mercredi 14 octobre 2009

Premiers stades de la chenille du papillon Machaon!

Ce printemps j’ai semé du fenouil dans un coin de mon jardin.
Bien surveillé et arrosé, les plants ont levé, grandi et fleuri !
Je me sers du fenouil en cuisine pour agrémenter le poisson. J’allais à partir du mois de juillet les scruter méticuleusement ! Mais ce n’était pas l’usage culinaire de la plante qui m’intéressait !
J’attendais une visite très particulière : celle d’un papillon que je vois de temps en temps passer au- dessus de chez nous et qui aime le fenouil pour y déposer ses œufs ! Vous avez deviné : j’attends le machaon ! Ce superbe papillon choisit en effet de pondre sur du fenouil dans nos régions(alors que plus au Nord la carotte sauvage est très utilisée).
Il m’a fallu être patiente car, jusqu’à fin août je n’ai rien vu, le fenouil ayant l’air de plus en plus dépenaillé ! Quand dans les derniers jours du mois, enfin, j’ai vu une petite chenille noirâtre avec une tache blanche qui ressemblait à une crotte d’oiseau ! Je me suis posée la question de savoir si ce petit bout noir avec des scolies dans tous les sens était bien le premier stade de la belle chenille verte que j’avais en mémoire !

Une chenille minuscule et noirâtre premier aspect d'un futur machaon!

Oui, c’était bien le début de la vie du futur papillon Car les chenilles passent, elles aussi, par plusieurs stades avant d’être matures et capables de se métamorphoser en papillon. Cela nous complique bien la vie pour mettre un nom sur les chenilles rencontrées dans la nature !
Ici, j’ai eu la chance d’observer jour après jour le devenir de cette chenille.
A l’éclosion la chenille est noire, lorsque je l’ai enfin aperçue sur mon plant de fenouil elle avait déjà mué au moins une fois.
Premier aspect entre 3 et 5mm .
Essentiellement noire avec une tache blanche sur le dessus du corps ! Bien sûr ressembler à une crotte n’a rien de bien élégant, mais c’est efficace pour dégoûter les oiseaux, grands consommateurs de chenilles ! Mais aussi les guêpes et autres insectes carnivores ! Fi de la beauté, recherchons l’efficacité, telle semble être la loi ici !
Je me suis attachée à vous présenter principalement des images des premiers stades de la chenille, plus petite la chenille se laisse moins voir ! Une chenille verte bien dodue avec de jolis points orange sur des bandes noires cela se remarque ! Mais un petit bout noirâtre de moins d’un centimètre attire moins le regard !

Chenille se nourrissant
Le premier stade montre une chenille hérissée de scoli. (ces pointes qui parsèment son corps)Dans quel but ? Pour augmenter le diamètre du corps qui devient ainsi difficile à avaler pour les oiseaux de petite taille !
Quand la chenille passe au stade suivant, elles disparaissent progressivement.

La tête de la chenille dans une inflorescence de fenouil.

Pourquoi peut- on la voir sur le fenouil ? D’abord parce qu’elle s’en nourrit. Beaucoup de chenilles ont une « plante hôte » dont elle se nourrisse exclusivement ou quasi exclusivement.
Aux premiers stades je l’ai vu consommer les fleurs du fenouil, puis devenue plus grosse, elle grignotait les tiges. D’ailleurs sur les images on voit de nombreuses taches brunes laissées par les marques des mandibules !
D’autre part, elle est diurne, la nuit elle se cache mais n’est pas active.

3 paires de vraies pattes munies de griffes pour la chenille du machaon!

On peut observer l’appareil locomoteur de la chenille avec ses 3 paires de vraies pattes comme les insectes et ses fausses pattes ici au nombre de 4 paires et sur le dixième segment abdominal, une paire de fausses pattes anales.

Second aspect: La chenille voit les couleurs noires de la peau blanchir et la grande tache blanche du centre du dos se colore de la même couleur que le reste de l’insecte.

Peu à peu la couleur noire disparaît.

Voici une autre vue de ce stade intermédiaire , les scoli régressent, le blanc devient verdâtre.

La chenille change de couleur en grandissant.

La chenille perd peu à peu ses scolies mais gagne un autre moyen de défense : dans la famille des Papilonidae(à laquelle appartient le machaon), la partie dorsale du prothorax(le premier segment juste après la tête) abrite une glande bifide qu’elle peut sortir et qui émet une odeur répulsive ! C’est l’osmétérium. Voici la chenille parvenue au dernier stade telle que nous la connaissons bien.

Emplacement de l'osmétérium.

La petite flèche sur la photo indique l'emplacement de l'osmétérium, pendant mes observations elle n’a jamais sorti cet outil de défense, même quand je l’ai un peu chatouillé pour la faire avancer vers un endroit un moins fouillis de la plante !

