mardi 27 octobre 2015

Sphaeroderma rubidum, Altise rouge, une altise bien rondouillarde



A la suite du billet précédent, il me fallait présenter un autre membre de  la sous  famille des Necropidodera, dont certains  sont entièrement roux.
Altise rouge,Sphaeroderma rubidum*

 C’est bien le cas pour l’Altise rouge, répandue partout en France et en Europe, très commune, visible  presque toute l’année.
C’est par la forme d’abord: beaucoup plus ronde, que l’on fait la différence : Sphaeroderma rubidum est un insecte globuleux !
Sphaeroderma rubidum, dans le Cirse

 Sa taille est similaire à sa cousine Neocrepidodera ferruginea : 2,8 à 4 mm.

L’insecte est roux , de couleur bien vive, avec les antennes, les tarses en particulier plus clairs. Les antennes sont longues et fines.
Les élytres ont les côtés très arrondies et sur mes photos grossies 3 fois on voit à peine la ponctuation.
Altise rouge,Sphaeroderma rubidum: ronde, lisse et brillante*

Le pronotum  est rebordé de tous côtés mais lisse, et on ne voit pas la marque distinctive à la base : le sillon arrêté par une fossette de chaque côté qui permet de reconnaitre Neocrepidodera ferruginea .
Altise rouge,Sphaeroderma rubidum, dans la bourrache, elle apparaît bien petite!

Les altises rouges aiment les centaurées , les chardons (je les trouve sur les cirses), mais aussi la bardane, le cardon , l’artichaut.
*Photos grossies 3 fois

jeudi 22 octobre 2015

Neocrepidodera ferruginea, altise ferrugineuse, un couple dans le trèfle

J’ai trouvé ces petits rouquins dans l’herbe, sur du trèfle, mais dans la prairie il y en avait aussi sur d’autres plantes. Je les vois du printemps à l’automne, mais souvent ils sont cachés. En automne ils doivent chercher un peu de chaleur et se montrent davantage sur les plantes au lieu de rester dessous.
Neocrepidodera ferruginea,un couple d' altises aux belles couleurs*

Ce sont des Chrysomelidae,  appartenant  à la sous famille des Alticinae, famille la plus riche des Chrysomelidae (300 espèces en France),  dont la taille oscille  entre 1 et 6mm. Les Neocrepidodera sont une quinzaine en France.
 Nos sujets sont des  Neocrepidodera ferruginea, ou  altises ferrugineuses.

Neocrepidodera ferruginea,vue de face, entièrement de couleur  rousse*


Ils sont  petits : entre 2,7 et 3,6mm.
Si les deux n’avaient été bien occupés j’aurais eu bien du mal à les photographier.. C’est surtout l’obstination du mâle, plus petit que la femelle et avec des tarses antérieurs bien développés, qui m’a permis de les photographier. D’ailleurs je me suis bien amusée à les observer car dès que madame avançait, monsieur  la suivait,s’accrochait sur son dos( d’où l’utilité des tarses développés nécessaires pour se maintenir coûte que coûte sur le dos de sa future partenaire).
Neocrepidodera ferruginea,l'apex des élytres rétréci*
D’ailleurs il a eu parfois du mal à se positionner correctement, le manque d’expérience sans doute !
Neocrepidodera ferruginea,cette fois-ci dans le bon sens!*
Pour reconnaitre l’altise ferrugineuse  voici les détails à observer :
  • la couleur : entièrement roux et brillant
  • la forme : assez allongée
  • le pronotum finement ponctué, bords latéraux et base rebordés, les angles antérieurs arrondis. Ce qui est le plus visible et caractéristique : un sillon à la base, limité par deux larges  fossettes de chaque côté qui s’étendent jusqu’au bord postérieur  du pronotum.
  • les élytres se rétrécissent à l’apex, ils sont striés formant des rangées très régulières , le calus huméral est saillant
  • La tête aussi est particulière avec des calus frontaux qui se rejoignent au milieu, le nez marqué par une importante carène
Neocrepidodera ferruginea,les détails à observer*

Des images grossies 3 fois permettent de voir ces détails.

