Une rencontre avec une nouvelle espèce de sauterelle!
Nouvelle espèce, car je ne l’avais jamais vue dans le jardin
, mais aussi nouvelle car ce n’est que depuis 1983 qu’elle a été découverte d’abord dans le Var(par monsieur Ponel, d’où son nom de « poneli »). C'est aussi pourquoi elle porte le nom vernaculaire de Decticelle varoise.
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Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle |
La première chose à observer, ce sont ses grandes pattes
arrières : les tibias portent des plantules libres avant les tarses, c’est
ce qui nous indique qu’elle fait partie de la famille des Decticelles. Et ce sont aussi ses fameuses plantules, très
visibles et très grandes ( la taille est équivalente au métatarse) qui permettent de dire qu’il
s’agit d’un Rhacocleis. Rhacocleis ou Pterolepis, sont les deux
dénominations de cette sous- famille des
Decticelles.
C’est une espèce incapable de voler, les tegmina dépassent
un peu du pronotum.
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Des plantules libres aussi grandes que le métatarse, caractère remarquable de la sous famille des Rhacocleis. |
Ensuite il existe en France 5 espèces ; pour les
distinguer Heiko Bellmann et Gérard Luquet dans leur Guide des sauterelles ,
grillons et criquets d’Europe occidentale nous demande de regarder les cerques
des mâles, par chance j’ai attrapé un mâle.
« Cerques aigus, subrectilignes, à légère concavité
tournée vers l’extérieur », c’est bien visible sur mon exemplaire. De
plus 3 autres espèces sont essentiellement corses et une autre est bien plus
rare.
Rhacocleis poneli est connu des Alpes maritimes depuis 1991.
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Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle, détail du dernier tergite abdominal et des cerques. |
En cherchant sur le net j’ai trouvé une autre indication,
la plaque sous génitale du mâle est échancrée sous forme d’un triangle
équilatéral, c’est aussi le cas sur mon sujet.
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Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle, plaque sous génitale avec son triangle |
Dans un numéro de la Revue L’Entomologiste, tome 63, n° 6 (
par Vincent KOCH & Olivier BARDET) qui l’ont trouvée dans les Pyrénées orientales font une description qui correspond :
"Rhacocleis poneli est une
grande sauterelle de couleur
marron clair et
noir. Elle possède de longues pattes postérieures dont les
fémurs sont marqués par une large bande noire longitudinale. …. C’est
une espèce très farouche, qui se précipite dans la végétation dense dès le
moindre danger.
Son déplacement est
rapide, ce qui
rend sa capture difficile. Elle a
une activité plus intense au crépuscule et la nuit. Son chant est aigu (environ 20,6 kHz)
et caractérisé par
5-6 accents très rapides (on en discerne plusieurs à l’oreille sans
pouvoir les compter
exactement). Le chant
est peu audible. On l’observe du mois d’août jusqu’à la
mi-décembre. Elle se reproduit très tard dans l’année.
La Decticelle varoise
est souvent inféodée
à la végétation humide et dense des lisières boisées proches de zones humides (rivière, fleuve, étang). Pourtant,
des individus ont été observés dans des milieux assez secs, tels que les lisières de vignes, les
ronciers et les massifs à Smilax aspera »
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Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle,des fémurs arrières largement marqués de sombre. |
Bon, le milieu où je l’ai attrapé n’est pas très humide, mais
pas particulièrement sec. Par contre elle a pu venir d’une zone située de
l’autre côté de la petite route qui borde mon jardin qui est beaucoup plus
sauvage et aussi plus humide.
C’est parmi les Rhacocleis, la plus grande des espèces,
malgré ses réticences j’ai pu avoir une idée de la taille de mon sujet qui
avoisine les 25mm, alors que les autres sauterelles de cette famille atteignent
à peine 20mm. La taille s’entend sans les antennes qui font le double du corps
environ.
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Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle, je me mesure! |
Entre les premières photos et les suivantes vous aurez
remarqué que mon mâle a perdu une de ses
grandes pattes ! Comment ? Comme l’indique les auteurs précédents, il
est rapide et mobile, il a donc réussi à
sauter sur une de mes étagères et s’est coincé la patte. Voulant l’aider, j’ai
eu droit à une morsure ( rien de grave, mais je l’ai senti ) et avant que je
puisse écarter ce qui le gênait, il a fui
en laissant sa patte sur place.
Sur les photos in natura j’ai remarqué aussi la présence de
certains unijambistes. D’ailleurs cela ne le gêne pas pour sauter sur ma zone
de prise de vue.
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Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle, un dernier regard! |
Ce mâle a déjà assuré sa descendance: sur les premières
photos j’ai aussi observé la présence de la « gelée » qui entoure
les spermatozoïdes et que le mâle transmet à la femelle, je l’ai donc cueilli
après une nuit bien occupée, quand il se
remettait de ses émotions en prenant un bain de soleil !
Comme c’est une espèce active jusqu’à la mi-décembre je l’ai
remis là où nous nous sommes rencontrés, il pourra ainsi poursuivre son activité de géniteur !
C'est une espèce méditerranéenne que l'on rencontre sur le pourtour méditerranéen , elle semble en expansion , elle a été observée dans le Vaucluse, mais aussi dans le Lot et Garonne, en Gironde,..
C'est encore la saison pour les observer !