dimanche 30 août 2009

Jeux de couleurs sur les ailes du papillon le moiré lustré (Erebia cassioides)!

Les ailes des papillons ont une structure faite d’écailles qui réfléchit la lumière et leur donne cette belle coloration que nous admirons quand ils volettent de fleur en fleur !
A 2300 mètres d’altitude, il existe encore de recoins fleuris en cette fin de mois d’août !
Le long de cette petite faille plus humide que les prairies avoisinantes on trouve renouées, carottes sauvages et des adénostyles à feuille d'alliaire(merci Foise) ! sur lesquelles se pressent papillons et insectes.
C’est là que j’ai rencontré 2 ou 3 variétés de moirés. Les moirés sont des papillons bruns avec des taches oranges ornées d’ocelles noires avec un point blanc ! Ce sont ces taches oranges, et les ocelles, leur nombre, leur taille et leur disposition qui permettent d’attribuer un nom aux papillons
Ils s’appellent tous Erebia mais c’est l’adjectif qui suit qui est déterminant : j’ai ainsi compté 47 moirés dans mon guide !

Erebia cassioides butinant les fleurs d'adénostyle.

Et maintenant en vue verticale !

Mais après vérification nous avons bien affaire au moiré lustré. C’est un papillon des prairies alpines. Et voici la particularité de ce papillon : on voit nettement du bleu et du vert sur les images.

Les écailles décomposent la lumière en bleu et en vert!

Ce phénomène est lié à la structure des écailles qui striées, renvoient la lumière en la décomposant.
C’est l’angle selon lequel l’aile est éclairée qui détermine sa couleur que l’on voit à certains moments
La couleur brune est donnée par la mélanine qui colore les écailles ; c’est la couleur de base de ces papillons.

Encore davantage de couleurs!

Ici le phénomène est encore plus étonnant puisqu'on y voit en plus du rouge
Je ne sais si mes explications sont claires, mais c’est un phénomène optique connu. C’est la première fois que j’arrive à le mettre en images.
De ce même phénomène nous viennent aussi les changements de couleurs observés chez d’autres papillons je pense au grand mars changeant que je n’ai fait qu’apercevoir et j’étais tellement subjuguée par ses couleurs que je n’ai même pas sorti l’appareil du sac !!

Pour ceux qui veulent en savoir plus voici des liens dont avait parlé Frémalo :
La couleur des papillons

Les autres sujets consacrés aux papillons sur ce blog:
le sylvain azuré
la belle dame , un papillon migrateur

mardi 25 août 2009

Anonconotus alpinus : une sauterelle montagnarde.

Ces petites sauterelles se rencontrent en altitude ! J’ai vu les premières à partir de 1600 m sur les pentes du Mont Serein.
Ce qui a attiré mon regard, c’est leur couleur sombre.
Quand il fait chaud, nous mettons des vêtements clairs pour renvoyer les rayons solaires de façon à ne pas avoir trop chaud.
Là c’est l’inverse : pour garder la chaleur du soleil qui réchauffe moins que dans les zones de plaine, ces sauterelles d'altitude arborent une livrée sombre !

Ma première rencontre avec un mâle !

Mais pour accroître la difficulté de ceux qui essaient de trouver leur nom, Anonconotus se présente sous des couleurs variées : un peu de vert, beaucoup de brun et même du noir !

Une femelle de couleur brune !

Une caractéristique commune à toutes ces sauterelles : leurs belles antennes qui sont jaunes à la base et ensuite virent au fauve.
Une autre particularité : leurs ailes, elles sont symboliques : chez les mâles, les élytres se recouvrent l’une l’autre ; chez les femelles elles sont disjointes et disposées de part et d’autre du pronotum, bien plus petites encore que celles des mâles.
Autant vous dire que vous ne risquez pas de les voir s’envoler ! Mais disparaître dans la végétation oui ! Et vite !

Vite vite je retourne me cacher dans l'herbe!

Continuons notre petite leçon d’anatomie orthoptérique ! Voici la patte postérieure de notre belle anonconotus alpina !
Anonconotus (decticelle montagnarde ou analote des Alpes) fait partie de la sous famille des Decticinae qui se reconnaît à la présence d’une paire de plantules libres au-dessus du premier article du tarse postérieur. Les tarses sont les 3 pelotes qui forment le pied ; celui est terminé par une griffe.
Une caractéristique d’Anonconotus alpina est la présence de quatre éperons apicaux aux tibias postérieurs.

