dimanche 31 octobre 2010

Bombus pascuorum (Bourdon des champs) sur diverses fleurs.

L’automne lumineux certes frais, mais ensoleillé a fait place à un automne gris et surtout humide. Des trombes d’eau se déversent par intermittence. Ce sera très profitable pour nos sols qui refont souvent en automne, le plein. Les nappes phréatiques ne se sont pas encore remises des années chaudes et plus sèches que nous avons connues depuis 5 ou 6 ans.
Mais hélas nos insectes butineurs sont obligés de puiser dans leurs réserves pour se nourrir. Et je suis contente que le jardin leur ait offert les jours précédents de quoi en accumuler.
Bombus pascuorum fréquente bien sûr la sauge ananas mais aussi d’autres fleurs.




Bombus pascuorum en plein déjeuner, la langue bien sortie!

Voici le joli nounours sur les seuls asters qui poussent dans mes conditions climatiques un peu difficiles. Transmis en famille, ces asters n'ont pas de nom .Leurs nombreuses petites fleurs blanches font le régal des insectes.
Elles sont bien plus accessibles que la sauge ananas et permettent de voir la tête et ainsi de vérifier que l'insecte correspond bien à la description que propose les ouvrages.



Un visage poilu ,certes, mais avec du blanc , du noir et un joli roux!

«La face grise, un peu de roux et quelques poils noirs au vertex ».. J’avoue que j’ai beau chercher à observer ces détails quand je le vois en train de se nourrir, ce n’est que sur l’écran du Pc que je peux regarder longuement les particularités qui m’intéressent.



Tel un acrobate, le bourdon , visite toutes les sources de nourriture disponibles.
Autre fleur amusante à visiter, celle de l’arbousier. C’est aussi un arbuste à floraison tardive et ses fleurs, des petites clochettes sont source de nectar. Ces clochettes blanches sont agréablement parfumées. Vous présenter l’insecte de cette façon , permet de voir l’abdomen qui se termine avec une petite crête au milieu du dernier segment, qui est aussi un critère de reconnaissance du Bourdon des champs.



Le bourdon des champs sur la fleur de la morelle noire, plante toxique.

Plus surprenant, pour moi, mais pas pour le bourdon, c’est de les voir sur la morelle noire qui pousse dans certains coins nouvellement cultivés ! Cette plante de la famille des Solanacées, comme la pomme de terre ou les tomates, est toxique. A maturité ses fruits sont noirs.

En espérant les revoir aussi longtemps que possible dans le jardin , une dernière image de l'insecte dans ces jolis fleurettes blanches de l'aster. Il ne faut pas oublier que certaines plantes fleurissent maintenant et ont besoin de ces auxiliaires précieux pour les amener à fructifier, c'est le cas des arbouses, mais aussi des bibasses (néflier du Japon)du jardin.



Les fleurs automnales fournissent nectar et pollen aux insectes tardifs.

vendredi 29 octobre 2010

Bombus pascuorum(Bourdon des champs) et la fleur de la sauge ananas.

Les jours raccourcissent, les températures fléchissent, l’automne est à présent bien installé. Les insectes sont beaucoup moins nombreux. Parmi eux, nombre d’hyménoptères, les jolies abeilles solitaires ou les guêpes qui ont bourdonné à nos oreilles lors de nos agapes estivales ont fini leur travail : ils ont pondu leurs œufs et pensé à l’approvisionnement de leurs futures larves. Puis, sont morts les uns après les autres. La prochaine génération prendra son envol au printemps .
Seules les abeilles domestiques dont la colonie est pérenne et quelques rares abeilles tardives comme les Halictes du lierre ainsi que quelques bourdons visitent les dernières fleurs.
C’est le cas du Bourdon des champs, Bombus pascuorum, à la jolie fourrure rousse qui parcourt le jardin.
C’est un Bourdon qualifié de bourdon d’automne. Petit à petit les ouvrières meurent et seules les reines fécondées passeront l’hiver, dans un abri qu’elles auront trouvé.
En ce moment je vois toujours des bourdons collecter du pollen. Certains, certaines devrais-je dire, car ce sont des ouvrières, ont encore les paniers collecteurs bien remplis.



