dimanche 7 mai 2023

Pollens

 

Devant la porte de la cuisine un groupe de coquelicots a poussé. Il y a à peine de la terre, mais cette jolie fleur est une pionnière qui se contente de peu.



J’ai le plaisir de voir ainsi une ou deux abeilles mellifères(Apis mellifera) venir faire leur récolte de pollen. On voit que  les corbeilles de leurs pattes arrières sont gonflées de cette récolte. Je vous partage quelques images de ce travail.



 Comme le pollen est au bout des nombreuses étamines qui se dressent au-dessus de la corolle, l’abeille n’est jamais posée, mais travaille la plupart du temps en vol ! Une vraie acrobate.



Ce pollen tout noir est particulièrement visible et j’ai parfois l’impression que l’abeille est déséquilibrée par son abondante  récolte.

Une belle récolte bien identifiée

Au milieu de son lieu de récolte!


Voici par opposition la récolte  très différente du petit bourdon Bombus pratorum ( le bourdon des prés).

Bombus pratorum en approche de fleur de géranium


 Lui ne récolte pas sur coquelicot . Les grains rouges proviennent peut être du lamier pourpre. 

Sur fleur de lavande papillon

Une jolie récolte "mixte" en blanc et orange!

On se rend ainsi compte de la diversité de couleurs que présentent ces petits grains récoltés par les abeilles ( et avec lesquels Apis mellifera nous offre des miels bien différents et typés) et qui servent en premier lieu à  nous offrir fruits et légumes .

Voici d'intéressantes précisions apportées par un  spécialiste "du travail des abeilles mellifères":

Le coquelicot est une fleur qui attire les abeilles, de par sa couleur. En fait l'abeille a une vision trichromatique qui lui permet de percevoir les couleurs et le chemin à suivre pour localiser, au cœur de la fleur les endroits les plus riches en nectar. Le coquelicot ne produit pas de nectar, mais produit du pollen en grande quantité. Elles sont attirées par la couleur rouge qui reste imperceptible pour les insectes. Ce sont les rayons UV réfléchis par les pétales qui les attirent.

dimanche 30 avril 2023

Un coléoptère en manteau de velours : Platyrhinus resinosus

En voilà encore un qui souhaitait faire parler de lui : il s’est présenté sur le montant de la porte de la terrasse.
Platyrhinus resinosus


 Je pensais d’abord que les taches sombres que je voyais étaient de la terre, il a un tout petit peu plu chez nous et en général certains insectes profitent alors du ramollissement du sol pour émerger.
Au repos, tous les membres bien rangés!


 Photographié il révèle toute la complexité de sa tenue. Avec ses antennes non coudées il est éliminé de la famille des Curculionidae. Je cherche alors dans celles des Antrhibinae et l’allure si particulière nous amène vite vers Platyrhinus (nez plat). Et la seule espèce que l’on rencontre chez nous est Platyrhinus resinosus.
 L’insecte mesure 12 mm et si on le touche il se tient très tranquille c’est ainsi que nous avons fait plus ample connaissance. 
Détail de la tête avec ses yeux saillants et ses fortes mandibules.*



Son rostre et sa tête sont ornés de poils fauve bien visibles entre les yeux saillants. La pilosité cache en partie les carènes du rostre et des fortes mandibules terminent ce rostre large et sculpté.
Dessus des élytres joliment décorés, remarquez les petits cœurs à la suture!*


Les antennes se terminent par 3 articles plus larges . Le pronotum est difficile à décrire à partir de mes photos, je me suis aidée du livre Coléoptères phytophages d’Europe, volume 3**. Il est noté profondément sculpté, avec une profonde cavité centrale dont les bords sont relevés, des carènes interrompues et une large apophyse de chaque côté. 

Apex des élytres avec sa pilosité beige*


Les élytres dont les côtés sont subparallèles sont magnifiquement « habillées » et c’est pourquoi je parle d’un manteau de velours. Le fond est gris , des dessins offrent des nuances de brun , fauve, en allant jusqu’au beige.
Ongles dentés! *


 Les ongles présentent des petites dents Les pattes sont annelées de blanc, l’apex des élytres et le pygidium sont ornés de poils beige, les même que l’on retrouve sur le ventre.
Face ventrale


L'insecte est visible de la mi-mai (chez nous, il est un peu en avance) à septembre, dans une grand partie de l'Europe et donc dans toute la  France.
On le trouve sur le bois mort ou vermoulu  de hêtre, frêne....., où il se nourrit de mycélium de champignon. Ses larves se nourrissent dans le bois mort et aident au recyclage.