Détail de la patte postérieure (la plus grande) d'Anonconotus alpina.

Le dessous du corps est gris ce qui est bien visible en regardant cette femelle grimper pour prendre de la hauteur.

Dessous du corps gris, dessus verte et brun sombre.

Ainsi en cherchant les caractères qui sont propres à une espèce on arrive progressivement à trouver son identité !
Cette Analote présente des sous- espèces selon les massifs où elle vit. Ainsi il existe une variété aux ailes encore beaucoup plus courtes chez le mâle et quasi inexistantes chez la femelle ! Je suis sûre que ce ne sont pas les exemplaires que j’ai rencontrés en parcourant le col des Champs ou celui de la Cayolle car j’ai bien retrouvé les éléments qui identifient la variété alpinus!


Autres articles se rapportant aux sauterelles.

Tylopsis liliifolia , le phanéroptère feuille de lys
La sauterelle et le spermatophore : la reproduction des sauterelles
Identifier une sauterelle : le barbitiste fischeri
Des articles plus anciens :
Ephippiger provincialis

vendredi 21 août 2009

Marmottes : les sentinelles de la montagne.

Il fait chaud ces temps -ci ! Et comme beaucoup d’habitants du département des Alpes maritimes, nous sommes allés chercher la fraîcheur aux limites du département, côté montagne !
Elle était au rendez-vous : à 2000m la température de 22 degrés est des plus agréables le jour et surtout les nuits à 11 degrés font beaucoup de bien !
Mis à part la fraîcheur nous avons aussi trouvé un mammifère emblématique de nos belles montagnes : des marmottes !
Oh pas en nombre, mais cela fait plaisir de les observer ! Les marmottes vivent dans un terrier qui a plusieurs issues ! C’est un animal vigilant qui a une bonne vue , et qui prévient copains et copines, quand un intrus s’approche de leur domaine !Ces 2 préalables posés vous avez quelques petites idées de ce qui se passe quand vous voulez les photographier !
Quand vous avez trouvé un coin à marmottes(merci à Thierry et Evelyne de leurs précieuses informations, nous en profitons pour vous souhaiter un très bon retour chez vous ), il s’agit d’avancer avec prudence et d’ouvrir l’œil !
Qu’est-ce un coin à marmottes ?Un adret avec une zone herbeuse dégagée, au-dessus de la forêt, en-dessous des cailloux !
Soudain, on entend un « Piiiiii » strident, voilà vous êtes repérés, et vous voyez un ou deux individus s’enfuir et disparaître à l’entrée du terrier ! Bon avec de la patience, l’un ou l’autre finira par ressortir, vous dîtes-vous ! Asseyons- nous et attendons !
Parfois l’attente est longue et inutile !
Plusieurs sorties : voilà ce qui est important pour un bon terrier de marmottes ! Maligne, elle sort derrière votre dos et doit bien rigoler de vous voir l’œil fixé sur l’autre entrée !!!


Je sors de mon terrier et j'observe les environs.

Alors la solution est de rester à distance, après avoir vu une bonne grosse adulte se prélasser sur la plateforme devant sa demeure ! Elle observe les environs, tout semble calme. La voici debout sur ses pattes arrière et on peut voir ses mains aux 4 doigts sans pouces mais avec de fortes griffes !

Je sais très bien me tenir sur mes pattes arrière .

Ensuite , elle s’installe à l’entrée , sur sa plate forme et profite du soleil matinal ! Remarquez la couleur claire de son pelage. Alors que les jeunes sont ont davantage un pelage gris , beaucoup plus foncé.

Bon un peu de repos pour digérer mon repas du matin , mais je garde l'oeil bien ouvert.

Les jeunes sont nés en juin juillet et comme tous les jeunes , bien moins prudents que leurs parents !
Alors approcher un jeune est plus facile surtout qu’il choisit une entrée de terrier bien dégagée.
Celui a attendu que je sois à 10 mètres de lui pour s’enfoncer dans la protection du terrier.

Un petit curieux qui ne m'a pas vu!

Voici le portrait du jeune curieux: un pelage gris foncé et un ventre plus clair, des petites oreilles bien dressées, mais pas encore assez expérimenté pour fuir quand un bipède s'approche!!

Jeune marmotton curieux.

