jeudi 28 juin 2018

Megachile willughbiella, un mâle d'abeille en gants blancs!



En faisant ma tournée du soir, le soleil bien caché par les nuages collés aux hauteurs avoisinantes, je repère sur une tige de lavande une abeille. Elle est bien accrochée et respire paisiblement, on voit son abdomen qui se soulève régulièrement.
Megachile willughbiella , mâle, tarses aantérieurs avec sa frange blanche.

En m’approchant, je remarque quelque chose d’insolite : ses pattes avant me semblent différentes de ce que je vois habituellement. Elles sont très blanches et épaisses. Je cueille doucement l’abeille et la porte sur ma table photo pour l’examiner. Les premières photos confirment que ses pattes antérieures sont très particulières. Les tarses (le pied) sont  très élargis et très poilus. Une pilosité blanche bordé de brun clair. .
Megachile willughbiella , mâle, détail des tarses antérieurs

Une petite recherche sur le net m’oriente vers des « Mégachiles mâles en gants blancs ». L’expression est bien choisie.
Il s’agit bien d’un Mégachile mâle. Les femelles n’ont pas de telles fantaisies aux pieds !
Pour reconnaître rapidement une famille d’abeille, je regarde sur les ailes les cellules dites cubitales : 2 cubitales  signifient Mégachile si on observe une brosse ventrale chez la femelle. (ou une Osmie si entre les griffes des pattes on observe une petite excroissance nommée pulvillus).
Megachile willughbiella , mâle, dort sur la lavande

Il n’existe que quelques mâles Mégachiles avec des gants blancs, mais il faut cependant essayer de savoir qui dormait sur la lavande.
Quatre espèces sont possibles :
  • Lagopoda, une des plus grandes : 14 à 18mm grande taille, tibias postérieurs épaissis et arqués ;frange blanche des tarses  avec des extrémités noires
  • Maritima ressemble à Lagopoda, un peu plus petite, frange des tarses : blanche  à extémité brunâtre
  • Willughbiella, nettement plus petite que les précédentes, mais les tibias postérieurs sont normaux, commune en zone urbanisée. Mon sujet mesure 13mm.

 
Megachile willughbiella , mâle, détail des antennes
  • Nigriventris : une dent externe sur la mandibule, beaucoup plus rare, se rencontre surtout en montagne.

Tout m’oriente donc vers Willughbiella. De plus d’autres détails s'ajoutent pour confirmer :
  • le dernier article des antennes est plus ou moins visiblement dilaté, c’est bien visible sur la photo ci-dessus.
  • Le premier article du tarse postérieur est étroit, long, 3 fois plus long que large, aux côtés parallèles

  Sur cette super page en allemand  j’ai trouvé un détail intéressant :
  • la largeur de la frange tarsale est égale au moins à la largeur du métatarse ce qui me semble bien le cas. Ce qui n’est pas le cas pour les autres Mégachiles à frange blanches.

Megachile willughbiella , mâle, détail la frange, on note une épine à l'apex du tibia

La largeur de cette frange et le dernier article de l’antenne aplati, dilaté se rejoignent pour confirmer cette identification.

A quoi servent cette frange et ces tarses élargis ?

Lors de l’accouplement le mâle tient la femelle et des glandes  odorifères libèrent des « parfums »   captés par les antennes de la femelle. Monsieur a non seulement des beaux gants blancs pour conquérir madame, de plus il est parfumé !
Megachile willughbiella , mâle, joli mâle en gants blancs!

Ce qui est sûr que cela attire le regard de l’observateur curieux !!.

