dimanche 3 octobre 2010

Drilus flavescens: la larve qui se prend pour Hercule!

Certains des billets que j’écris s’étalent sur plusieurs mois, d’autres comme celui d’aujourd’hui relatent une observation bien plus courte ! En faisant ma tournée quotidienne au jardin , j’ai vu une larve de Drilus flavescens, cet insecte au couple si disparate dont j’ai parlé ici. Comme la larve se promenait sur des cailloux, il me fut facile de l’emporter sur la terrasse pour mieux l’observer ! C’est ainsi que toutes les photos sont faites sur la table recouverte de papier kraft et en utilisant le flash.
Dès qu’on le saisit Drilus junior, se roule en boule ; quand on le laisse tranquille, il se déroule et observe son environnement.



"Je m'étire,cela fait du bien après être resté roulé en boule, je n'aime pas qu'on me touche!!"

Comme moi, vous savez que la larve consomme des escargots et se métamorphose à l’intérieur de la coquille. Je lui ai donc présenté des escargots prélevés sur les tuteurs en bambous, c’est-à-dire des escargots operculés que j’ai posé sur le papier. D’abord Drilus s’est approché de l’un d’eux et en a fait le tour, puis l’a examiné par le dessus en parcourant la coquille.



"Je mesure la taille de mon futur logis, je dois y rentrer sans me coincer."

Ensuite la larve a entrepris de « désorperculer » le gastéropode. Ce ne fut pas facile. Et je tire, et je mordille cette substance collante. Et je me retrouve sur le dos…A force et avec un peu de chance, la porte de la maison Escargot est forcée. Déjà pour faire ceci, il fallait de la force et de l’opiniâtreté.



"Bon , me reste plus qu'à forcer la porte!"


Je me suis dit : « voilà , maintenant elle va commencer à grignoter l’escargot, pauvre de lui ! »




"Elle est solide cette porte, mais je l'aurai, je l'aurai"


Et à ma grande surprise, c’est là que la larve entreprend des manipulations qui n’ont aucun sens pour moi. Elle fixe ses fausses pattes sur la coquille et, debout sur les mandibules , pousse, pousse pour renverser l’escargot . Comme je vois les efforts qui me semblent titanesques que fait cette petite chose, je l’aide et mets l’escargot, l’ouverture vers le sol.



"Je vais te faire bouger, je vais te faire bouger!"

Et croyez- moi, l’aide ne fut pas appréciée. Drilus remet l’escargot dans l’autre sens. Et je me mets debout sur les mandibules, j’étire au maximum les différents éléments de mon corps, je ne lâche pas ma coquille qui bouge un peu, et hop, roule un peu plus loin. Ces efforts m’ont semblé énormes pour une larve qui fait 2cm de long.

Comme je ne comprenais rien à ses intentions, je l’ai laissé faire. J’ai repéré l’endroit où se trouvait l’escargot et je suis partie vaquer à mes occupations. C’est en revenant une demie heure plus tard que j’ai compris : l’escargot avait été déplacé de 10cm.



"On avance , on avance , je suis la plus forte!"


« Bon , elle veut placer son escargot à l’abri », me suis –je dit !
Et j’ai préparé un bac, avec de la terre et j’ai posé Drilus avec son escargot qu’elle tient fermement avec ses fausses pattes, sur la terre. C’était la solution .Qu’a-t-elle fait ensuite ? Elle a déplacé l’escargot sur la terre, poussant et tirant toujours fermement. Puis pendant une heure, elle l’a enterré en dégageant la terre dessous. Enfin, à la nuit tombante, je l’ai vu installée sur la coquille dont l’ouverture est dégagée, la coquille étant à demie enterrée.
L’insecte a ainsi travaillé près de 4 heures d’affilée, cela me semble impressionnant d’avoir ainsi de la suite dans les idées(surtout que les idées ne doivent pas être nombreuses dans sa cervelle réduite à pas grand-chose !)



"A force de pousser, faut que je m'étire, cela fait du biii...en!!!"

