En cette première quinzaine de novembre s’achève une
histoire commencée à la mi-juillet.
Commençons donc par le début. Je suis en train de nettoyer
un petit carré de fraisiers: après la production, il faut enlever les indésirables
afin de retrouver les plants et d’y voir plus clair. J’ai la surprise sur un
petit espace de 20 cm sur 20 cm de voir de jolis petits trous parfaitement
ronds !
Chouette me dis-je, une colonie d’abeilles solitaires. Je
laisse tout en place et j’observe, il ne se passe rien mais nous sommes en
début d’après-midi et il fait chaud.
Je reviens le soir m’attendant à voir les trous refermés
selon les habitudes de ces industrieuses butineuses. Mais surprise, les trous
sont toujours ouverts, vraiment étonnant !
Des trous ronds dans le sol, habitat de larves de cicindèles à l'affût! |
Le lendemain matin je reviens avec mon appareil photo et
j’ai la surprise d’y voir une tête noirâtre, mais à la moindre approche elle
disparaît dans le trou.. Je prends une aiguille de pain maritime pour tenter de
sonder le trou, pas de succès, rien ne bouge mais je me rends compte que la
profondeur avoisine les 10 cm.
Larves de cicindèles on voit le pronotum(vers le bas) et la tête avec des ocelles . |
Avec l’aide du forum des insectes on m’oriente vers la
famille des Cicindèles. En me documentant alors sur leur stade larvaire
j’apprends que la larve vit dans un trou tubulaire et attend ses proies en en
étant accrochée, ne laissant dépasser que la tête et le pronotum.
Larve de cicindèle champêtre, elle mesure plus de 2 cm.* |
Essayant de faire de meilleures images je reteste l’un des plus gros trous pour en mesurer la
profondeur avec plus de précision. Surprise, en retirant mon aiguille, une
larve y est accrochée. Et elle est de belle taille et bien dodue !
S’en suit une belle séance photo d’abord en place, puis sur
ma table.
On peut se rendre compte de la particularité de cette larve.
La tête avec d’impressionnantes mandibules et le pronotum sont chitinés. Noirs,
ils ne se voient guère au débouché du trou.
Détails de la tête et du pronotum de la larve de cicindèle champêtre, on remarque la taille importante des mandibules* |
Le reste du corps
est mou, car il reste bien à l’abri dans
le « tuyau « vertical. La larve attend des proies qui passent à
proximité, pas d’entonnoirs comme les fourmilions, c’est un affût patient .
Mais pour rester de longs moments à guetter une éventuelle
proie il faut bien « tenir »le long de cette paroi verticale(ou
inclinée dans certains cas).
Détail des "crochets " qui aident au maintien de la larve dans son tube vertical* |
Pour cela notre larve est pourvue, sur son dos d’un
« renfort » et de deux crochets qui aident au maintien dans le
conduit.
Comme j’avais libérée la larve de son habitat , je lui
proposé un logement de substitution. J’ai mis 10 cm de terre du jardin dans un
pot cylindrique assez étroit et transparent, j’ai installé mon sujet et très vite il a disparu dans ce nouveau
sol.
Puis je l’ai revu ayant creusé un trou et pointant la tête
au bord de celui-ci guettant ses proies !
Il me restait
maintenant à la nourrir. J’ai proposé des fourmis mais, elles n’intéressaient
pas la larve ; j’ai opté pour des araignées, il y en a plein dans les
herbes, qui courent sur le sol. C’est sans doute ce qui se passe dans un carré
bien couvert de végétation.
Au bout de 15 jours je ne l’ai plus revue et le trou
n’apparaissait plus. Etait-ce dû à un effondrement ou autre chose ?
Mon récipient étant transparent, j’ai eu beau observer les
contours de la terre, rien de visible.
Nous sommes en août, il fait chaud et la terre de mon pot
est sèche, j’y verse un peu d’eau pour l’humidifier, pensant que si la larve
s’y nymphose, elle risque de se dessécher. Je ferai cela plusieurs fois jusqu’à
fin septembre.
Cicindèle champêtre "née " le 9 novembre, une belle femelle |
Et l’histoire s’achève le 9 novembre où je vois une
magnifique femelle de Cicindèle champêtre courir sur le dessus de la terre du
pot.