Cette abeille solitaire  niche dans le bois mort, sous les écorces dans des anciennes cavités de coléoptères.
La femelle est une découpeuse de feuilles d’arbres variés et se nourrit de pollen sur des fleurs variées (polylectique).
J’ai trouvé cette particularité physique de ce mâle très intéressante et je suis toujours admirative de ces petits détails que la Nature a distribués dans ce petit monde qui nous entoure. C’est aussi une des raisons pour laquelle j’écris et je publie ces photos !




samedi 23 juin 2018

Amphimallon majale , hanneton européen


Tous les ans ou presque je trouve dans le sol un de ces « hannetons » .Soit encore dans sa coque de terre ou juste en train d’en sortir.
Amphimallon majalis tout juste adulte, la technique repli des ailes pas encore au point.

 Je ne les vois jamais en vol, et je ne peux pas dire qu’ils occasionnent des dégâts dans le jardin.
Amphimallon majalis à côté de sa coque qui l'a vu se métamorphoser, il reste encore son exuvie

 D’ailleurs ce sont des larves qui sont nuisibles puisqu’elles s’en prennent aux racines des plantes. .

Amphimallon majalis larve en cours de métamorphose.



Les hannetons sont nombreux et font partie de la grande famille des Scarabaeidae et mes sujets sont dans la sous famille des Melolonthinae..

Amphimallon majalis détail du tibia avec ses deux épines, celui de la patte antérieure est transformé en pelle!

 Pour arriver à cette détermination  il faut franchir plusieurs étapes:
  •  Le meso tibia ( tibia intermédiaire) avec 2 épines montre l’appartenance à la sous famille des Melolonthinae.(photo ci-dessus) 
  • Cette famille comprend plusieurs genres dont les    Amphimallons qui ont des antennes de 9 articles.(photo ci-dessous)


Amphimallon majalis détail des antennes avec les 9 articles

Ensuite pour arriver à l’espèce, il faut regarder les élytres et le thorax . Recouverts de fines  soies couchées pour les élytres et un thorax, densément et finement ponctué, nous voilà à  A.majale .

Amphimallon majalis des soies couchées et de fines ponctuations.

Autre détail, le pronotum est sinué latéralement, de longues soies bordent les côtés  les élytres .

Amphimallon majalis pronotum sinué latéralement
Après l'avoir vu morceau par morceau, voici à nouveau mon sujet vu de dessus
Amphimallon majalis  vue dorsale
Et de dessous , joliment poilu sur le thorax et avec de puissants fémurs .
Amphimallon majalis vue ventrale

Comme tous les « hannetons », il n’est pas bien vu dans les jardins. C’est en juin qu’ils apparaissent après avoir passé un ou deux hivers dans le sol.Et c'est le soir qu'on les voit le plus!
Voici un lien  sur le site du Monde des insectes qui aide à s'y retrouver.

mardi 12 juin 2018

Catalogue sur plantain!


Ce n’est pas une plante qui attire beaucoup l’attention, mais un pied de plantain  lancéolé (Plantago lanceolata) est actuellement en fleurs au fond du jardin . J’ai été étonné du nombre d’insectes qui y trouve table mise à leur goût !
C’est l’occasion de vous en présenter quelques-uns.
Melanostoma scalare femelle.

Dans la catégorie Diptères voici  Melanostoma scalare qui sont présents en nombre. Ces Syrphes se nourrissent sur les fleurs mais leurs larves consomment bien des pucerons ! D’où leur utilité !

Phaneroptera nana juvénile

Autres insectes vus régulièrement sur ces minuscules fleurs dont les étamines doivent être délicieuses : des juvéniles de sauterelles. Alors que la grande sauterelle verte est presque adulte au mois de juin, Phanerotera nana est encore aux premiers stades de son développement. Ses longues antennes et son costume ponctué  sont amusants à observer.

Rhacocleis poneli juvénile

J’y ai vu aussi un autre juvénile de sauterelle.

Rhacocleis poneli juvénile

Je pense qu’il s’agit peut-être de Rhacocleis poneli qui vit dans cette zone.
Voici une page où je la présentais.

Cyrtosus cyanipennis femelle avec Melanostoma scalare, femelle, entre filles!