Ces altises sont présentes partout en France et dans bien des pays en Europe, de l’Espagne à la Scandinavie, sur de très nombreuses plantes tant des graminées que des plantes cultivés, céréales …Et on peut les voir presque toute l’année.
Neocrepidodera ferruginea,l'avenir de l'espèce est assuré*
L’essentiel des informations est tiré de Coléoptères phytophages d’Europe, tome2, Chrysomelidae, de Gaëtan du Chatenet, NAP éditions.
*images grossies 3 fois

jeudi 15 octobre 2015

Rhacocleis poneli, Pterolepis poneli, une toute nouvelle sauterelle dans le jardin.

Une rencontre avec une nouvelle espèce de sauterelle!
Nouvelle espèce, car je ne l’avais jamais vue dans le jardin , mais aussi nouvelle car ce n’est que depuis 1983 qu’elle a été découverte d’abord dans le Var(par monsieur Ponel, d’où son nom de « poneli »). C'est aussi pourquoi elle porte le nom vernaculaire de Decticelle varoise.
 
Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle
La première chose à observer, ce sont ses grandes pattes arrières : les tibias portent des plantules libres avant les tarses, c’est ce qui nous indique qu’elle fait partie de la famille des Decticelles. Et ce sont aussi ses fameuses plantules, très visibles et très grandes ( la  taille est équivalente au métatarse) qui permettent de dire qu’il s’agit d’un Rhacocleis. Rhacocleis ou Pterolepis, sont les deux dénominations de cette  sous- famille des Decticelles.
C’est une espèce incapable de voler, les tegmina dépassent un peu du pronotum.
Des plantules libres aussi grandes que le métatarse, caractère remarquable de la sous famille des Rhacocleis.

Ensuite il existe en France 5 espèces ; pour les distinguer Heiko Bellmann et Gérard Luquet dans leur Guide des sauterelles , grillons et criquets d’Europe occidentale nous demande de regarder les cerques des mâles, par chance j’ai attrapé un mâle.
« Cerques aigus, subrectilignes, à légère concavité tournée vers l’extérieur », c’est bien visible sur mon exemplaire. De plus 3 autres espèces sont essentiellement corses et une autre est bien plus rare.
Rhacocleis poneli est connu des Alpes maritimes depuis 1991.
Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle, détail du dernier tergite abdominal et des cerques.

En cherchant sur le net j’ai trouvé une autre indication, la plaque sous génitale du mâle est échancrée sous forme d’un triangle équilatéral, c’est aussi le cas sur mon sujet.
Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle, plaque sous génitale avec son triangle 

Dans un numéro de la Revue L’Entomologiste, tome 63, n° 6 ( par Vincent KOCH & Olivier BARDET) qui l’ont trouvée dans les Pyrénées orientales font  une description qui correspond :

"Rhacocleis  poneli est  une  grande  sauterelle  de couleur  marron  clair  et  noir.  Elle  possède  de longues pattes postérieures dont les fémurs sont marqués par une large bande noire longitudinale. …. C’est une espèce très farouche, qui se précipite dans la végétation dense dès le moindre danger.
Son  déplacement  est  rapide,  ce  qui  rend  sa capture difficile. Elle a une activité plus intense au crépuscule et la nuit. Son chant est aigu (environ 20,6  kHz)  et  caractérisé  par  5-6  accents  très rapides (on en discerne plusieurs à l’oreille sans pouvoir  les  compter  exactement).  Le  chant  est peu audible. On l’observe du mois d’août jusqu’à la mi-décembre. Elle se reproduit très tard dans l’année.
La  Decticelle  varoise  est  souvent  inféodée  à la végétation humide et dense des lisières boisées proches de zones humides (rivière, fleuve, étang). Pourtant, des individus ont été observés dans des milieux assez secs, tels que les lisières de vignes, les ronciers et les massifs à Smilax aspera »

Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle,des fémurs arrières largement marqués de sombre.

Bon, le milieu où je l’ai attrapé n’est pas très humide, mais pas particulièrement sec. Par contre elle a pu venir d’une zone située de l’autre côté de la petite route qui borde mon jardin qui est beaucoup plus sauvage et aussi plus humide.
C’est parmi les Rhacocleis, la plus grande des espèces, malgré ses réticences j’ai pu avoir une idée de la taille de mon sujet qui avoisine les 25mm, alors que les autres sauterelles de cette famille atteignent à peine 20mm. La taille s’entend sans les antennes qui font le double du corps environ.
 
Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle, je me mesure!
Entre les premières photos et les suivantes vous aurez remarqué que mon mâle   a perdu une de ses grandes pattes ! Comment ? Comme l’indique les auteurs précédents, il  est rapide et mobile, il a donc réussi à sauter sur une de mes étagères et s’est coincé la patte. Voulant l’aider, j’ai eu droit à une morsure ( rien de grave, mais je l’ai senti ) et avant que je puisse écarter ce qui le gênait, il  a fui en laissant sa patte sur place.
Sur les photos in natura j’ai remarqué aussi la présence de certains unijambistes. D’ailleurs cela ne le gêne pas pour sauter sur ma zone de prise de vue.
Rhacocleis(Pterolepis )poneli, mâle, un dernier regard!

Ce mâle a déjà assuré sa descendance: sur les premières photos j’ai aussi observé la présence de la «  gelée » qui entoure les spermatozoïdes et que le mâle transmet à la femelle, je l’ai donc cueilli après une nuit  bien occupée, quand il se remettait de ses émotions en prenant un bain de soleil !


Comme c’est une espèce active jusqu’à la mi-décembre je l’ai remis là où nous nous sommes rencontrés, il pourra ainsi poursuivre son activité de géniteur !

C'est une espèce méditerranéenne que l'on rencontre sur le pourtour méditerranéen , elle semble en expansion , elle a été observée dans le Vaucluse, mais aussi dans le Lot et Garonne, en Gironde,..
C'est encore la saison pour les observer !

dimanche 11 octobre 2015

Helicoverpa armigera :l’Armigère ou Noctuelle de la tomate



J’ai trouvé cette chenille début septembre dans l’herbe.
Helicoverpa armigera , chenille  dernière mue

Ses jolies marbrures ont attiré mon regard, elle se promenait dans l’herbe.
Comme souvent quand je ne vois pas la plante particulière consommée, je nourris la chenille avec des feuilles de pissenlit et elle a accepté.

Helicoverpa armigera , chenille  , détail gibbosité segment abdominal.*

 Helicoverpa armigera a une livrée variable mais les bandes latérales plus foncées, les fines épines sur tout le corps(visibles sur les photos grossies 3 fois) et le huitième segment abdominal avec une légère gibbosité en sont des caractères distinctifs.
Helicoverpa armigera , chenille  , détail de la tête.*

Collectée le 9 septembre, la chenille s’est nymphosée le 15 septembre et le papillon est né le 7 octobre. Son développement est rapide.

C’est la chenille qui est nocive  pour les cultures de tomates, le maïs, les œillets, les chrysanthèmes.
Voici une version verte de la chenille (l'image date de 2012)qui se nourrissait sur Dimorphoteca.

Je ne sais laquelle de ces plantes elle consommait chez moi, mais mes tomates ne présentaient pas de trous ! Il est sûr que dans une culture à grande échelle, elle n’est pas la bienvenue et on trouve sur le web de nombreux moyens de s’en débarrasser.
Helicoverpa armigera , papillon mâle

Le papillon présente une livrée variée plus ou moins claire. : ses ailes antérieures  sont ornées d’une bande brune marquée de points clairs.
Helicoverpa armigera , papillon mâle, points blanches en bordures des ailes antérieures

Mon exemplaire est un mâle : car il de couleur gris-vert tandis que  la femelle est brun orangé. Le mâle arbore des yeux très verts, que je trouve magnifiques. 
Helicoverpa armigera , papillon mâle aux beaux yeux verts tendre!*

La photo grossie 3 fois nous les montre glabres rendant visible , par endroits la composition des yeux fait de multiples facettes(les ommatidies).
Helicoverpa armigera , papillon mâle, détail de l'oeil vert.*

En France elle est présente presque partout et les papillons du sud ont la fâcheuse tendance à migrer vers les régions septentrionales en année chaude.
Helicoverpa armigera , un dernier regard!

 Mais c’est surtout dans les zones au climat doux que l’on trouve 2 voire 3 ou 4 générations.

