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vendredi 29 juin 2012

Ephippiger provincialis , du juvénile à l’adulte.


C’est encore une longue histoire qui commence le 22 mars de cette année. Nous sommes dans le Var et nous promenons au milieu des iris nains et des premières orchidées. C’est chaque année un plaisir de revoir ces iris, les uns jaunes, les autres violets et certains hybridés présentent un mélange des deux couleurs.

 Sur beaucoup de plants je vois les jeunes sauterelles certaines bien connues donneront des Barbitistes et d’autres seront des Ephippiger.
Sur des fleurs d'iris nain au printemps cette jolie larve d'Ephippigère, avec ses antennes implantées sous les yeux.

Ce sont ces dernières qui m’intéressent, je trouve de nombreux sujets de forme assez allongée et de cette couleur grisâtre tirant sur le vert. Comment savoir que ce sont des sauterelles de la famille des Ephippigères ? En regardant l’implantation des antennes. En effet une des caractéristiques est que les antennes sont implantées près de l’angle inférieur des yeux, plus près du clypéus que du vertex. Les autres sauterelles ont les antennes implantées entre les yeux.

Je décide alors d’élever un jeune mâle. Au départ il fait environ un bon centimètre. Il sera nourrit de fleurs, essentiellement des fleurs de pissenlit, de petites pâquerettes aussi, d’érigeron parfois et de trèfle.. Mais sa préférence restera aux fleurs de pissenlit.

Il va muer quatre fois au moins.
Au mois de mai, la taille , les couleurs ont bien changées après 2 mues.


La première mue ne s’accompagne que d’un changement de taille.

Je n’ai vu qu’une mue au petit matin car l’insecte alors mangeait son exuvie. Les autres fois j’ai constaté la mue, mais il n’y avait plus aucune trace de l’exuvie, consommée jusqu’à la dernière cellule comme le remarquait mon mari !

Je n’ai jamais cherché à photographier l’insecte juste après la mue car c’est un moment où il est plus vulnérable et je ne voulais pas intervenir dans ce processus délicat. Pour faire des photos je déplace le bac et je manipule la sauterelle ce qu’il ne faut pas faire pendant la mue.
Avant chaque mue, l'insecte mange de grand appétit puis s'arrête un jour ou deux, où il reste bien tranquille.Il s'agit de se préparer pour séparer son ancienne "enveloppe " de la nouvelle qui est en dessous, il faut que le changement se fasse dans de bonnes conditions.

Je vous présente les différents aspects que j’ai constaté depuis le mois de mars jusqu’à cette fin du mois de juin où la sauterelle devenue adulte m’a permis de déterminer avec davantage de précision qu’il s’agissait d’ Ephippiger provincialis, bien présente dans le Var.

Une mue s’effectue environ chaque mois. En mars et avril l’insecte reste de taille allongé avec cette couleur presque gris vert et quelques taches sombres sur l’abdomen, des marques noires sur le front, un pronotum presque plat.

Le 22 mai les couleurs sont bien différentes, on voit du noir et du rouge, mais sous le pronotum pas encored’ébauches ailaires.


Le 7 juin Nous sommes à l’avant dernier stade : l’allure est bien différente, l’abdomen est important plus rondouillard, le pronotum a pris sa forme caractéristique de selle, les taches rouges vues à l’ant et à l’arrière du pronotum sont modifiées. A l’avant un mince liseré rouge et à l’arrière une importante coloration brune .
Début juin , l'aspect est proche de celui de l'adulte, il manque les petites ailes sous le pronotum.

Il faut savoir que les Ephippigères ne volent pas et ne présentent que des moignons d’ailes.

Le 24 juin:voilà l’adulte, c’est une belle sauterelle qui fait plus de 4 cm de long, non compris les belles antennes très mobiles qui lui donnent tout son charme! Comment être sûre qu’il s’agit d’Ephippiger provincialis ?
Nous voilà fin juin , avec un adlute après la dernière mue.

La taille : c’est une sauterelle robuste de forte taille, la plus grande de la famille, le corps du mâle mesurant entre 28 et 41 mm, mon specimen faisant bien 40 mm

Mais là n’est pas le critère le plus important, il s’agit comme souvent dans cette famille d’observer  cerques et l’épicrocte.
Ce sont les cerques du mâle qui permettent de déterminer Ephippiger provincialis.

L’épicrocte est vraiment petit et n’atteint pas le milieu des cerques. Ces derniers présentent deux dents terminées toutes les deux par des crochets, ce qui n’est pas le cas d’Ephippiger terrestris présentée ici




Les cerques encerclés et le petit épicrocte caractérisent provincialis.

Il est parfois vraiment difficile de savoir quel sera l’aspect adulte d’une sauterelle. Les plus communes sont plus faciles à reconnaître aux premiers stades car bien documentées. Après cette période d’élevage mon petit mâle rejoint sa garrigue, je saurai l’an prochain mieux reconnaître cette endémique provençale que l’on rencontre principalement dans le Var, les Bouches du Rhône et les Alpes de Haute Provence.


samedi 2 juillet 2011

La sauterelle et la chenille,plus exactement la jeune sauterelle Ephippigère et la chenille de Lithosia quadra

Voilà une association insolite ! Celle-ci n’a rien de volontaire, du moins pour la chenille.
La chenille de Lithosia quadra qui consomme des lichens sur les vieux arbres ou même les vieux toits ( ce qui lui a valu une notoriété peu flatteuse dans la région de Guérande(44), qui a connu une invasion de ces chenilles en 2006) n’est absolument pas volontaire pour rencontrer la sauterelle. Hélas celle-ci ne lui a pas demandé son avis pour en faire….son repas

Jeune femelle de sauterelle Ephippiger avec sa proie: une chenille bien poilue.
Les sauterelles sont carnivores, nous le savons et dans le jardin elles nous débarrassent de maints indésirables, dans la nature elles font de même. Bien sûr cette chenille mangeuse de lichens trouvés sur les vieux arbres ne cause guère de dégâts.
Non , je ne la lâcherai pas ma chenille!

J’ai été assez surprise de voir la prise de cette jeune sauterelle du genre Ephippiger(on voit bien la couleur noir profond qui apparaît en haut de la tête et les antennes insérées sous les yeux) ; nous étions dans une série de terrasses herbeuses à plus de 900 mètres d’altitude. L’herbe était peu abondante sur ces sols pauvres qui jadis étaient exploités et qui sont laissés en friche car peu adaptés à la mécanisation.Cette femelle qui n'est pas encore adulte, est déjà pourvu d'un ovopositeur bien  long.
Jeune femelle Ephippiger avec sa chenille de Lithiosa quadra.
Les orthoptères étaient nombreux, et lorsque j’ai soulevé le support sur lequel s’était installée la sauterelle, elle n’a jamais lâché sa proie. J’ai même coupé la tige sur laquelle elle se tenait, je l’ai tournée pour avoir une photo correcte de sa proie dans le but l’identifier. A la fin de la séance je l’ai remise sur l’herbe et elle a poursuivi tranquillement son repas.
Une chenille de Lithiosa quadra reconnaissable aux marbrures noires et blanches rehaussées de pustules rouges sur lesquelles s'insèrent les  longs poils.
Cette chenille a pourtant causé quelques soucis à certains habitants qui ont cherché à s’en défaire, bien sûr ses nombreux poils sont urticants et occasionnent des démangeaisons pour les personnes sensibles. Notre jeune femelle Ephippiger ne semble pas s’en soucier et tenait fermement sa capture qu'elle mettra un certain temps à consommer.
Pour tout savoir sur Lithosia quadra voici l’excellente page d’André Lequet.