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mardi 2 juillet 2013

Ephippiger provincialis, une de nos plus grosses sauterelles.


Voici une belle rencontre faite lors de notre sortie dans le Var.

Les Ephippigères sont de grosses sauterelles reconnaissables à leur pronotum  en forme de selle. Elles ne sont pas capables de voler, leurs ailes sont très atrophiées. En cette fin juin nous allons en rencontrer plusieurs.

Ephippiger provincialis se reconnaît à certains critères que je vais essayer d’illustrer. Mais le premier d’entre eux est bien sa taille. Elle mesure entre 3 et 4cm (sans l’oviscapte), elle est bien dodue, et c’est vraiment un gros insecte. Totalement inoffensif , je vous rassure. C’est essentiellement une sauterelle phytophage, mais qui ne doit pas résister à consommer un insecte quand l’occasion se présente..
Ephippiger provincialis femelle en promenade matinale.

 Et comme c’est de saison nous verrons des femelles  pourvues d’un spermatophore. La reproduction des sauterelles comportent cette étape temporaire où le mâle dépose sur le pore génital de la femelle cette masse blanchâtre.
Ephippiger provincialis femelle avec son spermatophore.
 
 Il faut ensuite plusieurs heures  pour que les spermatozoïdes migrent dans les voies génitales de la femelle. C’est souvent  tôt dans la matinée que l’on voit ces femelles, les accouplements sont souvent nocturnes.

 
Ephippiger provincialis femelle avec son spermatophore (mais une grande patte perdue).
 
Les femelles ont des mouchetures sombres sur les flancs. Mais c’est en observant la partie ventrale, que l’on peut observer deux gros tubercules sur le 7eme sternite.

Ephippiger provincialis femelle, le cercle visualise le bourrelet  caractéristique.

Je verrais bien plus de femelles que de mâles. Mais l’un d’eux choisira un support original que je vous proposerais en fin d’article.
Ephippiger provincialis mâle.

Encore une fois il s’agit d’observer l’abdomen de l’insecte et en particulier les cerques. Ces pièces ont des formes particulières à chaque espèce. Ephippiger prvincialis se caractérise par des cerques dont les deux dents sont  en forme de crochets d’égale importance. Et aussi par un épicrocte très petit(une plaque rectangulaire entre les cerques).


Ephippiger provincialis mâle : 1 et 2 dents des cerques, 3 épicrocte.


Voilà, il vous suffit maintenant de remarquer ces grosses sauterelles dans vos promenades estivales, ces sauterelles sont des endémiques provençales…On ne les rencontre pas dans les Alpes maritimes…
La flèche indique la présence de l'Ephippigère sur mon chapeau.


Voilà où j’ai trouvé un petit mâle : sur mon chapeau. J’ai bien senti un mouvement sur mon chapeau, mais je n’y plus guère prêté attention occupée à photographier un grand fourmilion. C’est mon mari qui m’a photographiée ainsi avant de m’en avertir ! Je pense que la bestiole avait ainsi envie de faire une promenade en prenant un peu de hauteur.
Pour connaître l'éphippigère provençale depuis son âge jusqu'à l'âge adulte
Une autre éphippigère: Ephippiger terrestris
 

vendredi 29 juin 2012

Ephippiger provincialis , du juvénile à l’adulte.


C’est encore une longue histoire qui commence le 22 mars de cette année. Nous sommes dans le Var et nous promenons au milieu des iris nains et des premières orchidées. C’est chaque année un plaisir de revoir ces iris, les uns jaunes, les autres violets et certains hybridés présentent un mélange des deux couleurs.

 Sur beaucoup de plants je vois les jeunes sauterelles certaines bien connues donneront des Barbitistes et d’autres seront des Ephippiger.
Sur des fleurs d'iris nain au printemps cette jolie larve d'Ephippigère, avec ses antennes implantées sous les yeux.

Ce sont ces dernières qui m’intéressent, je trouve de nombreux sujets de forme assez allongée et de cette couleur grisâtre tirant sur le vert. Comment savoir que ce sont des sauterelles de la famille des Ephippigères ? En regardant l’implantation des antennes. En effet une des caractéristiques est que les antennes sont implantées près de l’angle inférieur des yeux, plus près du clypéus que du vertex. Les autres sauterelles ont les antennes implantées entre les yeux.

