Certains hyménoptères ont des modes de vie surprenants. Les
abeilles sauvages utilisent des supports très différents pour abriter leurs
œufs. Certaines utilisent des tubes végétaux, d’autres construisent des urnes,
et voici maintenant une espèce qui utilise des coquilles d’escargot.
Rhodanthidium septemdentatum,le mâle environ 14 mm. |
Ce fut la découverte faite en photographiant deux belles abeilles trouvées comme
souvent sur la piscine au mois de mai dernier.
An matin j'ai d'abord rencontré ce très beau mâle, jaune et noir.
En utilisant mes récentes connaissances , compter le nombre
de sternites(7), et celui des articles des antennes,(13) j’arrive à dire qu’il
s’agit d’un mâle.
Rhodanthidium septemdentatum, mâle, tête, antennes aux 13 articles |
L’observation des nervures et des cellules de l’aile nous indique qu’il appartient à la sous famille des Mégachilinae avec deux
cellules cubitales..
Avec cette couleur noire et jaune, et un aspect peu velu, on
s’oriente vers le genre Anthidie.
Rhodanthidium septemdentatum, mâle, détail des derniers tergites |
Grâce à un document trouvé sur le net : Terzo et
Rasmont : clé des genres apoïdes
d’Europe, j’en arrive à Rhotanthidium : en me servant en particulier de
ces détails :
- tergite 7 toujours avec 3 fortes dents apicales ,
- tergite 6 avec la marge apicale souvent allongé en forme de langue tronquée et surplombant le tergite 7.
Maintenant il s’agit de préciser l'espèce.
Depuis peu on trouve en ligne un ouvrage très intéressant et
que je trouve très facile à utiliser :
Fauna helvetica, Apidae 4 par F. Amiet, M.Herrmann,A.Müller,R.Neumeyer.
En suivant la clé des mâles Anthidium, on arrive facilement
à la solution. C’est sur les détails du tergite 7 que se fait la
détermination. Et sans comprendre l’allemand, grâce aux excellents schémas, on y arrive facilement.
- On voit clairement le tergite 7 avec sa configuration
particulière , très différent des autres sujets .
Rhodanthidium septemdentatum, mâle, détail des tergites 6 et 7 très particuliers - En y ajoutant le clypeus entièrement jaune , Rhotanthidium septemdentadum est reconnu.
Pour vérifier la détermination , je me suis aussi servi d’un
autre ouvrage suisse( merci chers voisins),Hyménoptères du Valais, par E.
Frey-Gessner, ouvrage bien plus ancien, qui précise :
- La prolongation intermédiaire du septième segment de l'abdomen est très forte, courbée, tronquée au bout, des deux côtés une épine effilée, rouge au bout.(bien visibles sur la photo ci-dessus)
Dans la même journée, j’ai trouvé une femelle, hélas en
piteux état(environ 12 mm).
Son abdomen, avec 6 sternites en est la preuve. Le dernier bien
différent de celui du mâle : mais on y trouve 2 taches jaunes.
Rhodanthidium septemdentatum,femelle avec ses 6 sternites |
La partie jaune de la face est réduite à la zone entre la
base de l’antenne et l’œil, le clypeus est noir. Les mandibules présentent 2
dents et une longue partie rectiligne.
Rhodanthidium septemdentatum,femelle avec ses mandibules à 2 dents |
Les pattes sont rougeâtres ainsi que l’écaille qui couvre l’insertion
de l’aile(photo1) et la brosse ventrale.(photo5) .
Rhodanthidium septemdentatum,femelle se nettoyant la langue |
Son mode de vie est intéressant : elle fait son nid
dans des coquilles vides d’escargot et elle bouche les cellules à l’aide de
résine, d’où son nom d’abeille résinière. C’est chez Fabre, souvenirs entomologiques que l’on en apprend davantage
sur le choix des coquilles, la mise en place de l’œuf et de sa réserve de
pollen, l’operculation de l’alvéole avec de la résine prélevée sur des
conifères . En général , l’abeille installe deux loges dans une coquille, la
plus petite au fond réservée à une femelle, la plus grande en avant à un mâle
qui dans cette espèce est plus grand que la femelle.
Des petits débris ferment la loge avant d’être close par un
des cailloux cimentés avec de la résine. Souvent la loge n’atteint pas le bord
extérieur de la coquille et il est bien difficile de deviner la présence ou non
des œufs. De plus ces coquilles sont dissimulées sont différents débris
végétaux ou pierreux.
Rhodanthidium septemdentatum,patte antérieure du mâle avec un outil à l'apex du tibia, dont je ne connais pas l'usage: probablement outil de nettoyage des antennes. |
J’ai beaucoup regretté
que ma femelle ne survive pas à son bain prolongé dans la piscine. J’ai
découvert avec grand plaisir la présence dans le jardin de cette espèce . J’ai
ramassé nombre de coquilles vides d’escargot
et je les mettrais à disposition dans le jardin au printemps en espérant qu’elles
servent à ces belles Anthidies.
Bon soir Lucie,
RépondreSupprimerLe moins qu'on puisse dire, c'est que ta piscine permet de nous offrir des macros dans les moindre détails. Le tout agrémenté de tes explications, impossible de rater l'identification si un jour je tombe sur cette superbe abeille.
Merci et bonne soirée. Bise
Proposer des nurseries ! Ton projet me met en joie !!!
RépondreSupprimerC'est prouvé ce sont des astuces comme ça qui ont fait progresser la sciences
Très intéressant ! Vos articles mélangent une science pointue, un travail de recherche poussé qui approche celui du détective, un amour des sujets (insectes) présentés, une esthétique qui s'exprime par les photographies et le texte empreint d'une certaine douceur... Enfin c'est goûteux...
RépondreSupprimerhttps://www.tela-botanica.org/2019/02/les-insectes-pourraient-disparaitre-de-la-planete-dici-100-ans/
RépondreSupprimerCi-avant voici un lien vers un article, certes alarmant, mais qui corrobore tout à fait mes constatations lors de mes promenades en Île-de-France. Vous avez de la chance d’avoir une telle diversité dans votre jardin. Que cela dure !!!!!
Merci pour à la fois vos commentaires qui me réjouissent et votre intérêt pour ce que nous faisons de notre environnement.Hélas je ne suis pas très optimiste, même dans mon environnement immédiat, les espaces non bétonnés rétrécissent comme peau de chagrin. J'essaie de maintenir un espace favorable à toutes ces petites bêtes qui me donnent tant de plaisir à les découvrir et les étudier!
SupprimerBonjour Lucie,
RépondreSupprimerQuelles merveilles ces photos et quels jolis détails elles nous livrent!
Les escargots ont beaucoup d'ennemis de tous genres et comme rien ne se perd dans la nature, ces abeilles trouvent leur compte avec les coquilles vides.
Bises et belle journée à vous deux!
Bonsoir Lucie
RépondreSupprimerUne abeille résinière je n'aurais jamais pensé que cet hyménoptère pouvait abriter ses œufs dans une coquille d'escargot et la fermer avec de la résine .
La nature est bien faite et le monde des insectes plein de surprises .
Bises