mercredi 1 septembre 2010

Graphosoma italicum,la punaise arlequin

Punaises alors, pourrait –on dire ! Pourquoi ! Ces petits hétéroptères nous compliquent bien les recherches quand on veut mettre un nom sur certains d’entres-eux au stade juvénile, de plus ils ont un mode de vie complexe.


Tout commence par cette rencontre dans le fenouil!

Premièrement ils naissent dans des tonneaux, des tonnelets faut-il dire, nous ne sommes quand même pas à Marseille !! ! Comment cela ? Eh bien, leurs œufs sont contenus dans des petites capsules qui s’ouvrent par le haut et les petites larves sortent et restent à proximité de leur lieu de naissance pendant quelques jours !
Secundo, les larves ne ressemblent pas du tout, mais pas du tout aux adultes ! Mais, dans la forme générale, une larve de Pentatomide a la forme générale d’une Pentatomide.
Ce qui change ce sont les couleurs.



Un chapelet de petits tonnelets qui contiennent les oeufs!

Prenons l’exemple de ces Graphosome italicum, la Punaise arlequin, répandue et très commune ! On la trouve facilement sur les fleurs de carottes ou sur le fenouil par exemple. Rouge et noire elle ne passe pas inaperçue et ne le souhaite d’ailleurs pas, ses couleurs avertissant les éventuels prédateurs qu’elle ne ferait pas un bon repas !
On pourrait alors s’imaginer que ses larves auraient elles aussi une couleur aposématique qui les protégerait ! Eh bien pas du tout, elles sont beiges et brunes et doivent compter sur leur homochromie pour se protéger et se fondre dans le décor pour éviter de servir de repas !


Plus petit qu'une graine de carotte sauvage à ses débuts!

Comme le fenouil est bien fréquenté par de nombreux graphosomes, c’est là que j’ai cherché et observé des larves .
Avant d’être adultes ces punaises muent et passent par 5 stades larvaires, le sixième étant celui d’insecte adulte !
Certains de ces stades sont facilement reconnaissables.
Au premier stade, pas de doute, la larve est plus petite qu’une graine de carotte sauvage ! C’est d’ailleurs difficile de les voir au milieu de cette corbeille où elle passe son temps à se dissimuler !


Pas encore de trace d'ébauche ailaire, stade 2 ou 3!

Les stades suivant sont plus difficiles à distinguer, c’est la taille qui donne des indications. Entre chaque étape, l’insecte change d’enveloppe, la chitine qui forme l’extérieur de l’insecte, n’a pas de souplesse et ne peut pas s’agrandir.


Plus petit qu'une graine de fenouil, stade 2 ou 3 toujours!

Au quatrième stade, on voit ondulation dans la marge postérieure du mésonotum (la partie dorsale du thorax) .
Au stade 5, l’avant dernier avant de devenir adulte, on devienne les ailes par ces deux pointes qui se dessinent sur le dos de l’insecte. Là on est sûr que dans quelques jours, la larve va muer pour la dernière fois.


Les ailes se dessinent, stade 5, encore une mue et la larve sera adulte!

Et c’est ainsi que j’ai trouvé, retenue par une toile d’araignée, l’exuvie d’une de ces petites punaises ! On voit bien la déchirure dorsale par laquelle l’insecte s’extrait de son enveloppe devenue trop petite.


Souvenir de la vie de larve, l'exuvie!

L’excellente page d’André Lequet vous dira tout ce que vous voulez savoir sur ce bel Arlequin.

samedi 28 août 2010

Scéliphron caementarium, une guêpe maçonne.

"Je maçonne pour mes petits", pourrait être le sous-titre de cet article !

Certaines guêpes solitaires ne vivent pas en communauté ! Celles que nous connaissons bien et qui viennent tournicoter autour de nous lors de nos agapes champêtres, construisent des nids à base de cellulose mâchée et forment des cellules dans lesquelles une reine pond des œufs, alimentés et soignés par la communauté !
D’autres se débrouillent seules pour assurer leur descendance !


Scéliphron caementarium au travail , la cellule neuve , encore humide, se voit bien!

C’est l’une d’elle que j’ai vu sur 3 jours de suite construire le nid de ses petits ! Un nid bien particulier puisqu’il est fait de boue, façonnée pour former un tube de 3 à 4cm de long, bien lisse à l’intérieur.
J’ai ainsi vu comment elle rajoute un tube à sa construction précédente !
L’ensemble comprend 4 tubes ! Dans chacun d’eux la guêpe a pondu un œuf, puis elle a mis des provisions servant de nourriture à la larve, ensuite elle fermé l’ouverture !
Et point final, elle ajouté un peu de glaise pour faire ressembler sa construction à un caillou informe !


