samedi 29 juin 2013

Les Cigales chantent, c'est l'été. Lyrites plebejus et Cicada orni.


L’été est bien au rendez-vous, dans le Var ! Qu’est-ce qui me fait dire cela ? Eh bien nous avons entendu cette semaine les premiers chants des cigales. Mieux encore nous en avons vues !

Par contre dans les Alpes maritimes, il ne fait pas encore assez chaud et je n’en ai pas encore entendues !

Exuvie de Cicada orni sur un tronc de pin


Au matin j’ai observé sur un vieux poteau une exuvie. Ce fut  le début d’une longue recherche. Je sais que les émergences après la longue vie souterraine (ici un article pour tout savoir sur nos cigales )  se font en général la nuit, que souvent au matin il en reste encore à attendre que les ailes finissent de durcir pour s’envoler vers leur courte vie d’adulte.

Cicada orni, bien dissimulée sur le tronc d'un Pin


En regardant sur le tronc d’un pin, j’ai vu la première, non loin de son exuvie. Elle était déjà bien en forme et un peu trop haute  sur le tronc pour moi. Il s’agit de Cicada orni, qui est celle que je vois le plus souvent ensuite aux alentours de mon jardin.

On la reconnaît facilement aux taches noires se trouvant sur ses ailes translucides.

Lyristes plebejus se réchauffant au sol avant son envol matinal.

Pour suivant notre promenade j’ai été surprise en cherchant des sauterelles dans une vigne abandonnée d’en faire tomber une au sol.  Sans doute se cachait –elle sous les feuilles, histoire de se sentir prête. Au sol, elle n’était pas très photogénique mais j’ai pu l’approcher de très près et bien l’observer et la photographier. Il s’agit d’une autre espèce, la plus grande parmi la vingtaine d’espèces de cigales que nous pouvons trouver en France.

Lyristes plebejus, détail de la tête


Les ailes ne portent pas de taches noires, le corps est grisâtre, tête et pronotum sont très larges c'est la Cigale commune: Lyristes plebejus. Si on l’entend bien, je n’avais jamais eu l’occasion de la photographier. S’étant bien chauffée au soleil, elle n’a pas tardé à s’envoler.
J’ai continué à chercher sur les pieds de vigne à proximité et j’ai eu la chance de trouver  Cicada orni   sur un pied à un mètre du sol.
Cicada orni sur un pied de vigne
 Bon, elle n’est pas restée longtemps sous mon objectif mais j’ai pu la photographier à l’aise !
Cicada orni, détail de son dos, une ornementation superbe.



Notre rencontre avec les cigales s’achève sur la découverte, dans une prairie aux herbes très hautes, d’ une exuvie de Lyristes plebejus. Elle est bien plus grosse, grande, massive que celles de Cicada orni. Elle est aussi plus terreuse. Les  pattes avant  de la larve sont vraiment énormes.
Exuvie de Lyristes plebejus, la grande cigale commune

J’ai emporté une exuvie de Cicada orni pour l’examiner en détail, je regrette bien de n’avoir pas ramassée celle de Lyristes plebejus pour les comparer !
Vue ventrale de l'exuvie de Cicada orni
Cela permet de voir la partie ventrale de la larve avec ces gros yeux et son rostre, ainsi que les courtes antennes. Les pattes antérieures fortement développées , voir le détail sur la photo suivante sont très importantes. Elles servent en particulier à progresser dans un sol dur , caillouteux, à la fois pour se nourrir et surtout dans la dernière partie de la vie souterraine à creuser un couloir vertical lui permettant de passer à l'air libre. . Vous aurez lu que grâce à un système extraordinairement astucieux, la cigale envoie son urine  par un conduit sous l'abdomen vers ses pattes avant pour ameublir le sol devant elle et ainsi mieux le dégager pour avancer. La terre est envoyée vers l'arrière pour combler le conduit qui ne s'effondre pas.

Détail de la patte avant de l'exuvie de Cicada orni



Quand on voit la nature des sols dans lesquels elle vit on comprend l'usage de ces fortes pattes pelleteuses et coupeuses(pour couper les racines dont elle se nourrit).
 Chez l'imago, les pattes avant sont redevenues "normales"!
Avec ces quelques  images, j'espère vous donner un avant- goût de la belle saison et vous souhaiter à tous, en cette année météo si particulière, un bel été!


jeudi 27 juin 2013

Peritelus sphaeroides, un charançon mal venu dans les vergers.


En observant fin mai certaines plantes de mon jardin, j’ai trouvé plusieurs exemplaires de ce charançon. Une fois sur les feuilles du rosier, une autre fois sur le pommier et encore sur une feuille de vigne.


