mercredi 7 octobre 2009

Ischnura genei ou le modèle corse d’Ischnura elegans.

L'Agrion de Gené .

Les agrions sont très peu présents dans mon environnement habituel !
C’est pourquoi j’ai été ravie de suivre quelques- uns de ceux que j’ai vu pendant mes vacances. Ce sont leurs couleurs étonnantes qui ont attiré mon regard ! Des insectes si légers au corps vernissés. Dans le Sud , on trouve des toits aux tuiles vernissées , pas uniquement dans le Sud, je viens de penser aux magnifiques hospices de Beaune ! Ces demoiselles m’ont rappelées l’aspect de ces tuiles avec la lumière qui rebondit sur leur thorax de chitine si lisse !
Et alors des couleurs surprenantes s’offrent au regard !
Le vert et le bleu se rencontrent bien souvent dans le monde des libellules mais alors que dire du rose avec se nuances allant jusqu’à l’orangé !

Un mâle d'Ischnura genei.

Cet agrion présente un corps bleu ou vert et noir chez les mâles, les perostigmas sont bicolores gris noir et blanc bleuté. Il se reconnaît à son huitième segment de l’abdomen bleu !
Voilà pour ce joli mâle avec de très beaux yeux verts!!

Me penchant un peu plus sur leur identité j’ai vu qu’il s’agissait d’Ischnura élegans. Très satisfaite j’allais me contenter de cela mais voilà qu’en lisant l’article jusqu’au bout, je vois qu' Ischnura elegans est absent de Corse ! Et qu’il y a 2 ou 3 espèces difficiles à différencier dont elegans et genei. Mais la nature est bien faite: si elegans est absent de Corse , genei est bien présente ! Ces espèces se ressemblent énormément , la différence se faisant sur les pièces génitales non visibles sur la photo !
J'ai donc rencontré l'Agrion de Gené!


Voici une jolie femelle d'un bleu délicat.


Je les ai rencontré dans les dunes qui bordent les plages !Alors que les baigneurs regardaient la mer et se promenaient sur le sable, moi j’arpentais les buissons en limite de la plage ! Comme les plages restent encore bien naturelles, sans construction, la végétation y est bien présente et sert d’abri aux insectes et à de nombreux lézards !

Détail du thorax au bleu délicat de cette jeune femelle.

Ce sont les femelles qui sont les plus colorées. De plus leurs couleurs varient avec le vieillissement de l’insecte. Leur huitième segment est gris verdâtre, parfois bleu !


Femelle Ischnura genei, forme rufescens.

Voici une demoiselle surprenante .Elle n’a pas de bande humérale noire sur le thorax, elle est colorée en rose et même en orangé, son huitième segment est bleu. On dit qu’elle est de forme rufescens (rougeâtre).


Détail du thorax d'Ischnura genei, forme rufescens, femelle.

C'est sans doute Agrion aux couleurs les plus "tendres" que j'ai rencontré!
  • Rappel d'article consacré aux libellules corses.

Trithemis annulata, la libellule purpurine

samedi 3 octobre 2009

Ameles spallanzania, une petite mante méditerranéenne.

J’aime beaucoup la famille des mantidés avec la mante religieuse verte ou beige, la curieuse empuse et les petites ameles.
Dans cette collection je n’avais jamais vu Ameles spallanzania qui est sans doute la plus méditerranéenne de la série.
J’ai eu ce petit bonheur en en endroit plutôt inattendu !
Nous nous sommes rendus dans l’arrière pays de Saint Florent pour voir la très belle église de San Michele de Murato qui date du XIII ème siècle, de style roman pisan bien présent en Corse. Elle alterne la serpentine verte et le calcaire pâle.

L'église de San Michele de Murato(Corse)

Le chemin qui longe l’église est une prairie que je regarde attentivement. Et c’est là que je la vois (il s’agit bien d’une femelle) cachée sur les fougères.
J’ai passé avec elle un long moment discutant avec des personnes intriguées de me voir à genoux dans l’herbe le dos tourné au monument qu’ils sont venus voir !!

Ameles spallanzania dissimulée dans les fougères.

C’est une mante de petite taille entre 25 et 35 mm au maximum, alors que la mante religieuse atteint 70mm .

