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dimanche 4 novembre 2018

Ancistrocerus nigricornis, une guêpe un peu maçonne (femelle et mâle)


C’est une observation faite sur ma terrasse par une belle après-midi de mai qui est à l’origine de ce texte.Je vois une petite guêpe, jaune et noire qui entre dans une tige de cardère placée dans un pot sur ma terrasse dans un endroit où nous passons tout le temps.
Ancistrocerus nigricornis femelle sur une tige de cardère support de son nid

 Je garde dans un pot des tiges de bambous, de cardères, qui peuvent me servir de mini tuteurs pour mes boutures ou au besoin pour en faire des tubes que je place deci -delà  pour servir de logement à qui en voudra.
 J’ai observé le  manège  de cette guêpe pendant environ 45 minutes.


Ancistrocerus nigricornis femelle apportant une boule de mortier, dur dur la grimpette!

La guêpe, Ancistrocerus nigricornis, a choisi une tige de cardère dont elle a ôté une partie de la moelle. Je ne serais témoin que de la phase terminale de son travail de reproductrice. Je la verrai pénétrer dans la tige et en ressortir au bout de 5minutes. Puis je la vois apporter des boules de mortier  bien coincée entre ses mandibules. C’est ce mortier qui sert à boucher le tube.
C’est à partir de là que débute mon enquête.


Ancistrocerus nigricornis femelle apportant une boule de mortier pour boucher la cellule contenant sa ponte

D’abord qui est-elle ?
Ensuite que faisait-elle ?
Identification
Je n’ai pas de photos de très près ne voulant pas la gêner dans son travail.
L’ayant vu importer de la boue je m’oriente vers les guêpes maçonnes.
Dans la famille des Eumenes, je retiens le genre Odynerus par élimination des autres ( voir Berland Faune de France 19).
Dans le tableau des sous genres je retiens  ceci :

  • 1er tergite abdominal sans sillon longitudinal: corps plutôt ramassé (fig. 39); antenne du mâle formant un crochet à l'extrémité (fig. 40).
Cela me conduit  vers Ancistrocerus

Puis voici un critère pour les femelles:

  • Deuxième sternite abdominal d'abord horizontal, puis s'abaissant brusquement sur l'articulation avec le premier, formant ainsi un angle droit très net, le bord antérieur du sternite parfois même un peu saillant (fig. 43)


Et maintenant sur cette photo on voit bien cela !


Ancistrocerus nigricornis femelle avec le détail du sternite 2 caractéristique


Cela conduit à Ancistrocerus callosus , mais callosus est devenu nigricornis

J'ai ensuite cherché d'autres sources pour compléter mon identification.
Dans une clé en allemand j’ai trouvé ceci :

  • Facile à reconnaître grâce à l’angle formé par le sternite 2 et aux bandes jaunes sur les tergites(5 pour la femelle, 6 pour le mâle).

Ancistrocerus nigricornis femelle vue dorsale


  • Et le scape de l’antenne jaune par en-dessous que l'on voit bien sur certaines photos.
Après avoir identifié la femelle, j’ai recherché dans mes photos si le mâle n’était pas dans les parages.
Et je pense l’avoir trouvé butinant sur les fleurs du fenouil très très fréquentées!
 Voici monsieur.


Ancistrocerus nigricornis mâle sur fleurs de fenouil

Il se distingue d’abord par 7 segments abdominaux(6 pour la femelle) et des antennes différentes, ici,  terminées par un crochet !


Ancistrocerus nigricornis mâle  avec le crochet caractéristique de ses antennes

 Quelques infos sur ses moeurs.

Ces guêpes  sont très communes en France et en Europe.
Elles comptent deux générations par an , la première composée aux printemps de femelles qui auront passé l’hiver puis sortent tôt au printemps. Et ensuite d’une génération estivale, ce sont ces guêpes  que j'ai vues dans le jardin. 
Ancistrocerus nigricornis mâle  détail de la tête

Les mâles que j’ai trouvés étaient majoritairement sur les fleurs de fenouil.
Les femelles pondent leurs œufs dans des tiges creuses comme chez moi, mais aussi dans d’autres trous comme ceux laissés par des larves de coléoptères dans le bois mort.
Ancistrocerus nigricornis mâle , vue de face

Elle y font une ou plusieurs cellules approvisionnées de chenilles et fermées par un mortier.Les chenilles sont celles de Lépidoptères.Il y a une ou plusieurs cellules séparées et ensuite bouchées par ce mortier.
Les femelles adultes hivernent et peuvent parfois sortir par certains journées ensoleillées en hiver
Ici un site en allemand avec photos et explications.