L’insecte fait entre 5 et 6mm. Comme souvent les minuscules charançons, si vous touchez la feuille sur laquelle il se promène, hop, il se laisse tomber au sol. Bien difficile alors de le retrouver dans l’herbe.


J’ai pris ainsi l’habitude, quand je veux observer un insecte de plus près, de me munir d’un petit pot que je mets simplement sous la feuille et en général, la bestiole se laisse tomber là où je veux.
Peritelus sphaeroides, sous la toise : 6mm

C’est ainsi que j’ai récupéré 3 exemplaires de ce charançon.

Je n’ai pas de document le décrivant mais à l’aide des photos publiées sur insecte.org j’en suis vite arrivée à Periteles  sphaeroides. Une peste ! Bien connue des arboriculteurs. Déjà mal vu au siècle dernier.

Ce charançon, comme je l’ai observé est  polyphage. Certes ce ne sont pas 3 individus qui vont mettre à mal un arbre fruitier. Mais en nombre, ils s’attaquent aux jeunes plantations et font bien des dégâts.
Peritelus sphaeroides détail de la tête
 

Observons la bestiole avec davantage d’attention.  Grâce aux photos grossies entre 2 et 3 fois, il est possible de bien observer l'insecte.
C’est un charançon reconnaissable à son rostre court et large. Les antennes coudées se terminent par une massue. Elles s’insérent   au niveau de scrobe  très court et vue de face, le rostre est élargi , ce qui donne un aspect de petites oreilles.
Peritelus sphaeroides vue de face , rostre élargi dans la zone d'insertion des antennes.

Mais ce qui est le plus joli, une fois que l’on regarde son « habillage », ce sont ces écailles, des squamules claires, depuis le beige  jusqu’au brun clair, qui le recouvrent.


Peritelus sphaeroides au repos

Bien visibles sur la tête et les élytres elles forment un habillage très soigné. On distingue sur les élytres les stries en pointillés qui se rejoignent à l'apex de ceux-ci. Certains individus sont plus ou moins clairs mais tous portent quelques taches plus sombres .




 
Peritelus sphaeroides  détail des antennes
En utilisant un grossissement entre 3 et 4 fois on a le plaisir de voir ces détails des antennes.. Elles sont en deux parties, la première, le scape, est recouverte de poils assez   différents des écailles recouvrant tête et élytre. Le funicule se décompose en 7 articles, les deux premiers longs, les 5 autres bien plus courts. Le tout terminé par une massue

Peritelus sphaeroides face ventrale
 
Cette vue de dessous nous montre que le corps entier de l'insecte est couvert de  ces squamules. On aperçoit la chitine noire sur le corps. Mais les tarses et les antennes sont roux. On peut observer la position des hanches , les antérieures et médianes très rapprochées, les postérieures plus écartées.
 

Peritelus sphaeroides , un autre exemplaire à la coloration légèrement différente.
 
Lorsque l'on évoque les charançons on a bien souvent un a priori négatif, mais que cela ne nous prive pas de les regarder en détail et d'admirer, si cela est possible, le soin que la nature a pris de les "habiller"!





lundi 24 juin 2013

L’œuf du Machaon.


Dans la continuité du message précédent, voici maintenant l’œuf du Machaon( Papilio machaon)

J’ai assisté hier après-midi au passage du Machaon dans le jardin et au vol du papillon je me suis doutée qu’elle cherchait un support pour pondre.. Et c’est ainsi que l’insecte et moi nous sommes dirigés vers la partie du jardin où se trouve le fenouil.

C’est sur cette plante qu’elle pond dans mon jardin .
L'œuf du Machaon, perdu dans le  fenouil

 

Et à bonne distance j’ai observé sa technique, bien différence de celle du Gazé. Le Machaon pond ses œufs isolément, un par ci, un sur un autre  pied de fenouil, un autre encore plus loin. Elle a pondu 3 œufs, mais je n’en ai retrouvé qu’un .Elle reste quasiment en vol, les ailles toujours en mouvement, impossible de s’approcher.
Gros plan sur un œuf fraîchement pondu!

L’oeuf tout neuf, est tout rond, il doit fait 1mm de diamètre, il est « collé » dcntre un des   fins "fils" qui composent les feuilles de la plante. 
Le Machaon adulte photographié dans une prairie

Pourquoi cette dispersion ? Les chenilles écloses ne se regroupent jamais comme le font celles du Gazé. Chacune se débrouille seule.
Une autre vue de ce joli Machaon ayant déjà subi quelques accrocs.