Aux heures chaudes la famille marmotte dort ! Alors, quand j’ai grimpé dans les prés pour aller voir les sauterelles typiques de ces altitudes, j’ai été surprise de voir détaler 2 jeunes ! Ils devaient s’amuser et après qu’ils aient rejoint leurs trous, je me mise à leur hauteur et j’ai attendu ! Un des petits est bien ressorti derrière son bouquet d’herbes comme protection et a joué aux grandes personnes en lançant de fausses alertes ! Debout sur ses pattes arrières il pousse plusieurs cris de toute la force de ses jeunes poumons ! Alors qu’un adulte lance un seul cri !

Coucou les copains , où êtes -vous?

S’étant bien amusé, il est retourné se mettre à l’abri dans son terrier.


Une petite précision : les marmottes sont des herbivores , qui aiment les herbes tendres, les fleurs et consomment de temps en temps vers de terre et insectes ! Ne leur donnez pas de pain , de gâteaux ou autre nourriture fabriquée pour les humains : cela les rend malades.

dimanche 16 août 2009

Bombyle systoechus: "c'est l'été: je bulle!"

Dans le jardin a poussé un chardon ,comme je les aime beaucoup, il a échappé à la tondeuse et au nettoyage ! Il atteint maintenant deux mètres de hauteur et il est sans doute de l’espèce ferox car ses pointes sont vraiment acérées ! Il fleurit et attire les insectes faisant ainsi oublier le danger de ses piquants !
Ce matin je suivais du regard un petit bombyle qui se promenait : je voulais le voir plonger sa longue trompe entre les fleurs !Vous savez ce qu’il en est : ce n’est pas parce que nous sommes là que l’insecte prend la pose qui nous plaît.
Il a quitté les fleurs et s’est posé sur un bouton encore fermé et bien vert ! Il va faire sa toilette, me suis-je dit et je m’apprêtais à prendre une ou deux images ; toujours difficile car tout va très vite et saisir une patte qui passe devant l’œil n’est pas aisé !

Bombyle Systoechus au repos.

Puis , c’est sur sa trompe que je regarde : mais il bulle ! Voilà qui est passionnant ! Buller pour un bombyle ! De quoi s’agit il donc ?
L’insecte dispose d’une trompe rigide ( celle des papillons est souple et s’enroule au repos) formée de 2 canaux par lesquels il aspire le nectar qu’il va chercher dans les fleurs ! C’est l’activité principale des butineurs ! Voler de fleurs en fleurs et prélever chaque fois un tout petit peu de ce liquide nutritif !

Et voici une bulle translucide qui se forme au bout de sa trompe raide!

Maintenant , l’insecte régurgite du liquide par la trompe, une bulle se forme, grossit un peu et on la voit tenue au bout de la trompe par les deux petites lamelles qui la terminent. Un peu comme un enfant qui fait des bulles avec de l’eau savonneuse ! Pendant une seconde la bulle est magnifique , puis elle est aspirée et disparaît dans le conduit ! Un autre apparaît , une autre et une autre ! Je suis restée plus de 10 minutes à la regarder buller ! Ce qui m’a frappé, c’est la parfaite immobilité de l’insecte !

Détail de la bulle retenue au bout de la trompe.

Puis un mouvement qui met la trompe presque verticalement , la tête se tourne à droite à gauche et presque sens dessus dessous !

Mouvement de rotation de la tête!

Je ne sais pas à quoi ont servi ces mouvements !Ensuite le « bullage » a repris encore quelques instants !Puis l’insecte est ensuite reparti se nourrir. Ce fait de « régurgiter »« du liquide a été observé chez bien des insectes , des mouches en particulier. Et interroge les spécialistes. Voici un fil à ce sujet sur le forum insecte.org
Des explications lues je retiens que le tube digestif des mouches ( ce bombyle en fait partie) a un diverticule(une sorte de jabot) dans lequel est entassée la nourriture en premier lieu !Lorsqu’il est plein , elle est transvasée dans une autre partie du tube digestif pour être digérée ! Pour passer du premier lieu de stockage au second, la nourriture est renvoyée à l’extérieur puis aspirée pour être digérée.

Une belle bulle: pas de crainte je n'en perds pas une goutte!!

Chez certaines mouches , les bulles sont vraiment colorées, cela doit dépendre de ce qui est absorbé !
Ici, ce n’est pas de l’eau car il n’y en a pas ! Tout est sec , archisec , ….
C’était un très beau spectacle que je n’avais jamais observé chez un bombyle !

jeudi 13 août 2009

Ameles decolor: mâle et femelle de mante décolorée!

