Affichage des articles dont le libellé est œufs. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est œufs. Afficher tous les articles

dimanche 15 juin 2014

Theresimima ampellophaga ,le Pocris de la vigne


L’an passé j’avais déjà observé des chenilles sur mes pieds de vigne. J’en avais prélevée une que j’avais nourrie avec des feuilles de vignes. Même si je l’approvisionnais régulièrement avec des petites feuilles fraiches ma chenille s’était desséchée et je n’avais donc pas pu suivre son évolution.
Theresimima ampellophaga sur feuille de vigne, ses dégâts et ses crottes à droite

Et en cherchant dans le jardin je n’ai jamais vu de papillon adulte.
Theresimima ampellophaga , chenille dernier stade

Et pourtant ils étaient là, car ce printemps j’ai revu des chenilles et j’en ai prélevé un nombre plus important. Cela évitait que ces chenilles de Theresimima ampellophaga  ne réduisent les feuilles de la vigne en dentelle.
 
Theresimima ampellophaga chenille dernier stade.
 J’ai changé de méthode d’élevage. J’ai placé les feuilles dans un vase avec de l’eau, ainsi elles restaient toujours bien fraîches. De plus, en les élevant plutôt qu’en les laissant dans le jardin, c’est moi qui choisissais les feuilles à consommer. La chenille est claire, avec de larges  rayures en longueur  de beige et de brun , le dessous jaune. Elle montre très peu sa tête qui se réduit à des pièces buccales. Sur le dessus du corps, des pustules très régulièrement placées  sont dotées d'une touffe de poils.

Theresimima ampellophaga vue de la tête

L’aventure a commencé début mai où j’ai vu les premiers trous dans les feuilles de la vigne. Fin mai toutes les chenilles étaient dans un cocon. Mince cocon, faisant environ 1 cm de longueur, fait avec les poils de  la chenille.
Cocon de Theresimima ampellophaga
 
Elle arrache ses poils et petit à petit façonne un cocon en se trémoussant à l’intérieur. Elle se retrouve à la fin de cet épisode,  une chenille glabre.
 Ensuite c’est le grand chambardement, elle change de forme et se transforme lentement à l’intérieur de la chrysalide. Cela a duré une quinzaine de jours. D'abord claire, la chrysalide s'assombrit avant l'émergence.

Le 8 juin le premier papillon, un mâle était dans son bac.


Theresimima ampellophaga, mâle , un joli papillon tout neuf!


Comme c’est un insecte qui fait des dégâts sur la vigne et il a été bien étudié et surtout bien éradiqué. Ce qui fait que sur les vignes actuelles on en voit peu.
Theresimima ampellophaga, antennes du mâle
 
 Mon jardin étant sans produits chimiques, je leur offre sans doute un refuge. Mais la vigne vierge leur a servi aussi de nourriture et là,  la lutte est bien moins sévère.

Theresimima ampellophaga,mâle de face


Trois jours plus tard une femelle a émergé de son cocon. Cela se passe la nuit, le soir tout est calme et le matin, un papillon encore  peu actif se trouve sur les parois du bac.
Theresimima ampellophaga, femelle avec son gros  abdomen bleu métallique
 
 On peut ainsi voir que la différence essentielle entre les sexes est visible aux antennes. Celles du mâle sont bipectinées. Celles de la femelle simplement pectinées mais les excroissances sont moins grandes. L’abdomen de la femelle est aussi beaucoup plus volumineux.

Theresimima ampellophaga, femelle ailes brunes , corps bleu


Rien de spectaculaire dans la couleur sauf le bleu très métallique du corps de l’insecte par opposition aux ailes uniformément marron. La trompe elle, est jaune claire.
Theresimima ampellophaga, femelle, sur une fleur qu'elle ne goûte pas!

 
Il  ne faudra que quelques instants pour que mis en présence, mâle et femelle s'accouplent.
Theresimima ampellophaga, couple, on voit bien la différence des antennes.
 
Le lendemain matin , la femelle aura accompli son rôle d'insecte adulte, elle a pondu plusieurs groupes d'œufs.

Theresimima ampellophaga, ponte.

 
Ces petits papillons sont peu visibles sur la vigne , ils restent sous les feuilles et bien qu'inspectant régulièrement mes plantes je n'en ai jamais vus , ni d'ailleurs de ponte. Le nombre d'œufs est important, il assure la survie de l'espèce. Mais la durée de vie du papillon est très courte.
Où peut-on les voir? Partout où il y a de la vigne, il semble qu'en Europe centrale ce soit toujours un ravageur important des vignobles. Chez nous , ce Pocris est plutôt rare .
 

vendredi 30 août 2013

Arge pagana, mangeuse des feuilles du rosier


Il s’agit de présenter le devenir de ces petites et amusantes larves d'Arge pagana vues au stade 2 puis en train de passer au stade 3 sur les 2 messages précédents.

En fait mon histoire commence au mois de juillet de cette année.

Larve d'Arge pagana au dernier stade

Le 23 juillet, j’observe une fois de plus que les feuilles de mon rosier sont réduites, pour certaines à l’état de squelette. Je décide de chercher le nom de ces voraces.

Je prélève quelques- unes des larves au dernier stade et les nourris avec des feuilles de rosiers tout en observant ce qui se passe. Je n’ai pas trop longtemps à attendre. Une semaine plus tard je ne trouve plus que de petits cocons blancs et soyeux au fond de mon bac. Voilà donc comment elles disparaissent des rosiers. En fait, elles descendent vers le sol et se nymphosent au sol, sans doute cachées dans la végétation.

