samedi 28 janvier 2017

Ptinus bidens , un petit coléoptère avec deux bosses.

J’en aurai découvert des insectes originaux en ce début d’hiver ! Il faut dire que sans la possibilité de grossir les images je n’aurai pas pu voir les détails de ces insectes souvent mesurant moins de 5mm.
Quand j’observe ce qui flotte sur les bords de la piscine je vois une forme générale et je sauve ceux qui donnent encore des signes de vie ! Mais certains sont parfaitement immobiles et font le mort avec beaucoup de talent !

C’est le cas de ceux-ci. J’en ai rencontré plusieurs et tous ont utilisé cette tactique. Ce sont leurs longues antennes qui m’ont intéressée. Un coléoptère avec de longues antennes est toujours une curiosité. Le prenant pour mort ou quasi, je l’ai délicatement recueilli et posé avec son couvercle sur la table où je travaille, le temps d’aller chercher mon appareil ! Eh bien ce fut suffisant pour opérer un miracle ! Antennes en avant, encore trempée, la bestiole s’est mise à explorer ma table pour trouver une cachette ! Rassurée nous avons alors commencé la séance. Et un détail a attiré mon regard : deux bosses bien poilues sur le pronotum. C’est vraiment un détail peu courant.
Ptinus bidens, mâle *

Les membres de la famille des Ptininae sont nombreux et il existe des sous-familles. Il faut savoir que dans cette famille il y a un fort dimorphisme entre les sexes : les femelles sont plus arrondies et ont les antennes plus courtes. Les mâles sont plus allongés. Tous les exemplaires(3) que j’ai trouvés sont des mâles.
Ptinus bidens, un pronotum avec deux bosses tomenteuses*

En les observant, j’ai toujours vu  2 gros coussinets sur le thorax, ils  appartiennent à la sous famille des Cyphoderes (voir clé allemande). Ces coussinets sont fournis à l’arrière et descendent en pente raide vers l’avant du pronotum.
 
Ptinus bidens mâle, des antennes plus longues que le corps.
Autre caractère important : les antennes, des 3  espèces qui peuvent être confondues, seules P. bidens a les antennes plus longues que le corps.
L’insecte mesure environ 5mm, est de couleur brun roux uniforme avec quelques écailles blanches sur les élytres. 
Ptinus bidens mâle, en train de se relever!*

La pubescence est bien plus dense dans la partie ventrale que sur les élytres. Elytres pourvus de rangées de soies de taille identique, courtes, dressées, bien alignées. Les stries sont régulières et ponctuées .
Le scutellum triangulaire est bien recouvert de soies claires.
Ptinus bidens mâle, des élytres striés ponctués et recouverts de rangées de soie régulières.*

 P. bidens se développe dans le bois mort, dans les substances végétales desséchées, notamment dans les vieux polypores, sous les écorces, etc. 
Ptinus bidens mâle, les antennes bien grandes.*

Elle peut se développer également aux dépens des nids d'abeilles solitaires (voir un des liens ci-dessous) comme quelques autres espèces de Ptinides.
Ptinus bidens mâle, toujours la tête baissée!*

Voici des liens qui complètent ces quelques informations :

  • Une clé de détermination en allemand : ici
  • Un texte sur le mode de vie de la larve de P. bidens :ici
  • Un très intéressant document permettant de différencier les espèces de la sous-famille des Cyphoderes présentes en France : ici.


*images grossies 3 fois

samedi 21 janvier 2017

Cantacader quadricornis, une petite punaise à cornes

On trouve des insectes étonnants dans la piscine en hiver ! Celle-ci flottait accrochée à une aiguille de pin. Tout ce qui flotte sur l’eau peut servir de refuge à de petits insectes qui s’en servent pour survivre dans ce milieu qui n’est pas le leur.
En les observant de très près je vois si une de ces bouées est « occupée » ou non.
Ramenée à terre, et observée sous l’objectif, parfois séchée, commence alors pour moi  la recherche du nom de la drôle de bestiole !
Cantacader quadricornis, une punaise de 5 mm*

Celle-ci une punaise, la forme et la présence du rostre  orientent vers vers les hémiptères.
De plus ses ailes percées de minuscules trous bien ronds les faisant ressembler à de la dentelle, conduisent vers les Tingidae.
Sous l’objectif, je vois alors en grossissant autour de 3 fois de petites cornes sur la tête !
Cantacader quadricornis, une tête supportant 4 épines*

