Parmi les coléoptères, les charançons sont nombreux, variés
de taille, couleurs et formes.
Alors quand je vois sur un jeune chêne des individus rouges
et noirs qui se promènent, immédiatement je m’arrête. Comme d’habitude si on
bouge la feuille le coléoptère se laisse tomber au sol.
Mais heureusement cachés sous les feuilles d’autres font une
sortie, histoire de voir si le calme autour de leur plante nourricière est
revenu.
Attelabus nitens, Attelabe du chêne |
Voici Attelabus nitens. Taille entre 5 et 6,5 mm.
Mon exemplaire est grand c’est sans doute parce que c’est
une femelle.
L’insecte se rencontre partout en France, il est lié aux
chênes. Mais comme en forêt ces arbres ont de belles tailles, on ne voit pas
les visiteurs. Je n’en ai jamais vu sous mon grand chêne, alors que dans la
garrigue aux alentours de 1000m d’altitude j’en ai vu au moins 6 sur une petite
repousse de chêne.
J’ai trouvé sur le forum le Monde des insectes
, un message clair
qui permet de reconnaître l’insecte et de faire la différence avec les autres
charançons qui lui ressemblent. Le rostre court et large oriente vers les les Rhynchitinae.
Et ensuite il faut regarder les tibias : sont-ils
denticulés ou lisses?.
Attelabus nitens, attelabe du chêne , vue de face, un rostre large. |
Ici ils sont tous bien denticulés. Continuons à vérifier si
les détails décrits sont présents :
« Tibias denticulés au bord interne, tous munis d'un
éperon apical interne. Ongles connés, épaissis à la base, non appendiculés.
Abdomen à segment 1-2 soudés par une très fine suture »
Attelabus nitens,ongle conné |
On voit les petites dentelures et non pas un mais deux
éperons apicaux ! En retournant aux sources c’est-à-dire le Hoffamnn*, je
lis que c’est un caractère sexuel secondaire : les mâles ont un seul
éperon, les femelles deux. Nous voici en présence d’une femelle.
La suite de l’expression fut difficile à comprendre :« Ongles connés, épaissis à la base, non appendiculés. »
Un gentil contributeur en donnera l’explication:
"cela signifie
qu'ils sont soudés sur leur premier tiers. Un clair, tu imagines qu'il n'y ai
qu'un seul ongle bien cylindrique, qui au bout d'un tiers de sa longueur est
divisé en deux par une grande encoche. Normalement les ongles, quand ils sont
"normaux" sont individualisés sur le dernier article des tarses"
C'est vraiment visible sur la photo du détail de la patte.
Attelabus nitens correspond à la description de l’espèce
type :
Attelabus nitens,, deux dents à l'apex du tibia, c'est une femelle |
Page 1687 du tome 3* on trouve aussi des schémas qui
expliquent pourquoi on nomme ces insectes des cigariers. La femelle fabrique
avec une feuille de chêne, un étui en utilisant un schéma particulier. .L’œuf est
pondu le long de la nervure centrale de la feuille qui est ensuite formée en étui.
Nous sommes fin mai début juin.
Attelabus nitens,un coléoptère rouge et noir! |
La larve s’y développe pendant un mois, s’y nymphose. En
automne la feuille tombe au sol et l’adulte passe l’hiver attendant le
printemps pour reprendre son activité et se reproduire.
Je n'ai pas vu de "cigares". Comme j'ai observé les insectes en altitude , leur activité est sans doute plus tardive. Une fois l'avenir de l'espèce assuré, l'insecte aura fini son cycle.
Il existe une espèce voisine sur noisetier, je ne l'ai pas vue, mais j'ai trouvé un cigare sur un de mes noisetiers.
Nous avons ainsi une idée de leur aspect! Pour protéger leur œuf, la Nature a donné bien des idées aux insectes!
Je n'ai pas vu de "cigares". Comme j'ai observé les insectes en altitude , leur activité est sans doute plus tardive. Une fois l'avenir de l'espèce assuré, l'insecte aura fini son cycle.
Il existe une espèce voisine sur noisetier, je ne l'ai pas vue, mais j'ai trouvé un cigare sur un de mes noisetiers.
Un cigare sur noisetier, une technique similaire à celle d'Attelabus nitens qui opère sur le chêne. |
* Adolphe Hoffmann, Coléoptères Curculionides (Troisième Partie)
Merci pour toutes les explications et pour ces très belles photos !
RépondreSupprimerBisous et bon dimanche Lucie
Une sorte de cigare a laquelle il faut faire attention.
RépondreSupprimerMagnifique billet Lucie ! J'aime beaucoup les charançons, mais je n'en ai pas vu souvent au Québec. Plus souvent dans d'autres pays. La technique du cigare est fantastique. C'est fou ce qu'on en apprend en venant te visiter. Merci et au plaisir de lire ton prochain billet. Amitiés !
RépondreSupprimerUn bel habit rouge et noir pour ce coléoptère fabricant de cigares .
RépondreSupprimerJe vais regarder les chênes de plus près pour voir si j'en vois .
Bises
Toujours une grand précision de chirurgienne dans tes articles, Lucie... LOL!
RépondreSupprimerIl est d'un rouge intense qui attire forcément l’œil de tout le monde, même du nôtre!!
Des photos très soignées en plus de ces précisions étonnantes!
Bises à vous deux de nous deux et un bon été!