mardi 25 août 2020

Zeuxevania splendida, un drôle d' hyménoptère .

 

Voici une drôle de bestiole trouvée sur la piscine ,l'essentiel du corps fait moins de 5mm. Hormis les pattes un peu brunes , tout est sombre presque noir !

Un petit hyménoptère à l'allure particulière

C’est la façon dont le gastre (abdomen) est attaché au reste du corps qui étonne. Alors que chez la plupart des hyménoptères cette liaison se fait au milieu du thorax, ce qui fait que la prolongation semble dans une ligne continue, ici le pétiole qui fait la liaison thorax et gastre, se situe sur le dessus du thorax .

Cela lui donne cette allure bizarre. De plus entièrement noir l’insecte n’attire pas l’œil.

On peut admirer la ponctuation sur le thorax qui s'oppose à la cuticule lisse et brillante du gastre.

C’est pourtant un hyménoptère, une guêpe parasite de blattes.

Il y a peu de guêpe ayant cette forme ce qui réduit les recherches.

C’est la nervation des ailes qui m’a  conforté dans mon identification.Je me suis aidé d'une clé en anglais disponible sur le net ici

Le pétiole attaché haut sur le gastre


  • Les ailes dépassent le pétiole
  • Les ailes antérieures comptent 6 cellules
  • La distance entre les coxas(hanches) médianes et postérieures est égale à 0,6 fois  celle de la distance entre les antérieures et les médianes( en fait les 2 dernières coxas plus proches l’une de l’autre  ).C'est bien visible sir la première photo.
Le détail de l'aie qui clarifie la situation, en haut le schéma extrait de la clé qui nomme Zeuxevania splendida

  • Une particularité de l’aile est  la fusion de la cellule basale avec la cubitale . Sur la photo le cercle montre cette absence de nervure transversale.

Nous sommes bien en présence de Zeuxevania splendida( espèce unique chez nous dans cette sous famille).

Ensuite ce qui est à noter c’est qu’elle parasite des blattes, en particulier , leur oothèque mais peut être aussi l’insecte lui-même.

La nature offre bien des surprises!

vendredi 14 août 2020

Je bulle!(Polistes nimpha mâle)

Depuis le mois de juin j'observe un petit nid de guêpe, Polistes nimpha, construit sur le mur de l'entrée de la cour .

A la fin de l'été cela donnera le sujet d'une publication.


Mâle Polistes nimpha
 

Mais ce matin en observant l'activité du groupe, j'ai vu un des deux mâles présent avec une drôle d'attitude , les mandibules écartées. Ce n'est qu'en regardant sur l'ordi que j'ai vu qu'il "bullait"

Ce phénomène s'observe chez d'autres insectes ( mouches...) Il régurgite et "aère" sa bulle avant de ravaler.

Mais pourquoi? 

Un peu plus de détail

Une explication  possible est donnée dans ce texte.

En résumé, à l'air libre, la bulle  se refroidirait et en l'avalant à nouveau, cela permettrait un rafraîchissement de l' organisme de l'insecte.

Encore de plus près.

Est-ce que c'est comme pour la mouche, un moyen de faire baisser sa température? Ce matin à l'ombre il faisait 26 degrés au moment de la photo, mais le nid est sur un mur clair qui reste à l'ombre jusqu'à presque midi. Ce n'est pas le moment le plus chaud de la journée. Il faut aussi dire que les mâles ne sont pas toujours présents, certaines journées je ne les vois pas du tout. 

Comme souvent, il me reste plus de questions que de réponses! Mais j'aime bien ces images un peu particulières de la vie des insectes!

vendredi 7 août 2020

Orthetrum cancellatum , un jeune mâle, Orthétrum réticulé

En sortant dans la cour, j’ai vu que le support en bambou d’un tout jeune jasmin était « occupé ».

Dur son perchoir , Orthetrum cancellatum mâle

Une jeune libellule, un mâle, s’en servait comme perchoir pour aller à la chasse aux insectes. Il avait la bonne idée de toujours revenir se poser sur ce support qui lui plaisait. Il était bien au soleil et quelques photos me permettent de jouer au jeu de la détermination.

Ici on peut observer sous son abdomen les pièces copulatrices sur le second segment épaissi de l'abdomen.


C’est un mâle à cause du renflement du second segment de son abdomen et on voit bien pièces copulatrices sur la partie ventrale dudit segment.

