jeudi 29 septembre 2016

Stenopterus ater, le Sténoptère noir

Après ma publication concernant Stenopterus rufus, j’ai trouvé fin juillet sur les ombelles des carottes sauvages, un Stenopterus un peu différent. A première vue il paraissait surtout moins roux, plus sombre.Sa taille est comprise entre 6 et 14mmjuste un peu plus petit que son cousin roux!
Stenopterus ater dans les fleurs de carottes

Examiné avec attention il s’est avéré qu’il s’agit de Stenopterus ater, un mâle.
La différence la plus  visible concerne les pattes  postérieures : les massues des fémurs sont noires. Il s’agit chez moi d’un mâle, la femelle est noire portant mieux son qualificatif ater
Stenopterus ater (à gauche) et rufus (à droite)

Il existe un détail qui est caractéristique de cette espèce : c’est le 1er article des antennes qui porte un sillon. C’est bien sûr aussi ce qui m’a donné le plus de difficultés à photographier ! Mais cet important sillon atteste ainsi de l’identité de notre sujet.
Stenopterus ater  le sillon du premier article*

En fait lorsque j’ai photographié S. ater, il n’y avait plus de S. rufus présent.  Stenopterus ater est une espèce  plus tardive.
Stenopterus ater  vue frontale avec le sillon du premier article sur les 2 antennes*

 Bien qu’ayant scruté attentivement mes fleurs de carottes sauvages je n’y ai jamais vu de femelles. L’adulte se nourrit sur les ombelles des achillées et des carottes sauvages.
Stenopterus ater  vue dorsale

 La larve se développe dans les branches mortes de divers feuillus : Pistachiers, Acacias, Caroubiers…..Les mimosas présents autour du jardin expliquent sans doute sa présence. On le trouve dans les régions méridionales et en Italie, en Espagne,Nord de l'Afrique.


Infos issues de:  Coléoptères phytophages d’Europe, Gaëtan du Chatenet,NAP éditions
*Images grossies 3 fois.

dimanche 25 septembre 2016

Orgyia trigotephras, Orgyie du kermès, chenille, imago femelle, oeufs .

Lorsque j’ai trouvé cette belle chenille sur des fleurs decistes j’ai d’abord pensé à Orgyia antiqua. En effet avec cette allure c’est la plus répandue en France.
Chenille d’Orgyia trigotephras au dernier stade sur fleur de ciste

En lisant ensuite la description de cette chenille, j’ai constaté l’absence des deux pinceaux latéraux qui en sont une des deux caractéristiques. Mes recherches m’ont alors conduite vers d’autres espèces d’Orgyia présentes en France et en particulier dans la zone méridionale. C’est cette page de l’inra consacrée aux ravageurs du chêne liège  au Maroc qui m’a donné la réponse la plus explicite. 
Chenille d’Orgyia trigotephras , détail de la tête , noire

J’ai trouvé ma chenille dans une ancienne suberaie, sur du ciste dont la chenille se nourrit aussi. « La chenille au tégument jaune et noir est longue de 2,5 à 3 cm, Elle porte une livrée caractéristique: 4 brosses de poils drus blanc-jaunâtre sur le dos, deux longues aigrettes de poils noirs plumeux de chaque côté de la tête ainsi qu'une autre au- dessus de l'anus, 4 rangées latérales de verrues rouges munies de longs poils blancs mêlés de noir (FAVARD, 1962; SORIA, 1987; GOMEZ DE AIZPURUA, 1986). »
 Détails des soies urticantes de la chenille  d’Orgyia trigotephras.

La description correspond bien à mon exemplaire.C'est donc bien Orgyia trigotephras que j'ai observée
Trouvée le 20 avril, la chenille s’est rapidement fabriquée un cocon et la transformation a commencé. J’espérais trouver un mâle dans ma boite. En général mâle et femelle se distinguent par l’importance des antennes, la taille  ou la coloration.

