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dimanche 11 novembre 2018

Les Halictes de la scabieuse,des abeilles à la robe rayée, femelle et mâle.


Depuis deux ans j’observe en particulier les abeilles, les guêpes ou autres hyménoptères qui visitent le jardin.
J’arrive  très lentement à en identifier quelques –uns ! C’est dire si je suis  surprise par le nombre important d’espèces différentes qui se promènent sur les fleurs des plantes ou arbustes qui égaient notre espace. Il me reste encore bien du monde à identifier !
Après avoir présenté les petites Lasioglossum nigripes voici maintenant une cousine bien différente  et beaucoup plus grande de la vaste famille des Halictidae.

Halicte de la scabieuse femelle*

Il s’agit d’Halictus scabiosae.
Je rencontre les femelles tôt dans l’année , en mars, avril et hélas souvent dans la piscine.
Quand elles ne sont que bien mouillées, le sauvetage est efficace : nourries avec une fleur fraîchement cueillie( souvent du pissenlit qui pousse toute l’année) , un séchage sous une lampe et la butineuse peut reprendre du service.

Halicte de la scabieuse femelle devant la règle graduée!*

D’autant plus que cette femelle, est importante :c'est  elle  qui va  donner naissance à la génération estivale.
Elle a passé l’hiver à l’abri et reprend du service aux premiers beaux jours.

Halicte de la scabieuse femelle cette vue permet de bien voir les brosses de récolte du pollen de la patte arrière*

Passons à la présentation de la femelle d’Halictus scabiosae.
Je me sers d’une clé disponible sur le net , mais aussi d’infos extraites du Bellmann :guide des abeilles, bourdons, guêpes et fourmis d’Europe.
Une observation des ailes donne  une première info :
·         3 cellules cubitales et une nervure basale courbe(voir la flèche sur la photo du dessous.)
 
Aile d'Halicte, les 3 cellules cubitales et la flèche qui indique bien la courbe de la nervure basale.*
Ensuite dans le cas d’une femelle on voit le dernier tergite très particulier : un sillon longitudinal très étroit, bordé sur les côtés de longs poils serrés.
Abdomen de L'Halicte de la scabieuse avec son dernier tergite particulier

·         Puis la cuticule du corps n’a pas de reflets métalliques, on reste dans le sous-genre des Halictus.En particulier la cuticule noire du tibia et du basitarse des pattes arrières noire permet de distinguer H.sacbiosae de H. rubicundus, une autre des grandes Halictes qui visite le jardin.

Halictus scabiosae femelle chargée de pollen sur Picris

C’est une abeille de grande taille(voir la photo plus haut, elle atteint 15mm), les bandes pileuses que l’on voit sur les tergites sont bien ochracées et entières ce qui nous amène à Halictus Scabiosae.
Situées à la partie apicale des tergites elles paraissent larges à cause de la zone feutrée que l'on voit en haut des tergites(ce qui lui a aussi donné parfois le nom d'Halicte zébrée)

Halictus scabiosae chargée de pollen blanc sur fleur de laitue

Pour voir un mâle il faudra attendre l’été. Ils sont issues de la génération préparée par les femelles ayant hivernées. Ils sont  plus facilement reconnaissables.

Halictus scabiosae mâle sur fenouil, longiligne aux antennes courbées au bout

Leurs longues antennes au bout recourbé et leur abdomen longiligne avec les bandes ochracées les rendent facilement identifiables.Je les vois à partir de la mi-juillet, d'abord sur les lavandes où jour après jour ils viennent se nourrir en plongeant la tâte dans les petites fleurs.

Halictus scabiosae mâle plongeant sa langue dans la fleur de lavande

Ils se nourrissent sur des fleurs plus variées que les femelles qui collectent le pollen. Elles recherchent les astéracées(souvent des fleurs jaunes du style pissenlit, ). Les mâles recherchent le nectar .
Halictus scabiosae mâle  sur les petites fleurs de la menthe

Les voici sur des fleurs de lavande, de menthe et de fenouil ci- dessus.

Halictus scabiosae mâle  sur les  fleurs d'eupatoire chanvrine


Et  aussi d'eupatoire chanvrine, toutes ces petites fleurs leur apportant le nectar nécessaire à leur courte vie. 