Un regard très spécial avec ses yeux coniques!
  • Ameles spallanzania présente un certain nombre de particularités précisées dans cette page du site insecte.org :- la longueur du pronotum est inférieure à deux fois sa largeur
    - le pronotum rétréci fortement après la dilatation médiane
    - les yeux sont pointus
    - l’abdomen est relativement large et recourbé chez la femelle.
C’est sa posture qui a attiré mon regard et ensuite ses yeux pointus. Je connais bien l’autre Ameles, Ameles decolor que je rencontre sur mes parcours dans la garrigue. Et avec Ameles Spallanzania, il n’y a eu aucun doute : la caractéristique la plus remarquable de l’insecte sont ses yeux coniques sur lesquels on remarque une petite protubérence.
Pour mieux la présenter aux personnes intriguées par mes photos, j’ai déplacé la petite mante sur une fleur de carotte sauvage bien desséchée et le contraste des couleurs a permis de mettre en lumière les détails .On se rend compte sa petite taille!


Ameles spallanzania sur son trône de fleur de carotte.

Comme je l’avais prise dans ma main(pour montrer qu’on ne prenait aucun risque, car dès que l’on dit qu’il s’agit d’une espèce de mante, il y a un certain recul ! ,) elle s’est empressée de faire sa toilette ! Et voici Ameles spallanzania débarrassant ses belles antennes de toute trace !

Madame se nettoie les antennes.

Après les antennes ont vérifie les pattes!

Et maintenant c'est le tour de l'impressionnante patte ravisseuse!

La petite mante a fait honneur à son espèce elle est restée gentiment en position sur la fleur desséchée !Mais nous l'avons ensuite remise dans ses fougères où bien elle était bien camouflée!

Nous avons passé un bon moment ensemble à l’ombre de cette magnifique église et observer la vie qui foisonne autour de ce lieu où depuis si longtemps les hommes sont venus se recueillir me semblait être un moment de parfaite harmonie entre le Ciel et la Terre !

  • Petit rappel d’autres articles consacrés aux mantidés
Ameles decolor
la mante religieuse
un mariage de mante
un mariage de mante réussi
le repas de la mante religieuse

jeudi 1 octobre 2009

Trithemis annulata, la libellule purpurine .

Nous cherchions un endroit agréable pour pique niquer et nous avons vu depuis une hauteur ce plan d’eau qui n’était pas répertorié dans les guides touristiques ! Il ne datait que des années 1990 et n’avait donc pas l’intérêt de la belle chapelle de San Michele de Murato que nous venions de voir. Créé comme réservoir d’eau à la suite des incendies , c’est donc un plan d’eau récent.
C'est ainsi que nous nous sommes arrêtés au bord du lac de Padula, non loin de Saint Florent. Une petite page en raconte l'origine ici .
Et nous promenant en bordure de lac, j’ai eu la surprise de voir des libellules que je n’avais jamais vues et dont la couleur a tout de suite attiré mon regard : des libellules couleur lie de vin !


Tritemis annulata : un beau mâle !


Et en les regardant à travers l’objectif , j’ai vu du violet et du pourpre ! Avec leurs pattes noires j’ai d’abord pensé à des Sympetrums danae immatures mais j’avais dans ma tête la phrase que j’avais lue à leur sujet : « le seul sympetrum entièrement noir » ! Donc cela ne pouvait être lui , d’autant plus que ce que je prenais pour une femelle qui volait à proximité est bien jaune !


Un mâle immature de Trithemis annulata.


Il m’aura donc fallu attendre mon retour et la consultation du livre de Daniel Grandet et Jean Pierre Boudot « Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg » pour en connaître le nom . Nous avons vu Trithemis annulata, la libellule purpurine !


Voici le jeune immature dans une position caractéristique : ses pattes sont bien noires !


Jeune mâle encore immature et donc peu coloré de Trithemis au repos avant d'être poursuivi par des congénères.


La plaque de couleur grise qui orne son front a attiré mon regard. Quels beaux yeux!




Portrait rapproché du jeune mâle immature!


C’est une espèce en pleine expansion .Elle a été observé pour la première fois en Corse en 1989 !Et depuis 1994 elle est observée en France continentale et ne cesse de gagner du terrain. D’ailleurs une enquête est en cours pour en étudier la diffusion ;elle a été vue dans le Vaucluse.