Détail  de la tête*



* Images grossie s3 fois.

**Coléoptères phytophages d'Europe, volume 3, Gaëtan du Chatenet

lundi 10 avril 2023

Osmie bicornis: le grand ménage de printemps

En sortant sur la terrasse hier, le dimanche de Pâques, j’ai vu une petite abeille s’éloigner des quelques morceaux de bambous installés dans le pot en grès de la terrasse.    Ce lieu est utilisé par diverses abeilles solitaires pour y pondre leurs œufs, cela n’a rien d’étonnant ! Mais là l’abeille s’en allait vers le jardin avec une petite boule indéfinissable entre les mandibules. Et elle est vite revenue , sans rien ! C’est ce qui m’a incité à observer avec davantage d’intérêt ce qui se passait dans les tiges de bambou Et cela donne un récit en deux parties qui raconte le grand nettoyage fait par deux femelles Osmie bicornis.

Madame je démolis les cloisons et je  refais toute la déco !

Il s’agit bien d’Osmie bicornis, on reconnait les deux petites cornes sur la face, la couleur des tergites roux puis noirs sur les 3 derniers, la pilosité de la tête noire, brun roux sur le thorax et la magnifique brosse ventrale orange.

Un gros morceaude mortier entre les mandibules


L’abeille entre la tête la première et s’enfonce rapidement. Elle ressort en marche arrière et part rapidement avec sa charge entre les mandibules. Voir ce qu’elle transporte est bien difficile. Elle est pressée et n’accorde pas de pose pour la photo ! Elle ne cherche pas la notoriété du web !!

Encore du mortier à extraire


La voici avec des morceaux de mortier entre les mandibules ! C’est la partie démolition, histoire d’agrandir l’espace.

La tâche la plus ardue; ce gros bout de vielle cloison de cellule


Seconde phase, on enlève les vieux papiers peints ! C’est la partie la plus difficile et fastidieuse.

Il faut s'arcbouter pour le sortir de la tige


Pour arracher et extraire  ce gros morceau de partie extérieure des cellules de l’an passé, l’abeille est restée près de 3 minutes à l’intérieur et le morceau très difficile à tirer vers l’extérieur a nécessité une pose sur le rebord du tube.

Encore un gros morceau


D’habitude les morceaux extraits sont bien plus petits.

Des restes divers à extraire pour le logis soit bien net!


 Voyons maintenant le travail de Madame je nettoie les restes laissés par les locataires peu délicats

Le nez plein de vieux pollen beurk!


Cette seconde abeille est sortie la tête pleine de pollen ! Etonnant, en général le pollen mis à disposition des larves est entièrement consommé. Après plusieurs sorties je remarque un amas de  quelques chose que j’identifie comme des exuvies de vers indéterminés. 

Du mortier et du pollen


Voilà mon explication : le nid de l’abeille a été parasité par un insecte qui a dévoré les larves et le pollen non consommé est resté en place. Et notre dame Osmie est obligée d’extraire l’ensemble si elle veut offrir un logis propre à sa descendance.

Des restes d'anciens locataires non désirés


Encore une fois je suis admirative du soin méticuleux que ces petites abeilles prennent pour assurer le succès de leur ponte. ( remarquez que ce sont les femelles qui font tout le travail)

On trouve de drôles de débris dans cette loge!


Deuxième remarque : en 4 heures d’observation j’ai vu ensuite arriver d’autres femelles, 4 tubes ont été visités. Lorsque j’ai bougé légèrement les tubes, la femelle faisait un tour de reconnaissance avant de rejoindre son tube, alors qu’autrement elle y allait directement.

Les déchets sont « lâchés » sur l’herbe proche pas à proximité du pot ou sur la terrasse.

Un tube occupé semble « repousser » une nouvelle visiteuse. Elle fait un tour puis s’en va chercher ailleurs. L’une d’elle a même exploré méthodiquement  les trous de mon flash .

Pour mieux connaitre Osmie bicornis, voici des articles plus anciens

-https://lejardindelucie.blogspot.com/2022/05/deux-heures-avec-une-maconne-osmie.html

-https://lejardindelucie.blogspot.com/2022/01/osmia-bicornis-anciennement-osmia-rufa.html

samedi 3 décembre 2022

Watsonalla binaria , le Hameçon, femelle , œuf , chenille.