Une paire de pattes en appui sur la fleur de dessous, une autre paire sert à se tenir fermement et hop, la tête se glisse à l'intérieur de la fleur.

Ce qui m’a surpris, c’est l’habileté qu’elles utilisent pour arriver à leur source de nourriture. Certaines fleurs sont très accessibles. Mais dans le jardin, nous avons à différents endroits des sauges ananas (Salvia rutilans ou Salvia elegans) qui fleurissent en cette saison où les jours raccourcissent. La particularité de cette fleur, outre sa couleur rouge vif qui illumine les coins du jardin où elle se trouve, c’est d’avoir un très long calice. C’est au fond de celui-ci que le nounours volant, le bourdon bien sûr, va chercher la goutte de nectar nourrissier.



Les griffes qui terminent les pattes de l'insecte sont bien utiles pour se tenir, car parfois le vent secoue la plante sans que l'insecte ne s'en inquiète.

J’ai mesuré cette fleur, le calice fait presque 3cm. On voit les étamines qui dépassent mais ce n’est pas le pollen qui est recherché. Par transparence, j’ai vu la langue de l’insecte se déployer presque jusqu’au fond de la fleur(voir la flèche sur la photo précédente). Malheureusement, la cellule de l’APN n’a pas encore la sensibilité de notre œil.
J’admire le bourdon qui arrive devant la multitude de fleurs disponibles, il choisit la bonne, s’accroche à l’extérieur et déploie sa langue. Cette opération est évidemment très courte et la rapidité des déplacements de l'insecte secoue les fleurs, son poids collant la fleur choisie sur celle du dessous, d'où une image manquant de lisibilité.



Et hop, on ressort, la langue encore pendante, mais toujours bien accroché à la fleur de dessous.

Mais certains bourdons ont une langue bien plus courte . C'est le cas du Bourdon terrestre(Bombus terrestris).



Bombus terrestris, est obligé de percer la fleur près de sa base pour arriver à se nourrir.


J’étais intriguée de voir sur des trous à la base de nombreuses fleurs de cette sauge qui fleurit très longtemps. Cette image prise le 13 décembre 2009, montre le coupable à l’œuvre : Bombus terrestris, le Bourdon terrestre, qui a la langue relativement courte, n’arrive pas à la source de nourriture, et les fleurs sont rares au mois de décembre, alors il perce la base de la fleur et va manger. En fait c’est un petit cambrioleur.
Tous les moyens sont bons quand il faut se nourrir.

mercredi 27 octobre 2010

Platycleis affinis, la Decticelle côtière.

Lors de notre dernière sortie dans la garrigue, j’ai eu le plaisir de trouver une espèce de sauterelle que je n’avais pas encore rencontrée ! Voici Platycleis affinis qui fait partie de la jolie famille des Decticelles, celle que l’on reconnaît avec les 2 plantules libres à la base du premier article des tarses des grandes pattes postérieures. Ici, il s’agit de la Decticelle côtière.




Platycleis affinis, prenant le soleil.

Ensuite il faut arriver au genre Platycleis. Bon l’habitude aide un peu quand on s’est déjà penché sur ces sauterelles mouchetées de gris et de brun sans couleur dominante. Le fait que notre individu soit macroptère, c’est-à-dire que ses ailes dépassent bien l’apex de l’abdomen, est aussi une aide, toutes les sauterelles n’ont pas de si grandes ailes.
Quand on peut , et c’est vraiment important il faut dans ce genre faire une photo de l’abdomen vu de dessous. Car chez les Platycleis , ce sont les femelles que l’on peut déterminer avec le plus de certitude.




La Decticelle côtière, bien maintenue, laisse voir les détails de son abdomen.

Et cette plaque sous génitale sillonnée est un indice important. Parcourue par un sillon plus ou moins marqué c’est vraiment une caractéristique de ce sous genre. A tel point que sur le forum insecte.org , une très intéressante publication distingue toutes les femelles Platycleis à partir de cela.



Détail de l'abdomen, avec les caractères distinctifs de la femelle Platycleis affinis.