 *Photos grossies 3 fois

vendredi 2 octobre 2015

Dendaris tristis( coarticollis), petit coléoptère noir caché dans le bois mort.

Hier en travaillant dans le jardin j’ai « décortiqué » une vielle souche d’un yucca coupé il y a plus de 2 ans. J’étais curieuse de voir qui y avait trouvé un logement : de grosses fourmis noires, de toutes petites fourmis qui s’éloignent avec leurs œufs et, soigneusement « plié », un  coléoptère entièrement noir. Je l’ai délicatement recueilli, le délogeant sans le blesser. Une fois dans ma boite, celui qui était encore dans un endroit sombre à l’abri du monde extérieur, s’est tranquillement mis à explorer son nouvel univers.
Dendarus tristis, mâle du mois d'août

En le photographiant pour l’identifier, j’en arrive à Dendarus tristis
Et, je me souviens avoir déjà photographié cet insecte. Au mois d’aout, j’avais trouvé sur les marches de l’escalier extérieur un exemplaire qui semblait mort. Heureusement il ne l’était pas. Et regardant mes images, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’un mâle alors qu’hier j’ai trouvé une femelle. Et c’est cela qui a déclenché l’écriture de ce billet.
Quels sont les critères de reconnaissance de Dendarus tristis ?

  • C’est un  membre de la grande famille des Tenebrionidae, des insectes souvent tout noirs ou pour le moins sombres. Il mesure entre 11 et 12 mm.

Dendarus tristis, mâle environ 12 mm, ses pattes avant aux tarses élargis

  • La tête porte des antennes  courtes à onze articles noirs, les derniers un peu roux. Les yeux  réniformes sont placés verticalement, plus longs que larges. J’ai eu beaucoup de mal à bien les photographier, ils sont peu volumineux et se distinguent mal sur les côtés de la tête ; ils sont peu échancrés vers l’avant.

La tête très inclinée vers l’avant rend difficilement visible un des caractères qui a attiré mon attention : la forte échancrure que l’on observe sur l’avant.
Dendarus tristis, détail de la tête, antennes courtes, découpe arrondie à l'avant, cou rétréci.
Femelle aux tarses non élargis.

  • Le pronotum s’élargit progressivement jusqu’au milieu puis  se rétrécit et se termine par deux pointes qui viennent se loger très exactement dans une découpe des élytres .Le dessus  finement strié forme un relief réticulé

Ces pointes du pronotum s’insérant dans les échancrures des élytres voilà encore un petit détail de la minutie et du soin dans les finitions apportée par le Nature à ses plus petits membres !
Dendarus tristis, détail de la patte avant avec ses 5 tarses non élargis, c'est la femelle


  • Les pattes avant et médianes portent 5 tarses, les arrières 4. Elles sont garnies de pelotes poilues.

Dendarus tristis: pattes avant du mâle aux tarses très élargis, les médians un peu moins.

Chez le mâle et c’est ce qui me fait dire que mon exemplaire du mois d’août en est un, les tarses sont élargis surtout  sur les  pattes avant dont les tibias sont incurvés. Munis de coussinets utiles pour se tenir sur la femelle qui, lors de la copulation continue ses activités. Le mâle a alors intérêt à s’agripper car madame se déplace sans se soucier de lui !
Dendarus tristis, femelle, patte arrière avec 4 tarses.

  • Les élytres sont parcourus de stries régulières, les interstries finement ponctuées ;elles sont  presque planes au départ du pronotum pour se soulever progressivement.

Les interstries 3 et 7 se rejoignant à l’apex de l’élytre.
Dendarus tristis: apex des élytres, une jolie finition!

C’est un insecte qui aime les endroits secs ou très secs, sous les pierres ou dans le bois mort comme je l’ai trouvé.
Le site Wikipedia en allemand est très détaillé sur cet insecte que l’on rencontre dans le quart sud est de la France ainsi qu’en Suisse méridionale.


Il explique aussi longuement les changements de nom : encore appelé Dendarus tristis( à cause de la prunosité grise le recouvrant parfois) chez nous, pour celui de coarcticollis (cou rétréci) .Mais  Fauna Europaea utilise toujours Dendarus tristis.