Voici maintenant le début de l’histoire racontée dans le précédent article.
En Octobre 2013, j’ai inspecté avec beaucoup de soin les
arbousiers de mon jardin dans le but d’y trouver des chenilles de Jason ( voir ici)
Lasiocampa quercus: jeune chenille du 14 octobre |
J’y ai trouvé une autre chenille. Celle de Lasiocampa
quercus. Comme la chenille était sous l’arbousier placé sous le grand chêne, naïvement
j’ai pensé que c’était par erreur qu’elle se trouvait là, tombée par l’effet du
vent. Et je lui ai proposé des feuilles de chêne qu’elle a dédaignées. Bon , elle
était sur l’arbousier donnons-lui des feuilles d’arbousier . C’était la
solution.
Quelques jours plus tard, je trouve une autre chenille sur
un arbousier bien éloigné du chêne. Pas de doute la chenille se développe aussi
sur l’arbousier. En me documentant je lis que Lasiocampa quercus se nourrit non
seulement des feuilles du chêne et de l’arbousier mais de bien d’autres
feuilles telles les Ronces, l’Aubépine, les Saules et bien sûr les Chênes.
Lasiocampa quercus: chenille du 28 octobre après la mue |
En fait son nom de quercus(chêne) vient de l’apparence du
cocon fabriqué par la chenille pour la nymphose : brun , ovale, il ressemble
à un gland !
C’est donc maintenant le rythme classique, la chenille
mange, grossit et mue ! Les différences d’apparences existent, petit à
petit la pilosité augmente, de longs poils blancs sont plus nombreux.
Lasiocampa quercus: chenille du 28 octobre après la mue avec son ancienne enveloppe à droite. |
Trouvée le 14 octobre, elle mue le 28 octobre, puis le 25
décembre.
Lasiocampa quercus: chenille du 25 décembre après la mue, les longs poils noirs ont disparus |
Les longs poils noirs dressés sur le corps de la chenille
aux premiers stades disparaissent.
L’hiver a passé tranquillement. La chenille a continué a
mangé au ralenti.
Le 17 février : une nouvelle mue, l’avant dernière. Les
soies recouvrent tout le dessus du corps il est difficile d’en apercevoir la
couleur, rouille à très sombre. Seuls les stigmates blancs se voient bien. La tête
peu visible, brun roux mouchetée.
Lasiocampa quercus: chenille au dernier stade |
Le 10 mars c’est la dernière mue. La chenille atteint une
belle taille, entre 6 et 7cm. C’est la période où elle a bon appétit.
Lasiocampa quercus: tête de la chenille au dernier stade |
Le 19 avril c’est la nymphose.
Première étape, elle fabrique un cocon en se
« déshabillant ». Elle arrache les poils qui la recouvrent avec ses
mandibules et forme un abri ovale qui petit à petit devient plus opaque.
J’avais vu pour une autre chenille, le tortillement de la chenille pour donner
une belle forme régulière au cocon.
Lasiocampa quercus: cocon |
L’intérieur du cocon est lisse, visiblement il y a un" liant" qui fixe les poils entre eux..J'ai lu que la chenille fabriquait une sorte de soie qui associé aux poils solidifie le cocon
Ce n’est qu’après formation de ce cocon et donc cachée à nos
yeux que s’opère la nymphose la chenille se transforme en chrysalide et
abandonne sa vieille enveloppe à l’intérieur du cocon.
Lasiocampa quercus: intérieur du cocon |
La chrysalide n’est pas visible. Certaines chenilles font
des cocons plus fins qui permettent de la voir à l’intérieur ; pour le
Bombyx du chêne rien n’est visible.
En découpant le cocon après l’émergence j’y ai trouvé la
chrysalide où l’on voit bien les différentes parties du futur papillon et au
fond le reste de la chenille, on reconnaît en particulier la capsule
céphalique. C’est dans cet espace restreint que s’opère la métamorphose.
Lasiocampa quercus: reste de la chrysalide trouvée à l'intérieur du cocon après l'émergence du papillon. |
A partir de ce moment il me faudra attendre environ 4 mois
pour voir émerger le papillon adulte.
Lasiocampa quercus, reste de la chenille trouvée à l'intérieur du cocon après l'émergence du papillon. On voit bien que les longs poils qui la recouvraient sont absents. |
Par curiosité pour avoir une idée du cycle complet voici une
photo d’un œuf de Lasiocampa quercus pondu par une femelle issue de cet
élevage.
