dimanche 27 mars 2011

Premiers jours de la vie d'une larve de Scaeva pyrastri

Nous voici au troisième jour de vie larvaire de ce futur Syrphe Scaeva pyrastri.
Ce matin, j’ai observé que la larve, toujours fixée au même endroit, s’est tournée vers le dessous de la feuille, qui est bien pourvue en pucerons. Dans la nature on observe d’ailleurs que les pucerons sont toujours sur le dessous des feuilles ! Je l’installe pour la photo, sous la lampe et j’étais à peine prête que je vois un puceron ailé, c’est-à-dire adulte, passer sous le nez du Syrphe. Et là, contrairement à ce qui s’était passé le jour précédent, hop, l’animalicule est saisi et c’est fini pour lui. La larve qui l’a attrapé par la tête ne le lâchera plus !! Et voilà qu’il l’agite en tous sens. Ce n’est pas visible à l’œil nu, je ne vois que les mouvements de la larve et ceux du puceron qui agite pattes et ailes.

Âgé de 3 jours à peine, il s'attaque déjà aux pucerons adultes
Mais en regardant les images je vois la raison de tout cela. La larve a affiné sa prise et a fixé sa partie buccale sur l’abdomen du puceron. C’est sans doute l’endroit où elle peut mieux percer le puceron pour ensuite en vider le contenu.


Pour rire, cette image où on voit un embouteillage de pucerons. Un puceron immature passe sur la larve du Syrphe, escalade ensuite le puceron adulte en train d’être consommé et poursuit son chemin. Sous les feuilles de nos plantes que d’agitation qui nous échappe.

Embouteillage: une larve de Syrphe et 3 pucerons d'âges divers
Mes observations du soir confirme l’appétit sans fin de la larve du Syrphe.. Toujours fixé par son pied, sa tête chercheuse attrape tout puceron, gros ou petit qui passe à sa portée.

Quatrième jour d’observation .
Aïe, ce matin, il ne semble plus voir de pucerons sur la feuille. Qu’à cela ne tienne .Un petit tour au jardin et après examen d’une autre feuille de laiteron, me voilà de retour avec une petite réserve. Je vais aussi examiner le rosier sur lequel j’avais vu pour la première fois pondre Scaeva pyrastri. Pas de problème, nous ne manquerons pas de pucerons.

Changement de menu: on mange du puceron du rosier, bien dodu.
Je m’aperçois alors que les pucerons du rosier sont différents des pucerons du laiteron. Je vois là un gros puceron bien dodu que je prélève avec un cure-dent pour le présenter à notre futur Syrphe. Pas difficile, le puceron n’a le temps de faire que 3 pas sur la feuille, qu’il est harponné. Il résiste bien en agitant ses pattes et ses longues antennes. Il prend même appui sur le corps de la larve pour tenter d’échapper à sa prise.
Syrphus  junoir secoue le puceron en tous sens et finalement le maintient en l’air.
C’en est fini de piquer les feuilles de rosier pour celui-ci.

Le soir, c’est au milieu d’un champ de dépouilles de pucerons, que notre larve continue de s’alimenter.
Le Syrphe est bien la terreur des pucerons et sa réputation d’auxiliaire du jardinier est amplement confirmée.

Cinquième jour.
Ce matin surprise.
Je cherche « mon » Syrphus ! Il n’est plus sur sa feuille de naissance. Ni sur la seconde feuille de laiteron que j’avais mise à proximité. Mais sur la feuille du rosier d’où j’avais prélevé le puceron bien dodu du matin .Et , alors que sur cette feuille il y a avait au moins 20 pucerons ( sur photo le comptage est plus facile), il en restait à peine 3. Entre 19 heures et 8 heures du matin, Syrphus a donc mangé 17 pucerons.

La partie supérieure du corps en extension laisse apparaître son organisation interne.
Il ne me reste qu’à repartir à la chasse aux pucerons dans le jardin. Je reviens avec la feuille d’un autre rosier, où les pucerons sont bien mieux dissimulés. Mais comment indiquer à Syrphus qu’il doit se déplacer sur cette nouvelle feuille. Pas de problème, il n’a peut-être pas de tête mais posé à côté de sa feuille où il a fait le ménage au cours de la nuit, hop, il rampe rapidement et s’installe. Maintenant avec ses 7 mm, il se déplace très vite, s’installe sur la feuille où sa couleur le rend très visible. Je ne suis pas sûre que cela va lui plaire très longtemps. Mais en attendant il ne fait pas le difficile et mange …du puceron.


