dimanche 16 octobre 2011

Daguets ( Cervus elaphus).



Daguet est le nom du  cerf élaphe (Cervus elaphus)   dans sa deuxième année.
Daguet observant le terrain

L’automne est la période du brame du cerf. Peu visibles pendant le reste de l’année, les cerfs mâles se rapprochent des hardes de biches pour assurer la reproduction. Vous avez sans doute déjà eu l’occasion, en passant près d’une forêt, d’entendre en fin d’après- midi ou au petit matin les raires puissants des grands cerfs indiquant leur présence et leur volonté d’assurer la pérennité de leur espèce.
Les pieds dans l'eau, quand il fait chaud c'est agréable pour un daguet


Plus tardif dans les régions méditerranéennes c’est en ce moment la pleine période du brame. C’est l’occasion de vous présenter quelques- unes de nos observations.
D'un pas décidé le daguet rejoint la prairie.

Le  daguet est un jeune cerf mâle. Né au printemps 2010, ces jeunes mâles ont vu leur premiers bois pousser ce printemps 2011. Ils restent avec le troupeau des biches et voyant les cerfs adultes revenir vers les femelles certains essaient d’imiter leur comportement.

Le daguet à la ramure bien reconnaissable,  en lisière de forêt au petit matin.

Dans leur deuxième année de vie, ces bois sans ramification font penser à des dagues et c’est sans doute l’origine de leur nom. Le jeune cerf passera encore l’hiver avec les biches et au printemps suivant de nouveau bois vont pousser qui seront davantage ramifiés
Une coiffure étonnante pour ce daguet.


Mais nous avons surtout rencontré un daguet à la coiffure originale. Ses jeunes bois se terminent par des ramifications faisant penser à la paume d’une main ;  d’ailleurs cette partie de la ramure porte le nom d’empaumure.
Sans crainte face à un cerf bien plus âgé et expérimenté.

Il promet.

Il le montre en provoquant un jeune cerf bien plus âge que lui  Rassurez- vous l’affrontement sera bref et sans conséquence. Chacun repart de son côté.

On s'entraîne déjà très sérieusement

 Voici des sites où vous trouverez des informations bien intéressantes ici et


lundi 10 octobre 2011

Ephippiger terrestris, en couleur d'automne...


Ou la fashion week chez les Orthoptères
L’automne arrive à petit pas et la nature prend ses couleurs chaudes que nous aimons, avant le froid de l‘hiver.
J’ai ainsi pu observer des sauterelles communes dans notre région, les Ephippigères terrestres qui avaient pris les couleurs de la saison.

Voici d’abord le costume vendange, couleur lie de vin, couleur star de cet automne 2011.
Femelle Ephippiger terrestris en costume ultra tendance.


C’est une superbe femelle dont vous pouvez admirer les marbrures de la face, se terminant par le noir intense du front. La couleur très claire des yeux attire le regard du spectateur. Vous noterez la caractéristique de l’espèce, les antennes implantées sous les yeux. Une reprise de beige est faite sous le pronotum, par des ailes aux reliefs très finement travaillés.
Détail de l'harmonie des couleurs

La couleur dominante est présente avec de légères variantes sur tout le corps ! Sauf, l’ovopositeur ,cet appendice nécessaire pour préparer le logement de la ponte dans le sol, est lui, couleur terre.


La robe lie de vin est rare. Ce sont les nuances brunes et ocres, couleur de terre brûlée qui dominent.
Voici encore une superbe femelle. Vous noterez que c’est l’abdomen qui a les couleurs les plus soutenues. Chez elle tout est dans la même gamme, de la tête aux pieds, euh des antennes à l’ovopositeur. Ces   teintes sombres  sont magistralement  éclairées par  trait clair qui part latéralement depuis le pronotum pour s’achever tout en finesse sous  l’ovopositeur.

Femelle en tenue  terre brûlée, l'autre couleur très tendance


Le mâle a assorti sa tenue. Dans le domaine masculin les couleurs sortent aussi des traditions ! Fini le costume passe muraille, vive le look rouille et brique, nuancé de rose! Un peu de douceur ajoute au  charme naturel du mâle!
Chez les mâles aussi les couleurs mode s'affichent.

Dans la splendeur de sa maturité,  un mâle  complètement assorti à sa compagne. Un délicat relief met en valeur pronotum et ailes abrégées, ensuite ce sont les  très légères rayures verticales de l’abdomen qui affinent la silhouette !  
Un défilé de mode c'est exténuant!

Vive les couleurs chaudes qui  réchauffent les petits matins brumeux et un peu frisquets!

jeudi 6 octobre 2011

Truxale méditerrranéenne ( Acrida ungarica), prolifération automnale!



