lundi 31 août 2015

Agrilus derasofasciatus, un bupreste sur la vigne

L’an passé j’avais trouvé sur les quelques pieds de vigne de mon jardin les chenilles de Theresimima ampellophaga, le Procris de la vigne.

Cette année je n’en ai guère vues, peut- être parce que j’avais bien prélevé les chenilles  ?

Mais un nouvel insecte lié à la vigne s’est montré pendant une quinzaine de jours, fin mai : le bupreste  Agrilus derasofasciatus.
Agrilus derasofasciatus, sur la feuille de vigne

Dans la famille des buprestes, certains comme les Anthaxias sont très colorés. Mais notre visiteur de ce jour appartient à la famille moins connue des Agrilinae. Ils comptent  environ 60 espèces en Europe ; étroits et allongés , leurs élytres laissent apercevoir une partie de l’abdomen. Selon les clés de détermination ils se caractérisent aussi par un scutellum acuminé (visible sur la  photo ci-dessous).
Agrilus derasofasciatus,scutellum acuminé

 Et des tarses longs, le 1er article presque égal aux 3 suivants, les ongles bifides ou trifides. Ces détails sont difficilement observables à l’œil nu sur un insecte de 5mm.
Agrilus derasofasciatus,détail des tarses

Dans un premier temps j’ai vu un individu sur une feuille de vigne. Quelques photos et dès que je me suis approchée, il s’est envolé.
Je suis revenue une demie- heure plus tard même scénario, toujours sur la vigne. En fin de matinée, j’ai vu un couple et précautionneusement je les ai attrapés, en général c’est plus facile à prendre qu’un individu isolé, ils ont sûrement la tête ailleurs !...
Agrilus derasofasciatus,couple

C’est sur la galerie du site insectes.org que j’ai trouvé mon individu mais c’est sur un site allemand que j’ai trouvé sa description que je vais essayer d’illustrer avec quelques images.
 Agrilus derasofasciatus est sombre(noir, vert foncé) rien qui le laisse remarquer sur les feuille de vigne ,sa petite taille et son habileté à disparaître sous les feuilles où à s’envoler  en fait un visiteur discret.

Le front est creusé d’une légère dépression.
Les yeux ont une forme caractéristique, leur bord interne est concave.

Agrilus derasofasciatus,détail du front creusé et des yeux concaves

Les élytres sont au plus de 3 fois plus longs que larges.

Une pilosité courtes, blanches les recouvre, elle est interrompue en arrière du milieu et une zone noire donne l’impression que les élytres marquent un creux, ce qui n’est pas le cas.
Agrilus derasofasciatus,des élytres couverts d'une pilosité blanche jusqu'après la moitié


On les rencontre dans toute l’Europe où pousse la vigne, mais plus abondamment en Europe du sud. Les larves se développent dans les sarments morts.

lundi 17 août 2015

Stictocephala bisonia , Membracide bison, une larve épineuse

Un petit tour au jardin après une pluie d’orage réserve parfois de jolies découvertes.
Ce fut le cas avec cette larve.

Collée à une épine de Cirse, elle était entourée d’une goutte d’eau.
 Larve de Stictocephala bisonia sur mon doigt

Une première photo sur l’index de ma main vous donne une idée de sa taille : environ 7mm.
Gentille, elle est restée dans ma main et nous avons cheminé ensemble jusqu’à ma terrasse où je lui ai proposé une séance photo, au soleil, avec un support que je pensais lui plaire.
Larve de Stictocephala bisonia sur une fleur de carotte

La larve est celle d’un petit membracide : Stictocephala bisonia, originaire du continent américain mais présent de longue date chez nous.
Larve de Stictocephala bisonia sur une fleur de carotte posée à l'envers!

C’est surtout son aspect qui est étrange. Les membracides présentent une excroissance qui part au-dessus de la tête et se prolonge au-dessus de la partie dorsale de l’abdomen. Bien des hypothèses sont formulées sur « l’utilité «  de cet appendice : caisse de résonnance, ailes modifiées ….
Larve de Stictocephala bisonia  tête en bas

La larve que j’ai rencontrée présente déjà les amorces de cet étrange casque.