C’est aussi un moyen de minimiser les dangers nombreux qui guettent les chenilles.
Le devenir de l'œuf est raconté ici
Le développement de la chenille se raconte plus loin
 
 

samedi 22 juin 2013

La ponte du Gazé , Aporia crataegi.


Le Gazé, Aporia crataegi, est un joli papillon blanc les ailes soulignées  de superbes nervures noires qui lui donne une  allure très élégante. Je le vois toujours en tailleur Chanel. Certes les femelles ont souvent moins d’écailles blanches et donc une tenue moins soignée mais ces jolis Pieridae m’enchantent toujours.

Cette année il m’aura fallu attendre la mi-juin pour enfin en voir quelques-uns. Je le trouve, heureusement pour moi, année après année en moyenne montagne entre 650 et 900 m d’altitude.

Je les vois  toujours à proximité de Crataegus monogyna, l’aubépine à un style, justifiant ainsi son nom de Piéride de l’aubépine.
Femelle Aporia crataegi en ponte sous une feuille d'aubépine à un style.

C’est sur cet arbrisseau que la femelle va pondre ses œufs. J’ai  assisté  à cette scène il y a peu. J’avais vu cette femelle, visitant plusieurs arbrisseaux, inspectant les feuilles, repartir et continuer ses recherches.

Enfin, elle s’arrête et s’installe au cœur d’un buisson, à une trentaine de centimètres du sol.

L’aubépine à un style est un arbrisseau très, très épineux ! Il me fut donc difficile de me glisser  assez près du papillon pour le voir pondre, pas trop près pour ne pas l’inquiéter !
Les 9 œufs fraîchement pondu par la femelle Aporia crataegi.
 

Mais J’ai eu ce grand plaisir de voir Madame  Gazé déposer  ses œufs sous la feuille. Elle pond un œuf après l’autre. Le premier a nécessité un temps plus long. Quand elle est installée elle ne s’inquiète plus trop de ma présence. Elle a pondu ses 9 œufs puis tranquillement s’est envolée.

J’avais déjà, l’un passé pu observer une ponte mais après le départ du papillon.

Six œufs de Gazé.

Mon observation s’était déroulée en mai   et à proximité des œufs, j’avais déjà vu des chenilles nouvelles nées. Elles se développent puis passent l’hiver dans un réseau  de soie leur servant d’abri. Au printemps suivant, elles finissent leur croissance, deviennent chrysalide et enfin papillon adulte.
Jeunes chenilles de Gazé sur feuille d'aubépine à un style.

Voici mes observations concernant le Gazé sont maintenant complètes .
Voici les messages précédents

La chrysalide et l’émergence: ici
La présentation, l’accouplement et la chenille adulte :ici

 

jeudi 20 juin 2013

Acmaeodera pilosellae, Acméodère de la piloselle.


Une jolie rencontre dans la garrigue superbement  fleurie. Les jours pluvieux auront eu cet avantage de nous offrir une grande variété de fleurs et d'une belle  taille.
Acmaeodera  pilosellae, sur une jolie fleur de liseron
 

 Le liseron des champs est une plante commune mais sa fleur rose tendre est superbe et surtout les insectes s’y voient de loin ! C’est ainsi que j’ai vu ce Bupreste d’environ 1 cm.

Il m’a tout de suite intriguée car je ne l’avais jamais vu : sa décoration dorsale bien originale se voit de suite.
Un Bupreste au dos joliment orné.

Ensuite sa pilosité claire et son aspect cuivreux brillent au soleil. La tête et le pronotum ont cette couleur cuivre dorée avec une pilosité blanche. Les élytres, plus clairs sont décorés avec des taches irrégulières de la même couleur, le long de la jointure, et sur les côtés. C’est ce dessin qui attire l'attention et permet d’identifier aisément l’insecte.

Acmaeodera  pilosellae fait partie de la famille des Acméodères qui compte une vingtaine d’espèces en Europe occidentale. Il est dit qu’on le rencontre sur les composés à fleur jaune, comme les piloselles mais aussi sur les cistes, les hélianthèmes et les liserons.
Acmaeodera  pilosellae, , pilosité claire bien visible.

La larve elle se développe dans les petites branches des aubépines, chênes (qui sont bien présents sur le site de mon observation) mais aussi les amandiers et les noisetiers !

L’Acméodère de la piloselle est assez commun depuis l’Espagne en passant par le sud de la France, le nord de l’Italie et les Balkans.
Source: Coléoptères phytophages d'Europe, Gaëtan du Chatenet

 

samedi 15 juin 2013

Hadrodemus M-flavum, larve à sa toilette.


