lundi 21 octobre 2013

Charaxes jasius : les premières heures de vie.




Charaxes jasius (le Pacha à deux queues ou encore la Nymphale de l'arbousier) est un magnifique papillon que l’on peut rencontrer le long des côtes méditerranéennes tant en Europe qu’en Afrique.
Ses chenilles consomment essentiellement les feuilles de l’arbousier, Arbusto unedo.
Je regrettais souvent de n’en avoir jamais vus dans mon jardin malgré la présence d’arbousiers. Eh bien maintenant ce n’est plus le cas.

D’abord, j’ai vu l’adulte le 15 septembre. Il s’agit  alors de la seconde génération que l’on voit de la mi-août jusqu’à la mi-octobre.

Œuf de Charaxes jasius grossi 4 fois, il ferait une bonne pub pour une  petite bouteille ronde!


Mieux encore il y a une dizaine de jours j’ai vu sur l’arbousier du fond du jardin un œuf. Très caractéristique je l’ai tout de suite reconnu. Charaxes jasius m’avait laissé une trace de son passage dans le jardin. J’en ai été ravie !

Je l’ai prélevé et mis à l’abri. Il faut dire que les arbres sont très visités par les nombreux passereaux qui y viennent chercher leur nourriture.


Chenille nouvelle née, elle mange la coquille de son œuf, sa première nourriture.



Hier, donc au bout de la dixième journée, j’ai vu la jeune larve issue de cet œuf. L’éclosion s’était faite la nuit et au petit matin il ne restait que quelques morceaux de la coquille de l’œuf. C’est en effet la première nourriture de la toute jeune chenille.


Détail de la tête avec ses petites cornes , ses solides mandibules entourés de palpes sensitifs



Comme souvent cette chenille nouvelle née ne ressemble guère à ce qu’elle deviendra au bout d’une ou de plusieurs mues.

La tête toute sombre avec ses deux excroissances de chaque côté. Ses excroissances resteront présentes jusqu’au dernier stade de la chenille.



7 mm et des détails particuliers  : quatre excroissances sur la tête et un abdomen avec deux petites excroissances, légèrement recouverte de poils fins


Mais la chenille nouvelle née, 7mm, n’a pas encore cette belle couleur verte qui lui permet de se dissimuler sur les feuilles de sa plante hôte, feuilles qui restent vertes toute l’année.

Voici une chenille trouvée le même jour non loin de l’œuf. Bien plus « âgée » car elle  a déjà mué au moins 2 fois. La forme de la tête n’a pas changé sur son dos on voit un ocelle coloré.

Voici la seconde chenille , plus âgée, sa couleur est verte ses excroissances rouges et elle porte un ocelle sur le dos, signe qu'elle n'a pas encore atteint son dernier stade.


Lors de la dernière mue, comme sur la chenille du billet qui présente le papillon,(en début de message) on y verra 2 ocelles.

Ces détails donnent une idée du stade de développement de la chenille.

La  plus grande chenille,  est entrée en diapause. Collée sur une feuille d’arbousier elle est bien cachée et va attendre le printemps pour reprendre son développement.

Au second jour , les excroissances de la chenille de Charaxes jasius se sont bien rembrunies.


J’espère que le « bébé » chenille né hier, va se développer un peu avant de se mettre au repos pour passer l’hiver.
Déjà les excroissances au bout de l'abdomen  et sur la tête ont changé de couleur et cette après midi je l'ai vu grignoter ses premiers bouts de feuilles d'Arbusto unedo Ce sont ces chenilles qui nous permettront de voir la génération printanière, entre mai et juin de Charaxes jasius !

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Mardi 22 octobre

Un  petit ajout

 Comme tous les matins j'observe l'évolution de mes pensionnaires . La petite chenille, maintenant à l'aube de son troisième jour a pris une couleur plus proche de celle que nous avons l'habitude de voir et surtout qui la dissimule mieux sur les feuilles de l'arbousier.
Chenille de Pacha à deux queues à l'aube de son troisième jour, la couleur du corps évolue vers le vert du support.


C'est aussi l'occasion de détailler les deux excroissances situées à la fin de l'abdomen

Leur couleur s'oriente vers ce pourpre des pétioles des feuilles de l'arbousier



Pour rappel : la présentation de l'imago Charaxes jasius ici

mardi 15 octobre 2013

Graptostethus servus : un second exemplaire à l'aspect un peu différent


Un des caractères de cette punaise rare( décrite dans mon précédent message) est de présenter une grande variabilité dans les marques noires qui ornent pronotum et hémélytres. C’était ce que j’avais lu et l’exemplaire précédent était en effet différent de ceux que j’avais vus sur des photos présentant l’espèce.
Graptosthetus servus, punaise rare en France, une marque blanche à la limite des hémélytres.

