigolade, Monsieur remonte Madame, l’air de lui dire : « Au travail !»







3. Madame obtempère, et plie son abdomen.




























4. Madame, consciencieusement, avec son ovopositeur perfore l’écorce et dépose son œuf.


Je suis allée regarder la branche bien après leur départ, mais à part une toute petite égratignure on ne voit rien.!
Parfois, la femelle, se débrouille seule. C'est le cas de cette ponte en solo observée lors de notre séjour en Haute Garonne chez Noushka du blog 1000Pattes.
Le site de son étang , bien dégagé, permet de très belles observations!



Ponte en solo de la femelle vue en Haute Garonne.


Encore un excellent souvenir ramené de cette belle rencontre!!
Maintenant les œufs déposés par ces femelles vont passer une partie de la mauvaise saison dans les végétaux, avant que les larves, à l'aube de leur vie ne rejoignent le milieu aquatique pour s'y développer.