Si l’automne arrive enfin dans certaines régions, dans le sud c’est encore le plein été. Les pluies qui, en cette saison devraient apporter de l’eau nécessaire à la végétation ne sont pas au rendez-vous.
Verte dans la végétation sèche, La Truxale est vite repérée!

C’est ainsi que visitant une de mes « zones humides » je n’ai vu que du sec !

Mais les insectes qui vivent habituellement dans les herbes ou dans les zones marécageuses étaient bien présents.
Une femelle Acrida ungarica, bien plus grande et lourde que le mâle

Jamais je n’ai vu autant de Truxales méditerranéennes ! En marchant dans les herbes, elles s’envolaient devant moi. Essentiellement des mâles, plus petits, plus légers que les femelles. La proportion était de 10 mâles vus pour 3 femelles. Ces dernières plus lourdes, plus grandes (jusqu'à7cm) volent moins.

La femelle est bien plus grande et massive que le mâle mais son allure est la même. J’ai essentiellement vu des exemplaires verts, une seule femelle beige, mais elle a disparu dans la végétation broussailleuse avant que j’ai pu la photographier.

Vue de dos, un insecte tout en longueur

Les mâles se déplacent énormément, j’en ai suivi un qui s’est posé quinze fois avant d’échapper à mon regard. Les déplacements sont loin d’être linéaires ! Cinq mètres droit devant, et puis un vol en arc de cercle, le voilà derrière votre dos, à peine repéré, il repart à droite vers une zone de sol dénudée, chic, on va  bien le voir, et non on repart en sens opposé ! Et tout cela sous un soleil qui chauffe bien, 28 degrés et pas d’ombre !  
Joli mâle à l'abdomen terminé en pointe vert fluo.

Ses grandes pattes arrières démesurées sont plutôt un handicap pour la marche dans les herbes et il se déplace plus facilement en volant. Ce n’est qu’empêtré dans des tiges raides qu’il s’en sert pour atteindre un endroit dégagé et s’envoler à nouveau. Il passe bien du temps près du sol, tranquille. Sans doute à cause de cette sécheresse de la végétation  sur laquelle leur couleur verte  les rend si visibles  !
Une tête toujours étonnante, en forme de poire prolongée par des antennes aplaties

J’ai observé que bien des mâles avaient le bout de l’abdomen d’un vert presque fluo alors que le reste de cet abdomen était beige.

Avec le nombre très important  de Truxales il y a bien des chances d’en retrouver des exemplaires l’année prochaine.
Rappel : les autres article sprésentant ce criquet surprenant

mardi 4 octobre 2011

Le Grèbe castagneux, Tachybaptus ruficollis


Le plus petit de nos canards plongeurs( 200gr en moyenne) se rencontre un peu partout en France sur des étangs, des plans d’eaux de tailles diverses mais relativement tranquilles.
Grèbe castagneux adulte en plumage nuptial.

Nous avons eu la chance de rencontrer deux couples qui avaient choisis de nicher sur ce petit étang de moyenne montagne dans notre arrière- pays. C’est un étang géré par une association de pêche et le Conseil général, associé à la commune locale y préserve un espace nature très sympathique.

Au printemps les pêcheurs nous avaient avertis de la présence de nids dans les roseaux .Mais je n’avais pas cherché à les voir, de toute manière la végétation trop dense était un bon obstacle, inutile de déranger les oiseaux.
Adulte poursuivi par un juvénile "quémandeur"

Au mois de juillet nous avons alors pu voir les adultes et les jeunes et quelques scènes amusantes.

Le castagneux est vraiment un canard plongeur, il passe une grande partie de son temps à chercher de la nourriture au fond de l’eau. Je suis toujours surprise de la durée de son maintien sous l’eau .Et le suspense consiste toujours à savoir où il va refaire surface.

La nage sur l’eau est aussi rapide, ses pattes palmées font des pagaies efficaces !

"J'ai faim et je ne te lâcherai pas!"

Les jeunes que j’ai vus étaient déjà de belle taille, presque aussi gros que l’adulte. Mais la coloration est bien différente.
Le poisson arrive!

L’adulte surtout en plumage nuptial se reconnaît à cette tache blanche à la commissure du bec, à la tête brun sombre et aux joues et au cou, roux.
Transmission du poisson sous l'eau

Ce sont les relations adultes juvéniles que j’ai eu le plaisir d’observer pendant de longs moments.
Portrait d'un juvénile Grèbe castagneux

La nourriture principale de ce canard est formée de petits poissons, mais aussi de larves aquatiques et même d’insectes. L’adulte pêche et il faut parfois plusieurs plongées pour attraper un poisson. Pendant cette activité le jeune est prié de se tenir à l’écart. J’ai ainsi vu à plusieurs occasions un jeune qui sans doute avait faim ou bien s’ennuyait tout seul sur son coin d’étang à 20 mètres de l’un de ses parents, se rapprocher de ce dernier ! La réaction était immédiate : une bonne rouste, eh oui, un coup de bec et un plongeon sous l’eau. Le jeune était prié de laisser papa ou maman tranquille, la pêche est un exercice sérieux. D’ailleurs il s’en retournait vite dans son coin ! D’où il ne cessait d’appeler son parent « Bi bi Bip » ! Souvent à la seconde remontrance il avait compris qu’il devait aussi se taire ! Et le silence régnait sur l’étang pendant quelques minutes !
Grèbe castagneux juvénile.

