Tout le monde se souvient avoir vu des phasmes pendant les cours de biologie. Ces insectes faciles à élever en vivarium servent alors de sujet pour quelques leçons !
Mes souvenirs scolaires étant bien loin, je n’avais vu de phasmes que très exotiques lors de visites de vivarium présentant cette petite faune des insectes de pays lointains.
Vous voyez le spectacle, jeunes et vieux le nez collés contre la vitre cherchant à repérer un être vivant dans un fouillis de feuilles .Enfin un léger mouvement et le voilà repéré !Tout fier , on fait circuler l’info : « en haut à fauche, sous la feuille qui touche la paroi !!Si , si , ce n’est une feuille , c’est un phasme »
Eh bien c’est la même histoire qui m’est arrivé , dans un coin de garrigue !Je scrutais méticuleusement un bouquet de genêts , à la recherche de mantes religieuses(elles affectionnent ces refuges !!)Quand je vis une tige de genêt un peu bizarre : plus grosse et comme déformée !
Essayer de trouver un insecte dans ce fouillis de tige! Pas facile!
Vous connaissez la suite : chouette , un truc intéressant à regarder de près !(une fois sur deux,….ce n’est rien qu’une tige déformée !!!)
Eh bien non , ici il s’agissait bien d’un beau phasme bien vert, immobile dans son abri et se fondant parfaitement dans le décor ! Bon un phasme collé dans les genêts ce n’est terriblement photogénique.
Le phasme ne vole pas et ne court pas trop vite…surtout le matin !
Alors je lui ai tendu une perche, faite d’une branchette de ce même genêt. Doucement il s’y est agrippé et j’ai opéré un lent déplacement pour choisir un endroit plus dégagé pour ma séance photo.
Tête vers le bas et les pattes antérieures le long du corps : on passe mieux inaperçu!
Clonopsis gallica se rencontre dans les régions du Sud Est, sur les buissons de genêts , de rosiers sauvages et de ronces en dessous de 600mètres. Ma zone d’observation se situe à cette altitude. C’est un insecte actif la nuit et au petit matin il rentre se planquer ! J’ai dû trouver un retardataire qui reste alors immobile à l’endroit où l’inactivité de la journée le surprend. Il mange des feuilles de ronces ou de rosiers sauvages.
Comme tous les insectes Clonopsis gallica est pourvu de 6 pattes !Il se sert au maximum de 4 pour se tenir, les 2 supérieures allongées le long du corps accentuent son air de fausse brindille !Quand il se déplace , il oscille sur ses pattes donnant l’impression d’un tige agitée doucement par le vent.
Le déplacement fait apparaître les 6 pattes!!
Cette page donne énormément de détails sur ses moeurs(Merci beaucoup à son auteur pour toute cette intéressante étude!) !En particulier la nécessité pour les œufs de passer par une période de froid(l’hiver) pour éclore ensuite quand le printemps amène humidité et douceur. Mais certains d’entre eux passent 2 , voire 3 hivers avant de se développer. Cela préserverait l’espèce en donnant plus de chances aux jeunes de trouver des conditions favorables de développement.
Conopsis gallica est une espèce partie d’Afrique du Nord et s’est installée dans les zones les plus favorables de ce côté de la Méditerranée.
Une tête surmontée d'antennes de 12 ou 13 articles.
Autre originalité , point n’est besoin de mâle pour la reproduction , elle se fait par parthénogenèse, ce qui serait le cas pour des espèces conquérantes !
La parthénogénèse est la reproduction par des œufs non fécondés.C’est assez rare, mais c’est le cas pour certains insectes, comme le phasme dont nous parlons. Un autre cas bien connu parmi les sauterelles , c’est la magicienne dentelée ou Saga Pedo, un sujet que je recherche dans mes parcours à travers la garrigue, sans succès jusqu’à ce jour !
Mes phasmes sont donc des femelles !
Car après ma première rencontre, une semaine plus tard , j’ai trouvé dans une zone sèche, un individu de couleur beige. Cette variété présente un corps légèrement plus rugueux que le modèle vert !