Et pour mémoire le joli papillon qu’elle va devenir si elle réussit sa métamorphose après son hibernation !

Papillon machaon , souvenir d'un bel été !


Voici quelques aspects des débuts dans la vie d'un de nos plus grands et plus beaux papillons que l'on peut rencontrer partout en France.

  • Rappel d'un article consacré aux Papilionidés

L'Apollon, un autre grand papillon de la famille!

vendredi 9 octobre 2009

Une mauvaise herbe très riche !

Ou comment découvrir de nombreux insectes en y regardant de très prés!

Dans le jardin et la pelouse poussent des herbes que nous affublons du nom de « mauvaises » ! Et tout jardinier consciencieux se doit de s’en débarrasser pour avoir un jardin bien tenu et une pelouse soignée !
Dans le Midi, vous savez que la sieste est nécessaire pour échapper aux fortes chaleurs et donc nous n’avons pas trop de temps disponible pour faire la chasse aux mauvaises herbes !
Voici l’automne venu et il est temps de se mettre un peu au travail ! Avant toute action, il faut de la réflexion, c’est ce que je fais le matin en faisant le tour du jardin pour observer la vie de mes petits pensionnaires ! En ce moment les rainettes juvéniles, quelques criquets, une grosse épeire, les deux rouge gorges qui se pourchassent d’arbre en arbre chacun voulant avoir le dernier mot !
Et voici que je regarde de près une grande herbe dont je ne sais même pas le nom exact, elle ressemble à un séneçon ou un laiteron. Je les laisse pousser car les chardonnerets viennent défaire leurs aigrettes pour en consommer les petites graines !

Une larve de coccinelle jaune à 22 points qui porte déjà les couleurs de l'adulte.

J’y ai vu d’abord une larve de coccinelle à 22 points qui sont communes dans mon jardin
Pensant à la publication de Cathy B, qui voit beaucoup de coccinelles en ce moment, je me suis mise à chercher s’il n’y avait pas des adultes sur la plante.

Coccinelle à 22 points à l'ombre d'une punaise. Remarquez la différence de taille!

En fait j’en verrai 4 mais toutes ne veulent pas poser pour moi, l’une s’envole illico presto et la seconde se laisse choir dans l’herbe haute !!
Il me reste celle- ci, immobile à l’ombre d’une grosse punaise verte( Nezara viridula).


Une punaise de la famille des Miridae, Lygus pabulinus.

Il y a bien d’autres punaises sur cette plante : ici Lygus pabulinus, nuisible aux légumes et aux fleurs cultivées, hélas !

Punaise juvénile non identifiée!!

Plus loin une punaise juvénile non identifiée se cache sur une petite feuille desséchée !On voit ses embryons d'ailes. (Toute aide est bienvenue!)


Un cercope en attente.

Et maintenant je découvre le cercope (Philaenus leucophthalmus spumarius) dont la larve se développe dans le crachat de coucou, un amas spumeux que l’on trouve sur beaucoup de plantes au printemps.

Un trio insolite et temporaire, mais sans agressivité!

Voici maintenant les 3 insectes sur un tout petit morceau de la plante! Pas de problème de cohabitation!


Bruchidius siliquastri pond ses oeufs dans des graines de plantes.

Plus petit voici Bruchidius siliquastri de la famille des Bruchidides qui fait le lien entre les Chrysomèles et les Curculionides ( charançons) selon monsieur Aramel. L’insecte, une femelle à l’abdomen arrondi, pond dans différentes graines ! Il existe une variété dont la larve se développe dans les pois.

Saltique aux pattes translucides mais au regard bien vif et qui ne tient pas en place!

Et maintenant aussi une petite saltique ; elle fait moins de 5 mm Heliophanus cupreus, une petite femelle .


Fourmis toujours en mouvement!

Plus loin les inévitables fourmis qui se promènent à proximité des cochenilles bien à l’abri sous leur cloche de chitine !

En une demi- heure j’ai donc vu bien des espèces différentes, certaines vivant de manière presque permanente sur la plante d’autres en visite ! La plante n’a pas l’air d'en souffrir ! En fait cette mauvaise plante se révèle être un réservoir de nourriture abondante pour de nombreuses espèces qui y vivent.

mercredi 7 octobre 2009

Ischnura genei ou le modèle corse d’Ischnura elegans.

L'Agrion de Gené .

Les agrions sont très peu présents dans mon environnement habituel !
C’est pourquoi j’ai été ravie de suivre quelques- uns de ceux que j’ai vu pendant mes vacances. Ce sont leurs couleurs étonnantes qui ont attiré mon regard ! Des insectes si légers au corps vernissés. Dans le Sud , on trouve des toits aux tuiles vernissées , pas uniquement dans le Sud, je viens de penser aux magnifiques hospices de Beaune ! Ces demoiselles m’ont rappelées l’aspect de ces tuiles avec la lumière qui rebondit sur leur thorax de chitine si lisse !
Et alors des couleurs surprenantes s’offrent au regard !
Le vert et le bleu se rencontrent bien souvent dans le monde des libellules mais alors que dire du rose avec se nuances allant jusqu’à l’orangé !

