jeudi 26 mai 2022

Araniella cucurbitina : un mâle aux poings impressionnants!

 

Z’avez vu mes poings ! Vous approchez pas !! 

Un joli mâle Araniella cucurbitina qui s'est invité dans ma cuisine*

Pas de crainte, ce fanfaron ne peut vous faire aucun mal : il ne mesure que 4mm. C’est un pitchou ! 


Détail des pédipalpes du mâle*

C’est une des plus petites araignées tisseuses de toile ! Je la trouve souvent dans le fond du jardin près des rosiers ou de l’arbre de Judée. Sa toile ne dépasse pas 10 cm.

Les pédipalpes du mâle sont hypertrophiés car ils contiennent les organes reproducteurs.

Araniella cucurbitina est aussi appelée Epeire concombre, à cause sans doute de la jolie couleur  verte de son abdomen.

De belles couleurs pour cette petite araignée*


En y regardant de près, on observe des points noirs de part et d’autre de son abdomen : 4 pour notre sujet, ce qui en fait une Epeire concombre(3 pour l’Epeire dépliée, 2 pour l’alpine et 0 pour l’anodine)**

** La Hulotte numéro 73 : le petit guide des araignées à toiles géométriques

Mais notre petit mâle se distingue aussi par ses jolies pattes rayées d’un rouge lumineux se terminant par du jaune verdâtre près du corps.

Le céphalothorax est cerclé d’une bande sombre lui faisant une couronne s’arrêtant pour mettre en valeur ses jolis yeux noirs

Un céphalothorax(ensemble de la tête et du thorax) bordé de noir*


En faisant des recherches pour confirmer l’identité de mon sujet le doute s’est instillé dans mes certitudes. A. cucurbitina est très proche de A. opisthographa, les deux espèces ne sont séparées que depuis 1982, voire 2000 pour un autre auteur

Première étape : dans l’ouvrage en allemand :Kosmos Atlas Spinnetiere Europas  Heiko Bellmann,     il est noté que l’abdomen   avec 5 points , c’est A . opisthographa . mais je n’en vois que 4 ! 

Détail des épines du fémur de la première paire de pattes*


 De là et  quelques recherches plus loin j’arrive sur ce document en espagnol. Le seul détail qu’il me semble bien voir concerne le fémur de la patte1.

La différence entre  A.cucurbitina et A.opisthographa: chez le premier on compte 4 épines sur la face ventrale du fémur 1, chez le second 6 épines.

Sur mes photos je vois 4 épines sur ce fameux fémur, j’en resterais donc à A. cucurbitina.

Araniella cucurbitina!*




Ces petites araignées sont présentes dans les jardins entre le mois de mai et août. Regardez les sur leurs petites toiles, elles sont bien jolies ! 


Ici vous trouverez une série de photos présentant Araniella opisthographa

*Photos grossies 3 fois.

mercredi 11 mai 2022

Deux heures avec une maçonne :Osmie bicornis scelle minutieusement son nid !

 

En allant sur la terrasse j’ai vu arriver une petite abeille au-dessus d’un des tubes de bambou qui restent  dans un pot avec d’autres tiges. Elles sont destinées à accueillir qui veut bien y installer sa progéniture. Et cela varie selon les années : voir ici 

 

Voici le cadre du travail de notre "maçonne"!

 

J’ai essayé de saisir en photo la petite industrieuse mais elle plongeait tellement vite à l’intérieur du tube que je ne voyais que l’apex de son abdomen : un peu maigre pour y mettre un nom.

Avec l'apex de son abdomen recouvert de poils noir et sa jolie pilosité claire sur le thorax c'est Osmie bicornis 


Le jour suivant j’ai vu à l’intérieur du tube, environ à 1cm du bord un début de cloison en terre. Notre petite abeille en était à la finition, il fallait bien fermer ce tube pour que sa progéniture soit bien à l’abri, empêchant les intrus d’y pénétrer.

Arrivée avec la boule de boue coincée entre les mandibules


 Et là j’ai passé 2 heures à la surveiller à essayer de saisir sa tête . Grâce à la vue de ses ailes, ( 2 cellules cubitales) et son aspect général  j’avais en face de moi une Osmie.

Au travail!


 Parmi celles qui fréquentent le jardin il y a l’Osmie cornue et l’O. bicornis. Les derniers tergites noirs nous donnent la clé : Osmie bicornis.

Une belle quantité de boue pour compléter l'ouvrage


L’abeille est allée chercher une boule de boue , je ne sais où, mais pas loin de terrasse.Et hop, sans attendre elle se met à l’ouvrage : de l’extérieur vers le centre. L’opercule est minutieusement soudé à la tige et bien lissé.

Madame bicornis avec ses petites cornes sur la face

Après chaque séance de construction elle repart les mandibules bien propres débarrassées de toute trace de boue!

Je repars bien proprette pour chercher le chargement suivant


 Ce n’est que lorsque l'opercule  a été bien  lisse et étanche qu’elle s’est mise à apporter du mortier plus grossier qu’elle a posé sur la cloison et là, les paquets sont entassées  les uns à côté des autres sans lissage de finition.

Voilà , nous y sommes, le dessus n'a pas besoin d'être lisse! 

Une dernière vérification en faisant le tour de la tige et hop je m’envole satisfaite du travail fait ! Bravo madame, vos descendants sont à l’abri !

samedi 7 mai 2022

Pararge aegeria, le Tircis, chenille, chrysalide et imago au fil des ans!