 
Halictus scabiosae mâle  au cœur de la fleur de tournesol
Et pour finir une dernière image d'une belle femelle sur une fleur de catananche bleue dont le pollen jaune collée en abondance sur les pattes arrière servira de nourriture à la larve de l'abeille.Même alourdie par cette importante quantité de pollen elle s'envole rapidement.
Femelle Halictus scabiosae sur la fleur de catananche bleue
Cette abeille se rencontre dans toute l'Europe, elle est visible pour la femelle du printemps au début de l'automne ,pour  les mâles la seconde partie de l'été. Elles font leur nid dans le sol et sont de très utiles pollinisatrices en visitant principalement les astéracées mais aussi les rosacées dont les arbres fruitiers font pour beaucoup partie. Elles se contentent bien souvent des fleurs qui poussent spontanément .


* image grossie 2 fois

samedi 27 octobre 2018

L'émergence des mâles Lasioglossum nigripes



Suite de l'article précédent intitulé :la vie d'une bourgade d'abeilles solitaires , les Halictes

Le matin du 15 août, tout a changé:  dans les trous j’ai  vu d’autres têtes sortir le nez.Des têtes plus étroites avec des antennes plus longues !!Les mâles émergeaient ! 
Lasioglossum nigripes mâle frais émergé

Il y en avait beaucoup, l’un sortant du trou, poussé par le suivant. Certains plus prudents que d’autres faisaient marche arrière quand je regardais, d’autres attendaient que je regarde ailleurs pour sortir, jeter un œil rapide et s’envoler !!
Puis dans une deuxième phase, j’ai vu des mâles revenir, rentrer dans un trou, puis quelques instants plus tard en ressortir et illico rentrer dans une entrée voisine.
Lasioglossum nigripes mâle premier  un regard sur le monde extérieur 

J’ai aussi vu deux mâles s’empoigner et se rouler dans le sable.
Puis une femelle sortir d’un trou suivi d’un mâle tous deux faisant un brin de toilette.
Lasioglossum nigripes mâle et femelle

Encore plus tard un mâle attraper une femelle et ne pas la lâcher jusqu’à ce qu’ils roulent dans la boite que j’avais placée à l’aplomb du mur !
Vous avez compris : la nouvelle génération pense au futur ! Il s’agit d’assurer la pérennité de l’espèce !!
Le couple qui avait roulé dans ma boite me permet de les photographier  en gros plan et surtout de rechercher les détails qui permettent une identification quasi certaine.
Lasioglossum nigripes mâle 

On note des différences importantes entre mâle et femelle. Voyant du rouge sur l’abdomen du mâle, j’ai été très contente, pensant à tort arriver facilement à mettre un nom sur l’espèce ! Hélas non, chez les Evylaeus il existe plusieurs mâle à abdomen rouge (Lasioglossum (Evylaeus) calceatum, Lasioglossum (Evylaeus) albipes).

Lasioglossum nigripes femelle( noter la présence d'acariens sur le thorax)

L’observation des femelles avec le dernier tergite fendu m’avait orienté vers les Halictes.
L’absence de pubescence feutrée  au bords des tergites indique les Lasioglossum. C’est ensuite que cela se complique. Je vais m’orienter vers le sous groupe des Evylaeus.
Il me faudra observer plus en détail le mâle qui présente un labre et des  mandibule noires.
Lasioglossum nigripes mâle, labre et antenne à observer



Détails que l'on voit mieux sur la photo suivante.

Lasioglossum nigripes mâle, détails de la tête

Le 3eme article de l'antenne plus court que les suivants est aussi un critère relévé par le document* qui me sert de clé.
Les pattes noires amènent aussi vers L. nigripes qui porte alors bien son nom.

Mais un autre détail difficile à voir me confortera dans mon idée: de fines rayures se trouvent sur la partie déclive du tergite 1 visibles sur les photos ci-dessous.

Détail du premier tergite montrant les fines rayures caractéristiques de l'espèce L. nigripes
Et encore davantage en grossissant  plus .

Fines rayures de la partie déclive du  1er tergite
Il s'agit bien d'une colonie de Lasioglossum nigripes qui s'est développée dans ce petit morceau de jardin.

