Ce billet pourrait entrer sous la rubrique : insecte en studio.
A la fin du mois de mai, en soirée, nous avons vu une grosse libellule en difficulté sur l’eau de la piscine. Souvent des insectes utilisent ce point d’eau pour venir boire. Les plus malins s’installent côté plage et progressent les pieds à peine trempés pour se désaltérer. Là, après un moment d’observation, nous avons vu que le décollage n’était plus possible. Les ailes mouillées, c’était une mort lente qui attendait ce bel insecte. Alors, épuisette de surface au long manche en main, avec l’aide de mon mari, nous l’avons repêchée.
Une femelle Anax empereur, en train se sécher ses ailes.
Une fois sortie de l’eau que fallait - il en faire ?La laisser humide sur l’herbe, elle n’aurait sans doute pas passé la nuit. Alors elle fut mise à l’abri dans un grand bac. J’y ai mis une tige de bambou pour qu’elle puisse s’y accrocher et un couvercle pour qu’elle ne s’envole pas ou qu’un visiteur nocturne n’y vienne pas.
C’était une jeune femelle d’Anax empereur, un de nos plus grandes libellules(Anax imperator)
Anax empereur femelle au training: il faut attendre que la température soit suffisante pour décoller.
Le lendemain matin, je l’ai un peu entraîné au vol en la tenant à l’air libre sur cette baguette et en la soulevant plusieurs fois et le moteur s’est mis lentement en marche. J'ai appris qu'il fallait que la température atteigne 20degrés pour que l'insecte puisse voler.
Les ailes sont mises en mouvement à une vitesse de plus en plus grande et au bout d’une dizaine de minutes la dame a repris le cours de sa vie en s’envolant au-dessus de la maison vers des arbres proches.
Ce qui m’a étonné, quand je l’ai sortie de l’épuisette c’est sa force, elle s’est fermement accrochée à ma main. Ensuite en tenant la baguette sur quelle elle faisait son entraînement intensif au vol, c’est aussi la notion de puissance qui s’est dégagée de ses mouvements. Ce qui ressort des sauvetages divers et variés que j’ai fait avec des insectes ou des animaux plus grands, c’est leur formidable volonté de vivre. Bien entendu ce n’est que mon impression liée à mes petites expériences !
Une belle tête avec le bout du nez bleu!
La présence de cette jeune femelle d’Anax empereur m’a donné l’occasion, pendant que je la tenais sur la baguette de faire quelques clichés. Dans la nature je n’ai jamais eu l’occasion de m’en approcher ainsi.
C’est donc une femelle jeune, les bordures encore jaunes de ses ailes antérieures sont bien visibles. On observe aussi que les ailes ne sont pas parfaitement planes.
Je m’interrogeais souvent pour savoir quel était le rôle des différents appendices qui finissent l’abdomen des femelles de cette espèce. Je sais qu’elle pond en solo dans des végétaux au bord de l’eau.
Ponte de la femelle Anax emperur sur le bord du bassin.
L’an passé au mois de septembre une dame Anax a décidé de pondre dans la piscine. J’ai eu beau lui expliquer que ce n’était pas le bon endroit, rien n’y a fait. Cela m’a autorisé cette image. Image qui permet de voir le fonctionnement des pièces qui constituent les outils dont elle dispose pour déposer ses œufs au bon endroit
La pièce supérieure, que j’appelle le stylet, court et pointu perfore la tige du végétal dans lequel elle dépose les œufs. L’ovopositeur fait de deux lames qui sont mobiles et peuvent se toucher, guide ensuite les œufs. Ici on peut imaginer qu’elles constituent un moyen d’empêcher les précieux œufs de tomber à l’eau.
La dame n’ayant pas réussi la première opération, c’est à dire la perforation, renonce ensuite à déposer ses œufs dans le bassin Elle partira à la recherche d’un lieu plus approprié.
Perforer la pierre n'est pas encore à la portée de dame Anax, il faut chercher un végétal plus souple!
Les Anax sont coutumières de ce type de ponte. J’en ai vu une, en montagne, pondre sur un vieux tuyau perdu dans une lavogne(bassin destiné à recueillir les eaux de pluie).
Ces images rapprochées m’auront permis de mieux voir comment fonctionne le mécanisme perfectionné de la ponte de cette grosse libellule.