Voici un insecte que chacun de nous a déjà rencontré !
Connu sous le nom de pince ou perce oreille, il est caché dans bien des légumes
que nous allons chercher dans le jardin.
Mâle Guanchia pubescens sur fleur de monnaie du pape, au printemps |
Quand je prends une salade, ou des blettes, ou même en ce
moment des kakis, je trouve ce curieux locataire. Oh il n’est pas dangereux et
la plupart du temps je secoue mes légumes et hop ce petit monde déguerpit.
Il était temps pour moi de connaître au moins le nom
véritable de cet insecte. Je pensais simplement l’espèce la plus commune Forficula auricularia. Il n’en est rien, mon
insecte n’a pas les ailes membraneuses qui dépassent des élytres et il
est bien plus petit que le forficule commun, c’est-à-dire auricularia,
largement répandu.
Guanchia pubescens, aux cerques caractéristiques |
Le mien est Guanchia
pubescens, un forficule des régions méditerranéennes au sens large, il
mesure 12mm.
Comment le reconnaître ?
Comme dit les élytres ne laissent pas voir les ailes
membraneuses et selon certains auteurs
ils sont taillés en oblique ce qui est visible sur les photos.
Guanchia pubescens, les élytres taillés en oblique |
Autre signe de reconnaissance bien plus facile à voir, ce
sont les cerques des mâles et leur particularité.
La partie rectiligne de ceux-ci est bien supérieure à la
moitié de la longueur totale des cerques, quasiment les 2/3. L’écrire est un
peu compliqué, le voir facile ! Le crochet est plus petit que la partie
droite. Si la partie rectiligne est égale à la moitié seulement de la longueur
totale, nous sommes en présence de Forficula lesnei.
Guanchia pubescens, cerques avec leur dent à la fin de la partie rectiligne. |
Ces cerques sont dentés irrégulièrement et la partie
rectiligne est terminée par une dent bien visible même à l’œil nu.
Les mâles étant ainsi identifiés comme Guanchia pubescens
une espèce que l’on rencontre sur tout le pourtour méditerranéen.
Guanchia pubescens,femelle au printemps |
Comme j’ai trouvé des nombreuses femelles qui accompagnaient les sujets mâles, cela me permet de vous présenter toute la
famille. La femelle ne présente pas de caractère très distinctif, hormis la
taille et les élytres taillés en biseau.
Guanchia pubescens, femelle, les cerques rectilignes |
C’est pourquoi elle n’est pas
facilement identifiable sur photo. En compagnie des adultes j’ai trouvé une
larve. Bien plus petite elle est reconnaissable à ses élytres et ses ailes qui
sont découvertes.
Guanchia pubescens larve au stade 3 |
Et le lendemain la jeunette (c’est une femelle avec ses
cerques droits)elle avait mué mais ce n’est toujours pas une adulte. Il lui
faudra sans doute encore une mue avant son stade adulte. Les forficules passent
en général par 4 stades larvaires où ils ont l’allure des adultes à quelques
détails près.
Guanchia pubescens larve au stade 4, juste après la mue d'où cette coloration |
La question des cerques se pose. A quoi servent –ils ? Vous avez sans doute déjà vu les insectes qui
redressent l’abdomen et dresse ces pinces en l’air. Cela peut impressionner, c’est
donc une attitude de défense. J’ai aussi lu qu’ils servaient à saisir de petits
insectes pour s’en nourrir.
Guanchia pubescens, utile au jardin |
La nourriture des forficules est composée de pucerons et
autres menus insectes et à ce titre ils sont considérés comme des auxiliaires
du jardinier invité à leur construire des abris faits de pots reversés remplis
de paille. Dans certains cas, ils peuvent aussi être végétariens. En cette
saison ils cherchent surtout des abris dans le sol, sous les pierres. Leur
activité est surtout nocturne. J’en trouve régulièrement dans les blettes où
les replis des feuilles leur offrent un
gîte.
Leur nombre est hélas en diminution du fait de l'utilisation des ...insecticides. Dommage!