Voici la version beige un peu plus rugueuse!
Comme les phasmes sont surtout présents en mai juin et qu’en août ils disparaissent il me faudra attendre l’an prochain pour essayer de retrouver des descendants de mes sujets !Espérons que les œufs passeront bien l’hiver !C’est aussi cela la photo animalière, il faut vivre au rythme des saisons et des aléas climatiques !
Se balançant au vent pour une photo un peu plus originale!
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voilà plusieurs années que je n'en ai plus vus de ces "brindilles vivantes"...superbes comme toujours tes photos de ces drôles d'insectes.
RépondreSupprimerc'est vraiment le roi du mimetisme
RépondreSupprimerde la couleur aux formes tout y est...
Je n'en ai vu qu'un cette année et c'etait sur un mur donc pas d'images interessante , les tiennes sont encore superbe avec une belle mise en valeur de l'insecte ...
coucou, superbes photos, tu as l'oeil fallait le trouver celui là, vraiment sympa toutes ces infos...
RépondreSupprimerBonjour Lucie, génial ces photos et je suis surprise que l'on puisse rencontrer ce curieux insecte dans la nature, il faut un oeil très averti ! la dernière fois que j en ai vu un, c était dans une vilaine cage en verre au jardin des plantes à Paris, je préfère nettement ta version ! A bientôt !
RépondreSupprimerCela faisait longtemps que je n'en avez pas vue.
RépondreSupprimerBonne semaine.
L'intro de ton article est plus vraie que nature: tu y décris les seuls phasmes que j'ai jamais vu: quelques malheureux insectes en train de végéter dans un terrarium au fond d'une classe. Et tes photos rendent au phasme toute sa dignité: il est tellement plus beau "au naturel". Son mimétisme est fascinant, et il faut un vrai "regard" pour le trouver (il faut mieux aussi habiter dans le sud, si j'ai bien lu la page en lien...)
RépondreSupprimerBonne semaine
Ah oui.....bien sûr!! je suis battu à plate couture pour ce qui est des explications que toi tu sais si bien nous concocter.
RépondreSupprimerIl faudra dire à Cathy qu'ils commencent à remonter dans l'hexagone puisqu'ils ont fait mieux que Charles Martel et sont déjà dans l'ouest (lol)
Bonne journée Lucie
@ Roger et Lucie: j'ai en effet appris aujourd'hui qu'ils "remontaient"...
RépondreSupprimerEchange de bons procédés: nos coccinelles asiatiques descendent, et croisent les phasmes au passage!
Dans notre région vosgienne, même pas la peine de chercher de phasme, ce qui me permet d'avoir une excuse pour ne pas en trouver !!!
RépondreSupprimerMais bravo à toi d'en avoir observé autant et photographié pour notre plaisir.
Quel animal fascinant et intriguant, Darwin nous parlerait de sélection naturelle, un peu difficile à avaler, mais quelle explication donner à une telle homomorphie ?!
Amitiés
Un très bel article sur le phasme et ses mœurs.Il y a bien longtemps que je n'en ai pas vu, mais comme c'est le roi du mimétisme , cela s'explique peut-être
RépondreSupprimerSuperbes photos
Bises
Voilà une observation hors du commun et merveilleusement relatée.
RépondreSupprimerUne belle page d'écriture, très juste et plaisante à lire... Et des photos parfaites comme toujours.
Bravo Lucie !
Cette été je marche davantage en montagne et mes observations d'insectes s'en ressentent car j'ai complètement délaissé mes "terrains de chasse".
Mais, s'ils "remontent" comme le dit Cathy, dans quelques années, je pourrai peut-être en rencontrer aux Calloudes...
Et bien tu tðes régalé pendant mon absence! Je ne trouve que des postes magnifiques avec des photos plus belles les unes que les autres et de magnifiques reportages! Bravo, l'été a été prolifique!
RépondreSupprimerMimétisme impressonnant!
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