dimanche 4 septembre 2011

Ephippiger terrestris avec leurs spermatophores

Fin août, début septembre est la pleine saison de reproduction des sauterelles surtout en altitude où la saison est un peu plus tardive qu’en plaine. C’est ainsi que j’ai vu beaucoup de femelles se promener avec leur spermatophore. Alors que chez d’autres espèces il est peu volumineux, j’ai noté chez ces Ephippigger un spermatophore très important et surtout la masse gélatineuse qui contient les spermatozoïdes est vraiment importante. J’ai aussi trouvé un mâle au petit matin qui avait gardé une trace de son activité nocturne.
Ephippiger terristris mâle

Et c’est l’occasion de détailler un peu plus son anatomie et de mettre une image sur un vocabulaire qui ne nous est pas toujours familier. On parle dans les critères d’identification de l’épicrocte. La définition donnée en est : Plaque sur-anale, partie dorsale du onzième segment abdominal.

Détail de l'abdomen du mâle.


Grâce à la dilatation des parties terminales de son abdomen pour délivrer le précieux sperme dans son enveloppe gélatineuse on voit distinctement cet épricrocte(2) ! Le détail de l’addomen nous donne à voir les cerques(1) dont la forme, la taille et la place de la dent donnent de précieuses indications Ces indications nous aident à définir l’espèce d’Ephippiger que nous voyons. Ici il s’agit d'Ephippiger terrestris très répandue dans le Sud- est et en particulier dans la zone des montagnes comprises entre 1000 et 2000 mètres.
Femelle Ephippiger terrestris avec son spermatophore.


Chez la femelle un des critères à observer est la longueur de l’oviscapte : plus de 3 fois la taille du pronotum pour terrestris. Ce qui est bien le cas des exemplaires observés. Pourvu de leur volumineux spermatophore les femelles se promènent sur les plantes et de temps en temps en consomment une partie. J’ai assisté à cette gymnastique, la sauterelle se plie en deux pour atteindre le bout de son abdomen. Mais son poids, fait osciller dangereusement la frêle plante sur laquelle elle déambule, et vous aurez compris que pour la photo,...c'est raté.




Femelle Ephippiger qui vient de croquer une partie de l'enveloppe du spermatophore.
  On voit aussi que la différence de couleur et d’apparence entre la partie contenant , blanche et gélatineuse qui sera consommée et la partie plus jaune contenant les spermatozoïdes. J’ai observé une fois un accouplement : il avait lieu dans les herbes et le spectacle bref n’était pas photographiable. Les Ephippigéres passent la nuit près du sol, à l’abri des herbes. Ce n’est que lorsque la matinée est déjà bien entamée qu’elles commencent l’ascension des plantes et plus elles sont épineuses, plus elles leur plaisent !


Détail du spermatophore.


Dans les zones que je parcours ce sont des chardons, des échinops ou des cirses. Cela permet de bien les observer et de les photographier. Ce qui m’a étonné c’est l’importance de la masse gélatineuse qui forme le spermatophore .Chez d’autres espèces, elle est bien moindre et une heure après l’accouplement toute trace a disparu. Il reste encore à ces dames de pondre ensuite leurs œufs pour que l’an prochain nous ayons encore le plaisir de voir ces grosses Ephippigères crapahuter dans la végétation.


Pour en savoir un peu plus sur ces Ephippigéres, c'est ici.

9 commentaires:

  1. Merci Lucie pour ton article très intéressant!
    Sur ton blog il manque la photo "Détail de l'abdomen du mâle Ephippiger terrestris" (visibme dans Google Reader).

    RépondreSupprimer
  2. superbe , très intéressant et instructif , une descendance bien assurée

    RépondreSupprimer
  3. Formidable observation que j'ai pourtant tenté de faire chez moi mais sans succès!
    J'imagine que les frelons arrivent avant moi!!
    Je plaisante, sinon il n'y aurait d'Ephippigères l'année suivante!
    Et quel oviscapte!
    En plus tu gâte avec de bien belles photos!
    Bonne soirée, Lucie!

    RépondreSupprimer
  4. = Tes photos sont superbes. Merci pour toutes ces précisions. Bonne soiree. Diane

    RépondreSupprimer
  5. Quelle patience!
    très belles images et explications!

    RépondreSupprimer
  6. Je l'ai déjà dit, je pense que personne n'a jamais montré la reproduction de ces orthoptères avec autant de précisions. J'imagine que tes publications ne passent pas inaperçues chez les spécialistes moins habiles question images...

    RépondreSupprimer
  7. C'est vraiment bien expliqué et très intéressant ton article les noms pas toujours faciles à retenir mais on finit par y arriver.
    Cette année je' n'ai pas vu beaucoup d'insectes par rapport aux autres années peut-être que je regarde un peu moins aussi.
    Bises

    RépondreSupprimer
  8. Merci pour cet excellente description de l'ephippigère des vignes à laquelle j'apporte mon témoignage.
    Je suis exploitant agricole à Générac au sud de Nîmes (vignes, abricotiers, oliviers). Actuellement,début juillet, nous pouvons déjà observer des milliers d'ephippigères: il y en a 2 à 6 individus par mètre carré, sur plusieurs hectares, dans les boussailles (ronces, genêts...), dans les oliviers et surtout dans les abricotiers; on peut trouver entre 50 et 100 individus sur un seul abricotier. L'ephippigère adore l'abricot: nous avons plusieurs tonnes d'abricots détruits par eux.L'ephippigère des vignes résiste trés biens aux insecticides autorisés en agriculture (decis, etc..) qui doivent respecter les abeilles, cigales, coccinelles, et autres prédateurs utiles. Il est exact que l'ephippigère ne monte que rarement à plus de 2,5 m du sol, ce qui est dommage car nous avons aussi des chenilles processionnaires dans les grands pins, mais leurs nids sont en général beaucoup plus hauts. En conclusion, pour nous qui en avons des dizaines de milliers qui attaquent nos abricots et nos vignes, l'ephippigère est un ravageur redoutable.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup de votre très intéressante contribution.
      Je suis très contente de votre point de vue d'agriculteur soucieux de l'environnement et je comprends que vous ne voyiez pas cette sauterelle avec plaisir s'en prendre à vos fruits.
      Vous semblez dire que cette pulultation est régulière, année après année.Ici, dans les garrigues que je parcours où la nourriture est bien moins abondante que dans des parcelles cultivées, nous ne voyons que de temps en temps ces sauterelles en grand nombre et cette année par exemple , elles sont très discrètes.
      Je souhaite que vous puissiez trouver une solution qui protège à la fois vos fruits et le milieu .
      Chez nous les chenilles processionnaires sont aussi en expansion , mais par exemple dans les alentours les mésanges charbonnières ( que nous protégeons en hiver en leur offrant des mangeoires bien garnies) se chargent d'une partie de leur élimination

      Supprimer

Votre avis sur ce sujet m'intéresse;je lis toujours les commentaires avec beaucoup de plaisir, ...même si je n'y réponds qu'occasionnellement.