Voilà un détail peu commun, la nature a beaucoup d’imagination ! En cherchant dans la liste des Tingidae du site insecte.org, j’arrive sur un nom qui retient tout de suite mon attention : Cantacader quadricornis !
 Quadricornis ! Le voilà mon insecte heureusement bien nommé !
C’est ensuite avec le volume de Jean Péricart consacré aux Tingidae ( disponible sur le net) que j’essaie d’en savoir un peu plus sur cette drôle de punaise.
Les Tingidae ont des formes qui sortent de l’ordinaire en général avec pronotum en forme de bulle et des ailes en dentelles !
Cantacader quadricornis, sous la toise!*

Le mien est plus simple, mais pas plus facile à voir car petit, environ 5 mm
D ’abord la tête :
Les épines, au nombre de 4, 2 de chaque côté, elles semblent se superposer. Les épines sont  aussi longues que les articles 1 et 2 des antennes réunies.
Les antennes présentent un article III plus long que les autres.
Le pronotum présente 3 carènes principales et un détail qui permet de distinguer 2 espèces de Cantacader, mais seule Cantacader quadricornis est présente en France.
Cantacader quadricornis, détail des carinules du pronotum.*

Pour  C. quadricornis : les carinules latérales secondaires du pronotum  sont arquées vers l'intérieur et se raccordent ou presque aux carènes latérales principales; les  lames marginales du pronotum plus étroites, à bord externe presque rectiligne.(plus larges et un peu arrondies pour C. laticollis présent en Algérie)
Cantacader quadricornis, le rostre dépasse la longueur du sternum*

Le rostre :  il  dépasse le métasternum dernière partie du sternum) de presque toute la longueur de son dernier article.La gouttière dans laquelle il est rangé est bien marquée.
 De quoi vit cette petite punaise ? On n’en sait pas grand-chose. Péricard nous dit qu’on la trouve dans les herbes, ou les détritus végétaux, sous les pierres !
On la rencontre presque partout en France, pendant toute l’année puisque l’adulte hiberne.
Cantacader quadricornis, vue générale.*

Chez moi, au bord de la piscine il y a de l’herbe, des érigerons. Sans doute un milieu assez varié pour qu’elle puisse s’y cacher. Sans son séjour dans la piscine j’aurai tout ignoré de sa présence.
 En étudiant ce sujet adulte une petite lumière s’est allumée dans ma tête. Péricard présente aussi les juvéniles de cette punaise et alors je me suis souvenue avoir photographié à la mi-décembre, un petit insecte bizarre ,épineux ! 
Sorti de l’eau il n’avait pas survécu. Mais ses épines avaient fait que j’ai gardé les images. Et en effet, il s’agit bien d’une larve de Cantacader quadricornis probablement au stade IV ou V.
Larve de Cantacader quadricornis*

La mauvaise photo permet de voir les épines sur la tête, la forme caractéristique des antennes ! Sur le dos quelques épines supplémentaires, les ébauches des ailes et la forme du pronotum complètent le tableau.
Larve de Cantacader quadricornis, stade IV ou V*

Cela nous permet d’avoir une idée de ce qu’est la larve, surtout qu’elle aussi est bien petite, juste 4mm.


 *Images grossies 3 fois

samedi 14 janvier 2017

Acrocinus longimanus, un Coléoptère de grande taille (Costa Rica)

Les coléoptères de la famille des Cerambycidae sont nombreux et caractérisés par de longues antennes et des yeux échancrés. Leur taille est variable les plus grands arrivant à 4 ou 5 cm chez nous.
Au Costa Rica je me suis trouvé en présence d’un des Cerambycidae les plus grands que l’on trouve, si ce n’est le plus grand de la famille. Des infos ici en anglais
Acrocinus longimanus femelle, les pattes antérieures très longues.

Acrocinus longimanus a les pattes antérieures  très grandes, davantage que le corps. Mon sujet est probablement une femelle, le mâle a les pattes antérieures encore bien plus longues pouvant atteindre 15 cm.
Acrocinus longimanus femelle,  aux motifs très graphiques

Comme tous les Cerambycidae, les antennes sont aussi très longues.
Aure caractère important, les yeux sont échancrés pour permettre l’insertion des antennes. C’est particulièrement bien visible avec un insecte de cette taille.
 
Acrocinus longimanus femelle, détail des yeux très échancrés
Cet insecte se nourrit de matière végétale, d’arbres en décomposition, de sève , de champignons de lichens…
A cause de la déforestation des zones où il vit , du Sud du Mexique à l’Amérique du Sud, l’espèce est un danger. Mais aussi par la capture de ces beaux insectes par les collectionneurs.
Acrocinus longimanus femelle, un pronotum avec des épines.


