lundi 16 mars 2015

Saturnia pavonia ou pavoniella : naissance d’un joli papillon de nuit

Le réveil des insectes devance le printemps officiel.
Début mars les Osmies ont repris leurs habitudes sur la terrasse, naissance des mâles puis accouplement et préparation de la génération suivante voir ici

Mais cette année j’ai eu le plaisir de voir émerger un joli papillon : un petit Paon de nuit !
Saturnia pavonia mâle

Comme d‘habitude, l’histoire commence bien avant ce mois de mars 2015.
Partie 1 : la chenille

Chenille Saturnia pavonia, stade larvaire3

Nous sommes en juin 2014, à 1000 m d’altitude dans l’arrière pays vençois. Des buissons de ronce en fleurs accueillent à la fois des papillons et des chenilles.  Certaines nombreuses attirent mon attention, noires, des cercles rouges entourent les verrues portant les poils.
J’en prélève deux sachant que j’aurais de quoi les nourrir avec les ronces du jardin.
Elles en sont au stade larvaire 3, les chenilles passent par 5 stades avant de se transformer en chrysalide.

Chenille Saturnia pavonia, stade larvaire3 à droite, stade 4 à gauche

Au bout de 3 jours la chenille mue et la couleur change totalement : de noire elle devient verte, les verrues sont jaunes ponctuées de poils noirs. Quelques taches noires sont visibles sur le corps. Nous voici au stade larvaire 4 (L4 en abrégé)
La mue ne se passant pas le même jour j’ai l’occasion de présenter 2 chenilles à des stades différents L3 pour celle de droite et L4 pour celle de gauche sur la photo ci-dessus.
 
Chenille Petit paon de nuit stade 5, le dernier.
Il faudra maintenant attendre une quinzaine de jours pour passer au stade 5, le dernier. Entre temps la chenille aura consommé de nombreuses feuilles de ronces n’en laissant que la nervure.

Vue de la tête de la chenille du  Petit paon de nuit, stade larvaire 5, le dernier..

Encore une quinzaine et la chenille se « cache » et fabrique un cocon dans une feuille de ronce. Je ne verrai plus grand-chose à partir de là. C’est à l’intérieur du cocon que la chenille se nymphose.
Nous sommes le 24 juillet et l’attente commence avec les transformations qui s’opèrent hors de ma vue.
Vue du cocon pendant l'hiver

Maintenant que le papillon a émergé, je peux enfin décortiquer le cocon. D’abord  je retire des fils de soie fixés à des feuilles de ronce. A l’intérieur de cette légère protection un cocon pyriforme qui semble être une caractéristique de ces papillons.
Cocon qui a hébergé la chrysalide

 Quand j’ai voulu ouvrir ce cocon, j’ai été surprise de sa solidité : il m’a fallu un cutter pour faire une entaille et avec des ciseaux découper le cocon. Extérieurement il est fait de fils moins denses mais une enveloppe intérieure très solide et presque lisse protège la chrysalide.
Le contenu du cocon


 Au fond du cocon j’ai aussi trouvé le reste de la chenille : son enveloppe extérieure avec quelques poils et la capsule céphalique bien reconnaissable.

chrysalide vide

La chrysalide d’environ 2 cm de longueur laisse voir la forme des larges antennes du mâle.

Partie 2 : le papillon
L’histoire reprend le 10 mars 2015. La chrysalide aura passé un hiver. Il n’est pas rare que certaines passent un second hiver à l’abri de leur cocon. Cela dépend sans doute des conditions climatiques. Le cocon était à l’abri des intempéries dans une boite mais dans un endroit non chauffé.
Petit paon de nuit mâle tout neuf!

Me voilà maintenant avec ce joli papillon mais il reste quelques doutes sur son identité exacte. En effet dans ma région on ne rencontrerait pas  Saturnia pavonia(Petit paon de nuit) mais Saturnia pavoniella(Petit paon de Scopoli). J’ai essayé de lire ce que je trouvais comme documentation sur le net et dans la littérature les auteurs ne sont pas d’un avis unanime. Ce qui justifie mon titre pavonia ou pavoniella.Je pencherai cependant davantage pour Saturnia pavonia.
 