Pour le mettre davantage en évidence j’ai changé d’objectif et tenté de photographier l’animalicule en grossissant davantage, jusqu’à trois fois. Pour ce faire il faut que la bestiole soit bien sage car tous les réglages sont manuels et la profondeur de champ diminue avec le grossissement.
Larve de Stictocephala bisonia  grossie 3 fois

 C’est dire qu’il faut beaucoup de patience pour le sujet prenne la pose, parfois un bon repas est un atout. D’autrefois il faut attendre que l’insecte fatigué de monter et de descendre, se repose un instant.
Ma chance avec Stictocephala bisonia, c’est qu’il ne saute pas, ce que fait avec beaucoup de constance l’adulte.
Larve de Stictocephala bisonia  grossie 3 fois, détail de la photo précédente

Je me suis amusée avec une photo dont j’ai fait des crops successifs pour montrer les détails de l’insecte.
Larve de Stictocephala bisonia  grossie 3 fois, détail de la photo ci-dessus

On voit nettement que l’excroissance est distincte de la tête, dont  elle est séparée par une suture bien visible juste au-dessus de l'oeil sur la photo ci-dessous.
Larve de Stictocephala bisonia  grossie 3 fois, détail de l'oeil

On voit aussi latéralement l’ébauche des futures ailes. Ce qui me fait penser qu’il s’agit d’un stade larvaire assez proche de la mue finale. Le plus surprenant ce sont ces scoli qui parcourent le dos, la tête, le casque.

Un lien  avec des infos très intéressantes sur les membracides.

Et voici enfin ce que deviendra cette larve hérisson! Quelle différence n'est-ce pas!
Stictocephala bisonia, adulte 

dimanche 9 août 2015

Bicolorana (Metrioptera) bicolor, mâle et femelle, de petites Decticelles

Voici une sauterelle qui porte bien son nom : Bicolorana bicolor.
Bicolorana bicolor mâle

Verte et brune. Ce sont les couleurs idéales pour se dissimuler dans les hautes herbes en ce mois d’août qui a déjà bien « bruni » certaines plantes par manque d’eau.
Bicolorana bicolor mâle, dans la végétation

Nous sommes à 1200 m d’altitude c’est la raison pour laquelle j’ai trouvé cet orthoptère très au sud du pays dans les Alpes maritimes. Car on la rencontre  dans toute l’Europe occidentale, sauf des Pays Bas et de la moitié ouest de la France. Elle aime les expositions ensoleillées.
Bicolorana bicolor, anciennement Metrioptera bicolor est une Decticelle. Les Decticelles se caractérisent par la présence d’une paire de plantules libres sur la dernière paire de pattes (visibles sur la photo ci-dessus).
Bicolorana bicolor femelle

La coloration typique de Bicolorana bicolor est essentiellement verte: les lobes  du pronotum sont entièrement d’un beau vert. Une ligne brune parcourt  part de derrière la tête, le dessus du pronotum et se prolonge sur la partie dorsale de l’abdomen. Cette partie est visible du fait de la forme macroptère de l’insecte : les tegmina, ailes supérieures sont courtes et ne couvrent pas l’intégralité de l’abdomen.Ils sont de couleur verte et transparents.

Bicolorana bicolor  femellle, un oviscapte court et brun

On retrouve un trait brun sur l’extérieur du fémur de la dernière paire de pattes, genoux et tibias eux aussi sont colorés .
J’ai eu la chance dans un petit coin herbeux au bord d’un tout petit ruisseau à sec de trouver d’abord le mâle et un peu plus loin la femellle..L’un et l’autre ne sont pas bien grand, moins de 2cm.
(♂ 14-17 mm | ♀ 15-18 mm | oviscapte 5-7 mm).

