En marchant une après-midi sur un chemin le long d’un canal
latéral à l’Ebre dans cette zone dédiée à la riziculture dans le delta, nous
sommes surpris de voir un gros insecte déambuler sur le gravier !
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Courtilière provençale, sur un chemin, cherchant à se cacher dans le sol |
La courtilière et
tout de suite me vient à l’esprit ce que j’avais lu jadis dans les revues de
jardinage : « l’ennemie du jardinier » !
Quelques photos et recherches plus tard, je réviserai mon jugement et j’apprendrai
surtout qu’il existe 3 espèces de courtilières dont le nom nous vient du
courtil : le petit jardin.
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Courtilière provençale, Gryllotalpa septemdecimchromosomica |
Je n’en avais jamais rencontrée, mais le terrain meuble et
bien travaillé des rizières, la proximité du fleuve en constitue un milieu
favorable.
D’abord c’est un grand insecte dont la taille est supérieure
à 4cm. Son mode de vie est essentiellement souterrain et si elle peut voler on
la voit assez rarement sur le sol. Ce que je voulais voir, étant donné sa
réputation d’insecte fouisseur, c’était ses pattes. Elles sont des outils
formidables pour creuser le sol et justifie son nom de grillon taupe.
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Courtilière provençale, vue ventrale |
Ce n’est pas le fait de creuser des galeries qui fait sa
mauvaise réputation mais celle de manger les racines des plantes potagères car
elle a la mauvaise habitude de marcher en avant et au lieu de contourner les
obstacles faits par les racines, elle les mange, hélas !
Mais son régime est essentiellement insectivore ; elle
mange les larves, les vers blancs et autres indésirables des jardins ! Elle
nous rend plus de services qu’elle n’occasionne de dégâts, mais elle semble peu
présente à cause des traitements que l’on a pratiqués pour éliminer toutes ces
petites bêtes.
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Courtilière provençale, ses pattes avant lui ont valu son surnom de grillon taupe |
Ses pattes avant sont formidablement organisées : des
mains avec de fortes pointes, des pinces, un vrai couteau suisse.
La seconde paire de pattes est aussi bien outillée.
Et voici la troisième, les pattes arrières qui sans doute dégagent la terre pour faciliter l'avancement.
Pour la voir dans tous ses détails je l’ai prise en
main : elle ne mord ni ne griffe ! Ce qui m’a étonné c’est son
abdomen particulièrement mou et la tenant par son long pronotum, le toucher
très doux de cette carapace solide. L’ensemble de l’insecte est d’ailleurs
recouvert d’une fine pilosité claire.
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Tête et pronotum de la courtilière |
Elle a une tête qui lui donne une allure d’écrevisse avec de
gros yeux placés latéralement, de grandes antennes et des palpes labiaux de
belle taille.
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Tête de la courtilière, vue de face, ses pattes disposées comme celles de la taupe. |
Comment différencier les 3 espèces de courtilières que nous
pouvons rencontrer en France : d’abord et c’est le plus facile, il faut
regarder la longueur des ailes. Les postérieures, celles qui se terminent en
pointe, ici elles ne couvrent pas tout l’abdomen, et c’est un critère
qui oriente vers la courtilière provençale.
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Des ailes supérieures des courtes et des ailes postérieures qui n'atteignent pas le bout de l'abdomen, c'est la courtilière provençale. |
La courtilière
commune (Grylloralpa Grylloralpa) et
l’espèce plus méridionale Grylloralpa
vinae ont les ailes postérieures qui
couvrent au moins tout l’abdomen. La couleur permet aussi de faire une
différence entre les deux dernières : la courtilière commune ayant le
dessus du corps brun sombre, celle des vignes a la face supérieure du corps
brun orangé.
D’autres différences plus subtiles ensuite sont à
considérer, la taille des grandes cellules des ailes antérieures, le chant
aussi car, comme les grillons les mâles sont des chanteurs. La courtilière
commune celle que l’on rencontre partout en France aurait une stridulation au timbre sourd, vinae, plus méridionale, une sonorité plus métallique.
Si vous la rencontrez, soyez indulgents !