Ce matin je ne vois plus que l’extrémité de la larve dans l’entrée de la coquille. Je suppose qu’elle a mangé l’escargot et qu’elle s’est installée dans la coquille.
Plus amusant encore : en ouvrant la porte d’entrée nous avons trouvé une seconde larve de Drilus sur la plus haute marche. Elle avait donc « monté » trois marches ! Immédiatement je l’ai mise sur la terre du bac avec un second escargot. Ni une, ni deux, l’escargot fut « désoperculé », transporté dans un coin et poussé, tiré pour finir enterré à moitié ! Cette coquille a l’ouverture tournée vers le bas, au bord du bac, avec un vide en dessous.
Maintenant il me reste plus de questions que de réponses. Nous sommes début octobre, ces larves vont-elles se métamorphoser ou passer ainsi l’hiver ?
Si j’imagine bien ces larves devenir des femelles (qui ressemblent à de grosses larves sans poils), je ne vois pas un coléoptère comme le mâle, sortir d’une coquille d’escargot !
En relisant des textes sur le web, j’ai vu que certains escargots se défendent en produisant du mucus qui tue la larve, qu’il fallait leur trouver des escargots à opercule noir ! Je ne connais rien au monde des escargots, mais apparemment ceux-ci ( à opercule clair) n’ont pas opposé de résistance et la larve s’est installée dans leur coquille(en consommant sans doute le gastéropode.
Actuellement chaque larve est à l’intérieur de sa coquille d’escargot, je ne vois que quelques poils roux à l’entrée de la coquille.
On va attendre et voir ! Peut- être y aura –t-il une suite !

vendredi 1 octobre 2010

Sepiana sepium, la Decticelle échassière.

Son nom français Decticelle échassière est tout de suite évocateur .Quand on la rencontre on la reconnait très vite : elle est bien montée sur des échasses. Ses pattes sauteuses sont en effet très grandes par rapport à son corps. Le fémur postérieur à lui seul est plus long que le corps en entier.
Mais c’est une sauterelle discrète. Elle est présente dans mon jardin, mais je ne l’ai pas vue souvent.
C’est une espèce essentiellement nocturne, il est donc rare de la voir en journée. De plus elle aime les hautes herbes, qui lui procurent un bon abri. C’est dans le carré où les herbes ont atteint plus de 80cm de hauteur qu’elle s’est tenue depuis le printemps. J’y ai aperçu un juvénile mais il hésitait à se montrer !


Caché dans les grandes herbes, ce juvénile mâle de Sepiana sepium, me surveille.


Déjà ,on le reconnait à son allure générale, avec ses très grandes pattes. De plus, on voit aussi un ou deux de caractères distinctifs de l’espèce :
- il présente une tache sombre au-dessus de l’œil qui est prolongé vers l’arrière par un trait blanc.
-sur son fémur postérieur, un trait noir est encadré de gris clair vers l’avant et de sombre vers l’arrière



Une femelle adulte de Sepian sepium, les ailes très courtes ne sont guère utiles.

C’est presque à la mi- août que j’ai enfin aperçue cette femelle ! Handicapée, pas une patte sauteuse manquante, elle a fait une petite pause. Ce qui a permis d’observer une des particularités de cette femelle : des petits tubercules sur les sixième et septième sternite. Depuis je n’en ai pas revue dans le jardin


L'abdomen , clair présente des tubercules sur les derniers sternites.

Elle est répandue dans le quart Sud Est du pays mais on la rencontre aussi en Charente maritime et en Corse
L’autre semaine, en parcourant une zone du Var que j’aime beaucoup, j’ai eu la chance d’en rencontrer un mâle dans une zone de bois clair. Et après m’avoir bien fait courir, il a enfin fini par se reposer au niveau du sol , certes , mais j’ai pu en faire quelques images ! C’est sans doute la dernière observation pour cette année. L’adulte est visible de juillet à septembre.



Le mâle, de couleur brun roux, se repose, après de longs sauts dans les cistes de la garrigue.


Le signe distinctif chez le mâle est la présence de ces longs cerques, ils sont dentés vers le dernier tiers. En regardant mes images, je me suis rendue compte qu’il avait le tibia gauche abîmé ! Dure la vie d’insecte dans la nature.


Détails des longs cerques grêles dentés sur le dernier tiers.


Cette rencontre aura permis de conclure cet article avec des images recueillies depuis le printemps jusqu’à l’automne pour un insecte qui ne se montre que peu au grand jour. Si vous rencontrez la Decticelle échassière, vous la reconnaitrez immédiatement ses longues gambettes ne laissent personne indifférent !

mercredi 29 septembre 2010

Coccinelles: Hippodamia variegata, Hippodamia undecimnotata, Coccinella 7punctata, Harmonia axyridis à ne pas confondre!

Nous connaissons tous la « coccinelle », bête à bon dieu, qui se promène du printemps à l’automne sur nos plantes.
Je me suis récemment rendue compte que la populaire coccinelle à 7 points avaient de sérieuses concurrentes non seulement en matière de consommation de pucerons mais simplement que plusieurs autres coccinelles lui ressemblaient tellement que cela pouvait prêter à confusion.
Le but de ce billet est d’attirer votre attention sur ces sosies qui n’en sont pas !