Bis, pourrai- je ajouter, ayant déjà rencontré cette petite mante décolorée l’an passé sur le même site !
Et cette année j’ai vu avec grand plaisir dans les buissons de lavande desséchés de "mes" dolines situées à 600 mètres d’altitude ma première Ameles de l’année ! C’est toujours bon signe de revoir les habitués d’un lieu. Je ne suis pas une spécialiste, mais si d’une année sur l’autre les insectes qui appartiennent à un milieu se retrouvent, c’est que ce milieu se maintient.

Ameles decolor mâle sur la lavande.

J’ai passé un bon moment avec cette si petite mante, qu’elle en est difficile à voir. De plus, au cours de la même matinée mon mari, un aide précieux, m’a trouvé ce mâle, caché sur les vieilles tiges de lavande .Cette petite espèce ne mord pas. J’ai eu plusieurs fois l’insecte sur les mains sans problème!
Pour choisir un endroit plus joli afin de faire des images j’ai utilisé avec succès la technique de la brindille. La voici en image!

Sur une petite brindille , et hop, on déménage!

Le mâle , à la différence de la femelle possède des ailes qui recouvrent tout l'abdomen.
Au cours du transport,l’insecte en a profité pour remonter jusqu’à ma main !

En position d'attente, sur ma main!

Le petit mâle a connu des problèmes de déballage avec ses ailes ! Rassurez-vous, je l’ai vu voler, chasser des fourmis avec une vivacité intacte ! Je ne pense pas que ces ailes lui servent à parcourir de grandes distances ! Ce qui est sûr c’est que c’est que celui nuit à son esthétique et que le jeune homme essaie d’y mettre bon ordre avec sa patte arrière( sans succès, hélas).

Ameles decolor femelle immature.

Et voici la femelle, elle n'est pas encore adulte, elle mesure moins de 3cm , ses ailes n'en sont qu'au stade de moignons. Après une dernière mue, elles atteindront le niveau des pattes postérieures.

Femelle dans sa pose caractéristique d'attente et de surveillance d'une proie éventuelle!

Pendant la séance de pose, une fourmi a grimpé sur la tige de cet ail à tête ronde, bien défraîchi, et l’œil vigilant de la mante l’a vu, puis suivi jusqu’au moment où, avec une rapidité extrême, les pattes ravisseuses ont saisi l’imprudente !

Ameles decolor femelle croquant une fourmi!

Que fait une mante après un repas ?
Vous connaissez la réponse ! Sa toilette !
J’essaie toujours de saisir ces moments où l’insecte se livre aux soins de son corps ! D’abord un bon nettoyage des pattes ravisseuses, histoire de ne pas en oublier une miette ! Puis les antennes ! Elles sont si utiles ! Elles sont toujours en mouvement sauf quand l’insecte dort !

Ameles decolor en train de lisser soigneusement son antenne!

Revenons à notre petit(3 cm!!) mâle d'Ameles decolor!
Comme je le photographiais sur une brindille basse de lavande, il a vu au sol une petite fourmi ! Moi aussi! Et je me suis dit, non, il ne va pas descendre au sol suivre la fourmi dans le fouillis d’herbe ! Eh bien si !
Alors bien embêtée d’avoir perdu ma vedette qui préfère une simple fourmi à la gloire du net, je l’ai rattrapé et lui a continué à manger son repas sur ma main !

Ameles decolor mâle croquant une fourmi.

Me voilà donc avec un appareil photo dans une main, une mante sur l’autre main et cherchant un support pour ce goinfre ! Mais en même temps, le photographier en train de manger est tentant ! Je tends mon bras, positionne mes doigts pour trouver un cadrage satisfaisant, regarde dans le viseur et tout en tenant l’appareil je modifie les réglages. Merci l’autofocus qui aide énormément dans cette situation périlleuse !

Toujours avec sa fourmi!Remarquez son troisième oeil sur le front!

En fait, en plus de ses énormes yeux composés, la mante dispose de 3 yeux simples disposés sur le front, ici on voit bien celui du milieu!

Cette petite mante est commune, dit-on dans le Sud de la France. (je console mes lecteurs et amis de la partie septentrionale de notre beau pays en leur disant que la grande mante religieuse a déjà atteint la Lorraine, alors pourquoi pas Ameles dans les friches …bientôt !)
Mais je ne l’ai jamais rencontrée en abondance, j'ai surtout été très contente de voir le mâle et la femelle le même jour !