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lundi 29 juillet 2019

Coelioxys argentea mâle, une abeille parasite.


En observant les visiteurs dans les fleurs autour de la lavande j’ai croisé à 2 reprises des abeilles qui m’intriguaient. Au premier regard je les ai prises pour des Mégachiles avec cet abdomen bien noir et des bandes blanches. Mais  leur allure générale ne correspondait pas et surtout l’apex de leur abdomen ne ressemblait pas à ce que je connaissais.
Regardées de près sur l’ordi les premières images m’ont orientée vers les Coelioxys.
Coelioxys argentea mâle

Pourquoi ?

Ce sont des abeilles principalement noire et avec un abdomen pointu (davantage encore chez les femelles.) En lisant des ouvrages consacrés aux abeilles solitaires il est des espèces que l’on reconnait en les voyant, c’est le cas des Coelioxys.
Coelioxys argentea mâle,des yeux poilus *

Il s’agit ensuite des vérifier  si les caractères du genre sont présents et d’aller plus loin en déterminant leur espèce.
Avec  13 articles aux antennes et 7 tergites nous voilà avec un mâle.
Les Coelioxys se reconnaissent à :
  • des yeux poilus( ce qui se voit peu car ce sont de tout petit poils !)
  • des épines au scutellum, bien visibles , elles
  •  des épines eu sixième tergite( bien visibles aussi)
    Coelioxys argentea mâle,des épines au scutellum*

Pour déterminer l’espèce je me suis d’abord servie de ce que j’appelle la clé suisse(Amiet., Fauna helvetica)
Un détail important à chercher , mais difficile à voir : la pointe émoussée visible sur la coxa de la patte antérieure.
Pour cela il faut convaincre l’insecte de se mettre sur le dos ; des chatouilles avec un pinceau aident !
Coelioxys argentea mâle une pointe émoussée sur chaque  coxa 1*

Cette pointe classe l’insecte dans le genre Coelioxys (il existe des sous-genre).
Mais ensuite je me suis rapidement trouvée fort dépourvue comme disait la fable, car aucune des options proposées ne correspondait à mes sujets.
 C’est le problème des espèces des régions sud qui offrent des variétés différentes.
J’ai trouvé une clé en anglais avec photos, mais pas de succès.


Coelioxys argentea mâle une pointe émoussée sur chaque  coxa 1, autre angle de vue*
Je cherche toujours des documents espagnols car on y rencontre des espèces que l'on peut voir chez nous.

Et voilà que je m’y retrouve.
(Claves de identificación para las especies ibéricas
del género Coelioxys latreille, 1809 par F. J. Ortiz-Sánchez, F. Torres & C. Ornosa.)
  • Ce qui est à noter c’est la présence sur le corps de poils et de squamules ( squamules à voir surtout sur les parties distales des tergites , là où elles forment un triangle blanc).
Coelioxys argentea mâle abdomen avec  écailles et poils*

  • Ensuite, la présence de l’épine sur la coxa 1, les poils et les squamules sur le corps ainsi que la présence de 6 épines sur le tergite 6 nous donne le sous-genre  Mesocoelioxys
  • Coelioxys argentea mâle détail du T6*

Puis tout est facile car il n’existe qu’une espèce dans ce genre: Coelioxys argentea.

La description et le schéma du tergite 6 correspondent .
C’est la conformation de ce tergite qui est particulière :elle comprend deux fines épines latérales et 4 dents centrales plus fortes. Celle-ci sont superposées: deux d’entre elles pointant vers l’extérieur, les deux du dessous plus fortes.

Coelioxys argentea mâle en blanc et noir

Je chercherai  et trouverai  confirmation dans la clé russe traduite par Alex Descamps (Clef de détermination des insectes de la partie européenne d'URSS, Tome III.).
Coelioxys argentea mâle, un bel insecte

Quelle est la particularité de ce genre d’abeilles ?

Ce sont des parasites. La femelle pond son œuf dans une cellule partiellement approvisionnée par la propriétaire du nid.
Les nids parasités sont ceux de Mégachile, d’Osmie, d’Anthidie et d’Anthophore. Je n’ai pas trouvé quelle espèce en particulier est parasitée par C. argentea. Chez moi, c’est la première année que je les vois, ce qui ne veut pas dire qu’elles n’étaient pas présentes , mais sans doute pas en nombre.

*Images grossies 3 fois

mardi 1 mai 2018

Myrmilla erythrocephala et Myrmilla capitata, Hyménoptères parasitant des abeilles !



