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dimanche 4 mai 2014

Cucullie de la Scrofulaire, (Cucullia scrophularia), de la chenille au papillon.


Voici l’épilogue de l’histoire commencée en juillet de l’année dernière. Cette sortie dans ma région à 1000mètres d’altitude avait déjà donnée lieu à un article le 26 juillet 2013 consacré à un petit charançon : Cionus-schönherri

 

Le 1er Mai, après de longs mois d’attente j’ai enfin vu le papillon qu’est devenue la chenille aux couleurs vives qui se promenait sur la Scrofulaire.
Chenille de la Cucullie de la Scrofulaire sur la Scrofulaire!

Voici les différents moments de ce développement.
Cucullie de la Scrofulaire, une grosse chenille en fin de développement

Le 1er juillet 2013 de grosses et belles chenilles joliment colorées dévorent joyeusement les feuilles de la scrofulaire. Feuilles, fleurs tout y passe. Elles ont bon appétit, les chenilles.
 Détail de la chenille au dernier stade.
 
 Sur la plante on voit deux stades de la chenille, l’avant dernier où elle est davantage jaune, et le dernier, un fond blanc, de gros points noirs et une ligne latérale d’un jaune bien vif. Bien visible sur la plante !
Cucullie de la Scrofulaire, chenille à l'avant dernier stade

C’est à ce stade que je prélève la chenille et la nourrit quelques jours.
Cucullie de la Scrofulaire, portrait

Très rapidement, le 5 juillet, elle s’enterre et disparait à ma vue. Les lectures m’apprennent que le papillon n’a qu’une génération annuelle.
Cucullie de la Scrofulaire, chenille qui s'enfonce dans la terre
 
 Il faudra donc attendre le printemps de l’année suivante pour voir émerger un papillon. C’est dire que la vie de l’insecte se passe 10 mois sous terre dans un cocon.Dans certaines régions, elle y passe même un second hiver, leur vie sous forme de chrysalide est  bien longue.
Cocon de terre qui contient la chrysalide.

Au mois de mars je suis curieuse et je retourne la terre dans laquelle la chenille avait disparue. J’y trouve un cocon de terre de forme ovale et je l’ouvre pour y découvrir une chrysalide brune.
Chrysalide de Cucullie de la Scrofulaire

Vous aurez sans doute remarqué qu’après la pluie on observe souvent de nouveaux insectes. Cela se comprend. Par ici, le sol sec est très dur et heureusement la pluie ramollissant la terre, les papillons comme cette Cucullie peuvent alors trouver le chemin vers la lumière.
Cucullie de la Scrofulaire,enfin le papillon!

Voici donc ce papillon, la Cucullie de la Scrofulaire. Oh rien d’extraordinaire, bien moins voyant que sa belle chenille. Petit papillon, grisâtre au premier abord, mais en fait on y voit des nuances de beige allant du très clair au brun.
Cucullie de la Scrofulaire,portrait
 
 Comme bien des Noctuelles c’est la houppe, je ne sais d’ailleurs pas comment appeler cette importance de poils qui se dressent sur le dessus de la tête, qui lui donne une allure un peu étrange. Les pattes  sont aussi très poilues. Les gros yeux des papillons nocturnes sont peu visibles cachés par ces poils.
 
Les gros yeux de la Cucullie, papillon nocturne

Le papillon peut être confondu avec une autre Cucullie celle du Bouillon blanc et pour les distinguer, il faut parait-il examiner les genitalias.
Un papillon tout neuf va prendre son envol .

Ici pas de problème, c’est bien la Cucullie de la Scrofulaire puisque c’est sur cette plante que la chenille a été prélevée. Le papillon est visible dans une grande partie de l’Europe à partir du mois d’avril, les chenilles le sont de juin à septembre.
Bonnes observations !

 

 

vendredi 26 juillet 2013

Cionus Schönherri et Scrophalaria canina


Voici les 3 protagonistes de ma nouvelle enquête !

Au départ une fleur : vous aurez reconnu la Scrofulaire des chiens, Scrophularia canina, pour bien la reconnaître, c'est ici.

 

Un "œuf" comme second élément. Trouvé collé sur le vase contenant la plante. Pas bien grand , 4mm relativement solide le décollage met en évidence un contenu . Au vu de   ce que montre la photo , j’imaginais un insecte rampant, mais sans aucune idée particulière.
Enveloppe nymphale laissant voir la partie ventrale de la larve

Et le résultat : un charançon reconnaissable à son rostre allongé qui porte les antennes coudées.

 
Revenons au point de départ.