Un petit coléoptère à l’allure amusante ,Cyrtosus cyanipennis, quand il s’agit d’une femelle on dirait que la couture de son abdomen va se défaire tant il est tendu.
Cyrtosus cyanipennis femelle

C’est peu visible ici, mais c’est une femelle, le mâle à les antennes un peu différentes.

Enicopus ater femelle

Un autre coléoptère entièrement noir et poilu,Enicopus ater
 c’est aussi une femelle le mâle à les tibias arrières avec un crochet en plus !
Oedemera nobilis femelle

Une autre femelle d’Oedemera nobilis, le mâle a les fémurs arrières très gros !
Vous remarquerez que les femelles sont en nombre : sérieuses elles s’alimentent bien pour remplir leur rôle de reproductrice.

Juvénile de punaise Palomena prasina

Les juvéniles aussi sont bien représentés, outre les sauterelles voici aussi une petite punaise : Palomena prasina.

Cicadelle Aphrodes makarovi probable

Et ici une cicadelle peut être Aphrodes makarovi, mais sans aucune garantie!

 Et pour finir en beauté voici un trio!

 Psilothrix viridicoerulea. avec des Syrphes
Entre les Syrphes un petit coléoptère entièrement vert, Psilothrix viridicoerulea.

On voit ainsi que cette très modeste fleur est extrêmement nourrissante pour beaucoup d'insectes, juvéniles et adultes.
On peut ainsi de temps en temps regarder ces plantes  peu spectaculaires bien utiles dans un jardin! 

jeudi 7 juin 2018

Petites merveilles de la pluie!

C'est sans doute un des printemps les plus arrosés de ces dernières années.
Mais ce matin en faisant ma tournée dans le jardin , sous un peu de soleil je me suis arrêtée pour photographier quelques fleurs.
Et en découvrant certaines images sur l'ordi j'ai été émerveillée.
C'est ce qui me fait publier ces images.



Il s'agit d'un bouton de catananche bleue dont les écailles argentées ont retenues les gouttes de la pluie nocturne!

J'aurais voulu l'obtenir que je n'y serais pas arrivée, toujours ma catananche . C'est un détail de la photo ci-dessous.
Derrière ces fleurs il y a encore beaucoup de coquelicots qui se reflètent dans les gouttes ainsi que le maigre soleil du matin.

Et encore quelques   perles d'eau


C'est un moyen de voir la pluie un peu différemment sans oublier ceux qui sont bien plus affectés par les intempéries que nous.

En cliquant on peu voir ces images en plus grand.

lundi 4 juin 2018

Clerus mutillarius, un Clairon utile et mutile.








Ce petit coléoptère hirsute mesure 12 mm.
Trouvé surnageant dans la piscine, je m’en suis beaucoup méfiée en le recueillant. Pourquoi ?
Clerus mutillarius, vue générale

A cause de son allure générale : du noir, du rouge et du blanc, et surtout un pronotum bien rond avec une tête peu visible. Je pensais avoir trouvé une abeille du genre Mutillidae (comme ici ), dont la piqure serait très douloureuse (je n’ai jamais testé).

Ce n’est qu’en déposant l’insecte sur mon plan de travail après un petit séchage au pinceau que j’ai vu qu’il n’en était rien.
C’est au contraire un coléoptère dont la larve consomme les insectes xylophages sous les écorces des arbres, le chêne par exemple.
Clerus mutillarius,un abdomen rouge sous les élytres

En premier lieu on voit ses longs poils blancs sur la face, les pattes et les élytres. Sur ces derniers on observe 3 fascies :
  • une toute petite à l’apex des élytres,
  •  puis la plus importante qui fait toute la largeur
  •  enfin avant la zone de couleur rouge,  un losange blanc.

