lundi 29 avril 2013

Celastrina argiolus, l’Azuré des nerpruns.


Celestrina argiolus,  petit papillon précoce se promène toujours dans le jardin en début de printemps. Il se nourrit sur les petites pâquerettes qui fleurissent dans l’herbe. Et la plupart du temps c’est les ailes bien jointes l’une contre l’autre qu’on le photographie. Il y a quelques jours j’ai eu la chance de voir à la fois le mâle et en suite la femelle avec leurs ailes déployées me permettant d'admirer le côté azuré !
Se nourrissant, l'Azuré des nerpruns ne montre que le dessous de ses ailes.

Le mâle est d’un joli bleu ciel avec une fine ligne noire qui borde ses ailes.
Un mâle aux belles ailes azurées.

La femelle est davantage marquée de noir à l’angle supérieur de son aile antérieure et quelques points noirs à l’aile postérieure.
La femelle de l'Azuré des nerpruns

Je me suis souvent posée la question de voir ces nerpruns dont ce papillon porte le nom. Et voici une branche de cet arbuste, qui est peu élevé,  pousse de-ci-de-là dans la garrigue.
Les fleurs (mâles) du nerprun alaterne

Rien de sensationnel : des fleurs  très petites, jaunâtres à l’aisselle des feuilles les mâles à sépales rabattus, les femelles à sépales dressées pour ce nerprun alaterne.

Je pense à ces petits papillons qui ont peu l’occasion de voler et de se nourrir par ces jours gris et surtout pluvieux ! Drôle de printemps.

 

samedi 27 avril 2013

Deux scarabées rouleurs de boules:Scarabaeus laticollis et Sisyphus schaefferi.


C’est au printemps que ressortent de nombreux adultes qui étaient à l’abri pendant l’hiver  dans le sol. C’est le cas de ces deux scarabées, rouleurs de boule (de crottes).
A peu de jours d’intervalle j’en ai rencontré deux.

Scarabaeus laticollis dont je raconte le travail dans une publication bien vieille déjà, et  Sisyphus Schaefferi que j’ai vu pour la première fois.
Deux Scarabaeus laticollis se disputent pour une matière première très intéressante!

Sur un sentier à 650 mètres d’altitude j’ai vu deux scarabées à large cou ( ce sont de gros scarabées qui font entre 15 et 20mm) s’affairer au milieu d’une crotte de chien. D’habitude la matière est fournie par les animaux qui pâturent, moutons ou vaches, mais il était bien tôt en saison pour en voir. Une situation classique, deux scarabées se disputaient une boule. L’odeur et le soleil déjà chaud ont fait que je me suis éloignée.

Quelques jours plus tard, plus haut et plus tôt dans la matinée un insecte a atterri  à mes pieds. Saisi, il a adopté une attitude bien connue : je ne bouge plus !
Profondes stries sur les élytres, quelques points sur le pronotum et pas de tarses aux pattes antérieures: c'est Scarabaeus laticollis

Et nous avons fait quelques images sur un caillou. Ce sont les antennes qui remuent en premier lieu, elles s’orientent dans tous les sens et se « déplient » .C’est l’occasion de voir leur terminaison en forme de lamelles.
Des antennes en lamelles, très mobiles .

Un autre détail que j’avais jusqu’ici peu remarqué : les pattes antérieures sont dépourvues de tarses. C'est lorsqu'il est perché sur mon doigt qu'on le voit le mieux.
Déjà Fabre se pose la question :

« Pour quelles raisons les Scarabées sont-ils privés aux pattes antérieures de ce doigt unique, le tarse à cinq articles, qui lui seul représente la main de l’insecte ? »(Souvenirs entomologiques)

Il émet alors l’hypothèse que roulant ses boules en les poussant avec les pattes arrières, la présence des tarses plus fins et fragiles ses pattes seraient une gêne car ils risqueraient  la blessure.
Les pattes avant sont dépourvues de tarses mais pas les autres.

Tous les rouleurs de boules sont –ils dépourvus de tarses aux pattes antérieures ?

Ma seconde rencontre permet de répondre à la question. Une aubaine.

Le même jour à une altitude similaire autour de 1000 mètres je vois se déplacer à toute vitesse dans l’herbe un petit scarabée (moins d'un centimètre) aux pattes arrières bien grandes pour un corps si petit !

C’est Sisyphus Schaefferi. Je trouve qu’il porte bien son nom .Souvenez-vous du mythe de Sisyphe qui roule sa boule sans fin ! Eh bien lui fait la même chose avec sa boule c’est ce que nous raconte encore Fabre et il présente avec beaucoup de sympathie le travail du couple de Sisyphe pour assurer leur descendance (Sisyphe, l’instinct de la paternité)

Pourquoi j’ai, en passant un petit quart d’heure avec lui, pensé qu’il portait bien son nom.

