jeudi 11 mars 2021

Mogoplistes brunneus, le Grillon écailleux

 

Certains parmi les insectes ont des couleurs rutilantes, d’autres au contraire cultivent la discrétion. Quand on est petit, sans grande défense et que l’on n’a pas beaucoup d’aptitude au vol, les couleurs ternes qui ne vous font pas  remarquer sur le sol où vous évoluez, sont une protection.

Mogoplistes brunneus


C’est le cas de ce grillon qui ne fait guère plus de 8mm.Il a des ailes mais elles sont entièrement dissimulées sous le pronotum. De plus il vit dans la litière de feuilles mortes. C’est surnageant dans la piscine que je l’ai trouvé. Ce sont les écailles claires sur la tête et le tour du pronotum qui ont attiré mon regard.

Détail des écailles qui couvrent le pronotum et la tête.


 C’est sans doute un sujet jeune car ces écailles disparaissent par frottement. En le photographiant j’ai vu qu’il avait servi de « radeau » à un collembole.

Mogoplistes brunneus , mâle aux cerques divergents, avec son collembole accroché à la patte arrière.




Pour en savoir plus sur les collemboles voir ici


Détail du collembole accroché à la patte du grillon.

 

Son pronotum plus long que large le différencie d’un autre grillon de la même famille. Ses cerques sont nettement divergents.

Dans le précédent billet, je parlais de 3 espèces que nous pouvons rencontrer dans la famille des Mogoplistidae: M. brunneus en est le second avec Arachnocephalus vestitus, le troisième Pseudomogoplistes vit sur les côtes, sur  et sous les galets des  plages.

le Grillon écailleux, environ 8mm.

On rencontre ce grillon dans les mêmes zones, autour de la Méditerranée, que le précédent. Très discret il ne stridule pas , il est présent d’août à octobre.(J’ai trouvé mon sujet à le mi-octobre).

lundi 8 mars 2021

Arachnocephalus vestitus, le Grillon des Cistes

 

Arachnocephalus vestitus, femelle

Je ne suis ni grand, ni beau. Je ne suis pas coloré et je ne chante pas. Depuis fort longtemps se suis présent dans le jardin, mais on ne me voit guère, je préfère vivre dans les herbes et les arbustes. De temps en temps je prends un peu le soleil. Mais avec ma couleur brune et ma forme longiligne, immobile, on me prend pour une brindille !

Arachnocephalus vestitus, mâle


C’est ainsi que pourrait se présenter ce petit grillon, moins d’un centimètre, recouvert d’écailles sur le corps et de longs poils essentiellement sur les pattes.

Détail du dos avec les écailles


Les antennes très longues et fines comptent de nombreux articles. J’ai souvent photographié des sujets avec une antenne brisée , elles doivent être bien fragiles!

Arachnocephalus vestitus, jeune mâle sur la lavande ce qui donne une idée de sa taille.


Essentiellement présent dans les départements autour de la Méditerranée où il serait commun, le Grillon des Cistes (bien qu’il  n’y en ait qu’un seul pied dans le jardin) fait partie de la famille des   Mogoplistidae qui sont aptères. Seuls 3 espèces sont  présentes chez nous.(Un second membre de la famille Mogoplistes brunneus dort encore dans mes dossiers et suivra)

Détail des cerques et de la tarière de la femelle


La tarière des femelles est entourée de deux longs cerques  grêles et poilus.

Jeune mâle d'Arachnocephalus vestitus


Chez le mâle bien sûr seuls les cerques sont présents, ils ont la particularité d’être presque parallèles.

Vue dorsale 


 Ne chantant pas, le mâle attire l’attention de la femelle en  tambourinant sur les feuilles avec l’extrémité de son abdomen.

On les voit surtout en été, jusqu'à l'automne, mes photos sont prises entre juillet et octobre.

jeudi 25 février 2021

Sceliphron curvatum : les provisions de la larve

 

La nature se réveille doucement et si je vois des habitués du jardin tels que les bourdons, les abeilles charpentières ou le Vulcain et les premières Piérides en vol, la plupart  des insectes sont encore dans leurs abris. C’est l’occasion de compléter certaines observations qui elles aussi sont en dormance sur le PC.

Cela se passe au mois de juillet.



« Lucie, elle est derrière la Marmotte ! ».

Voilà ce que j’ai entendu  par cette chaude après –midi de juillet !

Cette phrase se traduit pour les non initiés par le texte suivant :

"Lucie, j’entends le bourdonnement aigu de la guêpe Scéliphron derrière le cadre photo représentant une grosse marmotte !"

 

Au premier plan , l'urne en cours de  construction

En effet décrochant ledit cadre, j’y vois d’abord une dame Scéliphron curvatum en train de maçonner, puis de s’envoler. J’observe alors le travail discret qu’elle a fourni ces derniers  jours sans que nous nous en apercevions ! Voici une dizaine d’urnes bien fermées.

Une larve déjà bien développée avec peu de restes de nourriture


C’est l’occasion de voir leur contenu.

Dans une autre des araignées déjà partiellement consommées


Je commence par la plus vieille celle du haut de la série. Une jolie larve bien gigotante y est installée. Dans la deuxième par ancienneté, la même chose, mais la larve mordille encore une reste de repas : une patte d’araignée.