L'insecte, muni de fortes mandibules, qui servent d'outils de construction.


La construction, est accrochée dans l’embrasure d’une baie vitrée exposée au Nord Est.
C’est en regardant la fenêtre que j’ai remarqué une excroissance qui m’a un peu surprise ! Mais quasiment de la même couleur que le crépi de la maison, je me suis simplement interrogée si cette bosse avait toujours été là sans que je la remarque. Et c’est en y retournant que j’ai vu la réalisation de Madame Scéliphron caementarium.
En me documentant, j’ai appris que cet insecte nous vient d’Amérique du Nord et qu’elle se plaît dans une grande partie sud de la France.


La voilà qui ajoute un cordon à sa construction!

Cette page nous fournit une clé d'identification de ces bâtisseuses

C’est sa technique que j’ai admiré ! Il fait 30 degrés et il faut trouver de la boue, pour cela il y a des coins humides situés à une dizaine de mètres ! Le transport se fait sous forme de petite boule d’environ 2mm. Et collée sur l’existant cette boule est ensuite formée en cordon pour agrandir le tube d’une longueur d’environ 3mm. Toujours avec ses formes mandibules la guêpe étale, façonne son tube, tout en bourdonnant ! Bzzz, bzzz, je bosse , je bosse !Après l’ajout d’une longueur, elle rentre l’arrière du corps, sans doute pour mesurer la longueur et pour en lisser la paroi interne !

Le détail montre la glaise humide dont les mandibules sont enduites.

Il faut préciser que je ne me suis pas approchée de trop près, madame, m’ayant clairement signifié qu’elle ne souhaitant pas ma présence dérangeante ! Je n’ai pas trop insisté !!
Bien après la construction des abris pour les œufs que se passe-t-il ?
La guêpe pond un œuf dans le fond du tube, c’est pour cela qu’elle fait des essais réguliers, elle vérifie si la profondeur est suffisante ! Le tube fini fait environ 4cm, cela fait vraiment beaucoup pour un œuf qui doit fait3 ou 4mm !!


Le travail de la journée, le tube achevé, se termine en rajoutant quelques touches de boue sur les "tubes " anciens.

C’est qu’il faut penser à la nourriture de la larve qui va sortir de cet œuf !!Et donc mettre des réserves en quantité suffisante ! Et c’est alors que notre guêpe fournit des araignées qu’elle anesthésie et qui sont donc consommables dans de bonnes conditions ! Hélas je ne l’ai jamais vu apporter une araignée. Dans d’autres urnes de guêpe maçonne j’ai trouvé de nombreuses toutes petites araignées !
Dimanche matin, regardant le travail de la maçonne, j’ai vu des pattes qui dépassaient ! La dame n’étant pas dans les parages, j’ai pris un escabeau et photographié l’intérieur du tube et surprise voici ce que j’y ai vu : une épeire diadème, qui n’est pas une petite araignée ! La bestiole ne bougeant pas, j’ai supposé qu’elle ne le pouvait plus ! Un peu plus tard, les pattes de l’araignée ne dépassaient plus, puis le tube a été bouché. La guêpe avait bien rempli le garde- manger pour sa progéniture !!Elle avait poussé la réserve de nourriture constituée par l’épeire, au fond du tube, puis fermé le tout !


Une jeune épeire diadème anesthésiée qui sert de réserve de nourriture à la future larve!

Le plus surprenant, c’est son travail de finition : pour cacher la forme régulière de ses « tubes à œufs », elle va ajouter de petites touches de mortier qui font croire à une boule informe collée sur le mur, un caillou qui dépasserait simplement !


La construction terminée ne ressemble plus à 4 tubes accolés les uns aux autres!

Il existe d’autres guêpes maçonnes dont certaines font un travail que je qualifierais de plus artistique, en particulier de jolies petites urnes avec un col à l’arrondi parfait, j’ai le résultat de leur travail, mais il me manque des photos de l’artiste à l’œuvre !!

jeudi 26 août 2010

Chorthippus scalaris ou le Criquet jacasseur : un montagnard!