Contrairement à son grand cousin, Sisyphus ne reste pas immobile, mais pas du tout.
Sisyphus schaefferi a des tarses aux pattes antérieures

C’est pourquoi je l’ai pris dans le creux de ma main pour le photographier. Il n’avait qu’une idée : grimper en hauteur le long de mes doigts. Il n’a pas de griffes pour s’accrocher et arrivé au milieu du doigt, hop, il tombait sur la paume et sur le dos. Rien ne l’arrête, vite remis sur pied, il repart à la conquête du sommet.

Quand je replie un peu plus ma main il utilise une seconde tactique : tête en avant il essaie alors de pénétrer dans le creux formé par un petit pli. Encore échec, mais on recommence !
Des pattes arrières longues et des tibias bien arqués pour mieux tenir sa boule de bouse!

Je vous rassure il n’est absolument pas armé pour vous faire mal, on ne sent qu’une petite chatouille.

Mais après avoir donné un trait de son caractère qui justifie son nom, voyons si lui qui fait partie de la famille des rouleurs de boule, possède des tarses à ses pattes antérieures ! Eh oui, il en a ! C’est ce qu’avait déjà vérifié Fabre. Je n’ai pas trouvé d’explication à l’absence de tarses chez certains scarabées et pas chez d’autres !
Une drôle d'allure avec un pronotum découpé latéralement voici Sisyphus schaefferi.

En attendant cela nous donne l’occasion de regarder de près les pattes de ces infatigables rouleurs de boule.

jeudi 25 avril 2013

Phragmatobia fuliginosa, l'Ecaille pourpre.


Ce ne sont que quelques images d’un petit papillon, Phragmatobia fuliginosa qui vit dans mon jardin .

Dans des messages précédents j’ai déjà présenté sa chenille et  son évolution jusqu’à l’adulte.
L'Ecaille porpre fait des essais de "trompe".

En cette belle après-midi ensoleillée je suis allée regarder les visiteurs du thym serpolet en fleurs. Et j’ai vu sa couleur pourpre soutenue au milieu des fleurs plus roses.
Accrochée dans le serpolet elle attend d'être bien prête pour l'envol.

Le papillon venait d’émerger. Pourquoi ? Il se tenait immobile et m’a laissé m’approcher sans s’envoler. Et j’ai pu cueillir le thym sans qu’il ne bouge, sinon pour enrouler et dérouler sa trompe. C’est dire qu’il faisait des essais pour vérifier si elle fonctionnait.
Phragmatobia fuliginosa toujours sur la fleur de thym.

Nous avons fait quelques photos et je l’ai laissé tranquillement sur la terrasse où il resté plus de deux heures. En fin d’après –midi il était parti faire sa vie de papillon pour quelques semaines !
Antennes et trompes plus claires se remarquent sur la couleur pourpre du paillon.

C’est un papillon de nuit très commun en Europe. On peut le voir la matin ou le soir quand il se repose dans la végétation.

C'est un petit mais joli papillon! Son abdomen ponctué de gros points noirs et ses cuisses soulignées d'une abondante toison bien rouge se cachent sous des ailes de couleurs plus uniformes allant du brun rouge au brun .
 

mardi 23 avril 2013

Curculio glandium, le charançon du chêne.


Voici un charançon que je n'ai eu aucun mal à identifier. L’explication : son origine.

Un matin, je le vois sur la paroi d’un de mes bacs d’élevage. Et la relation est vite faite. Le bac contient des larves de cétoines que je nourris avec de la terre ramassée sous le chêne. On y trouve des feuilles, des glands mais aussi des détritus plus fins. En mettant une belle couche de terre à mes larves j’avais ramassé un cocon avec une nymphe. Et celle-ci est arrivée au terme de son développement.
Curculio glandium, le charançon du chêne.

Curculio glandium, commence sa vie dans un gland ! Au cours de l’été, la femelle perce un gland sur le chêne avec la pointe de son rostre, puis y pond un œuf. A l’automne, le gland tombe au sol. Une fois tout le fruit consommé, la larve sort du gland pour s’enterrer dans le sol et se transformer cette fois en imago. Le cycle dure souvent 2 ans. Mon Curculio glandium est issu d’un œuf pondu à l’automne 2011.
Dès qu'on le touche, il fait le mort!

L’année passée j’avais ramassé des glands joliment troués et donc pourvu d’un œuf. A la fin de l’hiver j’ai ouvert le gland et voici la larve qui s’y trouvait. C’était la première phase du développement.
Dans le gland, au mois de mars 2012, la larve du charançon.