Lasiocampa quercus : œuf |
Il est rond sans aspérité visible moucheté avec une petite
dépression au centre.
Le cycle peut recommencer : dans quelques semaines les jeunes chenilles se
nourriront sur différents feuillus pour donner à l’été prochain ces jolis
papillons bien discrets.
Un élevage permet ces observations précises et minutieuses que tu maîtrises si bien!
RépondreSupprimerBravo pour les photos si explicites, une magnifique "leçon de choses", cet article!
Je suppose qu'à son premier stade la chenille a besoin de ses longs poils noirs pour lui permettre de ressentir mieux son environnement, une forme d'yeux supplémentaires, peut-être?!
Bizzz à vous deux et bonne soirée!
Ces longs poils constituent aussi une protection contre celui qui aurait l'idée de la manger! J'ai remarqué que contrairement à bien des chenilles qui se roulent en boule lorsque tu les touches, Lasiocampa quercus s'en fiche royalement et reste étalée de tout son long, elle doit se sentir à l'abri sous cette abondante pilosité!
Supprimerimpressionnant cette transformation ! :)
RépondreSupprimerVéritable reportage, étalé sur presque un an?
RépondreSupprimerje la reconnais, cette beauté,
mais en plus la maison offre l'œuf et la chrysalide et le cocon...
Bravo et merci!
.Quelle belle présentation !
RépondreSupprimerJe n'ai jamais vu en vrai ce type de nymphose mais la semaine dernière j'ai pu filmé dans de bonnes conditions l' "déshabillage" d'une chenille de Machaon. J'ai mis la vidéo en temps réel hier sur mon blog.
Nous avons 4 chrysalides vivantes et un bébé chenille. Tout ce petit monde est protégé par un voile d'hivernage maintenu par un élastique. Je ne les ai sorties que pour les observations, photos et vidéos !
Bisous et bonne journée.
Bonjour Lucie,
RépondreSupprimerBravo pour tes observations exemplaires mais aussi pour ta patience car il en faut pour suivre une telle métamorphose étalée dans le temps.
De bien belles images pour une histoire passionnante.
Bonne soirée
Bonsoir Lucie,
RépondreSupprimermerci beaucoup pour tes superbes photos (j'adore celle de la tête de la chenille en gros plan) et tes explications. Quelle patience pour suivre ces évolutions !
Encore une fois, un vrai régal !
C'est vraiment trop tout ce boulot !
RépondreSupprimerÀ force d'en prendre plein la vue, je suis encouragé à observer un peu plus, un peu mieux...
Merci Lucie et au plaisir de suivre d'autres aventures !
Amicalement
merci et félicitations
RépondreSupprimerLa ressemblance du cocon avec un gland est frappante .
RépondreSupprimerTes explications et photos sont vraiment intéressantes et passionnantes à suivre.
Bises
Avec une dizaine de chenille je suppose qu'un arbuste peut se trouver totalement mis à nu.
RépondreSupprimerJe retiendrai de ce message le "déplumage" de la chenille pour constituer le cocon.
A quand la mico caméra qui permettra d'observer ce qui se passe dans les chrysalides...
Merci Lucie de partager ces passionnantes observations.
Comment un billet si bref peut contenir autant d'informations ? Si ce n'est par le génie exceptionnel de la présentatrice. Tu es une ambassadrice vraiment exceptionnelle pour tous ces insectes qui t'entourent. Le Jardin de Lucie porte bien son nom et je t'en remercie. On en apprend tellement à chaque visite.
RépondreSupprimerBelle description ! c'est exactement ce que je viens de voir: a l'angle d'un mur et d'une porte, s'est installée un jolie "Orgyia antiqua" ; elle s'est enveloppée d'un voile transparent avec quelques petites taches blanches(comme des flocons de neige d'après mes petits enfants !) puis elle a enlevé tous ses poils noirs et le cocon est devenu opaque ,bien épaissit de l'interieur. Depuis elle ne bouge plus et moi...j'attend ! J'attends aussi vos articles avec impatience (Google : les insectes de Catherine)
RépondreSupprimerT'es géniale Lucie ! Belle manière de découvrir le régime varié de L. quercus
RépondreSupprimerDigne "fille" de Jean-Henri FABRE !
RépondreSupprimer