Ce matin, j’ai pu constater moi-même cette variabilité. Dans mon jardin à 3 mètres de ma précédente observation j’ai rencontré un second exemplaire. Et j’ai bien fait de regarder de plus près qui se promenait dans ce grand circe  qui se dessèche tranquillement, c’est d’ailleurs un vrai HLM à punaises !
C'est cela qui motive la publication de deux articles successifs sur cet insecte.
Graptosthetus servus, pattes antennes et rostres noirs

Comment l’ai-je  reconnu : en premier lieu en regardant le pronotum, les marques noires n’atteignent pas son bord postérieur qui est rouge, tout comme sa partie supérieure. Ensuite sa taille autour du cm donne une bonne indication. Ensuite le scutellum tout noir correspond aussi à Graptostethus servus.

Eh bien ensuite la photo permet de voir cette abondante pilosité blanche. D’ailleurs on observe des poils bien plus longs sur les bords du pronotum.
La pilosité blanche et les poils plus longs au bord du pronotum

Un autre détail, la tache blanche à l’intersection des hémélytres et de la membrane est aussi décrite dans la littérature anglophone. Celle-ci est bien visible sur cet exemplaire alors qu’elle l’était moins sur le modèle précédent( voir la première photo).

Comme beaucoup d’insectes quand on les manipule, ils font ensuite leur toilette ce qui donne quelques images amusantes, comme ce nettoyage du dos avec les pattes.
Graptosthetus servus,une toilette soignée!

 Pour une punaise rare et variable, j’ai eu de la chance de trouver ces deux exemplaires bien différents dans un petit coin de mon jardin, c’est une excellente surprise !

Côte à côte par un petit montage voici mes deux punaises Graptostethus servus!
 

dimanche 13 octobre 2013

Graptostethus servus, une punaise rare en France.


La série des insectes rouges et noirs continue ! C’est parfois ainsi que les découvertes s’enchainent. J’observais un carré de framboisiers remontants dont la floraison est bien en retard et j’ai vu une punaise rouge et noire sur une feuille. Des punaises rouges et noires il y  en a beaucoup et certaines sont bien représentées dans le jardin. Je n’ai jamais vu autant de Pyrrhocoris apterus que cette année, mais avec leurs gros points noirs ils sont vite identifiés.
Celle-ci a retenu mon attention à cause des points ronds noirs qui décoraient la partie inférieure de son scutellum. Ce n’était absolument pas commun. Je l’ai photographié dans le jardin et comme elle était très coopérative, c’est dire qu’elle ne s’est ni cachée ni envolée, nous avons continué la séance en studio !



Graptostethus servus,  une punaise rare en  France.

Quand j’ai cherché à l’identifier, je n’ai rien trouvé qui lui ressemblait !  J’ai heureusement vite trouvé une réponse grâce à l’excellent forum insecte.org.

Ma punaise est une vraie méditerranéenne que l ‘on rencontre depuis peu chez nous.  Elle est bien plus répandue en Afrique, en   Australie et en Amérique. En Europe elle a été photographiée en Italie, en Espagne au Portugal, en Grèce..en fait sur le pourtour méditerranéen. Chez nous elle est donnée comme rare. C’est une vraie chance de l’avoir trouvée dans le jardin, depuis je continue à chercher mais je n’en ai pas trouvé d’autre !  



Graptostethus servus,  une punaise rouge et noire .

Voici Graptostethus servus, qui appartient à la famille des  Lygaeidae. Un de ses caractères marquants est son corps poilu, une fine pilosité blanche, entrecoupée de poils plus longs sur les bords du pronotum ou sur la tête.



Graptostethus servus,  vue grossie de la tête, avec une belle pilosité blanche.

La tête est rouge marquée de noir ou entièrement noire. Un des autres caractères de cet insecte est la variabilité importante des dessins qui l’ornent. Mais le bord postérieur du pronotum est toujours rouge, le scutellum noir. Antennes et pattes sont noires.




Graptostethus servus les détails à observer en plus de la pilosité.