Je décide alors d’élever un jeune mâle. Au départ il fait environ un bon centimètre. Il sera nourrit de fleurs, essentiellement des fleurs de pissenlit, de petites pâquerettes aussi, d’érigeron parfois et de trèfle.. Mais sa préférence restera aux fleurs de pissenlit.

Il va muer quatre fois au moins.
Au mois de mai, la taille , les couleurs ont bien changées après 2 mues.


La première mue ne s’accompagne que d’un changement de taille.

Je n’ai vu qu’une mue au petit matin car l’insecte alors mangeait son exuvie. Les autres fois j’ai constaté la mue, mais il n’y avait plus aucune trace de l’exuvie, consommée jusqu’à la dernière cellule comme le remarquait mon mari !

Je n’ai jamais cherché à photographier l’insecte juste après la mue car c’est un moment où il est plus vulnérable et je ne voulais pas intervenir dans ce processus délicat. Pour faire des photos je déplace le bac et je manipule la sauterelle ce qu’il ne faut pas faire pendant la mue.
Avant chaque mue, l'insecte mange de grand appétit puis s'arrête un jour ou deux, où il reste bien tranquille.Il s'agit de se préparer pour séparer son ancienne "enveloppe " de la nouvelle qui est en dessous, il faut que le changement se fasse dans de bonnes conditions.

Je vous présente les différents aspects que j’ai constaté depuis le mois de mars jusqu’à cette fin du mois de juin où la sauterelle devenue adulte m’a permis de déterminer avec davantage de précision qu’il s’agissait d’ Ephippiger provincialis, bien présente dans le Var.

Une mue s’effectue environ chaque mois. En mars et avril l’insecte reste de taille allongé avec cette couleur presque gris vert et quelques taches sombres sur l’abdomen, des marques noires sur le front, un pronotum presque plat.

Le 22 mai les couleurs sont bien différentes, on voit du noir et du rouge, mais sous le pronotum pas encored’ébauches ailaires.


Le 7 juin Nous sommes à l’avant dernier stade : l’allure est bien différente, l’abdomen est important plus rondouillard, le pronotum a pris sa forme caractéristique de selle, les taches rouges vues à l’ant et à l’arrière du pronotum sont modifiées. A l’avant un mince liseré rouge et à l’arrière une importante coloration brune .
Début juin , l'aspect est proche de celui de l'adulte, il manque les petites ailes sous le pronotum.

Il faut savoir que les Ephippigères ne volent pas et ne présentent que des moignons d’ailes.

Le 24 juin:voilà l’adulte, c’est une belle sauterelle qui fait plus de 4 cm de long, non compris les belles antennes très mobiles qui lui donnent tout son charme! Comment être sûre qu’il s’agit d’Ephippiger provincialis ?
Nous voilà fin juin , avec un adlute après la dernière mue.

La taille : c’est une sauterelle robuste de forte taille, la plus grande de la famille, le corps du mâle mesurant entre 28 et 41 mm, mon specimen faisant bien 40 mm

Mais là n’est pas le critère le plus important, il s’agit comme souvent dans cette famille d’observer  cerques et l’épicrocte.
Ce sont les cerques du mâle qui permettent de déterminer Ephippiger provincialis.

L’épicrocte est vraiment petit et n’atteint pas le milieu des cerques. Ces derniers présentent deux dents terminées toutes les deux par des crochets, ce qui n’est pas le cas d’Ephippiger terrestris présentée ici




Les cerques encerclés et le petit épicrocte caractérisent provincialis.

Il est parfois vraiment difficile de savoir quel sera l’aspect adulte d’une sauterelle. Les plus communes sont plus faciles à reconnaître aux premiers stades car bien documentées. Après cette période d’élevage mon petit mâle rejoint sa garrigue, je saurai l’an prochain mieux reconnaître cette endémique provençale que l’on rencontre principalement dans le Var, les Bouches du Rhône et les Alpes de Haute Provence.