Un mâle d'Ischnura genei.

Cet agrion présente un corps bleu ou vert et noir chez les mâles, les perostigmas sont bicolores gris noir et blanc bleuté. Il se reconnaît à son huitième segment de l’abdomen bleu !
Voilà pour ce joli mâle avec de très beaux yeux verts!!

Me penchant un peu plus sur leur identité j’ai vu qu’il s’agissait d’Ischnura élegans. Très satisfaite j’allais me contenter de cela mais voilà qu’en lisant l’article jusqu’au bout, je vois qu' Ischnura elegans est absent de Corse ! Et qu’il y a 2 ou 3 espèces difficiles à différencier dont elegans et genei. Mais la nature est bien faite: si elegans est absent de Corse , genei est bien présente ! Ces espèces se ressemblent énormément , la différence se faisant sur les pièces génitales non visibles sur la photo !
J'ai donc rencontré l'Agrion de Gené!


Voici une jolie femelle d'un bleu délicat.


Je les ai rencontré dans les dunes qui bordent les plages !Alors que les baigneurs regardaient la mer et se promenaient sur le sable, moi j’arpentais les buissons en limite de la plage ! Comme les plages restent encore bien naturelles, sans construction, la végétation y est bien présente et sert d’abri aux insectes et à de nombreux lézards !

Détail du thorax au bleu délicat de cette jeune femelle.

Ce sont les femelles qui sont les plus colorées. De plus leurs couleurs varient avec le vieillissement de l’insecte. Leur huitième segment est gris verdâtre, parfois bleu !


Femelle Ischnura genei, forme rufescens.

Voici une demoiselle surprenante .Elle n’a pas de bande humérale noire sur le thorax, elle est colorée en rose et même en orangé, son huitième segment est bleu. On dit qu’elle est de forme rufescens (rougeâtre).


Détail du thorax d'Ischnura genei, forme rufescens, femelle.

C'est sans doute Agrion aux couleurs les plus "tendres" que j'ai rencontré!
  • Rappel d'article consacré aux libellules corses.

Trithemis annulata, la libellule purpurine

samedi 3 octobre 2009

Ameles spallanzania, une petite mante méditerranéenne.

J’aime beaucoup la famille des mantidés avec la mante religieuse verte ou beige, la curieuse empuse et les petites ameles.
Dans cette collection je n’avais jamais vu Ameles spallanzania qui est sans doute la plus méditerranéenne de la série.
J’ai eu ce petit bonheur en en endroit plutôt inattendu !
Nous nous sommes rendus dans l’arrière pays de Saint Florent pour voir la très belle église de San Michele de Murato qui date du XIII ème siècle, de style roman pisan bien présent en Corse. Elle alterne la serpentine verte et le calcaire pâle.

L'église de San Michele de Murato(Corse)

Le chemin qui longe l’église est une prairie que je regarde attentivement. Et c’est là que je la vois (il s’agit bien d’une femelle) cachée sur les fougères.
J’ai passé avec elle un long moment discutant avec des personnes intriguées de me voir à genoux dans l’herbe le dos tourné au monument qu’ils sont venus voir !!

Ameles spallanzania dissimulée dans les fougères.

C’est une mante de petite taille entre 25 et 35 mm au maximum, alors que la mante religieuse atteint 70mm .

Un regard très spécial avec ses yeux coniques!
  • Ameles spallanzania présente un certain nombre de particularités précisées dans cette page du site insecte.org :- la longueur du pronotum est inférieure à deux fois sa largeur
    - le pronotum rétréci fortement après la dilatation médiane
    - les yeux sont pointus
    - l’abdomen est relativement large et recourbé chez la femelle.
C’est sa posture qui a attiré mon regard et ensuite ses yeux pointus. Je connais bien l’autre Ameles, Ameles decolor que je rencontre sur mes parcours dans la garrigue. Et avec Ameles Spallanzania, il n’y a eu aucun doute : la caractéristique la plus remarquable de l’insecte sont ses yeux coniques sur lesquels on remarque une petite protubérence.
Pour mieux la présenter aux personnes intriguées par mes photos, j’ai déplacé la petite mante sur une fleur de carotte sauvage bien desséchée et le contraste des couleurs a permis de mettre en lumière les détails .On se rend compte sa petite taille!


Ameles spallanzania sur son trône de fleur de carotte.