Ce joli criquet justifie bien les deux noms qu’il porte ! C’est un grand bavard, quand, à plusieurs sur les sentiers de montagne, ils s’expriment, leur bavardage ne peut vous échapper ! C’est un vrai concert .On n’imagine pas une bestiole si petite (3cm au grand maximum) faire autant de raffut ! Encore les mâles sont- ils, comme souvent chez les criquets bien plus petits, ils n’atteignent pas plus de 21 mm. Pourtant ce sont eux qui « jacassent » le plus !!


Encore de belles couleurs pour ce grand bavard qu'est le Criquet jacasseur!

Son nom latin est aussi parfaitement compréhensible : scalaris signifie échelle. Sur les tegmina, les ailes antérieures, celles que l’on voit lorsque le criquet est au repos et qui cachent les ailes postérieures que l’on ne voit que lors du vol, eh bien, sur ces ailes on distingue nettement une zone ,où, les entre 2 nervures on voit beaucoup de petites nervures parallèles comme les barreaux d’une échelle.


Des ailes antérieures bien caractéristiques avec leur barreaux d'échelle!

Les flèches numérotées attirent votre regard sur ces zones qui permettent d’identifier facilement le Criquet jacasseur. C’est aussi l’occasion de reconnaître le champ médian (numéro1) et le champ costal (numéro2) d‘une aile.


Le champ médian(1) et le champ costal(2) de l'aile.

La femelle , plus grande ne présente pas cette disposition en échelle, mais la même zone de ses ailes présente des nervures réticulées.


Une femelle à qui il manque une patte postérieure.

C’est un criquet montagnard, car il ne descend pas en dessous de 700mètres.Ma première rencontre avec lui se situe sur les pentes du Mont Ventoux, à plus de 1400m.C’était l’an passé et leur « bavardage » m’avait impressionné ! Cette année je l’ai trouvé dans les Alpes maritimes , au col de Bleyne, à environ 1400m, toujours aussi bavard !!


Un bien joli criquet montagnard!

La femelle se trouvait seule et bien discrète le long de la route qui monte au col de la Lombarde, bien avant le camp de Fourches à plus de 2000m.
On le rencontre dans nos montagnes, des Pyrénées aux Alpes.

dimanche 22 août 2010

L' Oedipode soufrée(Oedaleus decorus), un criquet joliment décoré.

Les criquets qui sautent dans la garrigue sont nombreux et beaucoup se ressemblent ou présentent des différences si subtiles qu’il faut toute l’expérience d’un connaisseur pour les identifier !
Alors quand j’ai vu ce juvénile différent de bien d’autres, je me suis dit qu’il ne serait pas trop compliqué de lui trouver son identité !


Un juvénile d'Oedipode soufrée , au dernier stade.Ses ailes sont bien ébauchées!

Et avec une tête bien ronde, une carène médiane du pronotum bien visible et en relief, il y avait déjà matière à faire des recherches ! Ensuite en regardant mon guide, je vois que ce pronotum est orné de « quatre stries blanches formant un motif cruciforme » et là plus de doute, j’ai vu un juvénile de l’Oedipode soufrée(Oedaleus decorus) ! C’était au début du mois de juillet.


Dans la Crau, fin juin , un juvénile d'Oedipode soufré: les ailes ne sont pas encore ébauchées, mais la tête et le pronotum sont très caractéristiques.

En consultant mes dossiers je me suis rendue compte que j’avais déjà vu un criquet similaire, fin juin, dans la Crau ! A la recherche d’un tout autre criquet dans cette région formée par l’ancien lit de la Durance, maintenant protégée, j’ai vu, un juvénile à un stade précédent ! Il n’a pas encore d’ébauche ailaire, mais on reconnaît très bien le motif blanc, sur le pronotum ! Il n’a pas du tout la même couleur me direz-vous ! Ces criquets se déclinent en effet en vert et en beige brun .Vous notez que sur ce sol, il passe bien inaperçu.


Le voilà adulte , encore plus beau!!(mais il a déjà perdu le pied avant droit, hélas)


Ayant vu ce joli juvénile sur mon site habituel, je me suis dit que je pourrais bien trouver l’adulte ! Au cours d’une sortie sur le même site, cette garrigue qui est son milieu de prédilection avec le maquis ,je l’ai cherché au début du mois d’août, sans succès ! Mes juvéniles ont ainsi continué à dormir sur le DD !