 J’ai trouvé cette  petite punaise juvénile à 1000mètres d’altitude dans une prairie. Elle se promenait sur cette plante, la petite pimprenelle, dont les fleurs si particulières sont encore  en boutons.
Hadrodemus M-flavum, larve se nourrissant sur des fleurs de petite pimprenelle, en boutons

Les ébauches ailaires bien visibles font penser qu’elle est au stade V, c’est dire qu’à la prochaine mue elle sera adulte.Elle mesure environ 7 mm.
Larve Hadrodemus M-flavum vue de dos, ébauches ailaires bien visibles.

Il s’agit d’Hadrodemus M –flavum , les photos de l’adulte à la fin de l’article, permettent de comprendre aisément son nom. Le M jaune est bien visible sur les ailes.

 Bien sûr, les larves sont toujours différentes des adultes.
Larve Hadrodemus M-flavum la toilette de l'antenne

Après l’avoir observée sur sa plante j’ai voulu « mieux voir » les détails de cette petite punaise. Et elle m’a offert une jolie scène, le nettoyage de ses antennes.
Larve Hadrodemus M-flavum:  je nettoie jusqu'au bout!

Grossies entre 2 et 3 fois, on voit bien le travail de l’insecte. Debout sur ses 2 paires de pattes arrières, elle utilise les pattes avant pour nettoyer des antennes. Chaque antenne est minutieusement passée entre les pattes jointes. Tout se fait avec grand soin, et sans précipitation aucune.
Bravo, j'y suis arrivée!
 



Ce qui a donné cette image où l’insecte a ses pattes avant bien en l’air. On peut s’amuser à légender la photo du style : « Bravo, j’y suis arrivée, mon antenne est nickel !! »

 
Adulte Hadrodemus M-flavum , le M jaune visible




Hadrodemus M-flavum vit sur les herbes des lieux secs et chauds, elle est présente partout en France, plus abondante peut-être dans le Sud.


Hadrodemus M-flavum , adulte sur la lavande en juillet.

Une petite suite
 
 
Ce matin en regardant l'évolution de la larve j'ai vu qu'elle avait muée et est devenue un superbe imago.
Voici Hadrodemus M-flavum dans toute sa beauté néo natale!
 
 
Hadrodemus M-flavum, un imago tout neuf!
 
 
Et il me reste son exuvie!

Exuvie d'Hadrodemus M- flavum


mardi 11 juin 2013

Bruchidius siliquastri, la bruche de l’Arbre de Judée


Dans le fond du jardin je trouve parfois ces petits coléoptères sur les rosiers ou la vigne. En fait, ils ne sont pas liés à ces plantes mais à l’Arbre de Judée qui les surplombe. Souvent un insecte vit sur une plante où il trouve sa nourriture .C’est le cas de Bruchidius siliquastri venu avec son hôte : l’Arbre de Judée (Cercis siliquastrum).   
Bruchidius siliquastri, la bruche de l’Arbre de Judée , se promène sur une feuille de son hôte.

 Cet arbre ornemental, très répandu dans bien des régions maintenant, a l’avantage de fleurir tôt  et les  fleurs roses apparaissent avant le feuillage.

Ce petit coléoptère,  a été déterminé seulement en 2007,il fait partie de la grande famille des Chrysomelidae.

Petit, il appartient à la famille des bruches, insectes qui pondent leurs œufs dans les graines des Fabacées. Quand ces insectes s’en prennent aux haricots, aux petits pois, ils causent des dégâts dans les récoltes.  Bruchidius siliquastri, a moins d’impact sur un arbre ornemental.



Son abdomen brun rouge, contraste avec le noir du corps.

Petit, entre 5 et 7mm, on remarque surtout son abdomen brun rouge. Ses élytres courts, ne le cachent pas entièrement.

Sur la tête, le pronotum et les élytres de très fins poils courts et  blancs donnent un aspect argenté à l’insecte.La partie ventrale est plus densément recouverte. De plus les stries régulières partent de la base des élytres pour en rejoindre l’apex, et une ligne ouverte  en fait le tour.

Le pronotum, lui est ponctué.

Mon insecte est très poilu, souvent les individus anciens, le sont moins et l’ornementation des élytres et du pronotum  est plus visible.

Des antennes  aux articles différenciés.

Les antennes qui sont souvent un moins d’identification pour distinguer des espèces voisines, comprend 4 articles plus ou moins cylindriques, alors que les suivants sont triangulaires et donnent un aspect denté.

L’arbre de Judée produit une énorme quantité de gousses dont les graines font le régal des mésanges en automne et en hiver. La présence de quelques graines abritant des larves de Bruchidius siliquastri, ne pose pas de problème à ces consommateurs gourmands !
Bruchidius siliquastri, très mobile, se laisse tomber et fait le mort quand il est dérangé!