Le charançon du gland peut être confondu avec celui des noisettes (Curculio nucum) mais :
Ajouter une légende

_les antennes du nucum sont pubescentes, les derniers articles avant la massue sont presque aussi longs que larges, dans le cas de glandium, on voit bien que ces articles restent longs et fins.
La tête est pourvue de 2 gros yeux

Pour poursuivre dans l’anecdote, mon sujet est un vrai plaisantin. Je l’avais bien vu sur les parois transparentes du bac debout sur ses pattes et en pleine forme. Dès que je l’ai touché avec une brindille pour le transférer, il s’est laissé tomber sur le dos et a fait le mort. C’est ce qu’il fait chaque fois que je le manipule. Laissé tranquille il retrouve la grande forme. Pour la photo c’est un sujet en or : il tient la pose sans bouger !
Détails des antennes dont tous les segments sous la massue sont longs(clic et la photo est plus grande et détaillée)

En fait c’est une femelle :  les antennes sont insérées au 1/3 antérieur du rostre, au milieu pour le mâle. On voit sur l'image ci-dessus la pointe au bout du rostre qui sert à perforer le gland. Les points jaunes sont les grains de pollen de la fleur  du pissenlit que je lui offre pour la récompenser de sa séance de pose.
Quelques unes des images sont images grossies au minimum deux fois.



Pour le mesurer et se rendre compte de sa taille une règle fait l'affaire !
On voit que chez cette femelle le rostre est quasi aussi long que le corps. Chez un mâle il est plus court et moins arqué.
On peut rencontrer le charançon du chêne assez loin de sa plante hôte quand les insectes se nourrissent et ce n'est qu'à la fin de l'été que la ponte a lieu. En principe, les premiers adultes sont visibles à partir du mois de mai.

dimanche 21 avril 2013

Lophyra flexuosa et Calomera littoralis ssp nemoralis, deux cicindèles.


La famille  des cicindèles compte 23 espèces en Europe occidentale

Ce coléoptère se reconnaît aux dessins singuliers qui décorent les élytres bien que certaines variations de couleurs et de forme se rencontrent chez des individus de la même espèce.
Dans un chemin, là où le Rhône se jette dans la mer, un paysage où la terre, la mer et le fleuve se rencontrent, un sol sableux d’ancienne dune, a été sur deux mètres carrés un théâtre extraordinaire .
Le soleil est enfin là et des dizaines de cicindèles se chauffent, courent les uns après les autres.

J’en ai vu 3 différentes  et je pensais qu’il s’agissait de 3 espèces différentes, en fait ce fut trompeur.
Deux d’entre-elles appartiennent à la même espèce bien que de couleurs différentes.

Voici la forme la plus connue de Lophyra flexuosa.
Cicindèle flexueuse

Elle est brun rougeâtre la plupart du temps. Les mâles présentent un pinceau de poils en dessous du 4ème article des antennes. Ils sont un peu plus petits que les femelles. L‘insecte mesure entre 1 et 1,5cm.
Une carnassière redoutable

J’ai rencontré un exemplaire plus rare d’une belle coloration verte, c’est ce qui m’a induit en erreur. Il s’agit bien de Lophyra flexuosa l’aberration smaragdina. C’est un bel insecte !

 
Une très belle forme de Cicindèle flexueuse, ce vert  remarquable.

Parmi toutes ces cicindèles flexueuses, en voici une aux dessins très différents :Calomera  littoralis ssp Nemoralis
Des taches rondes  caractérisent Calomera littoralis

Une nouveauté pour moi : elle se rencontre le long des côtes méditerranéennes, d’Alicante (Espagne) à la Turquie. Et sur certains terrains salés en Autriche et à l’intérieur des terres en Espagne.
Elle est plus littorale et méditerranéenne.
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 Cette ancienne dune doit lui convenir, mais, j’ai beau chercher, je n’en vois qu’une seule. Ce sera l’occasion d’essayer de la voir un peu mieux et surtout de chercher à photographier l’appareil buccal de cette redoutable carnassière.

Comme chez  toutes les cicindèles les mandibules sont développées et bien tranchantes.


 

Dans cette famille, les mâles se reconnaissent aux premiers articles des tarses antérieurs dilatés.

On rencontre ces insectes dans les lieux découverts (sables des plages, chemins forestiers, au bord des cours d’eau, mais surtout dans les zones ensoleillées. Petites et véloces, elles s’envolent en général quand vous êtes prêts à les photographier, certaines sont assez répandues.

Source

Coléoptères d’Europe, Gaëtan du Chatenet, N.A.P. Editions
Rappel