Le dessin  noir sur les hémélytres quant à lui varie beaucoup. Sur mon exemplaire il est peu important mais ici il l'est plus.

Le dessous de son corps présente aussi une alternance de couleur rouge et noire ainsi que des zones marquées de grosse ponctuation et d’autres lisses.



Graptostethus servus,  un dessous aussi rouge et noir avec des zones moins poilues qui apparaissent plus sombres.

Graptostethus servus mesure autour de 9mm.et c’est une espèce automnale. Il s’agit de bien regarder lorsque vous verrez une punaise rouge et noire de forme allongée et poilue, cela se voit bien !Nous aurons ainsi une idée plus précise de sa présence chez nous. Bonnes observations !

mercredi 9 octobre 2013

Scaphidium quadrimaculatum


 

 

Encore un insecte en rouge et noir !
Scaphidium quadrimaculatum se promenant sur une feuille de sauge ananas.

Je l’ai rencontré hier en observant diverses fleurs et plantes et sur un pied de sauge ananas (Salvia elegans)qui commence à fleurir, je l’ai vu. Avec ses couleurs nettes et brillantes Scaphidium quadrimaculatum se remarque.

Oh, il n’est pas bien grand entre 5 et 6mm ! C’est sa forme qui m’a intriguée, ses élytres courts ne couvrent pas l’abdomen et on voit l’insecte se terminer en pointe, le corps est lisse et brillant.
Toujours en mouvement l'insecte cherche à se cacher sous l'écorce.

J’ai  eu du mal à trouver son identification et c’est en passant en revue bien des ordres de coléoptères que j’ai même épluché celui des Staphylinidae.

 

Outre son aspect pointu, Scaphidium quadrimaculatum, présente deux taches rouge vif sur chaque élytre et on arrive donc à quadrimaculatum(4 taches !!).

Scaphidium quadrimaculatum aux tibias postérieurs légèrement arqués.

Ayant découvert son nom j’ai cherché à mieux le connaître et surprise c’est un mangeur de champignons sur les vieux bois, en particulier de conifères. Je suppose que l’insecte se promenait sur la sauge ananas, peut-être pour profiter du soleil après deux jours d’averses.

Quand je lui ai présenté un vieux bout de bois, il n’a eu qu’une idée se cacher sous l’écorce, pour faire des photos, ce n’est pas la bonne idée. J’ai dû beaucoup insister pour le ramener chaque fois sur l’écorce pour que nous puissions admirer les délicates ponctuations de son pronotum et de ses élytres.
Une guirlande de points bien marqués sur le pronotum et soulignant le contour des élytres.

La base du pronotum est soulignée d’une ligne ondulante de gros points. On retrouve cette « décoration » le long de la suture des élytres alors que ceux –ci sont plus finement ponctués. Tout le reste de l’insecte est d’un noir brillant.
La tête bien petite porte de gros noirs, le pronotum est  finement ourlé .

On observe les tibias postérieurs légèrement arqués(photos 1 et 3), les antennes se terminent par les derniers articles dilatés.

On le voit peu, sa vie se passant sur le bois en train de pourrir et couvert de champignons. On le rencontre partout en France et en Europe.

dimanche 6 octobre 2013

Trichodes leucopsideus sur Scabieuse.


Voici d’autres insectes en  rouge et noir ! Ces coléoptères font partie de la famille des Cleridae et nous en connaissons bien les deux représentants déjà présents dur le blog, le Clairon des abeilles et le Clairon des ruches. .


Trichodes leucopsideus mâle au repos sous une fleur de scabieuse

A première vue on dirait l’un ou l’autre mais ce n’est pas le cas, un détail les distingue: la petite tache sur l’épaule.

Trichodes leucopsideus mesure environ 1cm (taille comprise entre 7 et 13mm).

Trichodes leucopsideus mâle détail de la tache humérale
 Le corps est d’un noir bleuté avec les élytres rouges marqués de  2 grandes fascies  noires, une grande tache noire à l’apex, scutellum et suture aussi bordés de noir.

Plus difficile à voir une pilosité blonde, des antennes rousses(ici la massue est noire et compacte) et une ponctuation dense.

Trichodes leucopsideus femelle
Un dimorphisme sexuel permet de reconnaître les mâles : les fémurs de ces derniers sont fortement renflés. C’est bien visible sur mon exemplaire qui avait passé la nuit sous la fleur de scabieuse, je l’ai trouvé à 8 heures du matin au fond d’un vallon que le soleil n’avait pas encore atteint.
J'aurai la chance, en fin d'après midi de rencontrer la femelle aux fémurs "normaux".