L’abdomen est rouge, on le voit un peu à l’apex des élytres, jamais la bestiole n’a voulu rester sur le dos pour que je puisse la photographier.
Clerus mutillarius,une belle pilosité blanche

Les longs poils blancs se retrouvent sur tout le corps. Ce qui m’a le plus étonnée c’est de les voir sur les yeux. C’est pourquoi j’ai fait ce montage en découpant des morceaux de la même photo.
Clerus mutillarius,vue générale de la tête

Clerus  mutillarius est un bon coureur et vole aussi alors il faut le garder à l’œil pendant la séance photo !
Clerus mutillarius,même photo que la précédente cadrée sur la tête

On le trouve dans une grande partie sud de l’Europe sur les tas de bois,  de préférence le chêne, de mai à août !

Clerus mutillarius,même photo que la précédente cadrée les yeux
Comme les larves l'insecte se nourrit de xylophages, ses bonnes mandibules doivent être efficaces

Il appartient à la famille des Cleridae qui compte 50 espèces en Europe et la sous-famille des Clerinae qui en compte 20.
Voici 3 autres clairons déjà présents sur le blog:









vendredi 1 juin 2018

Phytoecia virgula, élégant coléoptère en noir et orange.





Voici un joli coléoptère de la famille des Cerambycidae, sous-famille des Lamiinae. On en compte une centaine en Europe de l’Ouest. Mais heureusement leur aspect extérieur est souvent particulier et permet de les distinguer.
Phytoecia virgula, au repos, antennes rabattues en arrière.

Phytoceia virgula est noir avec une belle tache rouge orange sur le pronotum. Les pattes sont aussi bicolores orange et noires. Pour séparer virgula d’une espèce voisine  vulneris, il faut regarder les pattes : les tibias médians et postérieurs sont entièrement noirs.
Phytoecia virgula à la toise!

Autre détail à observer : la tache sur le pronotum, elle est située plus près du bord antérieur du pronotum. Elle est arrondie et non ponctuée au milieu.
Le élytres, la tête, le corps sont recouverts d’une pubescence blanche plus ou moins importante selon les zones.

Phytoecia virgula, les détails à observer

L’insecte mesure entre 6 et 12 mm, mon sujet est proche de 11mm.
Comme la plupart des Cerambycidae , les antennes sont insérées dans les yeux profondément échancrés. Les Lamiinae sont orthognathes , il est difficile de voir leur tête car le front est vertical par rapport au dessus de la tête et on a toujours l’impression que l’insecte refuse de vous montrer sa face.
Les ongles des Phytoecia sont bidentés.
Phytoecia virgula, les détails du pronotum: une tache orange non ponctuée au centre.

Menacé de disparition en Allemagne, il est étudié sur un site retourné à la nature .Il est lié aux  plantes herbacées. Voici quelles sont leurs principales observations :
  •          Il vole de mi-avril à mi-juin.
  •          Il recherche des plantes hôte dont le diamètre de racine est supérieur à 1 cm ;  Artemisia campestris qui est la plus fréquemment « occupée »
  •          Les racines avaient un diamètre entre 1,5 et 4 cm et une longueur entre 22 et38 cm. Les imagos ont été trouvé environ à 2 ou 3 cm dans la partie souterraine de la racine.

La femelle insère ses œufs dans la tige aérienne de la plante à 2 ou 3 cm au-dessus du collet. La larve se retourne après un premier développement et descend dans la parie souterraine de la racine où elle continue sa croissance.
Phytoecia virgula en activité, antennes vers l'avant

Chez moi j’ai trouvé deux exemplaires à proximité de cette armoise, l’armoise champêtre qui pousse dans le fond du jardin bien que je souhaite limiter sa présence. 
On rencontre Phytoecia virgula  dans le sud de l’Europe dans des zones bien exposées et sur diverses plantes : la tanaisie, certains chardons, mais aussi des anthémis, des inules , des armoises…… Il serait assez rare en France.
Infos extraites de Coléoptères phytophages d’Europe, Gaëtan du Chatenet et de ce document en allemand cité précédemment..