Et enfin quand l’adulte avait décidé que le poisson pêché était destiné à son rejeton, il l’appelait « Biip », un seul cri. Alors adulte et jeune nageaient l’un vers l’autre, l’adulte plongeant parfois le poisson dans l’eau ou le secouant pour qu’il ne s’agite pas trop. Le jeune arrivait à toute allure et la remise se faisait sous l’eau ! Eh oui, les poissons on les prend dans l’eau et ensuite on avale le tout vite fait !
Juvénile en fin d'été : les couleurs ressemblent déjà à l'adulte

Nous sommes retournés il y a peu à cet étang et notre surprise fut de voir encore un jeune grèbe qui semblait bien petit. Apparemment il s’agissait d’une ponte tardive. D’habitude les grèbes arrivent à élever jusqu’à 4 jeunes, mais là l’étang est facile d’accès et les prédateurs terrestres ou autres semblent nombreux. Le jeune que nous avions vu en juillet était lui bien grand et assez dégourdi bien que de temps en temps il soit encore nourri par un adulte. Il passait beaucoup de temps à pêcher mais je ne lui ai pas vu de poisson dans le bec. Peut- être se contentait-il de toutes petites proies trouvées sous ce banc de végétation qui envahit petit à petit l’étang.
Grèbe castagneux adulte

Cet automne aux allures d’été, aura sans doute été favorable aux oiseaux. J’espère bien qu’ainsi la population de Grèbes castagneux se maintiendra sur ce petit étang pour notre plaisir à tous !

samedi 1 octobre 2011

Picromerus bidens : jamais on ne lâche son repas !


Voilà une punaise que j’ai reconnu tout de suite à son allure particulière : ces fameuses épines aiguës situées à angle du pronotum.
Picromerus bidens, à table.

Mais ensuite j’ai passé une demie- heure assez étonnée.

Je connais bien quelques punaises carnivores comme les Réduves qui fréquentent mon jardin. Mais je ne pensais pas que ces punaises Pentatomides aient un comportement autre  QUE  phytophages.
Picromerus bidens suspendue dans le vide, on ne lâche rien

En fait après lecture de quelques documents c’est bien leur nourriture habituelle. Ces Picromerus bidens, appartiennent à la sous- famille des Asopinae (8 espèces en France), qui sont prédateurs des chenilles et  larves de certains coléoptères comme les chrysomèles ravageurs des cultures.


J’ai trouvé ces deux punaises dans un lieu qui correspond à leur milieu habituel : des hautes herbes dans une zone humide au bord d’un petit étang à 1150 mètres d’altitude.
Celle du haut maintient la proie et sa congénère.

Comme j’ai pris le brin d’herbe sur lequel elles avaient trouvé leur proie pour le dégager de l’enchevêtrement où il se trouvait, je craignais que les punaises ne lâchent cette proie ou se laissent tomber au sol ! Rien de tout cela : jamais ni l’une ni l’autre n’a sorti le rostre de la chenille, et même si souvent l’une avait n’était plus sur le brin d’herbe, il y en avait toujours une des deux qui s’y tenait fermement.

Je suis restée près de 20 mn à les observer, à placer mon brin d’herbe pour que le fond soit vert, en l’orientant au-dessus de la prairie ou plus clair en utilisant le sentier comme arrière- plan.

Un rostre articulé très solide

Ce qui m’a étonnée c’est le rostre des insectes.

D’abord il est en plusieurs pièces et surtout il est articulé. Déjà voir la punaise le rostre enfoncé dans la chenille de tenthrède et gigoter les 6 pattes sans support est impressionnant. Dans sa gymnastique effrénée pour se remettre d’aplomb, il lui est même arrivé d’avoir le rostre plié "à l'envers".

Un bel exercice dans le vide


C’est un exercice très long que de vider la larve de sa substance surtout qu’il faut qu’elle soit liquéfiée pour être aspirée. On voit parfois 3 ou 4 punaises attablées sur une chenille.
Un rostre pliable dans tous les sens!

A la fin de la représentation j’ai remis tous les acteurs dans l’herbe. Dans un autre endroit j’avais vu une très grande quantité de ces larves que je n’ai pas cherché à identifier. Les punaises jouent alors leur rôle de régulateur.