En début de cette semaine je suis partie une seconde fois à sa recherche ! ! J’en ai scruté des criquets ce lundi !


Un joli adulte en livrée beige! (Hélas, lui a perdu une patte arrière, la vie est dure dans la garrigue)

Le soleil commençait à bien chauffer et déçue de ne pas avoir trouvé mon sujet, je prenais le chemin du retour. C’est alors que sur le chemin je l’ai vu ! J’avais bien son image en tête et d’une part avec sa grande taille(près de 4cm pour une femelle) et cette croix sur le pronotum impossible de se tromper ! Je l’ai vu sur le chemin mais lui n’avait pas trop envie de voir quelqu’un s’approcher de trop près ! Et de caillou en touffe de lavande, puis à nouveau un amas de pierres …nous avons entamé une course poursuite relativement paisible. Il vole deux mètres , se pose, sur un caillou, me laisse m’approcher, faire une photo et hop repart ! Mais il ne cherche pas à s’enfoncer dans les buissons et surtout ne disparaît pas sous un tas de cailloux comme certains de ses cousins !!


Vue de dessus, le motif du pronotum est bien reconnaissable.

De plus ce qui est à noter, c’est la présence des deux formes, beige et verte sur le même site. D’ailleurs ils étaient presque côte à côte sur le sentier !


Ainsi maintenu, , il ne risque rien ! Et on voit ses pattes sauteuses qui sont repliées au repos!

Cette image nous permet de voir ses jolis tibias roses ! C’est aussi une illustration de la façon de tenir ces sauteurs, de telle manière à ce que l’insecte ne soit pas blessé et ne s’échappe pas en vous laissant une patte entre les doigts. Les criquets ne mordent pas, on ne risque vraiment rien !!


Voilà un des trésors de la garrigue avec cette jolie livrée!


C’est un criquet que l’on rencontre dans une grande partie du pays, au sud d’une ligne allant de la Loire Atlantique à la Haute Saône. Il aime les milieux chauds et secs, voire arides, les grèves sablonneuses. Mais , il existe une population sur les dunes de la forêt de Fontainebleau qui serait même en extension !

jeudi 19 août 2010

Eupholidoptera chabrieri , la Decticelle splendide, assure sa descendance!!

Bonne nouvelle : la jolie Decticelle splendide(Eupholidoptera chabrieri) va assurer sa descendance !
Ce matin en observant ce qui se passe dans le gros pied de chardon que j’ai laissé se développer dans le jardin, je l’ai vue !!
J’ai été toute contente en voyant cette jolie sauterelle qui compte parmi nos habitants préférés du jardin, chargée de son spermatophore !
S’étant accouplée pendant la nuit, elle avait déjà dévoré l’enveloppe qui contient les spermatozoïdes (d’où le nom de spermatophore).

Bien protégée par les épines du chardon , la jolie sauterelle chargée de son spermatophore !

Quand tous les spermatozoïdes auront migré vers les ovules pour les féconder, le reste de cette masse gélatineuse sera dévoré. Il faudra quelques jours pour que les œufs soient pondus !
Cette sauterelle si joliment colorée vit dans la garrigue où je me rends très régulièrement, cela correspond bien à son milieu, en altitude ( 650m) avec une végétation basse de ronces et quelques arbres, en particulier des chênes verts !


Détail de cette masse gélatineuse contenant les spermatozoïdes.

Mais cela fait plusieurs années que je la vois dans mon jardin, situé à une altitude bien plus basse et où les ronces sauvages sont absentes ! Alors elle a choisi des supports un peu différents : les mâles squattent un pied de Forsythia, les hautes herbes et les chardons ont attiré d’autres individus !! Il y a ainsi une dizaine de représentants de cette Decticelle splendide qui se promènent pour mon plus grand plaisir ! Mais il faut ouvrir l’œil et ne pas l’effaroucher. Elle se sauve rapidement et n’ayant pas d’ailes pour s’envoler comme la Grande sauterelle verte par exemple, elle n’a que la ressource de s’enfoncer dans les herbes et de disparaître !


Une femelle aux couleurs éclatantes et un peu différentes de celle de la sauterelle d'aujourd'hui, photographiée en juillet dans la lavande.

L’an passé, j’en avais vu une chargée de son spermatophore au début du mois de juillet ! Mais d’après ma documentation on peut la voir encore jusqu’en automne ! Souhaitons bonne chance à sa descendance !

Articles précédents consacrés à la jolie Decticelle splendide