Il me reste cependant de nombreuses interrogations après cette détermination.
Je vois de nombreux mâles à tout moment de la journée autour des trous de sortie. Est-ce qu'ils se nourrissent?
Lasioglossum nigripes mâle se nourrissant sur une fleur de fenouil

La réponse se trouve sur des images de l'année précédente. Nos mâles font le plein d'énergie sur les fleurs riches en nectar comme celles du fenouil!

Lasioglossum nigripes mâle détail de la langue

Que deviennent les femelles fécondées issues de la seconde génération? 
Ce sont les futures reines fondatrices d'une nouvelle génération au printemps prochain. En attendant elles passent l'hiver dans leur nid.
Progressivement les entrées ont été abandonnées, elles sont restées ouvertes quelques temps puis se sont bouchées et je ne vois plus aucune activité sur la zone depuis un bon mois, de temps en temps quelques grains de sable semblent rouler .
Je dois avouer que c'est avec un petit pincement au coeur que j'ai vu ces actives butineuses peu à peu disparaître de la zone. J'espère qu'elles passeront un bon hiver pour être prêtes au printemps à virevolter sur nos fleurs!

* Pour identifier ces belles abeilles je me suis servie de Clés illustrées pour l'identification des abeilles de Belgique et des régions limitrophes Halictidae, Alain Pauly
Pour en savoir davantage sur la vie en société de certaines Halictes, un extrait de : La Biologie des abeilles primitives / par C. Plateaux-Quénu, 1972

lundi 22 octobre 2018

La vie d'une bourgade d'abeilles solitaires, des Halictes.


Début juillet j’ai trouvé à la limite de mon jardin , une bourgade !
Oh non pas un joli village comme nous en avons tant ici et là dans notre beau pays !
Il s’agit d’un regroupement d’abeilles solitaires qui ont choisi ce bout de terrain de 30 cm sur 20 cm pour y creuser leurs nids dans le sol. Cette bourgade comprend au plus fort de son activité(début août) une trentaine d’entrées.

Vue de la bourgade, les butineuses rentrent couvertes de pollen.On peut en compter une douzaine.

J’ai observé la vie de cette bourgade pendant plus de 2 mois. Mais cela ne donne pas d’images spectaculaires. Je me suis familiarisée avec le rythme des abeilles  en les regardant plusieurs fois par jour, il faut dire que le spectacle se déroulait à 10 pas de ma cuisine ! Il me faudra attendre le milieu du mois d’août pour être sûre de l’identité des butineuses, c’est-à-dire à l’émergence des mâles .
Vue rapprochée de 3 abeilles revenant au nid

Je vais essayer de vous faire partager cette observation qui constitue à mes yeux la plus intéressante de cet été 2018.
Chaque entrée correspond en principe à un nid. Mais selon des espèces il peut y avoir une entrée commune et ensuite plusieurs appartements ; chacun d’eux appartenant à une abeille particulière.
Que se passe-t-il dans ces nids. Une femelle arrive chargée de pollen, elle se glisse dans le trou d’entrée et ce qui se passe ensuite est à imaginer. Heureusement certains observateurs  peuvent expliquer la suite. L’abeille a creusé des alvéoles dans lesquelles elle va mettre sa boulette de pollen et ensuite y pondre un œuf. L’alvéole est ensuite refermée. Pour avoir vu travailler des Osmies par exemple, il faut plusieurs voyages pour fabriquer la boulette de pollen nécessaire à la future larve.
Une femelle couverte de grains de pollen, la rendant difficile à identifier

J’ai vu pendant plus d’un mois, uniquement des femelles bien couvertes de pollen, jaune pour la plupart rentrer prestement dans l’ouverture visible en surface. Je n’en ai vu, qu’une seule chargée de pollen blanc. Les Halictes sont souvent polylectiques, elles butinent diverses familles de fleurs.
La voici toute propre et avec le dernier tergite fendu qui permet de dire qu'il s'agit d'une femelle de la grande famille des Halictes

Au cours de mes observations j’ai fini par remarquer la présence de gardiennes.. Je voyais en permanence des antennes  pointées à l’entrée de l’ouverture. Quand une butineuse arrivait, cette gardienne redescendait dans le couloir pour laisser passer l’arrivante.
Les "surveillantes " à leur poste