D’un jour à l’autre Syrphus junior grandi et grossi. Sa couleur devient plus verte, moins translucide. Je vois mieux ses fausses pattes qu’il pose pour avancer. Il ressemble à une chenille mais :
• N’a pas de pattes
• N’a pas de tête séparée du corps

Le voilà âgé de 8 jours, ses fausses pattes, la raie sur son dos le font ressembler à une chenille.
Il a une raie claire dessinée sur le dessus, qui lorsqu’il est sur une feuille dessine une nervure et accentue le mimétisme et le dissimule aux yeux d’éventuels prédateurs.
Syrphus junior a 8 jours d’existence et mesure au repos 1cm et en extension 1,5cm.

 Pour rappel :

15 commentaires:

  1. Il faut vraiment prendre le temps d'observer ces minuscules larves pour voir et photographier leurs particularités.
    J'avais des petits rosiers envahis de pucerons dans la véranda,je les ai mis dehors mais je n'ai pas pris le temps de les observer j'ai essayé de les enlever avec du savon noir mélangé à de l'eau.
    La pluie tant attendue est enfin là la nouvelle pelouse plantée il y a 15 jours va pouvoir en profiter car c'est sec depuis un certain temps
    Bises et bon dimanche

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  2. Bonjour,
    Les pucerons n'ont qu'à bien se tenir... c'est vrai quoi ! sourire...
    bonne journée, vos photos sont magnifiques toujours. Jean-Philippe

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  3. Éleveuse de pucerons, dompteuse de syrphe, il faut beaucoup de talents pour nous passionner avec ces étonnants minuscules! Merci Lucie :)

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  4. Une magistrale observation digne d'Attenborough!
    Vraiment impressionnant, photos et observations!
    Cette larve grandit à vue d'œil et je me demande combien de pucerons elle devra consommer avant de se nymphoser!
    Une fois ce stade atteint, tu seras tranquille avec ta course aux pucerons! LOL!
    Bisous et bonne journée, les amis!

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  5. Quel monde insoupçonné ! Vraiment, vraiment intéressant ce reportage. Merci beaucoup !

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  6. magnifique suite , avec un tel régime elle va profiter très vite , c'est vraiment un fidele allié dans les rosier et autres fleurs ou les pucerons sévissent

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  7. Scène de la vie quotidienne chez les pucerons !!
    Je fais comme Marithé, je les pulvérise au savon noir mais visiblement ça leur plait, ils viennent pour la douche !

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  8. A ton retour tu ne reconnaitras pas tes pensionnaires je crois... Mais tes rosiers seront en parfaite santé et débarrassé de tout pucerons d'une façon naturelle !

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  9. toujours aussi passionnant tes séries, c'est vraiment super de pouvoir suivre ainsi la croissance de ces petites bêtes, bravo lucie, que de patience :)

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  10. Quel reportage à couper le souffle !!!! Digne de Microcosmos ! Bravo Lucie !

    Cdt,
    Jma

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  11. J'arrive chez toi grâce à Perceneige parce que je parlais des syrphes qui font en ce moment un ballet incessant dans mes massifs. Très intéressée par tous ces petits animaux qui fréquentent mon jardin, je trouve tes macros formidables. De si près, elles sont parfois impressionnantes. Je me demande même si je ne vais pas cavaler de peur la prochaine fois que j'en croiserai. Bonne soirée et à bientôt.

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  12. J'adore ... non pas les pucerons... mais ton feuilleton! C'est captivant et instructif (eh, ça mange énormément ces petites bêtes-là).
    Je pense que tu as bonne conscience: c'est pour sauver tes rosiers que tu participes ainsi à la récolte du garde-manger de Syrphus, n'est-ce pas?

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  13. Vraiment sympa comme reportage, une véritable micro-faune avec ses scènes de prédation, c'est fascinant.

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  14. wow c'est vraiment gore ces photos attention le contenu de ce post peut heurter nos sensiblités ;) hihihi !
    mais très instructif ! :)

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Votre avis sur ce sujet m'intéresse;je lis toujours les commentaires avec beaucoup de plaisir, ...même si je n'y réponds qu'occasionnellement.