Je passe alors à la plus récente. En premier je n’y vois que des araignées : 6 au total, de petites tailles mais d’espèces variées.

Je cherche l’œuf que je suis sûre d’y trouver : il est là collé sur une petite saltique.

Dans celle qui est la plus récente, l'œuf fixée sur une saltique Macaroeris nidicolens, identifiée grâce à Aurélie


Je remarque que toutes les araignées sont de petites tailles, bien anesthésiées car elles ont l’aspect des araignées vivantes, ne sont pas recroquevillées comme un sujet mort.

Un assortiment varié


C’est l’occasion de faire l’inventaire des espèces collectées.

Deux épeires de taille différente


Je suis étonnée de la grande diversité du menu servi aux larves. On a des saltiques , des épeires (diamant) appelées à devenir de grands sujets , des araignées colorées(épeire concombre) et des saltiques aux couleurs plus neutres.

Une épeire concombre


Certaines tissent  des toiles(les épeires), d’autres se promènent sur et sous le feuillage(saltiques)

Une belle inconnue, qui ne l'est plus, grâce à Aurélie .Voici Siatis barbipes femelle!

En voici une que je n'ai jamais croisée! Si un gentil visiteur peut me renseigner sur son identité , j'en serai ravie!

En ce mois de février, les larves ont depuis longtemps consommé toutes les provisions collectées par maman et leur développement achevé, elles attendent le retour du printemps pour prendre leur envol.

La suite de l'histoire peut se lire ici.

jeudi 11 février 2021

L'avez-vous vu?

 Elle , oui!

Moi, non! 


Voici quelques explications: 

  • elle: c'est une fourmi, bien sûr! En fait une reine , sa taille près de 10 mm en atteste! Elle s'appelle Cremogaster scutellaris. Comme souvent, en hiver elle a été recueillie sur la piscine
  • Lui, , on le voit à peine peu avant les mandibules de sa majesté: c'est un bébé psoque. J'avais ramassé un morceau de feuille sur lequel j'avais identifié des adultes Cuneopalpus cyanops.
  • On voit à peine le minuscule "bébé". A la prise de vue je n'avais rien vu. La photo est grossie entre 3 et 4 fois, et c'est en mettant l'image sur l'ordi je m'en suis rendu compte.
C'est dire que bien "des êtres vivants" nous environnent sans que nous nous en rendions compte.

Pourquoi me suis-je dis qu'elle l'avait vu? 
Parce qu'elle se promenait sur la baguette en bois, qu'elle grignotait et qu'elle en est descendu pour aller sur la coupelle !
La photo réserve bien des surprises! 

vendredi 5 février 2021

Mélitée du plantain, chenille, chrysalide, imago.(Melitaea cinxia)

 

La Mélitée du plantain est un papillon printanier qui apparaît de fin avril à fin juin. On le trouve partout en France et dans une grande partie de l’Europe.

Mélitée du plantain


 C’est au printemps que l’on peut voir les chenilles en goguette dans les herbes. Elles sont bien reconnaissables: noires avec des points blancs, des scolis régulièrement sur toute la longueur, une tête rouge bien vive, des pattes aussi de cette couleur !

Chenille de Mélitée du plantain dans la végétation


Elles sont nées à l'automne et ont passé l'hiver dans une toile, près du  sol et ne se dispersent qu'au printemps.

Chenille , une belle tête et des pattes rouges.


J’en ai prélevé deux que j'ai nourries généreusement avec du plantain qui ne manque pas dans le jardin !Elles se mangent  bien et ensuite s’arrêtent .. 

La chrysalide se suspend tête vers le bas


Elles se préparent : l’une après l’autre, les voilà enfermées dans leur chrysalide suspendues tête vers le bas, fixées sur le couvercle de leur boite !

Détail des antennes et des ailes bien visibles , la trompe est aussi bien déroulée.


  Dans la nature , c'est suspendue à une tige,tête en bas que la chenille se transforme en chrysalide. Elle est aussi noire, avec de gros points orange régulièrement répartis sur la partie dorsale. Sur la partie ventrale, les antennes sont bien marquées.

Un papillon franchement émergé, les couleurs sont splendides.


Le papillon se distingue des autres mélitées par ces points noirs que l'on voit sur l'aile antérieure:

La flèche indique ce qu'il faut regarder: les lunules orangées avec leur point noir


- dans la zone posdiscale une série de lunules orangées portent un un point noir,  tant sur le dessus que le dessous de l'aile.

Vue de dessous 


 Les femelles sont habituellement plus ternes que les mâles avec les points noirs plus développés.

J'aime ces photos du papillon face à mon objectif.


Je vous propose un lien vous menant vers un texte très intéressant qui explique la relation entre le papillon et le plantain qui est sa nourriture préférée. Mais on nous explique aussi les relations complexes entre le papillon et ses parasites grâce à la protection assurée par certaines substances toxiques ingérées à partir du plantain.( facile à lire et passionnant!): ici

T'as de beaux yeux!

Et là , une très bonne description de cette Mélitée du plantain.

Le printemps sera l'occasion pour observer chenilles et papillon.Seules les régions plus au sud offrent 2 générations.Ouvrons l'oeil!