En relisant Fabre, j’ai découvert leur rôle. Il s’agit de vieilles femelles qui surveillent l’entrée pour défendre le nid contre les abeilles coucous ! Vous savez ces abeilles (ou ces oiseaux) trop feignasses pour récolter de la nourriture pour leur descendance et qui profitent du travail d’une autre pour pondre leur œuf en douce quand la travailleuse est partie par exemple. La gardienne ne cède le passage qu’à la propriétaire légitime du nid ! Elles m’ont semblé très efficaces ces gardiennes, quand je pointais le nez au-dessus de leur entrée , elles se reculaient dans le couloir descendant , mais remontaient vite à leur poste de vigie.
Une bourgade active: 1 entrée ouverte, 2 femelle revenant au nid, 3 gardienne à son poste.

Quand la chaleur montait vers 12, 13 heures, la plupart des accès étaient bouché avec du sable, comme si rien ne s’était passé. J’avais remarqué que vers ces heures, nombre de fleurs jaunes avaient refermé leur corolle et je pense que c’était cela qui imposait le repos à ces vaillantes travailleuses.
En ressortant du nid, la femelle est débarrassée de l'essentiel du pollen

Le lendemain vers 6h 30, beaucoup de trous étaient à nouveau ouvert et l’activité reprenait.

Bien des jours ont passé à ce rythme.
La suite de cette histoire fera l'objet d'un second billet!

jeudi 9 août 2018

Nomioides facilis, une très petite abeille solitaire!


Les abeilles solitaires sont très nombreuses (1000 espèces en France !!). Elles ont des tailles, des aspects  et des couleurs vraiment variés. On  reconnait souvent les femelles grâce aux pattes postérieures ou à la brosse ventrale qui collectent le pollen .
Nomioides facilis, sur fleur de carotte sauvage, photo originale.

Quand j’ai vu arriver ce tout petit insecte voletant autour des fleurs de carottes sauvages, je me suis arrêtée sur ses couleurs claires, une tête dorée et un abdomen jaune. Mais à travers le viseur il m’a semblé voir du pollen sur les pattes arrières. Et j’ai essayé de suivre l’insecte sur ces petites fleurs.

Nomioides facilis femelle, sur fleur de carotte sauvage,crop de la photo précédente.

Une abeille de moins de 5mm, des ailes hyalines, un abdomen jaune clair avec quelques traits de marron, tête et thorax d’un vert métallique brillant au soleil,  voilà celle dont il fallait trouver le nom.

Nomioides facilis femelle.*

Inutile de dire que dans mes guides  elle ne figurait pas. J’ai eu comme d’habitude recours au net. Et c’est en épluchant les photos sur cette page chez monsieur Aramel que j’ai trouvé Nomioides facilis.

Nomioides facilitis, femelle faisant sa toilette, la patte médiane sur le thorax! *

Ensuite tout devient facile, le site d’Atlas hymenoptera, nous informe qu’elle est présente dans le sud de l’Europe entre autre. Elle fait partie de la famille des Halictidae. On peut éliminer les deux autres espèces de la même sous-famille :   N.minutissimus qui  a une tête plus allongée, et  N.variegatus où les marques brunes sont situées à l’apex des tergites.

Nomioides facilitis, femelle,  des ailes hyalines *

C’est  sans doute une des plus  petites abeilles qui visitent des zones chaudes et plutôt sèches, les Allemands les nommant « abeilles des steppes ».
Les adultes sont polylectiques, récoltant le pollen  et nectar sur diverses espèces de fleurs.
Nomioides facilitis, femelle au  nettoyage des ailes *

Elle niche dans le sol où elles creusent des galeries verticales  allant de 15 à 45 cm de profondeur et ensuite  horizontalement  pour y pondre dans les cellules. Parfois elles forment des bourgades, plusieurs abeilles se regroupant sur un même site.
 Elle se rencontre  essentiellement dans tout le bassin méditerranéen.
 
Nomioides facilitis, femelle, vue de la tête *
Elle vole de juin à août-septembre en une seule génération. Les adultes hivernent.

 
Nomioides facilitis, femelle se nourrissant sur fleur de carotte sauvage.
Et pour conclure cette belle rencontre voici un document du Spipoll qui vous dit tout sur ces petites abeilles.Je   suis toujours contente de partager avec vous la beauté et   la richesse de notre entomofaune.

 * Images grossies 3 fois