Coccinelle à 7 points, la coccinelle que nous connaissons tous.

D’abord la plus connue, la coccinelle à 7 points (Coccinella 7-punctata). Facile, elle a 7 jolis points sur son dos. Celui qui est à cheval à la jointure des élytres compte pour un seul .Elle mesure plus de 5mm, a le dos bien bombé. Elle est rouge avec de gros points noirs bien ronds et réguliers. Une petite marque blanche se situe de part et d’autre du point visible derrière le pronotum.
Le dessin sur le pronotum mérite aussi qu’on l’observe bien car il donne de précieuses informations.
Cette photo a été faite dans la garrigue, sur un fenouil, plante toujours riche en observations.
Car curieusement je n’ai pas cette coccinelle dans mon jardin.


Hippodamia variegata, ses points varient mais le pronotum est caractéristique.

Voici celle que je prenais pour la coccinelle « de base ».
Hippodamia variegata a les mêmes couleurs mais :
• est plus allongée et pas joliment bombée comme la 7 points
• les points ne sont pas tous bien ronds
• le point à la jointure des 2 élytres est allongé,
• elle est petite , moins de 5mm !
• le pronotum présente un dessin bien différent.



Un couple d'Hippodamia variegata, le dessin du pronotum est différent.



Les couples montrent en plus , que, comme le nom de la coccinelle l’indique, le dessin du pronotum varie.



Hippodamia undecimnotata,l'hippodamie à 11 points.


Maintenant encore une espèce qui ressemble aussi à notre coccinelle à 7 points avec les mêmes couleurs : c’est Hippodamia undecimnotata.(elle compte onze points)
• elle est petite, moins de 5mm
• elle est plus ovale que ronde
• la tache au-dessus du pronotum est plus triangulaire que ronde
• il n’y a pas de blanc autour de la tache centrale au- dessus du pronotum
• La tache noire du pronotum est trapézoïdale, pas découpée, mais présente souvent une petite ligne blanche à l’avant. Je dis souvent, car, il y a aussi des petites variations.
• Comme son nom le dit, elle a 11 points, mais certains sont tout petits ou à peine visibles.

C’est une coccinelle qui a aussi été employée dans la lutte biologique contre les pucerons du soja.
C'est sans doute la plus méridionale du lot!



Harmonia axyridis, la coccinelle asaitique, nouvelle née, les points ne sont pas encore visibles.

Et voici celle qui a entrainé toutes ces recherches et observations, bien sûr c’est l’invasive, la vorace, celle qui n’aurait pas dû être ici : l’Asiatique, de son vrai nom Harmonia axyridis.
• Elle mesure souvent plus de 5mm
• Ses points sont en nombre très variable
• Son pronotum présente aussi des dessins différents (mais 4 grands schémas sont les plus courants. Celle que j’ai trouvé sur la menthe, nouvellement éclose présente une des formes (pattes de chat) de ces variantes. Ses points mettent un certain temps à apparaître sur les élytres. Le pli que l’on voit à l’apex de son dos est aussi une caractéristique de cette coccinelle (bourrelet élytral).


Une autre forme d'Harmonia axyridis à l'envol.

J’en ai trouvé une dans le fenouil qui n’a pas apprécié ma présence et s’est vite envolée. Là, le pronotum est orné d’un grand M.
• Elle a les pattes orangées dans leur ensemble(attention , Hippodamia variegata a les tibias antérieurs jaunes)

Nous voilà donc en présence de jolis insectes qui chacun ont leur particularité ! Précisons que les 4 espèces de coccinelles présentées ici sont toutes aphidiphages, c’est-à-dire consommatrices de pucerons.

lundi 27 septembre 2010

Enfin, des chenilles de Machaon sur le fenouil!

Dès le mois d’août, j’ai commencé à scruter mes pieds de fenouils dans l’espoir d’en apercevoir une.
Début septembre, je me suis dit « ce ne sera pas pour cette année, dommage ».
La nature reproduit bien des schémas, mais avec de grandes variations. Souvenons—nous, l’an dernier nous avions connu une importante migration de Belle-Dame(Cynthia cardui ) , cette année je n’en ai vu aucune dans le jardin et très peu lors de mes sorties.
Je me disais que les Machaons(Papilio machaon) avaient choisi d’autres lieux pour pondre. Le fenouil m’a permis de très belles observations, c’était ma consolation.



Chenille de papilio machaon avant-dernière mue.