 

Voici un papillon printanier. Cela fait déjà une bonne quinzaine que j’en vois parcourir le jardin. Le Tircis passe l’hiver sous forme de chrysalide et émerge maintenant quand le temps se radoucit.

Tircis, une femelle avec ses grandes macules jaunes


C’est l’occasion d’en savoir un peu plus sur ce papillon répandu dans toute l’Europe. Les papillons de la moitié sud de la France sont plus colorés et orangés que ceux rencontrés dans la partie nord.

On rencontre plusieurs générations annuelles. Il y a déjà quelques années , j’avais eu l’occasion de trouver une chenille dans l’herbe et j’avais été surprise de la rapidité avec laquelle s’était opérée la métamorphose.

De couleur verte avec une bande plus marquée sur le dos et deux pointes blanches dans la région anale, elle atteint 25 mm environ.


En effet le 4 juin j’ai trouvé la chenille, le 7 elle se met en position pour se chrysalider, le 8 juin voilà une chrysalide bien verte accroché à son brin d’herbe.

Préparation à la nymphose.


Et moins de 8 jours plus tard, le 15 juin des couleurs apparaissent elle indique que le papillon n’est pas loin de faire sa sortie.

Une belle chrysalide bien verte de la même couleur que son support, discrétion oblige


 Le 16 nous voilà avec une jolie femelle toute neuve. Il aura fallu 8 jours pour la métamorphose. C’était en juin , les températures élevées expliquent la rapidité de la transformation.

Préparation à l'éclosion: on prend des couleurs


Répandu et commun dans toute l’Europe, on le rencontre dès fin Février jusqu’à décembre selon les latitudes.

Le mâle avec sa tache androconiale 


On reconnaît le mâle à cette tache androconiale cerclée sur la photo : à cet endroit des taches orangées sont présentes chez la femelle.

Femelle au repos dans la végétation 


On le rencontre dans les bois de feuillus, ou de conifères, aux abords des cours d'eau. Chez moi c'est dans le fond du jardin, là où il y a le plus d'arbres et une abondante végétation. C'est aussi l'endroit le plus ombragé. On le voit souvent posé au sol ou sur la végétation basse. Les chenilles se nourrissent en effet sur diverses "herbes". Cette année j'ai vu une femelle se nourrir sur les fleurs du Pittosporum.

On reprend des forces sur les fleurs odorantes du Pittosporum

Les œufs seront pondus isolément sur les parties découvertes des racines ou les limbes des plantes. Et le cycle recommencera.

C'est un papillon répandu et de saison! Ouvrons l'œil, c'est toujours plaisant de les voir voler.

dimanche 1 mai 2022

Eremocoris fenestratus, une punaise de la litière, bien discrète

 

Le printemps est bien arrivé dans le jardin : des fleurs partout, des chants d’oiseaux, des papillons , des abeilles, on vole au-dessus de l’herbe et près des arbres.

Mais il est un domaine où la vie est bien plus discrète mais tout aussi riche : le sol, sous les arbres, caché par les herbes et les plantes, il y a tout un monde qui vit. Les insectes y sont souvent petits, sans couleurs éclatantes, on ne les remarque guère.

C’est pourtant de  là que  tout part et se construit. Je découvre petit à petit ce monde quand l’un de ses acteurs se montre à découvert, surtout s’il se perd sur la piscine.

C’est ce qui est arrivé avec cette punaise de d’environ 1 cm, de couleur sombre,  presque noire au premier regard.

Eremocoris fenestratus, vue dorsale, en noir et brun*


A force d’habitude je sais dans quel « secteur »  chercher : 4 articles aux antennes, ce pronotum large , un scutellum bien triangulaire , des élytres qui recouvrent l’ensemble de l’abdomen avec une partie membraneuses parcourues par quelques nervures bien visibles, je cherche parmi les Rhyparochromidae, du site insecte.org.

Eremocoris fenestratus*


J’arrive à la famille des Eremocoris facilement.

Ensuite il s’agit de savoir quelle est l’espèce : deux caractères sont cités ; une seule dent sur les fémurs antérieurs et des poils perpendiculaires aux tibias postérieurs.

Fémur avec une dent plus grande*


Grâce à l’ouvrage très complet de Péricart**, disponible sur le net, Eremocoris fenestratus est confirmé. Son aspect très luisant visible sur les images est aussi noté !

Le tibia de gauche montre bien les longs poils  perpendiculaires Tel que représentés dans l'ouvrage de Péricart , Faune de France volume84, page 264 figure e*


Cette punaise, on voit bien son rostre ici, consomme des graines pourrissantes dans la litière près des arbustes de la famille des rosacées, mais aussi des cyprès qui dans mon voisinage servent de haies !

Selon l'angle de la photo, les denticules et la dent du fémur ne sont pas du tout visibles*


 On s’est posé la question de savoir à quoi servaient les épines sur ses fémurs : à tenir la graine pendant que l’insecte en prélève  la substance pour se nourrir !

Nettoyage du rostre à l'aide des pattes antérieures*


 D’ailleurs pendant que mon sujet faisait sa toilette après son bain, j’ai bien vu son habileté à passer ses pattes sur ses antennes et à passer son rostre entre ses pattes.  

Un petit insecte bien soigné à qui nous ne prêtons guère d'attention, voilà qui est réparé!

* images grossies 3 fois

** Faune de France,84b, Hémiptères Lygaeidae, volume 2