Je me sers du Guide d’identification des libellules de France, d’Europe septentrionale et centrale de Arne Wendler et Johann-Hendrik Nüss.

La flèche indique l'absence d'indentation derrière les yeux.

  • Les yeux sont contigus et la base des ailes postérieures est plus large que celle des antérieures, c’est un Anisoptera.

Les triangles sur les ailes qui sont perpendiculaires  et nous amènent vers les Libellulidae.

  • Ensuite le triangle alaire des ailes antérieures est placé perpendiculairement à celui des ailes postérieures  et le bord postérieur des yeux n’a pas d’indentation nous sommes chez les Libellulidae
  • La base des ailes postérieures est hyaline

Les nervures anténodales des ailes  qui aident à avancer dans la détermination

  • Les ailes ont au moins 9 nervures anténodales aux antérieures et au moins 4 à 7 aux postérieures
  • Aux ailes antérieures au moins 7 à 10 cellules au bord de l’espace discoïdal (voir photo du dessous)et le perostigma(la tache sombre au bout de l'aile) à la même longueur aux antérieures et postérieures

Détail de l'aile avec l'espace discoïdal où l'on compte 12 cellules!


  • Les ailes postérieures n’ont pas de tache jaune nous sommes dans la famille des Orthetrum.

Les dessins noirs sur l'abdomen sont rectilignes, les cercoïdes  au bout de l'abdomen , noirs.

  • Le pterostigma est brun noir, les ailes postérieures à membranule grise. Pas de dédoublement entre les nervures M2 etRs.
  • Les cercoïdes sont noirs, le front sombre, le dessin dorsal noir de l’abdomen presque rectiligne.
Nous voilà en présence d'Orthetrum cancellatum
C'est une libellule que l'on rencontre partout en France et en Europe jusqu'à 1000m d'altitude.Elle aime les eaux stagnantes, pauvres en végétation, le plus souvent de grande étendue.Mais se rencontre aussi sur les parties calmes des rivières, les étangs, les gravières...des milieux variés en somme.Il n'y a pas de grandes étendues d'eau à proximité du jardin mais d'anciens bassins qui servaient aux horticulteurs pour leur arrosage.
On la voit de mi-juin à la mi-septembre.

mercredi 22 juillet 2020

Chelostoma rapunculi : la femelle


Après avoir achevé la publication consacrée au mâle j’ai eu la chance d’observer et surtout d’avoir pu photographier la femelle.
Chelostoma rapunculi femelle dans la fleur de campanule

Mes campanules gantelées poussent tout au fond du jardin soit sous le chêne soit encore plus cachées sous les pittosporums. Il faut qu’il fasse soleil,  que ce ne soit pas trop tôt dans la journée pour que les abeilles s’y retrouvent. Souvent je vois plus de mâles que de femelles et ces dernières ne s’attardent guère. C’est en regardant l’apex de leur abdomen que je repère ces dames. En effet elles s’enfoncent dans la fleur  pour aller y chercher nectar ou pollen.  C’est en voyant qu’elle était bien occupée que j’ai cueilli cette dame dans sa fleur.

Chelostoma rapunculi femelle On voit ses clypeus particulier, ses bandes de poils sur les tergites et on devine la pilosité blanche de sa brosse ventrale

Ensuite pour la voir dans la fleur j’ai détaché la partie supérieure de la corolle.

Dans le jardins il y a 3 Chestoma : rapunculi présenté il y a peu, C. foveolatum  ,et emarginatum qui dort encore sur mon disque dur. 
Mais seule  C.rapunculi et C.foveolatum femelles sont oligolectiques sur les campanules.

Chelostoma rapunculi femelle détails de son abdomen

Or  C.foveolatum n’a pas de bandes pileuses à l’abdomen et ses soies ventrales sont jaunâtres. Tandis que C.rapunculi a des fines bandes  aux tergites et ses soies ventrales qui lui servent de brosses de récolte de pollen, sont blanches.
C’est ainsi qu’en voyant l’abdomen de mon sujet j’étais quasi sûre de voir rapunculi.
Chelostoma rapunculi femelle détail de la face avec son clypeus finement denté

Mais je voulais quand même voir sa tête et elle m’a offert un joli portrait.
On y voit un détail très caractéristique : le  clypéus  très bombé avec de fines dents dans sa partie inférieure.