Il fallait que je sois intriguée par cette activité particulière de la guêpe pour que je cherche à mieux la connaitre et surtout la reconnaître parmi les nombreuses guêpes qui se promènent dans le jardin.
On peut encore une fois observer que cette guêpe, totalement inoffensive pour nous, joue un rôle régulateur dans la petite faune qui nous entoure.

lundi 3 septembre 2018

Eumenes coarctatus lunulatus , une belle guêpe maçonne!

J’ai vu sur une  tige de lavande une jolie petite urne en terre. Je l’ai cueilli et mise à l’abri fin juin.
Une urne d'Eumenes coarctatus lunulatus, fixée sur une tige de lavande.

Avec sa petite forme arrondie terminée par une  collerette, j’ai su qu’il s’agissait du travail d’une guêpe maçonne de la famille des Eumenidae. En attendant de voir qui allait en sortir, je me suis dit que j’aurais une chance de l’identifier. Il y en a au moins 11 espèces en France.

Ces guêpes solitaires pondent un œuf par amphore(suspendu à un mince filament à l’intérieur) et nourrissent leurs larves avec des chenilles  de micro lépidoptères. La minuscule larve ainsi suspendue au-dessus des chenilles est protégée de leurs mouvements liés à une anesthésie incomplète. 

Eumenes coarctatus lunulatus,une femelle,  se nourrit de nectar de lavande

 L’allure générale des Eumènes se reconnait au premier segment abdominal plus long et plus étroit, puis les segments de l’abdomen sont fortement élargis et finalement rétrécis en pointe.
 Le second tergite présente une lamelle apicale (voir sur photo plus loin) et celle-ci est noire, cela aidera à la détermination.
Mais il faut observer bien d'autres  détails, en particulier la pilosité et la ponctuation,  et en vol, ou posé sur une fleur c’est bien plus difficile.

Urne percée latéralement,la collerette ne sert que de décoration!

Le 10 juillet j’ai vu mon urne percée et une jolie guêpe toute fraîche se promener dans son bac.
C’est avec une fleur de lavande que je l’ai nourrie et elle m’a offert quelques images avant de prendre le large !
Je vais me servir d’une clé en allemand, disponible sur le web et qui je pense va m’emmener à une détermination fiable.

Eumenes coarctatus lunulatus femelle, avec ses grands yeux échancrés.

Mon sujet est une femelle (6 tergites et 12 articles aux antennes).

  • 1 les tempes et l’arrière de la tête présentent une pilosité longue et hirsute; on va en (4)
  • 4 on décrit E. pomiformis, qui ne correspond pas et la seconde option décrit la pilosité longue et hirsute sur les propleures que je crois apercevoir; on va en (5)

Eumenes coarctatus lunulatus femelle, la langue plongée dans la corolle

  • 5 le second sternite présente une pubescence courte et microscopique; d'où (6) .J’ai éliminé l’option qui parle d ’une pilosité longue.
  • 6 le second tergite présente depuis la base jusqu’à son apex une pilosité longue, ce n’est pas le cas donc je l’élimine et vérifie la seconde option

       Le second tergite ne présente qu’une pilosité longue à la base ou est                   couvert en entier d’une pilosité microscopique courte.
       La lamelle est colorée  en sombre; je vais en (7)

  • 7 la lamelle du tergite 2 est sombre, sans transparence(voir photo ci-dessous); je vais en (10). La lamelle est une fine bande en bas du tergite et se glissant en partie sous celui-ci, la flèche la montre. C'est une particularité des Eumenes.

Eumenes coarctatus lunulatus femelle, tergites 1 et 2 avec la lamelle sombre et opaque(fleche)

  • 10 Je choisis la seconde option car je vois bien sur le second tergite des poils courts et surtout une ponctuation dense (opposé à celle clairsemée) De plus le clypeus présente bien une pilosité courte et régulière avec seulement quelques poils longs vers le bas; je vais en  (12).

