L’an passé j’avais déjà observé des chenilles sur mes pieds
de vigne. J’en avais prélevée une que j’avais nourrie avec des feuilles de
vignes. Même si je l’approvisionnais régulièrement avec des petites feuilles
fraiches ma chenille s’était desséchée et je n’avais donc pas pu suivre son
évolution.
Theresimima ampellophaga sur feuille de vigne, ses dégâts et ses crottes à droite |
Et en cherchant dans le jardin je n’ai jamais vu de papillon
adulte.
Theresimima ampellophaga , chenille dernier stade |
Et pourtant ils étaient là, car ce printemps j’ai revu des
chenilles et j’en ai prélevé un nombre plus important. Cela évitait que ces
chenilles de Theresimima ampellophaga ne réduisent les feuilles de la vigne en dentelle.
Theresimima ampellophaga chenille dernier stade. |
J’ai changé de
méthode d’élevage. J’ai placé les feuilles dans un vase avec de l’eau, ainsi
elles restaient toujours bien fraîches. De plus, en les élevant plutôt qu’en les
laissant dans le jardin, c’est moi qui choisissais les feuilles à consommer. La chenille est claire, avec de larges rayures en longueur de beige et de brun , le dessous jaune. Elle montre très peu sa tête qui se réduit à des pièces buccales. Sur le dessus du corps, des pustules très régulièrement placées sont dotées d'une touffe de poils.
Theresimima ampellophaga vue de la tête |
L’aventure a commencé début mai où j’ai vu les premiers
trous dans les feuilles de la vigne. Fin mai toutes les chenilles étaient dans
un cocon. Mince cocon, faisant environ 1 cm de longueur, fait avec les poils
de la chenille.
Cocon de Theresimima ampellophaga |
Elle arrache ses poils
et petit à petit façonne un cocon en se trémoussant à l’intérieur. Elle se
retrouve à la fin de cet épisode, une chenille glabre.
Ensuite c’est le grand
chambardement, elle change de forme et se transforme lentement à l’intérieur de
la chrysalide. Cela a duré une quinzaine de jours. D'abord claire, la chrysalide s'assombrit avant l'émergence.
Le 8 juin le premier papillon, un mâle était dans son bac.
Theresimima ampellophaga, mâle , un joli papillon tout neuf! |
Comme c’est un insecte qui fait des dégâts sur la vigne et
il a été bien étudié et surtout bien éradiqué. Ce qui fait que sur les vignes
actuelles on en voit peu.
Theresimima ampellophaga, antennes du mâle |
Mon jardin étant sans produits chimiques, je leur
offre sans doute un refuge. Mais la vigne vierge leur a servi aussi de
nourriture et là, la lutte est bien
moins sévère.
Theresimima ampellophaga,mâle de face |
Trois jours plus tard une femelle a émergé de son cocon.
Cela se passe la nuit, le soir tout est calme et le matin, un papillon encore peu actif se trouve sur les parois du bac.
Theresimima ampellophaga, femelle avec son gros abdomen bleu métallique |
On
peut ainsi voir que la différence essentielle entre les sexes est visible aux
antennes. Celles du mâle sont bipectinées. Celles de la femelle simplement
pectinées mais les excroissances sont moins grandes. L’abdomen de la femelle
est aussi beaucoup plus volumineux.
Theresimima ampellophaga, femelle ailes brunes , corps bleu |
Rien de spectaculaire dans la couleur sauf le bleu très
métallique du corps de l’insecte par opposition aux ailes uniformément marron.
La trompe elle, est jaune claire.
Theresimima ampellophaga, femelle, sur une fleur qu'elle ne goûte pas! |
Il ne faudra que quelques instants pour que mis en présence, mâle et femelle s'accouplent.
Theresimima ampellophaga, couple, on voit bien la différence des antennes. |
Le lendemain matin , la femelle aura accompli son rôle d'insecte adulte, elle a pondu plusieurs groupes d'œufs.
Theresimima ampellophaga, ponte. |
Ces petits papillons sont peu visibles sur la vigne , ils restent sous les feuilles et bien qu'inspectant régulièrement mes plantes je n'en ai jamais vus , ni d'ailleurs de ponte. Le nombre d'œufs est important, il assure la survie de l'espèce. Mais la durée de vie du papillon est très courte.