La pêche est devenue une activité régulière dans mon jardin. Evidemment, vous aurez noté que je ne pêche pas au bord de la rivière ou d’un étang, mais au bord de la piscine. Celle-ci étant entouré d’herbes, de nombreux insectes vont y boire ou s’y promener. Et en général deux fois par jour, j’en retire quelques imprudents ou intrépides. Reconnus et déjà identifiés, ils sont expédiés plus loin dans l’herbe au-delà de la barrière qui entoure la piscine.
J’y fais encore bien des rencontres intéressantes d’insectes que je n’aurais jamais vus tant ils sont discrets ou vivent bien cachés dans la végétation.
C’est  un bel hyménoptère, en fait c’est une dame, que j’ai sorti de l’eau  avant-hier soir.
Myrmilla erythrocephala, femelle

Je me sers pour le décrire de « Hyménoptères vespiformes.(Sphegidae, Pompilidae, Scolidae, Sapygidae, Mutillidae), L. BERLAND, 1925, Faune de France 10 » , disponible sur le net.
La famille à laquelle appartient notre sujet est celle des Mutillidae : le thorax est fait d’un seul morceau sans sutures visibles, les femelles sont souvent aptères.
Ensuite il faut savoir si c’est un mâle ou une femelle. Les femelles n’ont jamais d’ailes, les mâles oui, le plus souvent ; les antennes des mâles ont 13 articles, celles des femelles seulement douze.
Mon individu est une femelle.
Myrmilla erythrocephala, femelle avec sa pilosité dressée en plus des soies couchées surtout sur l'abdomen

On arrive au genre Myrmilla en observant:
  •          la tête, plus large que le thorax
  •          le deuxième article des antennes au moins deux fois  aussi long que le troisième(1 sur la photo détaillée de la tête)
  •          premier segment abdominal portant sur les côtés une petite apophyse(3 sur la photo ci-dessous)

Etape suivante : quelle espèce de Myrmilla ?
On suit la clé:
  •       le deuxième tergite abdominal n’a pas de tache claire, on passe à la suite
  •        ensuite il faut observer les deux petits appendices que l’on voit en haut du premier segment abdominal. En regardant l’insecte se promener c’est bien difficile à voir. Mais grâce aux photos de l’insecte en mouvement on l’aperçoit. Ensuite il faut déterminer si cet appendice est simple, en crochet tourné vers l’arrière.
Myrmilla erythrocephala, femelle, détails à observer

J’ai opté pour la première alternative. D’autres éléments viendront ensuite confirmer mon identification
J’observe bien :
  •          Le premier sternite abdominal muni, en dessous, d'un appendice dentiforme ou spiniforme plus ou moins allongé (1 sur la photo ci-dessus),
  •           tubercules antennaires noirs, dentiformes (2);
Myrmilla erythrocephala, femelle, détails des antennes.

Heureusement des schémas viennent éclairer cette description et c’est ainsi que je suis sûre d’être en présence de Myrmilla erythrocephala.
La description donne des précisions supplémentaires.
La taille des femelle oscille entre 9 et 13mm, cela dépend de la nourriture ingurgitée par la larve.
Myrmilla erythrocephala, femelle, des bandes claires sur les tergites abdominaux, surtout le troisième.

L’abdomen est noir avec 3 bandes claires soyeuses, sur le bord postérieur du  premier tergite elle est large, sur le second elle possède au milieu une avancée en forme de pointe, le troisième  tergite est presque entièrement recouvert.

Au fait quelles sont les mœurs de ces hyménoptères ?

Les Mutillidae sont des parasites qui pondent, pour simplifier, leur œuf dans le nid d’une autre abeille solitaire, à côté de son œuf. La larve du parasite mange celle de l’abeille .
Certaines  Mutillidae s’attaquent à une espèce particulière d’abeilles.
Si la parasite est attaquée par la femelle qui défend son nid, son tégument est solide et résiste bien. De même la plupart d’entre elles possèdent un dard et sont capables d’infliger des piqures douloureuses, alors pas question de toucher ces dames !
En photographiant Myrmilla erythrocephala, je me suis souvenue avoir vu un individu semblable l’an passé, j’étais persuadée que c’était la même espèce.
Or non !
Myrmilla capitata, femelle

Au premier abord on voit que la tête est noire et non rouge.
D’ailleurs je l’avais identifié comme Myrmilla capitata.
Elle présente les caractères de la famille des Myrmilla mais :
  •        le premier tergite abdominal présente bien un appendice sur chaque côté
  •      ensuite cela diffère car les tubercules antennaires sont rouges, on n’y voit absolument pas les petites pointes latérales, le front est lisse

Myrmilla capitata, femelle,  avec sonappendice sur le 1er tergite

Ensuite la tête est noire, les 4 et 5eme tergites abdominaux sont dépourvus de bandes claires. Sur le 3eme tergite la bande pileuse blanche n’occupe pas tout le tergite ; il s’agit là de Myrmilla capitata.
Comparaison Myrmilla capitata , à gauche, Myrmilla erythrocephala, à droite

Ces deux espèces  sont surtout répandues autour de la Méditerranée.  On sait que M. capitata parasite une espèce d’Halicte.Je sais pour les avoir observées que plusieurs espèces d’Halictes fréquentent mon jardin. J’ai aussi vu dans la garrigue de manière furtive des Mutillidae qui disparaissaient bien trop vite sous les cailloux pour pouvoir les photographier.
Heureusement je vois beaucoup plus d'abeilles solitaires"utiles" que leurs parasites .