C’est au printemps que ressortent de nombreux adultes qui étaient
à l’abri pendant l’hiver dans le sol. C’est
le cas de ces deux scarabées, rouleurs de boule (de crottes).
A peu de jours d’intervalle j’en ai rencontré deux.
Scarabaeus
laticollis dont je raconte le travail dans une publication bien vieille déjà, et Sisyphus Schaefferi
que j’ai vu pour la première fois.
Deux Scarabaeus laticollis se disputent pour une matière première très intéressante! |
Sur un sentier à 650 mètres d’altitude j’ai vu deux scarabées à large cou ( ce sont de gros scarabées qui font entre 15 et 20mm) s’affairer au
milieu d’une crotte de chien. D’habitude la matière est fournie par les animaux
qui pâturent, moutons ou vaches, mais il était bien tôt en saison pour en voir.
Une situation classique, deux scarabées se disputaient une boule. L’odeur et le
soleil déjà chaud ont fait que je me suis éloignée.
Quelques jours plus tard, plus haut et plus tôt dans la
matinée un insecte a atterri à mes
pieds. Saisi, il a adopté une attitude bien connue : je ne bouge
plus !
Profondes stries sur les élytres, quelques points sur le pronotum et pas de tarses aux pattes antérieures: c'est Scarabaeus laticollis |
Et nous avons fait quelques images sur un caillou. Ce sont
les antennes qui remuent en premier lieu, elles s’orientent dans tous les sens
et se « déplient » .C’est l’occasion de voir leur terminaison en
forme de lamelles.
Des antennes en lamelles, très mobiles . |
Un autre détail que j’avais jusqu’ici peu remarqué :
les pattes antérieures sont dépourvues de tarses. C'est lorsqu'il est perché sur mon doigt qu'on le voit le mieux.
Déjà Fabre se pose la question :
« Pour quelles raisons les Scarabées sont-ils privés
aux pattes antérieures de ce doigt unique, le tarse à cinq articles, qui lui
seul représente la main de l’insecte ? »(Souvenirs entomologiques)
Il émet alors l’hypothèse que roulant ses boules en les
poussant avec les pattes arrières, la présence des tarses plus fins et fragiles
ses pattes seraient une gêne car ils risqueraient la blessure.
Les pattes avant sont dépourvues de tarses mais pas les autres. |
Tous les rouleurs de boules sont –ils dépourvus de tarses
aux pattes antérieures ?
Ma seconde rencontre permet de répondre à la question. Une
aubaine.
Le même jour à une altitude similaire autour de 1000 mètres
je vois se déplacer à toute vitesse dans l’herbe un petit scarabée (moins d'un centimètre) aux pattes
arrières bien grandes pour un corps si petit !
C’est Sisyphus Schaefferi. Je trouve qu’il
porte bien son nom .Souvenez-vous du mythe de Sisyphe qui roule sa boule sans
fin ! Eh bien lui fait la même chose avec sa boule c’est ce que nous
raconte encore Fabre et il présente avec beaucoup de sympathie le travail du
couple de Sisyphe pour assurer leur descendance (Sisyphe, l’instinct de la
paternité)
Pourquoi j’ai, en passant un petit quart d’heure avec lui,
pensé qu’il portait bien son nom.
Contrairement à son grand cousin, Sisyphus ne reste pas immobile, mais pas du tout.
Sisyphus schaefferi a des tarses aux pattes antérieures |
C’est pourquoi je l’ai pris dans le creux de ma main pour le
photographier. Il n’avait qu’une idée : grimper en hauteur le long de mes
doigts. Il n’a pas de griffes pour s’accrocher et arrivé au milieu du doigt,
hop, il tombait sur la paume et sur le dos. Rien ne l’arrête, vite remis sur
pied, il repart à la conquête du sommet.
Quand je replie un peu plus ma main il utilise une seconde
tactique : tête en avant il essaie alors de pénétrer dans le creux formé
par un petit pli. Encore échec, mais on recommence !
Des pattes arrières longues et des tibias bien arqués pour mieux tenir sa boule de bouse! |
Je vous rassure il n’est absolument pas armé pour vous faire
mal, on ne sent qu’une petite chatouille.
Mais après avoir donné un trait de son caractère qui
justifie son nom, voyons si lui qui fait partie de la famille des rouleurs de
boule, possède des tarses à ses pattes antérieures ! Eh oui, il en
a ! C’est ce qu’avait déjà vérifié Fabre. Je n’ai pas trouvé d’explication
à l’absence de tarses chez certains scarabées et pas chez d’autres !
Une drôle d'allure avec un pronotum découpé latéralement voici Sisyphus schaefferi. |
En attendant cela nous donne l’occasion de regarder de près
les pattes de ces infatigables rouleurs de boule.
Merci Lucie pour ton article captivant, bon week-end !
RépondreSupprimerTon message débute sur un combat de Sumo ?
RépondreSupprimerJ'admire ton courage... c'est à lui que l'on doit ces remarquables détails et les explications qui en découlent...
Tu aurais eu beaucoup d'observations à partager avec Fabre.
Avec avec l'abbé Coste, voilà deux Aveyronnais savants et poètes, curieux de la nature, irremplaçables.
hello Lucie
RépondreSupprimerMerci de ta visite en mon blog
Ton article est super interressant,je trouve ce scarabé cousin du hanneton , tu sais celui qui faisait la joie des facécies d'écoliers écolière, et j'en retient aussi le mythe de Sysiphe
Oh super!
RépondreSupprimerEn voilà 2 différents de ceux que j'ai chez moi!
Des scarabées fort intéressants et cette histoire de tarses manquants chez certains et pas chez d'autres est bien curieuse en effet! A suivre donc!!
Chez Sisyphus, les pattes postérieures sont plus longues...
Bel article, Lucie!
Bises et bonne soirée à vous deux!
Bonsoir Lucie,
RépondreSupprimerC'est avec grand plaisir que je reviens sur ton blog après de trop longs mois d'absence. Je suis toujours aussi impressionnée devant la qualité de tes photos et les explications si claires et précises qui les accompagnent ! Belles rencontres que ces jolis scarabées, j'espère que tu en croiseras d'autres au cours de tes randonnées :-)
Amicalement,
Sophie - Zygena
je n'en ai jamais vu chez moi. dommage ils doivent être fascinant à regarder faire.
RépondreSupprimerDeux belles rencontres, et un texte très instructif. Ah, le mythe de Sisyphe ...
RépondreSupprimerCdlt,
Jma
Je veux bien te croire quant aux petites chatouilles lol
RépondreSupprimerExtra tes macros Lucie !
Bravo pour les photos si précises et les deux articles
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