Ce n’est que le 18 septembre que, parmi les larves de coccinelles, j’ai aperçu enfin une chenille de Machaon. Elle était encore bien petite et ressemblait peu à la belle chenille verte et ponctuée de jaune, noir et orange.



Elle aura bientôt atteint sa taille définitive, cette chenille qui se nourrit de fleurs de fenouil.


Et scrutant le fenouil encore hier, je l’ai revue, vêtue ses de sa livrée définitive, déjà bien reconnaissable, elle a plus de 3 cm, même si elle est encore un peu pâlotte. Mais elle en est déjà au dernier stade : plus de tache claire sur le milieu du corps et les picots (les scolies ) sont en voie de régression, on les devienne encore un peu .



Ses couleurs vertes et jaunes la fondent dans le décor.


Ce matin je suis retournée la voir, elle avait un voyagé, mais très peu .En levant le nez vers le haut des inflorescences de la plante qui fait plus de 2 mètres, j’ai vu une seconde chenille.
Celle-ci bien en vue, bien grosse, a atteint son stade ultime de chenille. Elle n’a plus de scolies. Elle est amusante perchée au bout de la tige de la fleur dont elle a tout mangé. Et dire que je ne l’avais pas vue, (tu vois Marithé, il y a bien des insectes qui échappent à mon regard !)



Ayant mangé toute les fleurs du fenouil, elle consomme maintenant la tige.


Maintenant elle va se choisir un endroit discret pour se transformer en chrysalide et passer l’hiver.



Un petit portrait: admirez ses pattes aux jolis ongles vernissés!

Déjà l’an passé j’ai bien cherché l’endroit où elles pouvaient se cacher, mais je ne l’avais pas trouvé .Le jeu va recommencer cette année.



Papilio machaon , abîmé.

Ce sont peut- être les descendants de ce vieux sujet bien abîmé qui se promènent sur le fenouil, la relève est assurée, nous reverrons encore ce magnifique papillon l’an prochain.

Rappel : le développement de la chenille depuis ses premiers stades

dimanche 26 septembre 2010

Argiope lobata, l'Argiope lobée

En nous promenant sur le massif de la Clape , dans le département de l’Aude, près de Gruissan , nous avons découvert une des plus grosses araignées que nous ayons en France : l’Argiope lobata .



Même en m'éloignant beaucoup, il m'a été impossible de photographier l'intégralité de cette très grande toile tissée par Argiope lobata.


En Europe , nous avons 2 argiopes , celle qui est la plus répandue : Argiope bruennichi (argiope frelon) et l’Argiope lobata(Argiope lobée), qui est encore plus grande ! Elle aime les endroits ensoleillés, secs et souvent caillouteux.
Sa très grande toile, ici tendue entre différents pieds de fenouil, comporte comme celle de sa cousine, un stabilimentum .



C'est ainsi qu'on la voit, la face ventrale visible.


Nous en trouverons une seconde , installée bien plus près du sol , dans des buissons de thym.
L’araignée est installée sous sa toile , de sorte qu’on lui voit bien le ventre d’ailleurs joliment décoré de ligne beiges et brunes qui se fondent dans ce décor de tiges en train de sécher. Camouflage, toujours gage d’efficacité et de survie. Mais pour voir son dos, il faut faire une belle gymnastique.




Le dos, vallonné est très clair , trop visible.



Le dos est bien moins coloré, mais ce sont les contours de son abdomen et les vallonnements remarquables de son dos qui la distingue des autres araignées : on ne peut pas se méprendre, elle seule a cette silhouette.
Le cépaholothorax est entièrement recouvert de poils blancs argentés qui brillent au soleil, c’est la raison pour laquelle elle présente son ventre aux visiteurs.



En position d'attente au centre de sa toile, les chélicères bien visibles.



Elle consomme de grosses proies qu’elle attrape dans cette très grande toile tendue sous un gros câble qui peut atteindre 1,60mètres de longueur.
Toutes les nuits l’araignée refait sa toile, ce travail lui demandant plus de 3 heures. Elle comprend entre 34 et 45 rayons(infos trouvés dans le numéro73 de La Hulotte consacré aux araignées orbitèles)Et, même si elle se déplace sur sa toile, elle reste attachée à celle-ci par un fil que ses puissantes filières produisent en permanence.


Le fil qui la relie à sa toile!



Le vent très fort ce jour-là avait quelque peu malmené son ouvrage, mais l’essentiel était bien solide.
C’est une araignée que l’on rencontre dans le Sud du pays, mais je ne l’ai jamais rencontrée dans mes garrigues pourtant bien arides.