Mais chez les Orgyia  la femelle ne ressemble en rien à ce qu’évoque le mot papillon : pas de belles ailes, ni d’antennes vibrantes, pas de trompe non plus car l’adulte a pour  unique fonction la reproduction.
C’est bien une femelle que j’ai eu du mal à distinguer le 5 mai (15 jours après la fabrication du cocon) dans mon bac.
Femelle aptère d'Orgyia trigotephras sur son cocon ( soies noires bien visibles).

Un  gros abdomen rempli d’œufs, une petite tête, des yeux difficiles à trouver, des embryons d’ailes , telle m’apparaît la femelle d’Orgyia trigotephras au fond de mon bac.Elle a la même couleur que son cocon.
Femelle  d'Orgyia trigotephras: des embryons d'ailes ressemblant à des oreilles.

Elle ne bouge pas et pour faire des images j’ai dû la sortir un peu de son cocon .
En fait, j’ai lu que c’était son attitude normale. Elle reste dans le cocon juste percé pour permettre au mâle de la trouver et la féconder, ensuite elle pond ses œufs dans le cocon et voilà sa vie s’achève.Elle compte sur ses phéromones pour attirer un mâle.
Femelle d'Orgyia trigotephras femelle vue de la tête.

 Sa fonction unique assurer la reproduction de l’espèce faite avec une économie de moyens remarquables.
Oeufs d'Orgyia trigotephras 

Ce fut une expérience étonnante pour moi de la voir si statique sur son cocon. Comme d’habitude, bien que non fécondée, elle m’a laissé des œufs en souvenir.
Orgyia trigotephras au bout de 3 jours l'abdomen a "minci" après la ponte de quelques œufs


Ce papillon est présent dans les régions bordant la Méditerranée et en Afrique du Nord où selon les années les chenilles nombreuses sont des fléaux pour les plantations de chêne liège en particulier.

mercredi 21 septembre 2016

Macroglossum stellatarum, le Moro-sphinx, chenille , chrysalide et imago.

Tout le monde connait le Moro sphinx (Macroglossum stellatarum) , aussi appelé le Sphinx colibri  à cause de son vol stationnaire au-dessus des fleurs qu’il butine. Répandu dans toute la France, on le voit se déplacer rapidement de fleur en fleur.
Chenille de Moro-sphinx au dernier stade.

J’ai rencontré sa jolie chenille au mois d’août le 18 , pour être précise. Comme les chenilles de Sphinx, elle présente une petite excroissance terminale, le scolus  bleu avec une pointe jaune.
Chenille de Moro-sphinx, pattes rouges et scolus bleu avec une pointe jaune au dernier stade.

 Le corps est vert (il peut aussi être roux) avec des points blancs et deux lignes le long du corps, l’une blanche , et celle au-dessus des stigmates jaune.
J’ai à peine eu le temps d’en faire quelques images, puis je l’ai posé dans une boite avec quelques tiges de gaillet, pensant faire le lendemain des photos de meilleure qualité.
Chrysalide à ses débuts, le long trait noir est la trompe.

Mais elle avait déjà entamé sa transformation et je l’ai laissé tranquille pendant deux jours.
Elle s’était transformée en chrysalide en reliant par de minces fils les herbes mises à sa disposition. La chrysalide était bien visible j’ai ainsi pu observer ses modifications au fil des jours.
La transformation s’opère entre le 20 août et le 5 septembre, c’est un peu plus de 2 semaines, 17 jours pour être exacte.
Chrysalide: détail des futures antennes.

Au début, sa couleur est claire, parcheminée, le premier détail qui a attiré mon attention, c’est cette longue ligne, fine, bien plus longue que les antennes sur la partie ventrale . Il s’agit de la trompe, qui permet à l’insecte de butiner les fleurs de loin. Elle est particulièrement longue.
Les antennes se dessinent latéralement. Pendant toute la période d’observation , la chrysalide sera très « gigoteuse », il suffit que j’effleure son abdomen avec le pinceau qui me sert à la retourner pour que son abdomen bouge de droite et de gauche.
Chrysalide mâle 2: anus, 1 orifice génital, il lui manque le troisième pour la ponte réservé aux femelles.
Une autre observation est intéressante : dans les derniers segments abdominaux on voit de futures petites ouvertures : deux pour un mâle, trois pour une femelle.
Mon exemplaire est un mâle : une boutonnière pour l’anus (2), une autre pour l’appareil génital(1)la femelle en a une troisième pour la ponte.
Chrysalide de Moro-sphinx s'assombrissant