Chelostoma rapunculi femelle langue sortie pour cueillir le nectar

Cette abeille se nourrit exclusivement sur les campanules, les plus anciennement présentes dans le jardin sont les campanules gantelées.C'est là que depuis plusieurs années ces petites abeilles se nourrissent et prélèvent le pollen pour leurs larves.Elles utilisent des anciennes galeries dans le bois mort.


Chelostoma rapunculi femelle croquant une étamine!
Grâce à notre amie botaniste j’ai aussi semé des campanules carillon, qui sont dédaignées, c’est dommage car on y verrait les insectes dans plus joli décor.


Rappelons que l'abeille fait entre 8 et 10mm, qu'on les voit entre mai et la mi- septembre de l'Afrique du Nord jusqu'au Nord de l'Europe. 
Il faut bien regarder ce qui passe autour des campanules! 

dimanche 19 juillet 2020

Chelostoma ranunculi, le mâle


L es Chelostoma sont de petites abeilles, souvent noires, et qui sont pour beaucoup liées à une plante, en particulier les campanules. D’ailleurs les Néerlandais les appellent « abeilles des campanules ».
Cela fait plusieurs années que lorsque fleurissent les campanules du jardin, j’y trouve des dormeurs .
Chelostoma rapunculi mâle accroché à sa campanule**

C’est donc l’occasion de présenter l’un d’eux.
C’est un mâle. Souvent il passe la nuit dans la fleur et le matin tant que le soleil ne réchauffe pas l’endroit, notre dormeur continue son somme !
Chelostoma rapunculi, vue de face**

Rappel le mâle compte 7 segments au gastre et 13 articles aux antennes.
Les derniers segments de l’abdomen sont caractéristiques de l’espèce. Il faut pour bien voir ces détails trouver un sujet qui veut bien  être sage et se laisser photographier sous tous les angles .

Chelostoma rapunculi, détail de son aile**

Ces abeilles présentent 2 cellules cubitales, la seconde nervure discoïdale aboutit avant la seconde nervure cubitale.
Chelostoma rapunculi, on aperçoit sur le sternite 2, la forte élévation**

Les pattes possèdent entre les  griffes des pulvillus, cette petite excroissance entre les griffes que l’on voit en général facilement.Cette famille a été séparée des Osmie,  pour certains auteurs. 
Chelostoma rapunculi, l'apex du gastre avec ses 3 lamelles**

Après avoir utiliisé  Amiet*  pour trouver le nom du petit mâle qui dormait ce qui fut assez facile puisque c'est  le seul qui a un T7(tergite 7) avec non pas des pointes ou des lobes mais 3 lamelles   , les deux externes sur le même plan et celle du milieu un peu en retrait..L'abeille mesure environ 1 cm .
Chelostoma rapunculi, détail des sternites ,en particulier le second**

Après cela comme je voulais être bien certaine de me trouver avec C. rapunculi, j’ai cherché sa description à l’aide de ce document enespagnol très bien illustré*.
  • Les images permettent de voir le sternite 2 avec son excroissance(photo ci-dessus)
  • Le sternite 3 avec une pilosité latérale sombre
  • Le sternite 4 avec ses 2 lamelles  de couleur claire.
  • Le sternite5   couvert en partie par des poils blonds longs et ondulés.

Chelostoma rapunculi, des annotations pour s'y retrouver!**

 Ces détails donnent la détermination exacte de C. rapunculi.

Cette abeille, la femelle plus particulièrement est oligolectique sur les campanules, en particulier la campanule gantelée très présente dans le jardin et ce depuis longtemps puisque cela fait plusieurs années que je vois cette abeille. 
Chelostoma rapunculi, le mâle**

La femelle est bien plus difficile à voir, elle ne s’endort pas dans la fleur .
Elle installe ses œufs dans des galeries de bois mort en séparant les cellules avec du mortier et en rebouchant solidement son travail.C'est elle qui butine strictement sur les campanules , les mâles parfois se promènent sur d'autres fleurs je les vois parfois sur la lavatère ponctuée.
Jamais je en suis arrivé à trouver un des endroits  où la femelle construit ses alvéoles!Elle ne présente qu'une génération par an et on les voit du moi de Mai à celui d'août.


*Document en espagnol
**Image grossie 3 fois