Et Platycleis affinis a un caractère que l’on voit tout de suite : un gros tubercule sur le septième sternite abdominal. Le sternite est la face ventrale des segments qui constituent l’abdomen d’une sauterelle. Tergite pour la partie dorsale.
Et sur l’image annoté on voit bien ce gros tubercule en face du 7.De plus on note aussi la bosse sur le sternite numéro 6 qui fait aussi partie des caractères remarquables des femelles de Platycleis affinis.
Une autre femelle de la famille Platycleis a aussi un gros tubercule sur le septième sternite. Mais son ovipositeur est différent, plus court et davantage incurvé, c’est Platycleis fallax, que l’on rencontre dans les départements méditerranéens.



Détail de la patte de la Decticelle côtière avec appui sur les plantules libres.

Cette image , permet de bien voir à quoi servent ces fameuses plantules libres .L'insecte s'en sert vraiment pour avoir un appui supplémentaire lors des déplacements ou comme ici au repos.
Cette femelle est vraiment un spécimen intéressant qui nous permet de bien reconnaître cette sauterelle qui se rencontre dans le Centre et le Sud de la France. Elle n’est pas trop grande, le corps fait environ 3 cm. On peut la rencontrer de juillet à septembre, nous avons vu un exemplaire tardif, surtout à 1000 mètres d'altitude. Mais le froid vif n'avait pas encore fait son apparition dans le Sud du pays.



Un fémur finement ornementé pour une sauterelle aux couleurs peu voyantes.

Si les couleurs ne sont pas voyantes, je suis émerveillée par le « décor » des fémurs de ces grandes pattes qui permettent à l’insecte de faire des bonds importants. La partie charnue de la patte est mise en valeur par cette alternance de motifs semblables à de petits plis que les dames de jadis ajoutaient à leurs vêtements, au col ou au poignet, pour en faire un chemisier ou une coiffe d’un raffinement extrême.
Je trouve que la Nature a pris grand soin dans "la finition " de ce bel insecte!
Rappel
Voici l'autre Platycleis que j'avais présentée précédemment: la Decticelle chagrinée, Platycleis albopunctata

lundi 18 octobre 2010

Phragmatobia fuliginosa, la chenille.

Qu’est ce qui me guide lorsque je vois un insecte dans la nature ? La curiosité, ma grande curiosité pour tout ce qui est vivant. Et ce vivant se présente sous des couleurs, des formes, des mouvements, des comportements avec une infinie variété. Chaque nouvelle découverte est une grande source de contentement.

C’est ainsi que j’ai trouvé deux chenilles samedi dernier. En saisissant l’arrosoir pour mouiller une nouvelle plantation, j’ai vu la première toute noire avec ces longues soies. Jolie, me suis dit, on ne voit pas où est la tête et où se trouve la queue. Etrange, donc ! Je l’ai regardé et puis curieuse j’e l’ai délicatement prise par une touffe de poils Oh, surprise, les poils me sont restés entre les doigts.



La tête de la chenille avec une chevelure bien fournie

Et oui, voilà, je comprends enfin pourquoi certaines chenilles sont si poilues. Quel excellent moyen de défense : le prédateur qui saisit la bestiole par les poils reste avec quelques jolies soies sans valeur dans le bec .Et je peux vous dire que la chenille ne reste pas sur place. C’est l’une de celles que j’ai vue se carapater le plus vite, ni une ni deux la voilà sur l’autre face de l’arrosoir.



De fausses pattes , mais quelle délicatesse dans le détail.

Dans l’après- midi, j’ai ramassé des herbes que j’avais arrachées il y a quelques jours et surprise une belle chenille poilue, encore une, mais de couleur brune.
Après quelques recherches j’ai découvert que c’était une chenille d’un papillon de l’ordre des Arctiidae, en clair de la famille des écailles. Phragmatobia fuliginosa, l’Ecaille cramoisie.



L'implantation des paquets de soie sur le dos de la chenille.

Les deux chenilles se ressemblent, tête sombres, pattes noires. .Je soupçonne mon premier specimen d’être aussi une chenille de cette même espèce. Je n’ai jamais vu ce papillon dans le jardin. Mais je suis loin de voir tous les pensionnaires du jardin. Rien qu’aujourd’hui j’ai trouvé une nouvelle espèce de punaise dans l’herbe. J’ai encore de quoi m’occuper.



Portrait rapproché de Phragmatobia fuliginosa.