En me promenant à 1000 mètres d’altitude j’observe sur deux ou trois pieds de Scrofulaires de très belles chenilles. J’en prélève une à quasi maturité au vu de sa taille et je cueille aussi 3 branches de scrofulaire car bien sûr il faut nourrir la chenille.Mise dans un vase pour que les fleurs restent en bon état, la chenille très rapidement ne se nourrit plus et je lui fournis un bac avec de la terre dans laquelle elle disparaît !

N’ayant plus besoin des fleurs je vais les mettre au compost quand je  vois , collés sur le vase, deux "œufs" ! Il s’agit de mon second élément. Je les prélève, les mets dans un verre avec une note précisant la date et les circonstances de la trouvaille.

Hier matin, en observant le verre je vois perchés sur mon bout de papier deux minuscules bestioles et les capsules ouvertes !

C’est bien entendu le 3eme élément : deux petits charançons. A l’œil nu on voit peu de détails , cependant deux tout petits points noirs apparaissent, ils donnent d’ailleurs l’impression que l’insecte est troué ! Ils mesurent environ 4mm.

Des charançons avec des petits points noirs sur le dos sont peu nombreux. Ils  s’agit essentiellement des  Cionus.
Détail laissant voir la différence entre la pilosité plus longue du pronotum et celle très courte des élytres.

C’est ensuite avec le « Hoffman* » que je vais approfondir ma recherche. Je suis les différentes étapes que je vérifie en images

             Espace interoculaire frontal très étroit, visible sur la  photo de face annotée 1

             Dessus à pubescence couchée ou à peine soulevée, sans mélange de crins dressés ; suture élytrale ornée de deux taches communes rondes ou transversales, d'un noir velouté, interstries ordinairement maculés
Cionus Schönherri, charançon vivant sur  Scrofulaire des chiens

             Rostre, vu de profil, chez les deux sexes, subcylindrique,à peu près d'égale épaisseur sur toute sa longueur.(Bien visible sur l'insecte de face)

             Pubescence élytrale grise ou jaunâtre (c'est le cas de nos spécimens); taches suturales sans macules claires adjacentes
Cionus Schönherri montrant les 2 taches dorsales.

             Téguments rougeâtres (1) ou d'un brun-roux ; pubescence dorsale des élytres fine, éparse, ne voilant pas les téguments ; une tache fauve subhumérale(2) ; tache suturale antérieure plus grande que la postérieure ; macules foncées des interstries impairs peu tranchées(visible sur la photo de dos)

             Tache antérieure de la suture arrondie et seulement un peu plus grande que la postérieure. Pubescence du prothorax cendrée ou jaune( visiblement bien jaune dans mes exemplaires), ordinairement dense et voilant entièrement ou en très grande partie les téguments. Tache jaune subhumérale plus distincte. Profémurs plus fortement dentés(3). Long. : 4.5 mm .

 
Cionus Schönherri, de face, j'aime beaucoup sa carrure aux solides épaules! 


Assez commun dans toute la Provence, se rencontre dans la moitié sud et autour de la Méditerranée.

On rencontre des charançons de la famille des Cionus  sur différentes Scrofulaires et aussi des  Molènes et Buddleias.  Ils ont la particularité, au stade larvaire de se promener sur la plante (et non pas comme beaucoup de charançons, à l’intérieur des différents éléments de la plante)dont ils rongent les feuilles. Pour ce faire et se protéger, ils sont enduits d’un mucus gluant.

Une photo  de la larve, ici sur le site insecte.org
Cette sécrétion est ensuite à l’origine de la construction de la capsule qui sert à la métamorphose. Jean Henri Fabre a observé méticuleusement et surtout décrit avec beaucoup de précision ce processus. (Souvenirs entomologiques, livre II, page 913 à 9 21) Et un détail que j’ai vu sur la photo  s’explique par ses observations.
Le cercle entoure l'excédent de mastic ayant servi à lisser l'intérieur de la loge nymphale.

On voit un amas lisse de tubulaire dans la zone cerclée. J’ai pensé à une déjection extérieure , mais en fait il s’agit de ce « mastic » émis par son tube digestif et dont la larve se sert pour lisser l’intérieur de sa capsule. Elle a d'abord tissé une enveloppe extérieure avec une substance produite par la bouche et l'intérieur est ensuite "crépi" avec ce mastic.

Les adultes sont visibles en juillet août et septembre. On compte plus d’une dizaine de Cionus en France, tous présentant ces deux taches noires. La plupart de couleur grise. Cionus Schönherri se distingue avec cette couleur plus roussâtre.Un bien beau charançon!
*Coléoptères Curculionides (Troisième Partie) par Adolphe Hoffmann, disponible sur le web en téléchargement gratuit.