Pour en savoir davantage un lien intéressant
Grâce à ton bel article, je découvre la famille au grand complet, merci Lucie !
RépondreSupprimerBonne semaine :)
Un article très complet Lucie!
RépondreSupprimerEt.... de superbe photos comme d'hab!!
Je les aime bien ces insectes, je les rencontre surtout dans les groseillers!
Bizzz à vous deux et bonne soirée!
Quelle précision, dans cette étude si détaillée et si bien illsutrée!
RépondreSupprimerMerci on se régale!
La femelle est en train de pondre ou ce sont des petites crottes ?
RépondreSupprimerMerci de nous montrer ces larves à des stades divers.
Encore un article intéressant. sur des insectes bien connus dans nos jardins.
Bonne journée Lucie.
Bien amicalement.
Cricri, ce que l'on voit sus la femelle sont des crottes. Les œufs sont blancs et pondus dans le sol et bien plus extraordinaire, soignés par la femelle pour leur éviter moisissures ou autre désagrément. En plus, après l'éclosion , elle surveille et soigne les larves!
Supprimeroh merci pour une fois le portrait d'un qu eje croyais connaître , mais... croyais, seulement
RépondreSupprimerD'ailleurs même après lecture, le fait qu'il soit ailé ne m'était pas resté à l'esprit
Supprimerje viens de voir une photo qui m'a fort surprise; https://flic.kr/p/H3W24v (les cerques flous ne permettent pas de dire si c'est le même)
J'admire des nervures étonnantes !
Et des articulations, je suppose, pour pouvoir les cacher sous des élytres bien "rikiki". aurait-il inspiré l'inventeur du parapluie pliant ?
Je ne sais pas si l'inventeur du parapluie pliant s'en est inspiré, mais le pliage des ailes de certains insectes est un chef d'œuvre!D'ailleurs le rangement des accessoires a de quoi inspirer les aménageurs de "petits logements" comme on peut en trouver dans la déco!
SupprimerJ'en suis baba !
SupprimerEncore un très bel article. Au Québec, les perce-oreilles ne sont pas les bienvenus. Ceci est probablement dû au fait que leur introduction accidentelle en Amérique du nord ne date pas de beaucoup de décennies. Moi-même, qui suis pourtant plutôt tolérant envers les insectes, je dois avouer une aversion pour Forficula auricularia. Espérons que notre tolérance augmentera, mais c'est loin d'être acquis. Au plaisir.
RépondreSupprimerintéressant à savoir! Invasifs ou juste inattendus?
SupprimerQue de choses intéressantes dans ton message Lucie, surtout pour un insecte qui a plutôt mauvaise réputation et que l'on délaisse un peu sur le plan photographique. Je pense que grâce à toi je vais désormais le regarder différemment.
RépondreSupprimerMerci pour ta fidélité chez moi et tes gentils commentaires malgré mes longues périodes d'inaction.
Bonne fin de semaine.
La première photographie est très jolie. Ils remuent sans cesse, ils sont très difficiles à photographier. J'admire ta patiente quand il a fallu faire des gros plans. Les textes sont pertinents.
RépondreSupprimerTu as raison Samuel, ils gigotent vraiment beaucoup; ils n'aiment pas être à la lumière!
SupprimerBravo pour ce condensé de la vie d'un forficule méditerranéen.
RépondreSupprimerLes cerques de l'adulte me rappellent un gadget de cuisine sensé faciliter l'ouverture des bocaux; Coincée par ces instruments impressionnants la femelle n'a guère le choix : elle passe à la casserole.
Merci Foise pour l'image de la pince à ouvrir les bocaux: très utile!
SupprimerBonne fête, amie Lucie!!!
RépondreSupprimerGrosses bises à vous deux!!
Merci beaucoup, amie Noushka!
Supprimerest-ce que donc tous ceux qui ont des cerques rectilignes sont des femelles?
RépondreSupprimerPour cette espèce, oui!
SupprimerDans une autre famille présente aussi chez moi, mais bien moins nombreux, la distinction se fait entre des pinces de tailles différentes pour les mâles et égales pour les femelles.