Cocons d'Arge pagana


 Je pensais que mes mangeuses de feuilles de rosiers étaient des Tenthrèdes, des mouches à scie de la famille des Symphytes.  Je m’apprêtais à attendre le printemps prochain pour connaître le nom de l’insecte. La patience est nécessaire avec ce petit monde.

 Quand à mon retour de quelques jours de vacances j’ai trouvé un insecte mort dans mon bac après seulement une douzaine de jours de vie dans le cocon, zut, me suis-je dis, un des cocons était parasité par une mouche. J’ai regardé l’insecte de plus près et j’ai compté  4 ailes. Ce n’était pas un diptère mais bien le locataire du cocon qui était devenu adulte.
Femelle Arge pagana en ponte

J’ai eu le réflexe d’aller voir mon rosier dans le jardin  et là aussi j’ai vu un adulte stationner sur les feuilles

Arge pagana ne fait pas partie des Tenthrèdes mais de la famille des Argidae qui se reconnaît à la particularité de ses antennes : l’article 3 est très très long.

Dans la famille des Argidae,  Arge pagana est facile à reconnaître, l’hyménoptère est tout noir : tête, ailes , pattes, thorax, seul l’abdomen est jaune orange. Sa taille est d’environ 1cm . L'adulte permet de bien voir le troisième article de l'antenne , très long, les deux premiers sont très courts.

Quelques jours plus tard je vois un autre adulte sorti d’un des cocons.

Je constate que la durée de la nymphose varie grandement. Lorsque j’ai vu le premier adulte né après une dizaine de jours seulement j’ai eu la curiosité d’ouvrir  un autre cocon, voici ce qu’il contenait , une larve bien rétrécie  mais pas transformée.
Larve dans le cocon
 Deux jours plus tard après la naissance du second adulte j’ai ouvert un autre cocon et là j’ai vu un insecte à moitié formé.
Dans le cocon imago encore incolore .
La durée de métamorphose de ces larves en insecte adulte est variable. Voilà un premier constat. Bien sûr mes observations n’ont rien de scientifiques, je fais des observations sur quelques individus que je prélève dans mon jardin !


La suite de l’histoire se passe sur le rosier.  On peut dire que la bestiole a de la suite dans les idées. Je verrais tous les jours un ou deux adultes sur le rosier. Ayant observé le soir un adulte en ponte sur une tige je l’ai retrouvé au matin à proximité de cette tige.

En ponte, rien ne dérange l’insecte. J’ai observé sur le rosier Arge pagana en train de pondre. J’ai bougé la tige pour la rapprocher de mon objectif, je l’ai coupé pour la mettre dans une position mieux éclairée et finalement je l’ai emporté sur ma table de travail. Jamais l’hyménoptère ne s’est laissé distraire de sa tache de reproductrice. Quand j’ai eu fini mes observations je l’ai mise à l’abri dans un bac et encore là l’infatigable pondeuse est restée en place. Ce n’est que le matin suivant que je l’ai vu quitter la tige  porteuse de ses œufs.

Comment fait-elle pour pondre ses œufs à l’intérieur de la tige du rosier ?

Arge pagana incisant la tige du rosier avec sa "scie", méritant ainsi le surnom de "mouche à scie"

D’abord elle choisit  un endroit de la tige proche des feuilles terminales, là où elle est la moins dure et où les jeunes larves trouveront des feuilles tendres pour se nourrir. Elle choisit toujours le côté de la tige tourné vers le sol, là où son travail est le moins visible.

J’ai essayé de rendre en photos les 2 étapes du travail
Détail montrant l'outil en fonctionnement.

En premier la partie terminale de l’abdomen  « incise » la tige, c’est avec la scie que je n’ai eu l’occasion de voir qu’une fois . C’est relativement court.
Toujours en ponte, la flèche indique une précédente ponte d'Arge pagana
Puis la seconde phase la plus longue consiste en la ponte proprement dite. Le dernier segment de l’abdomen se relève et on voit un tube fin, l‘ovipositeur qui s’enfonce dans la lige et un liquide gélatineux recouvre la tige. Extérieurement on voit ensuite un trait fin sur la tige.
La flèche indique l'oviducte qui injecte par des contractions les œufs dans la fente préparée par la "scie"

Au fil des jours ce trait grossit, la tige enfle puis les deux lèvres de la tige s’écartent laissant apparaître les œufs. Autre moyen d’identifier Arge pagana : ses œufs sont disposés en 2 rangées parallèles et non en quinconce comme  Arge  ochropus(qui lui ressemble ).
Au bout de quelques jours les œufs sont bien visibles.

Au bout d’une dizaine de jours encore une fois les œufs donnent naissance aux larves.

Aux premiers stades elles sont translucides, on les voit très peu sur les feuilles et les tiges des rosiers..

Larve nouvelle née, elle est entièrement translucide, sa tête va se colorer au fil des heures Observez sa taille sur la tige du rosier, difficile à voir!



C’est en ce moment que la seconde génération est à l’œuvre, c’est la dernière pour cette année. Les larves sont visibles jusqu’en septembre et sans doute même plus tard pour certaines. J’en vois tous les ans à ces périodes. Elles se nymphoseront et passeront l’hiver au sol pour reprendre leur développement au printemps prochain.

La question que l’on peut se poser : comment s’en débarrasser ?

 Cela fait des années que j’en vois sur mes rosiers qui se portent toujours bien. Je secoue les feuilles quand je vois beaucoup de larves et elles vont nourrir les poissons. De toute façon je taille assez régulièrement les rosiers et ils se portent bien. Je n’utilise pas de produits chimiques.