lundi 9 décembre 2013

Guanchia pubescens:un forficule méditerranéen


Voici un insecte que chacun de nous a déjà rencontré ! Connu sous le nom de pince ou perce oreille, il est caché dans bien des légumes que nous allons chercher dans le jardin.


Mâle Guanchia pubescens sur fleur de monnaie du pape, au printemps

Quand je prends une salade, ou des blettes, ou même en ce moment des kakis, je trouve ce curieux locataire. Oh il n’est pas dangereux et la plupart du temps je secoue mes légumes et hop ce petit monde déguerpit.

Il était temps pour moi de connaître au moins le nom véritable de cet insecte. Je pensais simplement l’espèce la plus commune Forficula auricularia. Il n’en est rien, mon insecte n’a pas les ailes membraneuses qui dépassent des élytres et il est bien plus petit que le forficule commun, c’est-à-dire auricularia, largement répandu.
Guanchia pubescens, aux cerques caractéristiques

Le mien est Guanchia pubescens, un forficule des régions méditerranéennes au sens large, il mesure 12mm.

Comment le reconnaître ?

Comme dit les élytres ne laissent pas voir les ailes membraneuses  et selon certains auteurs ils sont taillés en oblique ce qui est visible sur les photos.
Guanchia pubescens, les élytres taillés en oblique

Autre signe de reconnaissance bien plus facile à voir, ce sont les cerques des mâles et leur particularité.

La partie rectiligne de ceux-ci est bien supérieure à la moitié de la longueur totale des cerques, quasiment les 2/3. L’écrire est un peu compliqué, le voir facile ! Le crochet est plus petit que la partie droite. Si la partie rectiligne est égale à la moitié seulement de la longueur totale, nous sommes en présence de Forficula lesnei.
Guanchia pubescens, cerques avec leur dent à la fin de la partie rectiligne.

 

Ces cerques sont dentés irrégulièrement et la partie rectiligne est terminée par une dent bien visible même à l’œil nu.

Les mâles étant ainsi identifiés comme Guanchia pubescens une espèce que l’on rencontre sur tout le pourtour méditerranéen.

Guanchia pubescens,femelle au printemps

Comme j’ai trouvé des nombreuses  femelles qui accompagnaient les sujets mâles,  cela me permet de vous présenter toute la famille. La femelle ne présente pas de caractère très distinctif, hormis la taille et les élytres taillés en biseau.
Guanchia pubescens, femelle, les cerques rectilignes
 
 C’est pourquoi elle n’est pas facilement identifiable sur photo. En compagnie des adultes j’ai trouvé une larve. Bien plus petite elle est reconnaissable à ses élytres et ses ailes qui sont découvertes.

Guanchia pubescens larve au stade 3

Et le lendemain la jeunette (c’est une femelle avec ses cerques droits)elle avait mué mais ce n’est toujours pas une adulte. Il lui faudra sans doute encore une mue avant son stade adulte. Les forficules passent en général par 4 stades larvaires où ils ont l’allure des adultes à quelques détails près.



Guanchia pubescens larve au stade 4, juste après la mue d'où cette coloration
La question des cerques se pose. A quoi servent –ils ?  Vous avez sans doute déjà vu les insectes qui redressent l’abdomen et dresse ces pinces en l’air. Cela peut impressionner, c’est donc une attitude de défense. J’ai aussi lu qu’ils servaient à saisir de petits insectes pour s’en nourrir.
Guanchia pubescens, utile au jardin

La nourriture des forficules est composée de pucerons et autres menus insectes et à ce titre ils sont considérés comme des auxiliaires du jardinier invité à leur construire des abris faits de pots reversés remplis de paille. Dans certains cas, ils peuvent aussi être végétariens. En cette saison ils cherchent surtout des abris dans le sol, sous les pierres. Leur activité est surtout nocturne. J’en trouve régulièrement dans les blettes où les replis des feuilles leur  offrent un gîte.
Leur nombre est hélas en diminution du fait de l'utilisation des ...insecticides. Dommage!
Pour en savoir davantage un lien intéressant

20 commentaires:

  1. Grâce à ton bel article, je découvre la famille au grand complet, merci Lucie !
    Bonne semaine :)

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  2. Un article très complet Lucie!
    Et.... de superbe photos comme d'hab!!
    Je les aime bien ces insectes, je les rencontre surtout dans les groseillers!
    Bizzz à vous deux et bonne soirée!