C’est lorsque j’ai vu la chrysalide changer de couleurs et surtout s’assombrir jusqu’à devenir presque noire j’ai su que l’émergence était proche.
Chrysalide de Moro-sphinx: on devine les longs poils futurs de la tête( voir plus bas)

 D’habitude elle se fait la nuit et au petit matin je trouve un papillon dans le bac.
Avant l'émergence, à comparer avec la photo du début !

Nous avions prévu de nous absenter, et la journée précédente j’avais été très occupée. Le matin je suis allée voir « ma «  chrysalide et pas de papillon.Si sombre, je pensais que l'émergence était très proche!
Imago nouvellement émergé

 Déçue, je lui ai dit, dommage je ne te verrais pas dans ta splendeur de papillon, tu émergeras tout seul ! Je ne sais si cela l’a décidé mais à 14 heures, Moro- sphinx était présent, bien immobile dans le bac.
Imago nouvellement émergé, détail de sa belle coiffure, bien ordonnée!

 Il aura droit à sa séance photo, sera sollicité pour me montrer ses ailes et prendra son envol dans le jardin où je vois souvent ses congénères sur les lantanas.
Vue latérale avec son gros oeil de nocturne et antenne bien rangée

Je n’ai hélas pas vu comment il a rangé sa trompe en l’enroulant, on la devine sur les images de face.
De face: antennes déployées et trompe enroulée

Papillon de nuit, volant le jour Moro-sphinx, est de plus migrateur, des exemplaires viennent d'Afrique du Nord et se joignent à ceux nés chez nous. 
Moro-sphinx, premiers essais de vol.

Ici des pages qui le présente en vol.

lundi 5 septembre 2016

Lasiocampa trifolii , Pachygastria trifolii, le bombyx du trèfle (chenille, chrysalide, imago).

J’ai souvent rencontrée la chenille du Bombyx du trèfle soit dans le jardin, soit lors de mes sorties nature. Elle est superbe.
Lasiocampa trifolii, chenille au dernier stade

Au dernier stade, elle fait près de 6 cm .Le corps est noir mais presque entièrement caché par une abondante pilosité brun rousse qui permet de bien la voir dans l’herbe.
Lasiocampa trifolii, chenille au  dernier stade,  sa taille maximale.

 En plus de ces poils roux on voit de très longs poils, certains blancs d’autres presque noirs. Le nom de Lasiocampa , du grec lasios, "chevelu" et kampa, "la larve, se justifie ainsi.
Lasiocampa trifolii, chenille détail de la tête.

La tête  est magnifique avec son V noir encadrant la face blanche.
Sur le dos on voit à peine 3 rangées de points blancs.
Lasiocampa trifolii, chenille acrobate.
Mais jamais je n’avais vu le papillon.
C’est ce qui m’a décidé à faire l’élevage d’une chenille prélevée dans le jardin  à  la mi- avril.
Lasiocampa trifolii, chrysalide nouvellement formée

La chenille Lasiocampa trifolii a mué encore une fois bien nourrie de trèfle sur lequel je l’avais trouvée.Mais la chenille consomme aussi d’autres plantes : genêt, saules , ronces, luzerne….Quand on prélève une chenille il est important de noter la plante qu’elle consomme pour pouvoir la lui fournir.
Lasiocampa trifolii, chrysalide plus avancée, on voit le détail des éléments de l'abdomen.

Puis à la mi-juin, elle a fait avec beaucoup de difficulté un cocon  que je qualifie de raté et elle s’est transformée en chrysalide « non protégée ». D’habitude la chenille utilise ses longs poils pour faire un cocon qui  cache et protège la chrysalide.
Lasiocampa trifolii, chrysalide plus avancée, les yeux s'assombrissent, les larges antennes sont bien visibles.