 

Voici un papillon dont je n’aurais pas soupçonné la présence dans le jardin, si je ne l’avais pas repêché sur la piscine à la mi- avril.

Rapidement identifié comme Watsonalla binaria ( après avoir hésité avec  uncinula.)

Watsonalla binaria, une femelle


C’est un papillon nocturne de la famille des Drepanidae. Il est lié au chêne qui constitue la nourriture de la chenille.(Son nom anglais le rappelle : Oak Hook-tip)

Les antennes simples sont celles d'une femelle.


Différencier les 3 espèces de Watsonalla est relativement aisé :

  •  W. cultraria n’a pas de taches noires sur l’aile antérieure.
  •  W.uninula  présente un reflet violacé très net et aussi 2 taches noires sur l’aile antérieure
  •  W.binaria se contente d’ailes jaune ocre,  deux points sur l’aile antérieure  qui est nettement falquée.

Les détails à observer


Il présente 2 générations, la première en avril-juin, la seconde fin juillet à début juillet. On les trouve dans les forêts de feuillus avec des chênes jusqu’à 1300m.J’ai trouvé mon papillon le 15 avril.

On le rencontre presque partout en Europe, curieusement c’est dans le sud en France qu’il est le moins répandu.

Un œuf tout frais pondu!


Mon sujet était une femelle qui m’a laissé un œuf en souvenir. Il semble transparent et mesure un peu plus d’un millimètre de longueur Sa surface est délicatement sculptée !Ces tout petits œufs de papillon sont rarement lisses.

Au bout de 10 jours la petit larve apparait sombre.


On voit son évolution, d’abord translucide , la larve se développe peu à peu  et la couleur change. Au bout de 10 jours on voit bien  la future chenille qui émerge alors.

La chenille âgée de 2 jours fixée par ses fausses pattes.


Voici la petite chenille âgée de 2 jours. Je lui ai proposé de tendreS feuilles de chêne hélas elle n’a pas survécu ! Dommage car cette chenille à une allure assez particulière !

Infos tirées de: Papillons de nuit, volume 1 , Patrice Leraut

mercredi 23 novembre 2022

Amaryllis et Amaryllis de Vallantin (Pyronia tithonus et Pyronia cecilia)

 

Voici deux papillons de la famille des Satyrinae.

Pyronia tithonus(Amaryllis) largement répandu en France et en Europe, de 0 à1700 m d'altitude.

Mâle de Pyronia tithonus


et Pyronia cecilia( Amaryllis de Vallantin) à la distribution beaucoup plus limitée en France, des régions méridionales des Pyrénées orientales aux Alpes maritimes.

Mâle de Pyronia cecilia


Moi j’ai rencontré ces deux papillons en moyenne montagne, et en regardant mes photos depuis 2008, je me rends compte que c’est surtout l’espèce méridionale (Pyronia cecilia) que j’ai croisée.

La femelle n'a pas de tache à l'aile antérieure.


C’est un papillon estival que l’on trouve de mai à septembre, juillet et août étant les mois où les rencontres sont les plus fréquentes dans mon milieu.

 

Pyronia cecilia , mâle, verso des ailes 

Pyronia tithonus fréquente les lieux herbeux et buissonneux plus humides que  P. cecilia qui se contente de zones plus sèches et caillouteuses, exactement ce que je trouve en moyenne montagne.


Les différences qui séparent les mâles 


Quelques différences permettent aisément de séparer les deux papillons. Les mâles présentent une tache androconiale séparée par les nervures  et de formes rectangulaires pour  P.cecila  tandis que l’on parle de tache en forme de corne de vache pour P. tithonus.

Les différences visibles au verso des ailes.


Le verso des ailes  postérieures présentent des petits points blancs légèrement cerclés de noir pour les mâles et les femelles de  P.tithonus ; celles de  P.cecila en sont dépourvues, mais on note des lignes plus claires en forme de Y sur l’aile .

Amaryllis de Vallantin (Pyronia cecilia)


Les femelles pondent dans des zones où les chenilles trouveront différentes herbes leur convenant, souvent simplement en survolant les lieux favorables.

Il faudra attendre la fin du printemps prochain pour rencontrer ces papillons.


Infos :  Guide photographique des Papillons de jour et zygènes de France ; J-L Hentz , J-P Dhondt , P. Daughet