L’insecte que j’ai photographié était captif, gardé par une famille, qui, sur un tout petit site le long de l’Océan pacifique vendait des boissons fraiches aux visiteurs arrivant par un chemin forestier après une marche sous la chaleur ! Pour moi ce fut une belle surprise car les voir dans la forêt  relève souvent de l’exploit !

lundi 9 janvier 2017

Thysania agrippina, un papillon de grande envergure!(Costa Rica)

Dans mon jardin j’observe beaucoup d’insectes et ces derniers temps je me suis intéressée aux plus petits que je suis capable de photographier.

Il existe dans les zones tropicales des insectes bien plus colorés ou plus grands.
Thysania agrippina, le plus grand papillon nocturne

C’est le cas de ce papillon essentiellement nocturne rencontré au Costa Rica.
Thysania agrippina est un Noctuidae  qui présente une envergure pouvant aller jusqu’à 30 cm  , c’est le plus grand des papillons nocturnes.
Thysania agrippina, des couleurs bien discrètes


Il fut trouvé par un guide de notre lodge car, frais éclos il avait un peu de mal à s’envoler, d’ailleurs une de ses ailes n’est pas parfaitement plane. 

Thysania agrippina, vue de dessous, moins décoré!

Cela nous aura permis de faire connaissance avec ce papillon dont les couleurs bien discrètes le rendent difficile à observer quand il se tient tranquille sur un tronc d’arbre.
Thysania agrippina, impressionnant!

jeudi 5 janvier 2017

Neoderelomus piriformis, petit charançon du palmier des Canaries

Dans la nature, il y a toujours la recherche d’un équilibre. C’est ce que je me suis dit en trouvant un matin de décembre ce tout petit insecte blond surnageant dans la piscine, sur une aiguille de pin.
Identifié comme étant un charançon, son allure générale ne laisse aucun doute avec son rostre et les antennes coudées qui s’y insèrent.
La plupart des charançons sont davantage colorés. Celui-ci est uniformément jaune clair sans zone de couleur plus sombre. C’est cela qui m’a orienté vers la bonne identification. Car il existe un autre petit charançon des palmiers plus courant lié aux palmiers nains, Chamaerops humilis qui  a en particulier la tête sombre (Derelomus chamaeropsis).

Neoderelomus piriformis, petit charançon du palmier des Canaries.*
Ici il s'agit de Neoderelomus piriformis.Il est lié à un autre palmier très courant chez nous : le palmier des Canaries.
Pour en savoir davantage voici  un document très intéressant.

Comment reconnaître ce petit charançon?

  • L’insecte mesure 3 mm.
  • Son thorax est caréné latéralement, de forme trapézoïdale, sa plus grande largeur est à la base.

Pour différencier  le genre Neoderelomus de celui  Derelomus, les auteurs proposent d’observer le scutellum : ici il est triangulaire.
Neoderelomus piriformis, vue ventrale*

  • Ses élytres sont striés, les interstries plus larges que les stries qui sont finement ponctuées.
  •  Ici, il s’agit d’une femelle car la cinquième interstrie n’est pas marquée par une côte. 
  • En plus de ce détail les mâles portent de longs poils aux faces internes des tibias antérieurs. De plus l’insertion des antennes se fait plus près de l’extrémité du rostre pour les mâles.

Neoderelomus piriformis, avec son  pronotum  particulier.*

Quand on parle de charançon on est méfiant, rares sont ceux qui veulent du bien à leur plante hôte. Celui-ci est lié aux palmiers des Canaries (Phoenix canariensis) qui sont répandus sur la Côte d’Azur. Il y en a 3 dans les jardins autour de chez moi.

Ce petit charançon qui vit essentiellement sur les inflorescences mâles du palmier jouerait un rôle dans la pollinisation : c’est bien décrit concernant Derelomus chamaeropsis : le charançon est attiré par l’odeur des fleurs mâles dont il se nourrit , mais les fleurs femelles imitent cette odeur et attirent aussi le charançon qui les pollinise.
Neoderelomus piriformis, stries et interstries sur les élytres.*

Les chercheurs qui ont étudié Neoderelomus piriformis ont trouvé beaucoup de charançons sur les fleurs mâles  et beaucoup moins sur les fleurs femelles. C’est au moment où le palmier (octobre, novembre) est en fleurs que l’on trouve l’insecte.
 J’ai trouvé le mien à la mi-décembre. Pas étonnant à mon avis, cette année toutes les floraisons automnales sont en retard à cause de la sécheresse de l’été.

Ce charançon se développe dans les fleurs des palmiers et ne nuit pas à la plante elle-même ( comme le charançon rouge  Rhynchophorus ferrugineus  ), très destructeur.

* images grossies 3 fois