Détails de l'antenne rousse avec une massue  compacte aux 3 articles renflés.
 Trichodes leucopsideus est moins répandu et plus commun autour de la Méditerranée, mais peut se rencontrer bien ailleurs.

Femelle Trichodes  leucopsideus en chasse sur la Scabieuse
Comme les autres Trichodes, celui-ci se nourrit sur les fleurs où il chasse à l’affût.. Ses larves se nourrissent dans les nids des hyménoptères  Apidae et Sphecidae dont elles consomment larves, pupes ou œufs.

 


Un petit montage pour mettre côte à côte ces Trichodes rencontrés au cours des diverses sorties.(en cliquant sur l'image , on la voit en plus grand)

mercredi 2 octobre 2013

Prostemma guttala, une élégante punaise en rouge et noir.


L’automne est la saison du jardinage par excellente dans ma région. On nettoie et on replante. Les jeunes plants profitent des pluies un peu plus présentes et avec les températures encore douces s’enracinent. Ainsi au printemps elles sont prêtes pour affronter des périodes plus sèches.

Et dans ces travaux je suis contente de constater la présence de nombreuses petites bestioles que j’ai apprises à connaître au fil des ans et des saisons. Mais je suis toujours émerveillée d’en découvrir d’autres !
Prostemma guttala, aspect général, le rouge éclatant contraste avec le noir brillant.

Voici une punaise qui a attiré mon regard. Avec ses superbes couleurs je ne voulais en aucun cas manquer de lui tirer le portrait.

Elle courait sur une partie de sol couverte par des cailloux. L'endroit était donc bien chaud.
Des poils parsèment tout le corps de l'insecte

Il s’agit de  Prostemna guttala. C’est une prédatrice d’autres punaises. Eh oui, dans toutes les familles il y a des chasseurs ! Elle appartient à la famille des Nabidae et se nourrit exclusivement de Lygaeidae  ( les punaises rouges et noires dont les célèbres Gendarmes) et de Pentatomidae.

Bien que lui ayant présentés quelques jeunes Nezara virudula très abondantes en ce moment ou des jeunes Gendarmes (Pyrrhocoris apterus) elle n’en a pas voulu . Mais j’ai eu droit à une séance de toilettage très intéressante.
Le nettoyage méticuleux des antennes

La punaise fait 9 mm, elle est ici dans sa forme la plus répandue c’est-à-dire avec des ailes courtes, forme brachyptère. Elle existe aussi dans une version ailes longues, mais beaucoup moins répandue:  forme macroptère.

 
Prostemma guttala aux étonnants tibias des pattes  antérieures

Ce qui est remarquable c’est ce contraste entre les parties noires brillantes du corps et les pattes d’un rouge éclatant. Il existe aussi dans cette famille des Prostemma deux espèces qui ont les pattes plus(Prostemma aeneicolle) ou moins noires( Prostemma sanguineum) en plus du rouge ; mais elles sont beaucoup plus rares. Prostemma guttala est la plus répandue de ces 3 espèces.
Détail des ailes brachyptères

Les photos grossies de 2 à 3 fois permettent de bien voir d’autres détails. Le corps et les ailes sont recouverts de poils.
Un rostre en 4 articles et des pattes avant particulières

Le rostre est composé de 4 articles et semble bien solide et surtout pointu. Il parait que sa piqûre est douloureuse, je n'ai pas testé!

J’ai été très intriguée par la forme des tibias antérieurs. Et les photos au fort grossissement  permettent de voir juste avant les tarses une excroissance qui donne l’impression d’un sabot. C'est en fait une partie charnue couverte de duvet qui lui donne l'aspect du velours(décrit dans les Annales de la Société entomologique de France en 1834) Cela lui assure une meilleure prise au sol, très utile pour un chasseur.
Ultime phase de la toilette, le nettoyage du rostre
 
C'est une punaise que l'on peut voir presque dans toute la France sans jamais y être abondante. Elle est rare en Belgique et semble avoir disparue d'Angleterre. Elle chasse la nuit et passe la journée à l'abri sous les pierres. Ce qui explique sans doute qu'on la voit peu.
L'insecte passe l'hiver au stade adulte dans la litière ou la mousse.


Des infos sur son mode de vie sont tirées de J.PERICART(Faune de France 71)Hémiptères Nabidae.