Où peut-on les voir? Partout où il y a de la vigne, il semble qu'en Europe centrale ce soit toujours un ravageur important des vignobles. Chez nous , ce Pocris est plutôt rare .
Oh superbe!
RépondreSupprimerTout le complet... de la cheftaine pour nous montrer le cycle en entier de ce joli papillon!
Fine mouche que tu es, tu choisis les feuilles et ça réduit les dégâts!! Bien vu!! ; -)
Il ne doit pas être le lépido préféré des vignerons!!
On reconnaît bien le mâle à ses antennes pectinées, la couleur des ailes me fait penser aux minuscules adelidae!
J'espère que vous n'avez pas trop subi de trombes d'eau, on a bien pensé à vous en regardant la météo ces derniers jours...
Bises et bonne semaine Lucie
Ben dis donc c'est du rapide !
RépondreSupprimerA peine nés et à peine présentés une petite copulation...
Et dans la foulée des oeufs !!!
Bises et Bonne semaine Lucie
Quel cycle de vie! J'aime cette couleur bleue qui se marie si bien avec ce marron.
RépondreSupprimerAucun traitement sur la vigne?Nous en avons deux pieds et je n'ai encore rien fait mais je vois les problemes commencer...
SupprimerMerci Thérèse! Non je ne traite pas , mais je te dirais aussi que je ne mange pas beaucoup de raisins! Je pourrais utiliser de la bouillie bordelaise mais je n'aime pas l'idée d'accumuler du cuivre dans le sol. J'essaie d'aérer au maximum les plantes, selon les années cela fonctionne plus moins!
Pour retenir le nom de ce pocris j'ai utilisé mon prénom Thérèse et ça marche .
RépondreSupprimerLa bouche de cette chenille fait assez peur je trouve mais les papillons ont de belles couleurs .
J'ai encore raté l'élevage de la chenille que j'avais trouvée sur la consoude, j'ai vu le cocon c'est tout , les feuilles se sont désséchées .
Quel beau billet encore une fois, chère amie ! J'ai cru reconnaître un papillon que l'on voit au Québec, mais une requête sur Google me révèle que cette espèce ne se retrouve pas dans le Nouveau Monde. Nous en avons pourtant un qui lui ressemble beaucoup. Tu es très astucieuse Lucie avec tes ruses qui montrent bien ta connaissance de TES insectes. Tu ne dois pas avoir beaucoup de recoins qui te sont inconnus dans ton jardin. Je suis toujours aussi émerveillé de venir faire mon tour lorsque le temps me le permet. Excuse moi si je ne viens pas à tous tes billets, ce n'est pas l'envie qui manque.
RépondreSupprimer@ bientôt.
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour votre article.
Je suis dans l'arrière pays niçois et il se trouve que ça fait maintenant plusieurs années (2018?) que mes vignes sont attaquées au printemps par ces chenilles. Une catastrophe, surtout les deux dernières années avec le manque d'eau...
Grâce à vos photos, j'ai réussi à reconnaître un papillon mâle hier soir.
Les mésanges not pas l'air d'en raffoler ces chenilles ne semblent donc pas avoir de prédateur. Cela m'inquiète...
On peut me joindre à cette adresse mail si besoin: audreyanglais@yahoo.fr.
Bonjour Audrey, J'espère que vous trouverez une solution pour vous débarrasser de ces indésirables. Chez moi, j'ai enlevé les pieds de vigne de l'endroit où j'ai trouvé les chenilles et j'ai choisi un endroit différent où jusqu'à présent je n'ai pas rencontré de chenilles. Mais j'ai très peu de pieds.
SupprimerBonjour,
SupprimerJe n'ai que 2 pieds de vigne que mon grand père a planté il y a très longtemps. Impossible de les déplacer. 😁
Pour limiter les dégâts et grâce à vos photos, j'ai pu tuer une trentaine de papillons après les avoir debusquer grâce à un pulvérisateur rempli d'eau...
À cause de ces chenilles et de deux années de sécheresse consécutives, mes vignes ont failli mourir...
Je ne trouve aucune solution sur Internet et pense que je devrai continuer à grimper sur une échelle pour les écraser à la main l'an prochain pour limiter les dégâts.... 😟