Comme je l’avais prise dans ma main(pour montrer qu’on ne prenait aucun risque, car dès que l’on dit qu’il s’agit d’une espèce de mante, il y a un certain recul ! ,) elle s’est empressée de faire sa toilette ! Et voici Ameles spallanzania débarrassant ses belles antennes de toute trace !

Madame se nettoie les antennes.

Après les antennes ont vérifie les pattes!

Et maintenant c'est le tour de l'impressionnante patte ravisseuse!

La petite mante a fait honneur à son espèce elle est restée gentiment en position sur la fleur desséchée !Mais nous l'avons ensuite remise dans ses fougères où bien elle était bien camouflée!

Nous avons passé un bon moment ensemble à l’ombre de cette magnifique église et observer la vie qui foisonne autour de ce lieu où depuis si longtemps les hommes sont venus se recueillir me semblait être un moment de parfaite harmonie entre le Ciel et la Terre !

  • Petit rappel d’autres articles consacrés aux mantidés
Ameles decolor
la mante religieuse
un mariage de mante
un mariage de mante réussi
le repas de la mante religieuse

jeudi 1 octobre 2009

Trithemis annulata, la libellule purpurine .

Nous cherchions un endroit agréable pour pique niquer et nous avons vu depuis une hauteur ce plan d’eau qui n’était pas répertorié dans les guides touristiques ! Il ne datait que des années 1990 et n’avait donc pas l’intérêt de la belle chapelle de San Michele de Murato que nous venions de voir. Créé comme réservoir d’eau à la suite des incendies , c’est donc un plan d’eau récent.
C'est ainsi que nous nous sommes arrêtés au bord du lac de Padula, non loin de Saint Florent. Une petite page en raconte l'origine ici .
Et nous promenant en bordure de lac, j’ai eu la surprise de voir des libellules que je n’avais jamais vues et dont la couleur a tout de suite attiré mon regard : des libellules couleur lie de vin !


Tritemis annulata : un beau mâle !


Et en les regardant à travers l’objectif , j’ai vu du violet et du pourpre ! Avec leurs pattes noires j’ai d’abord pensé à des Sympetrums danae immatures mais j’avais dans ma tête la phrase que j’avais lue à leur sujet : « le seul sympetrum entièrement noir » ! Donc cela ne pouvait être lui , d’autant plus que ce que je prenais pour une femelle qui volait à proximité est bien jaune !


Un mâle immature de Trithemis annulata.


Il m’aura donc fallu attendre mon retour et la consultation du livre de Daniel Grandet et Jean Pierre Boudot « Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg » pour en connaître le nom . Nous avons vu Trithemis annulata, la libellule purpurine !


Voici le jeune immature dans une position caractéristique : ses pattes sont bien noires !


Jeune mâle encore immature et donc peu coloré de Trithemis au repos avant d'être poursuivi par des congénères.


La plaque de couleur grise qui orne son front a attiré mon regard. Quels beaux yeux!




Portrait rapproché du jeune mâle immature!


C’est une espèce en pleine expansion .Elle a été observé pour la première fois en Corse en 1989 !Et depuis 1994 elle est observée en France continentale et ne cesse de gagner du terrain. D’ailleurs une enquête est en cours pour en étudier la diffusion ;elle a été vue dans le Vaucluse.

Car c’est une espèce conquérante qui s’installe dans les eaux stagnantes et courantes à basse altitude(étangs, gravières, bassins d’incendies, retenues de barrages, rivières).




Un mâle de Trithemis annulata vu de près.


Le mâle a une livrée des plus remarquables, ce rouge violacé est superbe !
Lui a le front violet, des nuances de rouge sur la face !
Il a un comportement territorial, je les ai vus , bien plus nombreux que les femelles, se pourchasser l’un l’autre et se poser sur les branches basses des cistes desséchés .


Une libellule bien poilue.


Ce qui est toujours étonnant pour moi c'est de voir le détail de l'insecte. Ici ce sont les poils noirs sur la face et cette petite houpette blanche dans le cou!




Le moment où la libellule se pose sur son support avec les ailes encore en position de vol , lui confère une grâce et une légèreté qui restitue toute son élégance. Hélas il ne dure qu'un petit instant!


Thrithemis mâle venant se poser sur "sa "branche!

Une position très élégante de ce beau mâle de Trithémis annulata.(Un clic et vous pourrez le voir en plus grand.)

J'espère que nous pourrons un jour le voir dans les Alpes maritimes où il n'est pas encore répertorié!

J'ai corrigé l'intitulé des photos que je croyais être une femelle en ne regardant que sa couleur.
En fait comme me l'a fait gentiment remarquer Carlib , c'est un mâle immature peu coloré donc ,que j'ai observé! Ses cercoïdes sont ceux d'un mâle!
Voici le blog où Carlib a publié ses nombreuses observations faites dans le Sud Ouest !Merci à elle de m'avoir corrigé!