Car c’est une espèce conquérante qui s’installe dans les eaux stagnantes et courantes à basse altitude(étangs, gravières, bassins d’incendies, retenues de barrages, rivières).




Un mâle de Trithemis annulata vu de près.


Le mâle a une livrée des plus remarquables, ce rouge violacé est superbe !
Lui a le front violet, des nuances de rouge sur la face !
Il a un comportement territorial, je les ai vus , bien plus nombreux que les femelles, se pourchasser l’un l’autre et se poser sur les branches basses des cistes desséchés .


Une libellule bien poilue.


Ce qui est toujours étonnant pour moi c'est de voir le détail de l'insecte. Ici ce sont les poils noirs sur la face et cette petite houpette blanche dans le cou!




Le moment où la libellule se pose sur son support avec les ailes encore en position de vol , lui confère une grâce et une légèreté qui restitue toute son élégance. Hélas il ne dure qu'un petit instant!


Thrithemis mâle venant se poser sur "sa "branche!

Une position très élégante de ce beau mâle de Trithémis annulata.(Un clic et vous pourrez le voir en plus grand.)

J'espère que nous pourrons un jour le voir dans les Alpes maritimes où il n'est pas encore répertorié!

J'ai corrigé l'intitulé des photos que je croyais être une femelle en ne regardant que sa couleur.
En fait comme me l'a fait gentiment remarquer Carlib , c'est un mâle immature peu coloré donc ,que j'ai observé! Ses cercoïdes sont ceux d'un mâle!
Voici le blog où Carlib a publié ses nombreuses observations faites dans le Sud Ouest !Merci à elle de m'avoir corrigé!

lundi 28 septembre 2009

Acrida ungarica: la Truxale méditerranéenne.

Ou le criquet à tête de poire !
C’est nous qui avons eu fait une drôle de tête en voyant dans les herbes, le long de la lagune de Biguglia, au sud de Bastia, ce criquet avec cette tête étirée et en forme de poire !

Tout en longueur, Acrida ungarica, caché dans les les genêts.

Ce ne fut pas facile, bien que la matinée soit peu avancée, de convaincre un de ces drôles d’insectes de poser pour la postérité ! Non seulement ses longues pattes sauteuses sont très efficaces pour disparaître de buisson en buisson et se dissimuler dans les broussailles sèches en cette saison ou bien sauter de préférence dans les ronces, de plus l’espèce dispose d’ailes très performantes lui permettant de faire des vols de 5 à 6 mètres sans problèmes !

La Truxale méditerranéenne, toujours drôle avec sa curieuse tête, mais avec avec une tenue verte rayée de beige!

Acrida ungarica se décline en vert et en beige ! Au choix ! Surtout, comme toujours en fonction des endroits où l’insecte se dissimule.

En harmonie avec son milieu, dans des nuances beiges, variant du clair au foncé!

Nous l’avons rencontré dans toutes les zones humides côtières de la Corse que nous avons arpentées.
Une fois qu’on a vu sa drôle de tête on ne risque pas de le rater !
La tête a le sommet du vertex quadrangulaire. C’est un insecte tout en longueur ! Même les pattes postérieures restent grêles bien que d’une longueur impressionnante.

Une tête bien caractéristique!

Les antennes sont d’abord très larges à la base et devenant plus étroites se terminent avec des articles arrondis.

Des antennes plates ,devenant rondes vers le sommet.

C’est un criquet de la famille des Acridines , famille qui compte les plus grands criquets européens. Nous avons été surpris par la taille des specimens rencontrés, la première Truxale faisait près de 7 cm. Comme bien souvent les femelles sont plus grandes que les mâles : lui fait entre 30 et 46mm, elle entre 52 et 75 mm.
La vue de dos permet de distinguer les tegmina agrémentés d’une série de taches blanches sur fond noir.

Des tegmina recouvrant tout l'abdomen, avec des taches blanches et noires.

En Corse on rencontre la sous espèce mediterranea. Ces criquets ne stridulent pas. C’est une espèce d’origine africaine que l’on rencontre en Corse mais aussi dans les départements du sud de la France , jusqu’en Drôme où elle a été observée. Elle est herbivore et consomme surtout des graminées.

Un criquet tellement grand qu'il est difficile à caser dans le cadrage!