Eumenes coarctatus lunulatus femelle,tache en forme de croissant de lune sur le clypéus, et deux petites taches jaunes au-dessus de la découpe.

  • 12 Ce n’est une très grande espèce, le postpétiole n’est pas élargi, le mésonotum ne présente pas de taches jaunes en forme de crochet; allons en  (13)

Eumenes coarctatus lunulatus femelle,ponctuation dense sur le tergite 2

  • 13 Les sternites 3 et 4 présentent des colorations jaunes(sur les photos précédentes), le clypéus possède une tache jaune en forme de croissant de lune, (illustré par un schéma dans la clé).Les espèces du sud ont en plus deux petites taches jaunes au-dessus de la découpe d'où  Eumenes  coarctatus lunulus

Eumenes coarctatus lunulatus , le nez dans la lavande.

La description de la guêpe précise encore que la forte ponctuation du tergite 2 est un vrai caractère de même que la présence importante de taches  de couleur jaune en particulier sur les tergites.
Il y a donc une bonne probabilité que nous soyons en présence d' Eumenes coarctatus lunulatus .

vendredi 11 août 2017

Des guêpes oui, mais aux modes de vie bien différents!

Elles se ressemblent, nous font un peu peur car certaines piquent ( si on les embête) mais elles ont des mode de vie bien différents.J'en ai observé plusieurs espèces qui viennent sur le fenouil aux heures les plus chaudes.
Je n'ai pas cherché à les identifier dans le détail, mais déjà leur appartenance à des familles différentes informe sur leur mode de vie souvent bien original.
Guêpe poliste mâle avec ses antennes recourbées au bout.

Certaines comme les plus grandes sont de guêpes bien reconnaissables :  avec une belle taille de guêpe, de jolis dessins et elles ont une vie sociale bien organisée, une reine, des ouvrières .... Les guêpes ont leur deux ailes qui ne se séparent pas, ce qui donnent l’impression d’avoir des ailes très étroites .
 
Guêpe poliste mâle, détail de la face.
Ici ce sont des Polistes(dominulus sans doute) qui viennent se nourrir des sucs du fenouil.

Guêpe poliste femelle.

Le mâle avec ses antennes enroulées à l’avant, les femelles les ont droites. Elles vivent en société et  construisent des nids à base de végétaux.

Guêpe de la famille des Eumenes.
Les autres qui suivent sont toutes des guêpes solitaires.

Les Eumenes sont des guêpes à la taille longue et fine. En fait le premier article de l’abdomen est très long et très étroit, le second globuleux. Ce sont des insectes solitaires.
Guêpe de la famille des Eumenes, un abdomen au profil particulier

Les dessins aident à la détermination. Ce sont des guêpes maçonnes  qui construisent des nids en forme d’amphores et nourrissent leurs larves avec des chenilles. L’œuf est pondu dans le fond de l’amphore, la nourriture est apportée ensuite puis l’amphore est fermée.

Les Cerceris sont des guêpes de la famille des Crabronidae. On trouve en Europe une vingtaine d’espèces.
Cerceris femelle, 5 segments à l'abdomen.

Les adultes sont nectarivores mais leurs larves sont carnivores. Chaque espèce de Cerceris choisit ses proies parmi une ou quelques espèces précises (coléoptères souvent, par exemple des charançons).
Cerceris mâle, espèce différente de la précedente, mâle avec 6 segments bien visibles à l'abdomen

 Les femelles creusent leur nid dans le sol.Le dernier article de l’abdomen, plat, sert de pelle pour rejeter le sable lors du creusement de sa galerie.Les mâles ont un segment de plus à l'abdomen.


Lestica clypeata femelle fait aussi partie de la famille des Crabronidae. Son nid se trouve dans du bois mort et ses larves sont nourries de papillons  adultes souvent de la famille des Crambidae.
Lestica (clypeata, probable), guêpe qui nourrit ses larves avec des papillons.

Toutes jaunes et noires elles sont en en accord avec les fleurs du fenouil. Et  elles jouent toutes un rôle dans l'équilibre  des insectes qui visitent nos jardins.