Alors ces jolies poilues m’ont donné l’occasion de quelques vues un peu différentes !
Et si l’on reconnaît bien la face avant de ces chenilles, quelques vues rapprochées ou de gros crop permettent de s’apercevoir combien ces chenilles sont belles .




La dernière vous permettra d’exercer votre perspicacité, la tête est-elle à droite ou à gauche de l’image ?

La solution:
Sur cette image la tête est à gauche. Bravo Laurent, on voit que tu les connais bien!
La chenille a 6 vraies pattes ( comme le futur papillon) et une série de fausses pattes , 5 paires en général, avec une ventouse au bout de l'abdomen. Les vraies pattes sont côté tête.Voici une photo annotée , attention , la chenille a changé d'orientation , très poilue, il est en effet bien difficile de voir et ses pattes et sa tête .


La chenille, tête a droite, mange une feuille de pissenlit.
Foise et Roger pas d'inquiétude, je touche très peu les chenilles et ici nous avons en effet des processionnaires très urticantes.Pour celle- ci, une brindille et quelques chatouilles l'ont fait se mettre en boule , comme elles le font si souvent quand on les touche.Et ensuite il faut attendre qu'elle se détende pour appuyer sur le déclencheur.

dimanche 17 octobre 2010

Mantes et sauterelles dans la garrigue automnale.

Le soleil brille, mais il ne fait plus que 16 degrés au meilleur de l’après- midi. Nous sommes à 1000 mètres d’altitude dans un décor de garrigue, parsemé de cailloux, d’une végétation basse et de quelques rares arbustes. Cette zone , bientôt inclue dans un parc naturel régional est très fréquentée. Des randonneurs suivent les sentiers rejoignant de tout petits villages comme jadis, sans transiter par les routes souvent encombrées. Un troupeau de moutons broutent paisiblement.
Heureusement qu’il reste des petites pentes, des endroits un peu plus difficiles d’accès. C’est là que l’on peut voir des sauteurs et entendre des chanteurs dans les buissons rabougris de thym, de lavande desséchée et de quelques genêts rachitiques.
En cette mi- octobre nous y avons retrouvé des familiers.



Femelle d'Ameles decolor sur une brindille de lavande desséchée.

La petite mante grise Ameles decolor. Une femelle. Ses ailes sont toutes petites et ne servent pas à voler, mais l’insecte se déplace très rapidement sur les tiges grises de ce pied de lavande. C’est d’ailleurs comme cela que mon mari l’a aperçue. Immobile, il est impossible de la voir quand on marche. Il faudrait scruter chaque touffe de lavande et avoir en plus de bons yeux. Elle est en parfaite homochromie avec son milieu.



La voici camouflée dans son milieu

Plus loin, cette fois-ci un mâle de Mantis religiosa. Un survivant, à cette époque. La plupart des femelles ont pondu et les mâles ne doivent plus être nombreux dans la garrigue.
Il peut poser fièrement l’air de dire : « Moi je sais m’y prendre avec les dames, vous voyez, je leur ai survécu ».



Mante religieuse, le joli mâle.

Au-dessus d'un sentier, mes copines les sauterelles se promènent nonchalamment dans les buissons de genêts. Ces grosses Ephippigères ne volent pas, mais se déplacent lentement dans les buissons bas.



Femelle Ephippigére des vignes: une belle acrobate, couleur nuage.

Ce sont des Ephippigères des vignes. C’est le dernier sternite abdominal plat qui nous l’indique. De plus, le noir bien visible au sommet de la tête est aussi un critère de reconnaissance parmi d'autres.



En voici une autre plus colorée, mais aussi acrobate.

C’est une sauterelle répandue presque partout en France, elle aime les terrains chauds et pauvres en végétation, comme les régions viticoles. Et là, elles sont du mal à survivre, à cause des traitements opérés sur la vigne.
Ce sont des acrobates, ces femelles.


Et voici la Grande verte, la Sauterelle que tout le monde connaît, Tettigonia viridissima.C'est l'un de nos plus grands orthoptères que l'on peut rencontrer partout.




En marchant, nous l’avons dérangée et elle nous a fait un très beau vol d’une quinzaine de mètres avant de se poser dans le décor très automnal de cette aubépine. C’est sur cette image de l’automne s’installant que s’achève notre promenade.