Il s’agit de présenter le devenir de ces petites et
amusantes larves d'Arge pagana vues au stade 2 puis en train de passer au stade 3 sur les 2
messages précédents.
En fait mon histoire commence au mois de juillet de cette
année.
Larve d'Arge pagana au dernier stade |
Le 23 juillet, j’observe une fois de plus que les feuilles
de mon rosier sont réduites, pour certaines à l’état de squelette. Je décide de
chercher le nom de ces voraces.
Je prélève quelques- unes des larves au dernier stade et
les nourris avec des feuilles de rosiers tout en observant ce qui se passe. Je
n’ai pas trop longtemps à attendre. Une semaine plus tard je ne trouve plus que
de petits cocons blancs et soyeux au fond de mon bac. Voilà donc comment elles
disparaissent des rosiers. En fait, elles descendent vers le sol et se
nymphosent au sol, sans doute cachées dans la végétation.
Cocons d'Arge pagana |
Je pensais que mes
mangeuses de feuilles de rosiers étaient des Tenthrèdes, des mouches à scie de
la famille des Symphytes. Je m’apprêtais
à attendre le printemps prochain pour connaître le nom de l’insecte. La patience
est nécessaire avec ce petit monde.
Quand à mon retour de
quelques jours de vacances j’ai trouvé un insecte mort dans mon bac après
seulement une douzaine de jours de vie dans le cocon, zut, me suis-je dis, un
des cocons était parasité par une mouche. J’ai regardé l’insecte de plus près
et j’ai compté 4 ailes. Ce n’était pas
un diptère mais bien le locataire du cocon qui était devenu adulte.
Femelle Arge pagana en ponte |
J’ai eu le réflexe d’aller voir mon rosier dans le
jardin et là aussi j’ai vu un adulte
stationner sur les feuilles
Arge pagana ne
fait pas partie des Tenthrèdes mais de la famille des Argidae qui se reconnaît
à la particularité de ses antennes : l’article 3 est très très long.
Dans la famille des Argidae, Arge pagana est facile à
reconnaître, l’hyménoptère est tout noir : tête, ailes , pattes, thorax,
seul l’abdomen est jaune orange. Sa taille est d’environ 1cm . L'adulte permet de bien voir le troisième article de l'antenne , très long, les deux premiers sont très courts.
Quelques jours plus tard je vois un autre adulte sorti d’un
des cocons.
Je constate que la durée de la nymphose varie grandement.
Lorsque j’ai vu le premier adulte né après une dizaine de jours seulement j’ai
eu la curiosité d’ouvrir un autre cocon,
voici ce qu’il contenait , une larve bien rétrécie mais pas transformée.
Larve dans le cocon |
Deux jours plus tard
après la naissance du second adulte j’ai ouvert un autre cocon et là j’ai vu un
insecte à moitié formé.
Dans le cocon imago encore incolore . |
La durée de métamorphose de ces larves en insecte
adulte est variable. Voilà un premier constat. Bien sûr mes observations n’ont
rien de scientifiques, je fais des observations sur quelques individus que je
prélève dans mon jardin !
La suite de l’histoire se passe sur le rosier. On peut dire que la bestiole a de la suite
dans les idées. Je verrais tous les jours un ou deux adultes sur le rosier.
Ayant observé le soir un adulte en ponte sur une tige je l’ai retrouvé au matin
à proximité de cette tige.
En ponte, rien ne dérange l’insecte. J’ai observé sur le
rosier Arge pagana en train de pondre. J’ai bougé la tige pour la rapprocher de
mon objectif, je l’ai coupé pour la mettre dans une position mieux éclairée et
finalement je l’ai emporté sur ma table de travail. Jamais l’hyménoptère ne
s’est laissé distraire de sa tache de reproductrice. Quand j’ai eu fini mes
observations je l’ai mise à l’abri dans un bac et encore là l’infatigable
pondeuse est restée en place. Ce n’est que le matin suivant que je l’ai vu
quitter la tige porteuse de ses œufs.
Comment fait-elle pour pondre ses œufs à l’intérieur de la
tige du rosier ?
Arge pagana incisant la tige du rosier avec sa "scie", méritant ainsi le surnom de "mouche à scie" |
D’abord elle choisit
un endroit de la tige proche des feuilles terminales, là où elle est la
moins dure et où les jeunes larves trouveront des feuilles tendres pour se
nourrir. Elle choisit toujours le côté de la tige tourné vers le sol, là où son
travail est le moins visible.
J’ai essayé de rendre en photos les 2 étapes du travail
Détail montrant l'outil en fonctionnement. |
En premier la partie terminale de l’abdomen « incise » la tige, c’est avec la
scie que je n’ai eu l’occasion de voir qu’une fois . C’est relativement court.
Toujours en ponte, la flèche indique une précédente ponte d'Arge pagana |
Puis la seconde phase la plus longue consiste en la ponte proprement dite. Le
dernier segment de l’abdomen se relève et on voit un tube fin, l‘ovipositeur
qui s’enfonce dans la lige et un liquide gélatineux recouvre la tige.
Extérieurement on voit ensuite un trait fin sur la tige.
La flèche indique l'oviducte qui injecte par des contractions les œufs dans la fente préparée par la "scie" |
Au fil des jours ce trait grossit, la tige enfle puis les
deux lèvres de la tige s’écartent laissant apparaître les œufs. Autre moyen d’identifier Arge
pagana : ses œufs sont disposés en 2 rangées parallèles et non en quinconce comme Arge ochropus(qui lui ressemble ).
Au bout de quelques jours les œufs sont bien visibles. |
Au bout d’une dizaine de jours encore une fois les œufs
donnent naissance aux larves.
Aux premiers stades elles sont translucides, on les voit
très peu sur les feuilles et les tiges des rosiers..
Larve nouvelle née, elle est entièrement translucide, sa tête va se colorer au fil des heures Observez sa taille sur la tige du rosier, difficile à voir! |
C’est en ce moment que la seconde génération est à l’œuvre,
c’est la dernière pour cette année. Les larves sont visibles jusqu’en septembre
et sans doute même plus tard pour certaines. J’en vois tous les ans à ces
périodes. Elles se nymphoseront et passeront l’hiver au sol pour reprendre leur
développement au printemps prochain.
La question que l’on peut se poser : comment s’en
débarrasser ?
Cela fait des années
que j’en vois sur mes rosiers qui se portent toujours bien. Je secoue les
feuilles quand je vois beaucoup de larves et elles vont nourrir les poissons.
De toute façon je taille assez régulièrement les rosiers et ils se portent
bien. Je n’utilise pas de produits chimiques.