Chez moi, elle n’en a pas fait et s’est contenté de faire un lit au-dessus des feuilles. Ensuite elle s’est transformée en chrysalide  bien visible.
Dans mon bac elle ne risquait rien, bien à l’abri des prédateurs, mais dans la nature il en aurait peut- être été autrement.
Je pensais d’ailleurs que cette chrysalide serait vouée à l’échec. Elle s’est progressivement obscurcie depuis le 14 août.
Cette modification a duré jusqu’au 1er septembre. C’est long, comparé à d’autres papillons.
Lasiocampa trifolii,le papillon enfin sur son lit de soie

Et c’est comme prévu, un superbe mâle qui a émergé ce jour-là. Les larges antennes pectinées se dessinaient bien sous la protection de la chrysalide. 
Lasiocampa trifolii,le papillon mâle

Sa taille est inférieure à celle de la femelle comme souvent.
Lasiocampa trifolii,le papillon mâle antennes rabattues , au repos!

L’imago ressemble à Lasiocampa quercus .La ligne claire que l’on voit sur l’aile est fine. Un point blanc cerné de brun est bien visible au-dessus.
Lasiocampa trifolii,le papillon mâle antennes déployées , en alerte!


Ce papillon nocturne qui ne se nourrit pas se rencontre partout en
 France et même dans toute l’Europe excepté l’extrême nord..

vendredi 2 septembre 2016

Thaumetopoea pityocampa ,le papillon Processionnaire du pin, une peste.

Au printemps en travaillant le sol, j’ai trouvé à faible profondeur un cocon brun qui contenait une chrysalide.
 Thaumetopoea pityocampa , le cocon qui contient la chrysalide

Je soupçonnais son contenu.
J’ai laissé ce cocon en surface dans un pot contenant un peu de terre.
 Thaumetopoea pityocampa , le cocon et sa chrysalide.

C’est en cette fin d’août que j’ai vu émerger le papillon.
Gris, avec un gros abdomen jaune, c’est en cherchant dans les processionnaires que je l’ai vite reconnu.
Thaumetopoea pityocampa , le papillon

C’est le papillon Thaumetopoea pityocampa, la processionnaire du pin.
Une peste ! 
Ce sont surtout les chenilles qui sont bien connues et redoutées. On trouve de très nombreuses documentations sur leurs dégâts et leurs dangers.
Thaumetopoea pityocampa ,les chenilles en  procession

Hélas dans mon voisinage il y a des pins infestés. Je dis toujours à mes voisins que je protège leurs pins en nourrissant en hiver les Mésanges, en particulier, les Mésanges à tête noire connues pour aller consommer les chenilles dans leur poche de soie ! Ce sont presque les seuls oiseaux qui limitent un peu la prolifération de la chenille.
Thaumetopoea pityocampa ,papillon vue dorsale.

Je n’avais jamais vu de papillon, normal il est nocturne, et de plus sa durée de vie est très courte(le mien a survécu à l’abri dans son bocal pendant 3 jours !)
Thaumetopoea pityocampa ,papillon vue de face.

 Il présente une particularité : des saillies céphaliques sclérifiées
Thaumetopoea pityocampa les saillies céphaliques sclérifiés.


Mon sujet est  une femelle reconnaissable à sa terminaison anale brun foncé (blanche pour le mâle)
Thaumetopoea pityocampa un abdomen orange et brun signifie une femelle


Thaumetopoea vient du grec thauma, thaumatos = objet d'étonnement, merveilleux, extraordinaire. Pityocampa vient du grec pitus = pin.
Thaumetopoea pityocampa signifie donc "la merveilleuse chenille du pin" ou "l'étonnante chenille du pin".
Thaumetopoea pityocampa détail de l'aile antérieure

L'ancien nom du genre Thaumetopoea était Cnethocampa qui vient du grec kneteïn signifiant "provoquer des démangeaisons". Le suffixe "campa" vient du grec "campè" qui signifie tout simplement chenille. Son ancien nom  (Cnethocampa pityocampa) signifiait "la chenille du pin provoquant des démangeaisons". Terme plus réaliste!


Papillon nocturne, on le voit peu, mais la femelle à la durée de vie si courte pond ses nombreux œufs sur les branches des arbres et l’infestation commence.