Cicindèle champêtre, détail des mandibules.* |
C’est la cicindèle que je vois depuis des années dans le
jardin , mais maintenant j’en connais un peu plus sur son cycle de vie.
J'en profite pour la photographier de près, en évitant qu'elle ne sorte de son pot!
J'admire les détails à la fois de ces mandibules puissantes, et la beauté des couleurs de cette carapace légèrement sillonnée.
Cicindèle champêtre détail des mandibules,et du front, de plus près.* |
Ici vous retrouvez une publication bien plus ancienne qui la présente .Notre sujet est une femelle, elle a les tarses antérieurs normaux et présente une tache noire au bord des élytres.
Cicindèle champêtre détail du pronotum* |
Le pronotum présente un joli dégradé de couleurs sur son bord et deux gibbosités aux bords plus intensément colorés.
Que va devenir ma cicindèle?
Après la séance photo et nourrissage d'une araignée repêchée sur la piscine elle rejoint le coin du jardin où elle a été prélevée , elle y trouve de nombreux abriS pour passer l'hiver! Aux jours chauds du printemps elle cherchera à se reproduire et le cycle recommencera!
*images grossies 2 fois
Quelle aventure ! Je te vois penchée sur ces mini trous visant la bestiole à l'affût dans son trou. Comment peux-tu déceler des indices aussi infîmes alors que tu t'actives pour nettoyer ton carré de fraises ?
RépondreSupprimerLe résultat ce sont des images exceptionnelles, elles n'ont probablement pas de concurrence sur la toile.
Amener cette larve jusqu'à sa métamorphose c'est très fort. La précision, la patience sont récompensés.
L'imago je connais bien, il n'est pas rare que je les croise sur les sentiers en altitude, j'ignorais que l'on pouvait en observer dans les jardins. Grâce à toi, je le découvre en détails.
Antoine m'a dit que vous aviez reçu des "sacs d'eau" hier soir.
Tu as raison j'ai passé un temps certain, penchée sur mes trous! Mais travailler dans le jardin est toujours source de curiosité, à force je connais bien mes locataires et lorsqu'il y a du nouveau ma curiosité est en éveil!
SupprimerOui , nous avons été bien arrosés, mais pas de problème par chez nous, certains ont eu des soucis à cause de chutes d'arbres ou de petites inondations.
Bonjour Lucie.
RépondreSupprimerJe n'ai vu de cicindèle qu'une seule fois à l'époque où je photographiais un peu tout. Cet insecte est stupéfiant. Nous savons maintenant grâce à toi ce qu'il se passe avant de voir ces belles couleurs se promener au sol.
Bonne journée.
Coucou Lucie,
RépondreSupprimerJe me demande si du coup le carré de fraisiers a été nettoyé ? Quelle vue .... c'est le suspens et ta curiosité et ta patience sont bien récompensés.
Toujours de bonnes illustrations (qu'est-ce que c'est beau !) et de bonnes explications.
Merci pour tout cela.
Sinon, j'espère que tout va bien par chez-toi. Ici hier a été une journée épouvantable. Un vrai déluge et nuit à 16H00. Ce matin les massifs sont blancs.
Je te souhaite une douce fin de semaine. Bises Lucie
Non Elisa, le carré n'a été que très superficiellement nettoyé pour ne pas déranger les frères et soeurs de mon sujet!
SupprimerLe paysage doit être magique par chez toi, ici juste un très gros arrosage!
Détective Lucie toujours au poste.
RépondreSupprimerSuperbe.
Bonsoir Lucie
RépondreSupprimerQuelles belles couleurs cette cicindèle femelle arborent .
Tu as bien fait de patienter et de nous montrer le cycle de cette cicindèle femelle .
Bises
Bonjour Lucie,
RépondreSupprimerQuelle belle histoire! Et quelle aventure que de mener à bien cette naissance. C'est un magnifique insecte! Quelles couleurs!
Passe un bon dimanche
A bientôt
;)
Magnifique reportage Lucie, merci ...j'ai eu l'impression d'être à vos côtés durant toute cette observation; merci pour ce partage.
RépondreSupprimer❤️
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