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  3. Quelle précision, dans cette étude si détaillée et si bien illsutrée!
    Merci on se régale!

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  4. La femelle est en train de pondre ou ce sont des petites crottes ?
    Merci de nous montrer ces larves à des stades divers.
    Encore un article intéressant. sur des insectes bien connus dans nos jardins.
    Bonne journée Lucie.
    Bien amicalement.

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    1. Cricri, ce que l'on voit sus la femelle sont des crottes. Les œufs sont blancs et pondus dans le sol et bien plus extraordinaire, soignés par la femelle pour leur éviter moisissures ou autre désagrément. En plus, après l'éclosion , elle surveille et soigne les larves!

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  5. oh merci pour une fois le portrait d'un qu eje croyais connaître , mais... croyais, seulement

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    1. D'ailleurs même après lecture, le fait qu'il soit ailé ne m'était pas resté à l'esprit
      je viens de voir une photo qui m'a fort surprise; https://flic.kr/p/H3W24v (les cerques flous ne permettent pas de dire si c'est le même)
      J'admire des nervures étonnantes !
      Et des articulations, je suppose, pour pouvoir les cacher sous des élytres bien "rikiki". aurait-il inspiré l'inventeur du parapluie pliant ?

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    2. Je ne sais pas si l'inventeur du parapluie pliant s'en est inspiré, mais le pliage des ailes de certains insectes est un chef d'œuvre!D'ailleurs le rangement des accessoires a de quoi inspirer les aménageurs de "petits logements" comme on peut en trouver dans la déco!

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  6. Encore un très bel article. Au Québec, les perce-oreilles ne sont pas les bienvenus. Ceci est probablement dû au fait que leur introduction accidentelle en Amérique du nord ne date pas de beaucoup de décennies. Moi-même, qui suis pourtant plutôt tolérant envers les insectes, je dois avouer une aversion pour Forficula auricularia. Espérons que notre tolérance augmentera, mais c'est loin d'être acquis. Au plaisir.

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    1. intéressant à savoir! Invasifs ou juste inattendus?

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  7. Que de choses intéressantes dans ton message Lucie, surtout pour un insecte qui a plutôt mauvaise réputation et que l'on délaisse un peu sur le plan photographique. Je pense que grâce à toi je vais désormais le regarder différemment.
    Merci pour ta fidélité chez moi et tes gentils commentaires malgré mes longues périodes d'inaction.
    Bonne fin de semaine.

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  8. La première photographie est très jolie. Ils remuent sans cesse, ils sont très difficiles à photographier. J'admire ta patiente quand il a fallu faire des gros plans. Les textes sont pertinents.

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    1. Tu as raison Samuel, ils gigotent vraiment beaucoup; ils n'aiment pas être à la lumière!

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  9. Bravo pour ce condensé de la vie d'un forficule méditerranéen.
    Les cerques de l'adulte me rappellent un gadget de cuisine sensé faciliter l'ouverture des bocaux; Coincée par ces instruments impressionnants la femelle n'a guère le choix : elle passe à la casserole.

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    1. Merci Foise pour l'image de la pince à ouvrir les bocaux: très utile!

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  10. Bonne fête, amie Lucie!!!
    Grosses bises à vous deux!!

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  11. est-ce que donc tous ceux qui ont des cerques rectilignes sont des femelles?

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    1. Pour cette espèce, oui!
      Dans une autre famille présente aussi chez moi, mais bien moins nombreux, la distinction se fait entre des pinces de tailles différentes pour les mâles et égales pour les femelles.

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Votre avis sur ce sujet m'intéresse;je lis toujours les commentaires avec beaucoup de plaisir, ...même si je n'y réponds qu'occasionnellement.