Ces excellents détails sont bien sûr extraits du "Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale de Bellmann et Luquet (Delachaux et Niestlé.)"
C’est avec ce curieux criquet que je débute la série « souvenirs de vacances en Corse » qui, grâce à vos souhaits ,merci à tous, se sont déroulées de manière très agréable!

dimanche 13 septembre 2009

Le bec croisé des sapins,( loxia curvirostra) , un oiseau qui aime l'altitude.

Le point de départ de ces images est une photo figurant sur la couverture du livre « Ventoux Géant de nature, guide des richesses biologiques du mont Ventoux ! » présentant un superbe mâle de bec croisé des sapins!

1er épisode

Souhaitant voir cet oiseau au bec si particulier, nous avons commencé notre enquête en vérifiant quelle nourriture il recherchait et dans quelle zone il vivait. Ceci nous a mis sur la piste des pins à crochets. On ne le trouve qu’en montagne, ses aiguilles ont entre 2 et 5cm( entre 15 et 20 cm pour celles du pin maritime)L’extrémité des écailles du cône est en forme de crochets.
Nous avons ainsi découvert que les pentes du mont Ventoux abritait une zone de ce pin.
Et nous voilà un matin d’avril sur le versant nord du Ventoux, au-dessus de 1000m, le nez en l’air pour repérer des zones de pins puis ramassant les cônes pour les examiner et vérifier s’il s’agissait bien de pins à crochets. Une activité originale mais des plus saines !

Une femelle en haut d'un pin à crochets au printemps!

Et la recherche a été payante ! Nous avons vu une femelle décortiquer en haut d’un pin, un cône. Nous nous sommes promenés dans ce secteur et la même journée nous avons vu un mâle si joliment coloré chanter en haut d’un pin. Bon, voir un oiseau à 10 mètres au-dessus de sa tête est super chouette, savoir que nos déductions ont été correctes est certes très satisfaisant ! Mais les belles images ne sont pas au rendez-vous !
C'est ainsi que nous avons notre première photo du bel oiseau, comme dans beaucoup d’espèces la femelle a un plumage bien terne.

2ème épisode

Il faudra attendre l’été et notre recherche de fraîcheur pour retrouver ce bel oiseau !
Toujours dans une zone de pins, les oiseaux, viennent comme nous chercher la fraîcheur et de l’eau. Ils sont comme nous, ils ont chaud, ils ont soif et un bain de temps en temps fait beaucoup de bien !
C’est ainsi que nous avons revu notre bel oiseau en attente sur un pin, non pas pour se nourrir mais surveiller les alentours afin de vérifier si l’accès à l’eau est sans danger.

Monsieur bec croisé surveille les alentours du point d'eau!

Voici donc notre petite famille.
Le père est bien sûr le plus coloré, de cette couleur rouge orangé que l’on ne rencontre que peu parmi nos oiseaux locaux.
Mais bien sûr c’est son bec qui attire le regard..
Le bec croisé avec son bec si particulier.

La Hulotte (numéro 36- 37) donne une bonne explication de son fonctionnement.
La forme extraordinaire des mandibules du bec croisé lui permet d’aller chercher les graines au plus profond des écailles. Il ouvre son bec, l’enfonce ( ouvert) entre 2 écailles, tourne la tête d’un quart de tour. Le bec est maintenant perpendiculaire à l’écaille qui se trouve ainsi soulevée. La langue va chercher les 2 graines, l’oiseau ferme le bec. En se retirant, la pointe crochue du bec déchire bien souvent l’écaille. C’est ainsi qu’il signe sa présence.

Le juvénile a son plumage encore bien strié et ne prendra ses couleurs définitives qu’après la mue

Jeune bec croisé .

En naissant son bec n’est pas croisé mais il le devient petit à petit. Celui -ci passera beaucoup de temps à le frotter sur des cailloux pour le nettoyer car sans doute la résine des pins en été est bien collante et doit le gêner un peu.

Faudra apprendre à mieux se laver le bec !

Le bec croisé ne se nourrit pas exclusivement des graines de pins à crochets mais de la plupart des pins que l’on rencontre en montagne, ne dédaignant pas de compléter ses repas avec des insectes.


Avec ces quelques images nous allons prendre congé de vous chers amis lecteurs, pour une petite période de vacances ! En vous souhaitant à tous beaucoup de belles observations dans une nature que vous aimez.