Bicolorana bicolor  , les cerques du mâle, dentés dans leur partie terminale

Les cerques du mâle sont dentés dans la dernière partie
Bicolorana bicolor  , femelle vue ventrale

L’oviscapte de la femelle court, brun, est fortement incurvé vers le haut. La plaque sous génitale, plus longue que large, est fendue, les lobes très aigus.
Bicolorana bicolor  , femelle , des sternites plans et une plaque sous-génitale fendue dans sa partie terminale.


C’est en ce moment que l’on peut voir les adultes, présents de juillet à septembre.

mardi 4 août 2015

De drôles de mouches dans le jardin !


Les mouches sont bien nombreuses autour de nous et nous ne les voyons pas toujours d’un bon œil, à juste titre  pour certaines.
En voici deux, au contraire qui nous sont utiles  au jardin.
La première, en fait sur la photo elles sont deux :la prédatrice et le « repas » .
Les mouches sont des Diptères, elles n’ont que 2 ailes et on voit souvent un vestige de la seconde paire d’ailes, sous forme de balancier. C’est un bon moyen de vérifier qu’il s’agit de mouches et non de guêpes ou d’autres insectes qui nous font peur !
De qui s’agit-il ? Surprise avec son repas cette mouche fait partie  des Asilides,  des mouches à moustaches qui sont prédatrices d’autres insectes , voici Choerades fimbriata.
Choerades fimbriata, avec sa proie

La moustache qui surplombe le rostre sert de protection au cas où « le repas » ne serait pas d’accord et aurait la mauvaise idée de piquer ou s’en prendre à son prédateur.
Voici une description qui permet d’identifier cette mouche prédatrice que je vois depuis longtemps dans mon jardin. Les Asilides  se présentent avec un tube suceur( photo ci-dessous) .
Choerades fimbriata, avec sa face caractéristique

 Les pattes sont très velues, elles attrapent les proies en vol et les tiennent fermement. Choerades fimbriata a les pattes avec une pilosité jaune, sur les tarses on trouve des soies noires. Le  thorax noir à pilosité jaune, avec une grande tache triangulaire gris jaunâtre sur les calus huméraux. Elle mesure entre 11 et 17 mm. Sur les tergites une pilosité jaune dorée.
Choerades fimbriata, tache humérale grise cerclée

Description trouvée ici.
Choerades fimbriata mâle aux cuisses postérieures élargies



La proie est une de ces petites mouches (moins de 5mm) au vol peu rapide, de la famille des Psychoides. Les ailes sont courtes et larges. Probablement Clogmia albipunctata à cause des points blancs sur les ailes.
Clogmia albipunctata 

J’ai trouvé un exemplaire mort sur le rebord de la fenêtre et cela m’a permis une photo des ailes grossie 3 fois. Les détails montrent la finesse et la structure de ces ailes.
Clogmia albipunctata , ailes grossies 3 fois

J’ai le même jour rencontré un autre diptère dans le fond du jardin. On voit bien les balanciers le classe dans l’ordre des Diptères.

Stratiomys longicornis

Mais c’est à la base du pronotum que l’on voit un détail très intéressant et qui permettent de le caser parmi les Stratiomyides : la présence de 2 appendices chitineux en forme de poignard (très petit quand même, aucun danger !!) sur le scutellum.
Stratiomys longicornis, 2 dents au scutellum

Ces mouches sont aussi caractérisées par un abdomen aplati moins visible sur Stratiomys longicornis.
Stratiomys longicornis, des beaux  yeux colorés!

Les larves de nombreuses espèces sont aquatiques et détritivores ou prédatrices, d’autres dans le bois pourri ou le fumier

J’avais rencontré il y a quelques années une cousine Stratiomys chamaeleon : les dents du scutellum noircies à la pointe, un petit triangle noir à la base du scutellum, donnent quelques éléments d’identification.

Stratiomys chamaeleon , avec ses dents sur le scutellum!

Les adultes sont d’inoffensifs butineurs de fleurs qui contribuent à la pollinisation de nos jardins.


Source:  Guide des mouches et des moustiques , J.et H. Haupt, Delachaux et Niestlé.