Saturnia pavonia ou pavoniella?
C’est un papillon de nuit dont le mâle vole le jour tandis que la femelle reste cachée. Il ne se nourrit pas et sa durée de vie est courte. Il se rencontre partout en France et s’élève facilement, on trouve des œufs en vente sur le web.
Détail aile Saturnia pavonia

Comme il est d’une nature calme, le soleil ne brille pas fort ces jours-ci et il fait un peu frais j’ai l’opportunité de photographier ses ailes avec ses écailles  de couleurs mais aussi de formes différentes.
Ecailles grossies  2 fois

 Ainsi dans les ocelles de couleurs on ne voit que des écailles «  courtes », et en périphéries un mélanges d’écailles de formes différentes certaines très allongées qui rappellent que les écailles sont des poils aplatis .
Détails des écailles grossies 3 fois

 Des écailles dentées certaines à deux, d'autres à trois ou davantage de dents.

Mélange d"écailles grossies 3 fois
Des écailles courtes et dentées mêlées à des écailles longues rappelant les poils.

Les antennes du mâle sont aussi de super capteurs d'odeurs: j'ai lu que certains mâles pouvaient capter les phéromones émises par les femelles à 10km.
Antenne du mâle

Détail des cils destinés à capter les phéromones de la femelle

Ces antennes sont munies de cils très nombreux(grossis 3 fois)

Et pour clore cet article encore un photo de beau papillon tout neuf qui annonce le renouveau!


14 commentaires:

  1. Wow!! Absolutely super photos! Magnifique!

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Lucie,
    Merci pour cet extraordinaire reportage agrémenté de fabuleuses photos. J'ai particulièrement apprécié les macros d'écailles.
    Tes photos sont toutes parfaites : quelle patience et quelle maîtrise ! Chapeau bas.
    Bises amicales.

    RépondreSupprimer
  3. Toujours aussi réussi ! beau, instructif, ... incontournable :)

    RépondreSupprimer
  4. Chance + talent + excellent matériel = résultat supérieur à tout ce que l'on peut voir sur le Net

    RépondreSupprimer
  5. wow , encore une série sublime , qui dira après avoir vu tes photos que les papillons de nuit sont moins beaux que les autres , il est magnifique ! :)

    RépondreSupprimer
  6. Superbe papillon et très bel article !
    Merci et bisous Lucie

    RépondreSupprimer
  7. Quelle belle étude et de bien superbes photos détaillées pour l'illustrer!
    Avec le changement climatique, je pense qu'on ne peut plus affirmer qu'on ne le trouve pas dans telle région.... Les insectes sont les premiers à migrer vers des régions plus chaudes dès que les circonstances le permettent. Donc je ne serais pas surprise que ce soit en effet pavonia.
    Je ne l'ai jamais photographier pour ma part, seulement le Grand paon de nuit.
    Mais avec le détail de tes photos, je suis sûre que les spécialistes pourraient t'apporter une réponse, peut-être sur le Mondes Insectes, ou Lépi'net?...
    Bravo, je repasse encore un coup sur tes photos pour admirer les détails!
    Bises à vous deux et bonne journée

    RépondreSupprimer
  8. Ce petit papillon de nuit a de belles couleurs et tu donnes beaucoup de détails très intéressants .Comme toujours tes photos sont très belles , je n'avais jamais vu d'aussi près les antennes d'un papillon de nuit mâle.
    Bises

    RépondreSupprimer
  9. merveilleuses, ces images !
    et le récit de l'élevage également
    Merci de ce beau reportage

    RépondreSupprimer
  10. Noushka a tout dit. Bon week-end. Diane

    RépondreSupprimer
  11. En attendant le prochain message, je reviens de temps en temps sur cette page. A chaque fois je découvre d'autres détails époustouflants... tu t'approches au plus près du grand mystère de la nymphose : ce prodige qui transforme un chenille en papillon.

    RépondreSupprimer
  12. Magnifique papillon, plein de détails croustillans!
    Bravo pour ce beau travail de précision!

    RépondreSupprimer
  13. Bonjour, j’en ai trouvé une dans mon jardin… dans la Beauce et grâce a vous je vois enfin ce qu’elle va devenir ! Merci.

    RépondreSupprimer

Votre avis sur ce sujet m'intéresse;je lis toujours les commentaires avec beaucoup de plaisir, ...même si je n'y réponds qu'occasionnellement.